vendredi 30 mars 2007

Popa Chubby plays Jimi Hendrix, Le Bataclan, 28 mars 2007.


Il y a des soirs comme ça, où la vie est mal faite, pas bien calculée. Ce mercredi soir on a le choix entre voir Popa Chubby (oui mais dans un concert hommage au grand Jimi Hendrix et ça change tout) ou alors Sharon Jones & the dap-kings (qui sera soit dit en passant l’invitée de l’émission la musicale sur canal + le vendredi 20 avril prochain), pas facile comme choix, cornélien même.

La façade du Bataclan a été repeinte dans des couleurs vives et psychédéliques, jaune, orange et rouge qui contrastent avec les autres façades, sobres, du boulevard Voltaire. Ca me rappelle les maisons victoriennes de Haight Street à San Francisco que je n’ai pas revu depuis plus de deux ans. Souvenirs, souvenirs… Le Bataclan a une configuration similaire à celle de la cigale avec une fosse et un balcon. Le bar est au fond, les fauteuils sont rouges. Un rideau de velours rouge encadre la scène. Cette très vieille et chouette salle a été refaite à neuf il y a une dizaine d’années maintenant.

Le personnage de Popa Chubby, sa sale habitude d’en faire des tonnes et ses majeurs tendus éparpillés en pagaille, m’a toujours agacé. Suis-je, ce soir, venu voir Popa Chubby ou bien alors écouter la musique de Jimi Hendrix ? J’aurai un premier élément de réponse dès le premier morceau « Hey Joe ». Chubby fait de son mieux pour essayer d’imiter le jeu de Jimi mais garde son sens de l’attaque. Plus punk que blues. Beaucoup plus agressif que Jimi. Les chansons sont beaucoup plus longues, autour des 10 minutes, Chubby partant dans des solis, longues dérives psychédéliques, à la limite de l’indigestion. Pour schématiser Popa brode autour du canevas tissé par la section rythmique, basse et batterie, qui reste très fidèle à l’original. Je décolle de la fosse dès le deuxième titre, le trippant « Who Knows » (de l’album Band of Gypsys). Avec l’odeur de l’encens qui brûle sur le côté gauche de la scène, j’ai l’impression d’être au Fillmore West ou à l’Avalon Ballroom de San Francisco en plein summer of love. Chubby quitte la scène un temps laissant le champ libre au bassiste et au batteur qui prennent à leur tour un solo. Avec tous ces soli, je ne sais même plus de quel morceau il s’agit… Quand il revient Chubby, obèse et épuisé, joue assis de sa stratocaster dorée à paillettes. On le voit à peine de la fosse. Malgré ces réserves, le plaisir d’entendre pour la première fois en live ces « little wing » et autres « foxy lady » pendant 2h30 de show a été le plus fort.

