jeudi 30 août 2007

Jean-Jacques Milteau Trio, le Divan du Monde, 29 Août 2007.

C’est une belle fin de semaine qui s’annonce. La pluie a cessée, et même si le temps reste frais, le soleil est revenu. Et puis surtout, il y a de la bonne musique à apprécier en live. La première étape à lieu ce soir au Divan du Monde, petite salle de la rue (pavée et en côte) des Martyrs, à Pigalle, juste au pied de la butte Montmartre et du Sacré Cœur.

Le Divan du Monde est une salle minuscule avec une fosse où sont installées quelques tables agrémentées de bougies. Le bar se trouve sur la gauche. A l’étage, il y a un balcon avec un bar dans le fond et également des tables et chaises en métal qui courent le long de la balustrade de la même matière (ça donne froid !). Au plafond pendent une boule à miroir disco et quelques lumières. L’endroit est peint dans des tons assez chauds jaunes et rouges, ce qui donne au Divan du Monde un cachet mi-oriental, mi-futuriste. Sans conteste une très belle salle, on s’y sent bien, dans cette lumière tamisée, à l’aise pour apprécier la musique…

Qui commence ce soir avec un huluberlu violoniste, Didier Riey et son trio composé d’une contrebasse et d’un guitariste qui pompe aussi bien que Maître Django. L’individu attire spontanément la sympathie. On évolue dans un registre plutôt jazz, d’obédience manouche avec des hommages appuyés à Stéphane Grappelli (logique) et Michel Legrand, ponctué d’une reprise du thème du film « les parapluies de Cherbourg ».

Puis le silence respectueux se fait pour laisser la place à l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau, ce soir en trio acoustique avec le guitariste Manu Galvin et la chanteuse Demi Evans. Le set commence en catimini et en duo harmonica/guitare sur le titre « Fragile ». Blow, J.J, Blow… Au troisième morceau, Demi Evans fait son entrée, saluée par des applaudissements on ne peut plus mérités, et on monte doucement en pression avec une reprise de « Chains of Fools ». Le trio revisitera plusieurs classiques, « Before you accuse me », « how sweet it is to be love by you » (Marvin Gaye), un extraordinaire medley hommage à Ray Charles, « What i’d say/Georgia », « Heart of Gold » (Neil Young). Le concert sera, à mon sens, marqué par deux temps forts, le premier sera la version d’anthologie de « Jack the man » où la voix de Demi Evans, entre chant, scat et rap, m’a donné des frissons le long de la colonne verticale, l’osmose se fait entre le groupe et le public qui bat la mesure en rythme et saluera cet moment de bravoure des trois musiciens par une tonnerre d’applaudissement. Puis viendra « Same Kind of Pressure » marquée par une performance vocale exceptionnelle de Demi, qui a eu bien du mal à prendre le départ, coupée dans son élan par un fou rire. Une fois encore le public reprend les paroles en cœur encouragé par Demi : « Ouh, ouh, baby, baby, baby, sing c’est trop bon ça »… A mon sens, Demi a une véritable voix soul, dans le sens où son chant vient directement des tripes, du coeur...

Manu et J.J reviendront en duo pour un dernier rappel, « What a wonderful world », dans une version instrumentale avec le final chanté par l’auditoire. Et c’est sûr qu’après une soirée comme celle là, on aussi envie d’y croire, à un monde meilleur …

http://jjmilteau.artistes.universalmusic.fr/

vendredi 24 août 2007

Silverchair.


