samedi 9 juin 2007

Elliott Smith : New Moon


« Double album inédit » ment éhontément le sticker. Après « From the basement on the hill », « New moon » est la deuxième compilation posthume d’Elliott Smith, décédé le 21 octobre 2003 de deux coups de couteau à son domicile d’Echo Park à Los Angeles. Deux coups de poignard dont on suppose, sans en être vraiment certain, qu’il se les auto infligés. D’Elliott on entend peu de choses ici, lui et sa guitare acoustique, c’est à peu près tout à quelques exceptions près, mais je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit de la meilleure configuration pour lui. D’ordinaire, je suis assez réfractaire à ces disques posthumes, ce qui ne m’empêche généralement pas de les acheter. Ce qui me déplait, c’est qu’il est impossible, et pour cause, de savoir ce que l’artiste aurait vraiment voulu et s’il aurait été d’accord pour sortir les chansons en l’état. Je n’aime pas non plus l’idée que l’on rajoute des arrangements de cordes ou autres des années après. De fait, ces disques posthumes sont dans les trois quarts des cas des compilations de rogatons de n’importe quoi, assemblées n’importe comment. Fort heureusement, ce n’est pas le cas avec New Moon. Ce qui me gène un peu par contre c’est que certains titres (« All cleaned out », « looking over my shoulder ») sont des pures inventions, étant donnée qu’Elliott n’avait laissé aucune note ou indication. Les morceaux présentés ici ont été enregistrés entre 1994 et 1997 soit avant son heure de gloire. A l’époque ou les « vrais » albums d’Elliott Smith étaient enregistrés dans les mêmes conditions sommaires. Les titres sont lumineux, les influences Beatles bien présentes. J’ai particulièrement aimé le premier titre « Angel in the snow » et « Thirteen » la reprise de Big Star. « Fear City » nous montre qu’il était également un sacré batteur. Elliott avait vraiment trouvé le truc pour trousser une bonne chanson. Elliott et son filet de voix aigue. C’est dingue ce qu’il nous manque ce type. Ce disque est parfait pour écouter une nuit d’été en regardant la pleine lune.
Elliott a eu son Big break en 1998 grâce au film « Will Hunting ». Gus Van Sant, le réalisateur, originaire comme lui de Portland, Oregon, a inclus la chanson « Miss Misery » dans la bande originale avec quelques autres titres des Dandy Warhols (de Portland également) et d’Elliott. Ce qui a contribué à faire de la capitale de l'Orégon une sorte de mini San Francisco le temps de la saison 1997/1998. Grande surprise « Miss Misery » a été nominée pour les oscars en 1998. On a assisté alors à une scène surréaliste, Elliott en costume blanc (voir photo) chantant pendant la cérémonie devant un parterre de V.I.P. ; il était probablement plus à son aise dans les bars de Portland. Bon, faut quand même pas pousser, c’est Céline Dion qui a gagné l’oscar cette année là pour la chanson du film « Titanic ». Mais Elliott a gagné un contrat chez la major Dreamworks, s’en suivra deux très bon albums, les derniers à être sortis de son vivant « XO » et « Figure 8 » en 2000. Mais Elliott, qui a déménagé à Brooklyn, NYC puis à L.A. vivait mal sa célébrité. Je garde pour ma part un souvenir presque pénible de son concert à l’Elysée Montmartre, le lundi 19 avril 1999. Elliott, crispé, planqué sur le côté gauche de la scène, enchaînait les chansons maladroitement sans adresser une parole au public. A 21h30, l’affaire était emballée. J’étais déçu mais j’ai appris par la suite qu’il était souvent victime de crises d’angoisse avant de monter sur scène. La fin de sa vie a été marquée par une dépendance à la drogue qui l’a mené à cette issue fatale évoquée plus haut. Depuis, la façade du studio Solutions Audio (que l’on voit sur la pochette de Figure 8), située au 4334 Sunset Boulevard à Los Angeles est devenu un mémorial à sa mémoire.


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