lundi 26 mars 2007

Paul Personne, La Cigale, 25 mars 2007


Ambiance coin du feu pour le retour à la Cigale. Paulo, l’un des rares à avoir su faire blueser la langue française, fête la sortie de son album live avec deux concerts le premier électrique le samedi et le concert acoustique le dimanche. « C’est pas tellement notre heure, les concerts en matinée j’ai pas l’habitude » s’exclamera Paul, tu m’étonnes, il est à peine 18h00. Le show commence par une petite demi-heure en solo intégral, gratte sèche et harmonica autour du cou, marquée par une reprise d’ « all along the watchtower » qui « combine deux influences majeures Bob Dylan (qui l’a écrite) et Jimi Hendrix (qui en a fait une superbe reprise) » (entre parenthèses il écoute pas de la merde le gars). Autre moment sympa la reprise du « Everybody is looking at me », le thème du film « Macadam Cowboy » de Fred Neil, « La chanson que j’aurai aimé écrire ». Paul est alors rejoint par le lap steel guitariste, puis viendra son fils Jeremy à la deuxième guitare au milieu du morceau, le batteur et le bassiste arriveront à leur tour, ajoutez le percussionniste et la (jolie) choriste brunette et ça y est, la famille est au complet. La soirée sera riche en surprises, le premier invité Hughes Aufray fait son entrée en scène. Hughes Aufray, cela peut paraître surprenant mais comme le rappellera Paul, il a fait beaucoup pour populariser Dylan en France en adaptant en français ces chansons il y a de cela plus de quarante ans. Les deux hommes reprendront « Blowin in the wind » en V.O. le temps du premier couplet puis en français « la réponse est dans le vent » avant d’enchaîner sur « les crayons de couleurs » chanson d’Aufray sur le racisme que Hughes dédicacera à la « population du Darfour » qui, au Soudan, est victime d’une guerre ignorée des médias. Viendra ensuite Beverly Jo Scott, chanteuse originaire de l’Alabama dotée d’un joli brun de voix et une reprise des Allman Brothers. Chaque invité insiste sur le même point : « C’est la première fois que je chante assis ». J’ai oublié de le préciser, mais tout le monde est assis, ambiance coin du feu. Le concert est très ludique, entre les titres Paul raconte des vannes, insiste sur le fait qu’il « s’amuse avec les chansons », qu’on « fait les cons » ou plus généralement que « la sortie de l’album est l’occasion de faire une petite fête ». Stefan Eicher viendra taper le bœuf à son tour, entré sur scène la guitare acoustique sur l’épaule. Tellement timide Eicher qu’il sera incapable de prononcer une parole, se contentant de sourire béatement en saluant la foule. Paul s’inquiète : « T’es sur que t’es en état de chanter ? ». Pas de problème Eicher assure sur une compo d’Eddy Mitchell puis reprenant son titre « rivière ». Le point d’orgue fut l’arrivée du dernier invité, le texan d’Austin, Calvin Russell. Un personnage celui-là. Une gueule cassée, une voix inimitable rauque et (probablement) avinée, Stetson pourri sur le crâne et les bras couverts de tatouages délavés. J’ai oublié de préciser qu’il est très bon guitariste. Avec l’harmoniciste français Benoit Blue Boy en renfort le concert atteint des sommets. Tellement hauts que sous les vivas de la foule les deux invités reviennent sur scène. Après deux heures et demi de show, tout ce petit monde se réunira sur scène pour une nouvelle reprise de Dylan, omniprésent par la pensée ce soir-là, « Mr tambourine man ». Deux roadies, placés de chaque côté de la scène tendent un carton avec les paroles du refrain écrites à la main. Petite initiative bricolo sympa dans cet air du temps tout numérique. Ce Personne c’est vraiment quelqu’un.

lundi 19 mars 2007

The Noisettes : « What’s the time Mr Wolf ? »


Trio venu de Londres, The Noisettes tourne depuis quelque temps déjà en première partie de Bloc Party, Baby Shambles ou de Muse entre autres. Ce qui fait d’eux de sérieux outsiders avant même la sortie de leur premier album. Premier album « What’s the time Mr Wolf ? » qui vient justement d’arriver dans nos bacs. Si vous aimez King Khan & The Shrines, The Dirtbombs et (surtout) The BellRays ou plus généralement les chanteuses soul perdues dans la jungle garage/punk, alors vous allez adorer The Noisettes. L’album part sur les chapeaux de roues, les deux premiers morceaux « Don’t give up / Scratch your name » s’enchaînent sans temps mort, ça arrache direct ! Le troisième titre « The Count of Monte Christo » et ses jolis arpèges folk permettent de souffler un peu. Les influences blues voire jazz sont là, cachées sous le déluge sonore. Shingai Shoniwa est une bassiste très solide et une diva sauvage. Sa Voix élastique me rappelle Diamanda Galas, capable de monter très haut dans les aigus et de descendre très bas dans les graves (« Nothing to Dread »), avec cette petite cassure typiquement soul au fond de la gorge. Le guitariste Dan Smith joue au sprint et prend feu ; le batteur Jamie Morrisson est hystérique. Ecoutez « Scratch your name » ou « Bridge to Canada », ce n’est plus de la musique, c’est de la boxe ! Une des grandes réussites du disque est « Mind the Gap », manière de cauchemar prog/psyché dérivant vers des rives métalliques. Complètement barré. « Cannot Even (Break Free) » lorgne ouvertement du côté soul/blues avant d’être traversé de part en part par des éclairs de guitare. Les derniers morceaux de l’album plus calmes voire pop pour « Hierarchy », prouvent que ces Noisettes ont plus d’un tour dans leur sac et planent bien au-delà du tout venant punk. Hélas la chanteuse s’efface un peu sur l’avant-dernier morceau sans batterie et en duo avec le guitariste qui s’en sort avec les honneurs, bien qu’il faille être inconscient pour oser prendre le micro après une furie pareille. Du boucan de haute volée et mon coup de cœur de ce début d’année (avec Little Barrie).

dimanche 18 mars 2007

Arcade Fire : « Neon Bible »


Les Montréalais d’Arcade Fire, ont, à l’instar de Bloc Party, connu un succès démesuré avec leur premier album. Les deux concerts prévus à l’Olympia ce mois-ci ont affichés complets en moins d’une semaine. Ils sont l’un des groupes les plus attendus cette année. Entre temps, le groupe s’est réfugié à Montréal et a acheté une Eglise désacralisée où à été enregistré Neon Bible. Cela s’entend sur ce disque à la fois baroque et grandiloquent. L’ambiance est au recueillement à l’image de la chanson titre, courte et feutrée. Livré avec l’Eglise, l’orgue de barbarie est omniprésent sur l’album, les arrangements de cordes contribuent à l’ambiance un peu gothique. C’est que le monde vu à travers le prisme d’Arcade Fire va mal. Le premier album s’appelait Funeral (est-il besoin de traduire ?). Et depuis tout va à vau l’eau, la planète est obérée par l’humanité elle-même en pleine déliquescence. On ne chante pas « bad vibrations » par hasard mais dans le même temps il faut continuer « Keep the car running ». Dans cet « Ocean of Noise » le chanteur/guitariste Win Butler pousse sa voix à la limite, le contre chant de Régine Chassagne participe à l’ambiance. Le titre « The Well and the Lighthouse », entre autre réussite du disque, débute avec une basse énorme digne de Simon Gallup (The Cure) avant de déraper dans un final cabaret à la Dresden Dolls. Changement radical d’ambiance avec la chanson suivante « (antichrist television blues) » sous influence Bruce Springsteen époque Nebraska. Sur le premier album, Arcade Fire nous avait fait une agréable surprise en nous gratifiant de couplets en français sur les titres « Haïti » et « Une année sans lumière », je regrette un peu que le nouvel soit entièrement anglophone. Autre petite réserve, la reprise de « no cars go », déjà présente sur le premier EP du groupe, me semble un peu superflue et très peu différente de l’original. Le groupe chercherait-il à faire du remplissage, inutile, car l’album se tient. Neon Bible est la bande son idéale pour regarder la neige tomber. Neige dont on annonce l’arrivée pour la semaine prochaine alors que le printemps débute. C’est que le monde va mal, vous savez…

samedi 17 mars 2007

Elliott Murphy, New Morning, 16 mars 2007.

Comme chaque année, Elliott nous donne rendez-vous au New Morning pour son concert annuel, entre les mois de février et de mars.

Elliott, le kid de Long Island vit à Paris depuis 1989. Sa carrière aux Etats-Unis débutée avec l’album Aquashow en 1973 n’a jamais vraiment décollée. A l’inverse de son pote Bruce Springsteen, qui ne manque jamais de l’inviter à partager la scène à chacun de ses passages parisiens, Elliott n’est jamais devenu une star. Tant mieux ! Il est très sympa et disponible, toujours prêt à discuter et dédicacer des disques après les concerts. Et comme il vit en France, on peut se réjouir de le voir régulièrement en live.

Les dix minutes de marche qui nous séparent de la sortie du métro Strasbourg Saint Denis au club de jazz du New Morning, situé dans la rue des petites écuries, sont un voyage autour du monde en miniature. Le quartier est très cosmopolite des restaurants doner turcs et pakistanais côtoient les épiceries asiatiques et magasins d’alimentation évoquant une France d’un autre age. En passant près des « phone centers » à prix réduits on entend une bonne dizaine de langues étrangères différentes. Dans les ruelles et passages plus sombres, des petits groupes en cercles dealent.

La salle du new morning, qui fête cette année ses 22 ans, est un club de jazz/blues qui ouvre parfois ses portes à des songwriters plus folk/rock. Le club est tout en profondeur, on arrive dans la salle proprement dite après avoir longé un couloir, le sol est en damier, composé de carrés de carrelage noirs et blancs. Les murs sont rouges, le plafond noir, parsemé d’ampoules colorées. Des portraits de jazzmen en noir et blanc ornent les murs. Le bar au fond à droite dispose d’un comptoir en bois massif. Une fosse fait façe à la scène des chaises et tables rondes sont disposées tout autour. A droite et à gauche, le long du mur il y a une banquette en skaï rouge. La salle est pleine et réserve un tonnerre d’applaudissement à Elliott qui fête son anniversaire ce soir.

Le premier titre est joué en duo, Elliott à la guitare sèche est accompagné du fidèle guitariste Olivier Durand, équipé d’une guitare electro acoustique. L’alchimie et la complicité entre eux, forgée après de longues années partagées sur la route est évidente. Les deux hommes se font façe, et jouent épaule contre épaule. Ce sont deux « soul brothers » qui jouent ensemble. Le reste du groupe fait son entrée en scène dès le deuxième morceau : le new yorkais Kenny Margolis est aux claviers, Alan Fatras à la batterie et Laurent Prado à la basse. La formule est éprouvée, deux guitares acoustiques et une rythmique batterie/basse électrique, donc très efficace et particulièrement sur les titres comme « green river » (à ne pas confondre avec le titre de CCR) ou « come on Louann ». Son fils Gaspard vient le rejoindre sur scène. A 16 ans, il est déjà très habile à la stratocaster. Sa crinière blonde me fait penser à Brian Jones, je lui souhaite de finir autrement ! Gaspard et Olivier se font façe, sur le côté Elliott regarde le tout d’un œil tendre : One happy rock n’roll family. Elliott fera un mini strip tease très chaste, en enlevant sa veste blanche en rythme dévoilant un tee shirt noir « Max’s Kansas City », hommage à ses origines New Yorkaises. La soirée fut riche en émotions Elliott a débuté sa chanson « You never know what you’re in for » près de l’audience sans micro puis a dédié le titre « Jesse » (Laurent passant au violoncelle) à son ancien batteur du même nom, vraisemblablement décédé. Un autre titre sera joué tout au bord de la scène le plus près possible du public, les instruments débranchés avec Kenny à l’accordéon, Laurent et Alan se partageant les percussions. Puis viendra en rappel un grand moment avec la reprise des Doors « L.A. Woman », Gaspard viendra rejoindre le groupe et s’enflammera tombant à genoux avant d’attaquer un solo tel un Jimi Hendrix, la guitare derrière la nuque. Je me répète mais à 16 ans il est déjà un très bon guitariste, ses pères, biologiques et spirituels peuvent être fiers de lui. Elliott a cette réplique d’anthologie : « Jim Morrisson, trois mois à Paris, Elliott Murphy je suis arrivé en 1989 and i’m still here » ! Don’t you worry Elliott, you’re still welcome among us ! Elliott parlera d'une façon très émouvante de sa vie de Long Island à Paris : "J'ai eu a "journey" (voyage) interressante". Le public applaudit à tout rompre et refuse de le laisser quitter la scène, il y aura au moins trois rappels, je ne suis plus très sur à un moment donné j’ai perdu le compte ! Le public chante « happy birthday » à l’unisson et souffle des bulles de savon. Elliott entame alors « Come on Louann », dans une version très dynamique. On pense alors que la chanson est finie mais non. Le public continue à chanter les « ouh ouh ! » du refrain, Elliott et les garçons reprennent alors leurs instruments et c’est reparti pour un tour de Louann ! Après pratiquement trois heures de rock n’roll le concert s’achèvera avec le classique « rock ballad » (1977 de l’album « just a story from america).
Il est quasiment minuit quand on quitte le new morning, je commence à m'endormir dans le dernier métro qui me ramène à la maison. Une bien belle soirée s'achève. Encore merci Elliott pour ces moments et bon anniversaire !

mercredi 14 mars 2007

Elliott Murphy, forum des rencontres FNAC forum des halles, 14 mars 2007



C'est dans le cadre intimiste du forum des rencontres de la FNAC de Châtelet que j'ai pu revoir Elliott Murphy pour la première fois depuis un an. Châtelet, c'est l'enfer ! Quatres lignes de métro différentes, trois de RER, c'est la plus grande gare de Paris et des millions de personnes en transit quotidien. La FNAC est nichée au coeur du centre commercial du forum des halles. Le forum des rencontres, situé à l'extérieur du magasin, est une véritable salle de concert miniature, il ne manque que le bar et les toilettes. La scène est légèrement surélevée, quelques spots colorés permettent de créer une ambiance intimiste. L'assistance est clairsemée et accroupie en cette fin d'après-midi ensoleillée. Elliott et son groupe ont joués plusieurs chansons du nouvel album et quelques classiques : "Green river", et le très rare en live "Drive all night" à la demande d'un spectateur. Olivier Durand, le guitar-hero, est en forme. Il se met sur la pointes des pieds (un bon signe chez lui), se balance en rythme d'avant en arrière. Un show case sympa d'une demi-heure en forme d'échauffement avant le concert de vendredi soir au New Morning (Ca promet).

lundi 12 mars 2007

Michel Polnareff, Palais Omnisports de Paris Bercy, 11 mars 2007.




Drôle de personnage que ce Polnareff, fils d’un pianiste russe qui fut le musicien d’Edith Piaf, son père, selon la légende, lui faisait pratiquer le piano huit heures par jour, corrigeant ses erreurs à coups de ceinture. A 11 ans, il décroche le premier prix du conservatoire. Epris de liberté, il apprend en autodidacte la guitare acoustique, dort dans le métro et chante au pied de la butte Montmartre. Puis c’est la gloire et l’exil. Avec Serge Gainsbourg, il est le seul à avoir su marier avec autant de brio pop et chanson française. Son influence est aujourd’hui encore perceptible, écoutez Air ou Bertrand Burgalat. Michel Polnareff, c’est le fantôme de l’Opéra. On ne le voit nulle part, mais on l’entend partout. Des sonneries de téléphones portables, des spots de publicité et la star academy (enfin d’après ce que j’ai entendu dire parce que moi, perso, je ne regarde pas). Même l’affiche du concert est une synecdoque, on y voit une paire de lunettes noires à monture blanche et une crinière fluorescente, son nom n’est indiqué nulle part, pourtant on ne risque pas de se tromper. Polnareff en concert la France n’avait plus vu ça depuis 1973. C’est dommage mais c’est à Bercy que ça se passe. Grande salle de 17000 places, décors post moderne/industriel, strapontins rouges. C’est grand, immense même, froid et impersonnel. Même l’architecture très 80s toute en angles de ce bidule porte pelouse est hideuse. Ah bordel, je déteste Bercy !

A défaut de nouvel album, les stands de produits dérivés sont biens garnis : strings et boxers siglés « tout pour ma chérie », kit lunettes + perruque (30 €). On peut se faire prendre en photo « polnarisé » et envoyer la photo par SMS, je n’ai pas vérifié mais je suis à peu près certain que le sus-mentionné SMS est surtaxé, qui est ensuite diffusée sur l’écran géant en forme de lunettes au dessus de la scène. Bon je n’ai pas envie d’être méchant, mais tout ce déballage mercatique me met mal à l’aise en même temps qu’il me saoule. Et sans parler des tarifs exorbitants, Michel a beau remplir dix bercys de suite je suis à peu près persuadé que beaucoup n’ont pas eu les moyens de venir.


Bon j’arrête là, il est temps maintenant de parler de musique. Les premiers accords de « la poupée qui fait non » version guitare électrique se font entendre, Michel fait son apparition en ombre chinoise. Le rideau s’abaisse et IL EST LA, sobrement vêtu chemise blanche, pantalon et gilet noirs, les bras en V comme un boxeur sur le ring : « les polnaretrouvailles, épisode 8 ». Croyez-moi des concerts, j’en ai vu, mais ça jamais. 17000 personnes saisies à la même seconde par l’émotion. 17000 personnes qui applaudissent, hurlent MICHEL à l’unisson. Il n’est pas déraisonné de penser que la grande majorité des spectateurs le voit pour la première fois, pas de doute, le moment est énorme. Michel entame son premier morceau « Je suis un homme ». Sept musiciens l’accompagnent batterie, percussions, basse, deux claviers, deux guitares sans oublier les choristes. Les musiciens, américains, sont des monstres de virtuosité. Mais l’ensemble est très humain, le groupe est soudé, cohérent. Ce n’est pas la star et son backing band de requins sans âme. Le batteur, le percussionniste auront droit à leur solo. Michel présenta une à une les choristes qui feront l’effort de dire quelques mots en français. Ce qui se passe est tout bonnement incroyable qu’importe le mega show, les écrans géants, les lumières, les néons, Michel réussit à créer une véritable connexion avec le public se produisant comme si il était dans un club. Au milieu de « l’amour avec toi », Polnareff s’exclame « je veux faire l’amour à chacun d’entre vous, ça risque d’être long » ! Là tu prends des risques, Michel, il y en a quelques unes qui vont tourner de l’œil dans l’assistance ! L’émotion est à son comble quand il s’installe au piano, « lettre à France », chant d’exil et hymne de la diaspora, « love me please love me », « qui a tué grand maman », « l’homme qui pleurait des larmes de verre » jouée deux fois. Les morceaux ont été pleinement repensés, les arrangements sont différents comme le laissait imaginer l’album « live at the Roxy ». Une chanson inédite, plutôt jazzy, est ajoutée aux nombreux tubes. Michel assis sur un tabouret se transforme en jazzman. Scoop : Polnareff a introduit la chanson en annonçant son nouvel album pour « 2047 selon les prévisions les plus optimistes » ! C’est donc officiel, Michel l’a dit, il y aura un nouvel album !

Après plus de deux heures de concert, une pluie de confettis brillants en forme de lunettes s’abat sur le public au milieu de « On ira tous au Paradis ». Les lumières se rallument mais Michel reviendra en pleine lumière, seul au piano et reprendra une dernière fois « l’homme qui pleurait des larmes de verre », superbe chanson extraite de son album éponyme de 1974. Je n’ai qu’un regret j’aurai aimé l’écoutez seul à la guitare acoustique, car on a tendance à l’oublier mais ses débuts on été très influencés par le folk. Quoi qu’il en soit, oubliez la « nouvelle star » il reste, à 62 ans, ce que la chanson française a de mieux à offrir.

dimanche 11 mars 2007

Pamela Hute + Stevans, samedi 10 mars 2007, L’O.P.A.

Si vous êtes des lecteurs réguliers de ce blog, vous savez déjà tout le bien que je pense de Pamela Hute et de son groupe. Retour donc ce soir à l’OPA après le concert de janvier dernier. Pamela a joué ce soir de nouvelles chansons, dont j’ignore les titres hélas. J’ai également l’impression que les arrangements ont évolués depuis la dernière fois, les claviers d’Igor occupant plus d’espace. L’amalgame guitare/claviers fonctionne de mieux en mieux. Les sons électros apportent une touche fraîche et originale sans pour autant dénaturer les racines très rock de Pamela. La section rythmique, Laurent à la batterie et Greg à la basse, est en forme olympique ce soir, c’est nickel comme d’habitude. Je n’ai qu’un regret à formuler, le mix ne rend pas, ce soir, justice à la voix de Pamela, que l’on peine à entendre par moments, c’est dommage. Esperons qu’elle puisse enregistrer ses nouvelles chansons, il serait dommage qu’elle se perdent à tout jamais dans le flux infernal de Myspace. Il y a des soirs comme ça où tout est tranquille. Je suis dans le cadre cosy (mais très enfumé) de l’OPA avec deux copines, Pamela chante et c’est cool. Petite parenthèse enchantée dans nos vies faites de bureaux et de transports en commun. J’en étais à ces considérations quand sur ces entrefaites, Stevans fit son entrée en scène. Trio basse/batterie/guitare venu de Suisse, Stevans possède un potentiel énorme. Pop/rock chanté en anglais, ça me rappelle Nada Surf ou le Rhesus de l’album sad disco. C’est tranquille, relax tout en ménageant quelques plages plus dynamiques sans casser le rythme. Le groupe est assez facile d’accès, je n’avais jamais entendu Stevans avant et pourtant j’ai adoré leur set du début à la fin. Le batteur a un jeu coulé bien soutenu par le bassiste (qui en aparté joue sur une belle rickenbacker). Le guitariste tantôt à la guitare folk tantôt à l’électrique avec moult pédales et effets est très mélodique. Le chanteur possède une voix intéressante qui n’est pas, hélas, une fois de plus, mise en valeur ce soir. Les premiers titres sont joués avec des boucles en suppléments qui ajoutent de la tessiture au son. Vers la fin du set, le chanteur/guitariste passe au piano et le groupe adopte des rythmes discos plus dansants. C’est très très bon. J’étais alors en pleine ataraxie musicale quand je me suis dirigé vers le vestiaire où les CD étaient en vente. Et la chute fut terrible, pire qu’une droite de Mike Tyson. « Stevans ? » me fit la fille avec un sourire contrit. Euh, désolé on n’a plus de CD, tout est parti… Hein, Quoi ? Rien, nada, quetchi, QUE DALLE ! Putain, la vie est dure parfois, je suis écoeuré et je vais me coucher. Bonsoir. Faites de beaux rêves, les miens sont musicaux.
Les photos de Pamela et son groupe sont sur le lien suivant :

samedi 10 mars 2007

Dreamgirls de Bill Condon




Dreamgirls est un nouveau « biopic » (biography picture), genre de plus en plus à la mode à Hollywood et qui commence à faire des émules chez nous (cf. la môme d’Olivier Dahan). Après Ray Charles et Johnny Cash, c’est Diana Ross and the Supremes qui font maintenant l’objet d’un film ; différence de taille, cette fois, le film est librement inspiré des événements.

Donc le film est à grand spectacle, les acteurs ont de la voix et les personnages sont assez attachants. Jamie Foxx, le Berry Gordy de l’histoire, est un salopard, Eddie Murphy, dans son meilleur rôle depuis des lustres, est un hybride entre James Brown, Little Richard, Marvin Gaye et Sam Cooke. Le scénario narre l’ascension, la chute et la renaissance jusqu’au climax hollywoodien. Bref, Dreamgirls est suffisamment bien troussé pour donner l’impression de voyager dans le temps et faire passer une soirée agréable.

Passons maintenant aux sujets qui fâchent. Déjà la musique n’est pas terrible, tout juste passable. La B.O souffre d’un syndrome « Canada Dry » ça ressemble à la motown mais voilà ce n’est qu’une pâle imitation. On sent que la musique du film n’est pas aussi implicante pour les gens qui l’ont enregistrée (probablement des requins de studio) qu’elle ne l’était pour les artistes de l’époque. Écoutez n’importe quel best of de la motown, je vous assure que c’est autre chose que la soupe qui est servie tout au long du film. Ça manque de soul. C’est un peu à l’image de la déréliction qu’a connue la musique noire en passant du chitlin circuit (la soul) au dancefloor (la disco) perdant son âme au passage.

On l’a vu plus tôt, le film est librement inspiré par les événements. Heureusement car en devenant Deena (interprétée par Beyoncé), Diana a perdu la mémoire en cours de route. Les Supremes (rebaptisée The Dreamettes) se sont formées en 1957. Elles étaient, au début quatre puis trois, la maudite Florence Ballard (l’Effie du film), Mary Wilson, Betty McGlown (remplacée par Barbara Martin) et la megastar Diana Ross (de son vrai nom Diane Earle). Florence avait alors 14 ans. Florence a quitté les Supremes en 1967 avant de sombrer dans la déchéance, alcoolique et accro aux médicaments, mariée à un certain Thomas Chapman qui abuse d’elle. Florence est morte le 22 février 1976 à Détroit. Elle avait 32 ans. La réconciliation avec Deena/Diana, que l’on voit dans le film à grands coups de musique larmoyante, n’a jamais eu lieu. Pas plus que son come-back triomphal. Elle a bien enregistré un album, « You don’t have to », oublié depuis. Au moment de son décès, Florence tentait de relancer sa carrière. Tentative qui n’a pas fait florès. La comédienne Jennifer Hudson (Effie) fait preuve d’une belle empathie lorsqu’elle affirme qu’elle lui donne « la revanche dont elle aurait rêvé ». Autre oubliée de l’histoire, Maxine Powell, engagée par Berry Gordy (le patron de la motown dans la réalité) pour gommer chez ses stars toute trace de négritude afin de les rendre acceptables pour le public blanc de l’époque comme si elles devaient chanter « à Buckingham Palace ou à la Maison Blanche ». Dreamgirls est donc à apprécier comme un simple divertissement hollywoodien et non une reconstitution rigoureuse.

dimanche 4 mars 2007

Little Barrie




Les anglais de Little Barrie sont trop méconnus. Formé en 2000 à Nottingham, un quartier de Londres, ce trio basse / guitare / batterie mélange avec brio influences blues, soul et rock. Le groupe est formé du guitariste/chanteur Barrie Cadogan, du bassiste Lewis Wharton et du batteur Wayne Fulwood, qui depuis a quitté le groupe. A l’instar des groupes des années 60 Cream ou Traffic, Little Barrie transforme le blues en rock.

Le premier album, « We are Little Barrie » sort en 2005. Produit par Edwyn Collins (l’auteur de « A girl like you »), que Barrie Cadogan a rencontré alors qu’il travaillait dans une boutique de guitares, le disque a été enregistré en 23 jours, le surbooké Edwyn ne pouvant travailler avec le groupe que les mercredis ! Le résultat est une petite merveille de rock groove et swing. La presse anglaise parle du disque comme d’un futur classique, et il se pourrait bien qu’elle ait raison.




Le deuxième album de Little Barrie « Stand your ground » vient d’arriver dans nos bacs, une fois de plus c’est frais, enjoué. Les basses sont rondes et chaudes, la batterie swingue, la guitare jamme à l’avenant. Les arrangement de claviers (orgue et fender rhoades) apportent une note 70’s du plus bel effet. Des chansons comme « Pin that badge » ou « Cash in » apportent un plaisir immédiat. Évidemment pour la grande révolution musicale, on repassera car Little Barrie est un groupe respectueux des traditions, mais peu importe. Leur côté minimaliste et bricolo me rappelle la scène des années 90, G. Love & The Special Sauce ou les regrettés Morphine. Ce trio doit faire des merveilles en live, surveillez les dates de concert !

vendredi 2 mars 2007

The Black Keys, La Cigale, 1er mars 2007


Deuxième concert en trois jours à la Cigale, je ne vais pas me plaindre tellement j’aime cette salle, une des plus belles de Paris à mon humble avis. La meilleure chose qui nous soit arrivée des Etats-Unis depuis le début de ce siècle est certainement The Black Keys. Les Black Keys sont un duo guitare/batterie (prière de ne pas confondre avec The White Stripes) originaires de Akron, Ohio, état pourtant peu réputé pour sa scène musicale ni pour quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. L’Ohio, je peux vous en parler, j’y ai passé plusieurs mois d’été dans une famille d’accueil il y a déjà de ça quinze ans. C’est la campagne du midwest étasunienne et disons qu’à part faire du sport (du basket) ou de la musique, ce qui est déjà un beau programme en soi, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. Ce qui explique déjà beaucoup sur les Black Keys. Un groupe aussi atypique ne pouvait pas venir d’ailleurs (notons qu’ils n’ont pas déménagé). En effet, le batteur, Patrick Carney, utilise un kit avec une installation toute personnelle. Son tome basse est installé à sa gauche à côté de la charleston. D’ordinaire, la charleston est placée à la gauche du batteur et le tome basse sur sa droite. Quelque chose dans son jeu me fait penser qu’il est autodidacte. Dan Auerbach, le chanteur/guitariste, est équipé d’une superbe Gibson SG customisée couleur crème (le genre de gratte qui coûte au bas mot une brique) branchée sur deux amplis différents, bizarrement orientés vers la droite (habituellement les amplis sont dirigés vers le public). C’est certainement là que réside le secret du son cradingue inimitable et reconnaissable entre mille des Black Keys entre blues du delta et rock garage. Enfin le concert commence, Patrick le grand dadais asociable à lunettes, se contorsionne derrière sa batterie dont il joue au sprint. Dan tire des sons incroyables de sa guitare tout en se déhanchant et sautant dans tous les sens, notamment sur « Your Touch ». La foule est en délire, ça « jump » sévère dans la fosse. Sur scène les slammeurs se succèdent avant de plonger la tête la première dans le public. Certains prennent la pause avec Dan ou vont lui claquer une bise, d’autres se font éjecter manu militari par l’impressionnant videur. Musicalement ça me rappelle Jimi Hendrix ou un Led Zeppelin minimaliste et ascétique. Hélas le concert aussi excellent fut-il ne dura qu’une heure, mais une soirée comme celle là on ne voudrait qu’elle ne finisse jamais. Peut-être était-ce la pleine lune, peut-être était-ce l’alignement des planètes ? Je repense à tout cela dans le métro qui me ramène chez moi. La ligne 2 est aérienne et en plein air. Paris la nuit et ses lumières…