Ils étaient peu nombreux ceux qui en 1995 prédisaient un quelconque avenir au trio australien Silverchair. Pourtant, douze ans après la semonce initiale, il faut bien admettre qu’ils avaient tort, et que ces jeunes australiens ont bien plus de talent que leurs premiers albums le laissaient imaginer. Le premier disque de Silverchair, « Frogstomp », sort en 1995. Les membres du groupe, tous trois nés en 1979, ont alors à peine 16 ans, et s’organisent pour tourner (en compagnie de leurs parents !) pendant les vacances scolaires ! Le deuxième disque, « Freak Show » sort en 1997. La réécoute de ces albums, en 2007, procure une sensation étrange, il y a d’une part cette incurable nostalgie et les souvenirs puis viens le temps de l’analyse et là il faut bien admettre que les disques ont vieilli et, en dépit de leurs qualités, « Frogstomp » et « Freak show » sont le reflet d’une époque grunge/punk/métal révolue depuis longtemps. Silverchair a débuté comme un trio rock/grunge. Pas le meilleur, mais efficace. Pourtant dès le deuxième disque un début de changement se fait sentir sur le titre « Petrol & Chlorine », psychédélique avec arrangements de sitar et tablas. Mais le reste de l’album lorgne trop, à la limite du plagiat, du côté de Nirvana pour être pris au sérieux par la critique qui ne manque pas de les descendre, à leur décharge, les trio est à peine âgé de 18 ans. Les choses sérieuses commencent vraiment en 1999 avec l’album « Neon Ballroom ». Changement de style, premiers titres au piano et arrangements de cordes. La fougue est toujours présente mais elle est canalisée, l’album se termine en apothéose avec le majestueux et aérien « Steam will rise ». Pourtant c’est le début des ennuis pour le trio et en particulier pour son chanteur/guitariste Daniel Johns. Ce dernier apparaît comme un ado paumé et confus, dépressif et anorexique (sujet évoqué dans « Ana’s song »). Le batteur Ben Gillies et le bassiste Chris Joannou avouent avoir eu peur pour la santé de Daniel. Ce dernier est en fait un ado fragile jeté bien trop tôt dans la cour des grands, comme dans une fosse aux lions, et qui a bien failli y laisser sa peau. En 2002, Silverchair sort sa pièce maîtresse, l’album « Diorama » qui marque la première collaboration du groupe avec Van Dyke Parks (qui a collaboré avec les Beach Boys) et David Bottrill (producteur de Tool, ça calme !). Grosse production, à grands coups d’arrangements de cordes et d’instruments bizarres, l’album, majestueux, ne ressemble à aucun autre sorti en cette année 2002 est à contre courant de toutes les tendances possibles et imaginables. On pense à Scott Walker. Pourtant Daniel Johns n’est pas au mieux, il affiche sur les photos du livret une maigreur inquiétante. On apprend par la suite qu’il souffre également d’une forme très rare d’arthrite qui empêche, du moins dans un premier temps, le groupe de défendre son chef-d’œuvre en concert. Daniel est alors dans l’incapacité physique de jouer de la guitare et peu à peine marcher. Puis, peu à peu, Silverchair disparaît de la circulation, d’autres groupes apparaissent, dans ce tourbillon perpétuel qu’est le monde du rock, et prennent la place, Silverchair devient has-been.

Young Modern


« Young Modern », c’est le titre du nouvel album de Silverchair, cinq ans après « Diorama ». Et une nouvelle fois, le résultat est superbe et ne manquera pas de surprendre à un tel point que les deux premiers disques apparaissent de plus en plus comme des anomalies. Peut-être qu’après avoir traversé autant d’épreuves, il était naturel d’imaginer qu’un jour Daniel Johns s’intéresse de plus près au blues. Car si « Young Modern » n’est en aucun cas un album de blues pur et dur, l’oreille experte ne peut s’empêcher de noter un certain nombre de figures (notamment rythmiques) qui en sont extraites. Une nouvelle fois, les arrangements sont signés Van Dyke Parks, il en résulte des pop songs irrésistibles (« The man that knew too much », « Mind reader », "Reflections of a sound") gorgées de clavier fender rhodes. Voilà ce qui vous attends dans ce petit cercle en plastique en provenance directe d’Australie, puisque le disque n’est toujours pas officiellement sorti dans l’hexagone.

Silverchair, la cigale, 23 août 2007.

Plutôt qu’un compte rendu de concert, que j’avais prévu d’écrire, c’est ici la chronique d’un rendez-vous raté que je suis obligé de publier puisque le concert en question n’a jamais eu lieu. En effet, je trouvais étrange de trouver portes closes en sortant du métro Pigalle. Et tout ce monde agglutiné attendant impatiemment l’ouverture des portes n’augurait rien de bon. Un petit coup d’œil dans le lobby pour voir ce dernier dans l’obscurité et les roadies en train de remballer le marchandising. Ca me paraît mal parti. On en aura la confirmation quelques minutes plus tard lorsque le concert sera officiellement annulé à l’heure même ou il aurait du commencer. La santé de Daniel Johns lui a, selon toute vraisemblance, encore joué des tours, bien qu’en l’absence d’un communiqué officiel, il soit impossible de l’affirmer. Dommage car le concert était complet et que le public avait vraiment envie de les voir. Espérons qu’ils reviennent vite…

mardi 21 août 2007

The World’s Rarest Funk 45s – Volume two


Le label jazzman, spécialiste des éditions de ce genre, sort une nouvelle compilation dédiée au funk rare. Les morceaux rassemblés ici sont l’œuvre de groupes inconnus et ont été enregistrés sur une période s’étalant entre 1968 et 1975. Reginald Milton & The Soul Jets, Innersouls, Lil Buck & The Top Cats, ce n’est pas peu dire que les artistes présents sur le CD sont pour le moins obscurs. Mais pas inintéressants, loin s’en faut. Tout d’abord car la majorité des groupes ici présents sont originaires du Sud des Etats-Unis du Texas à la Floride en passant par la Louisiane, la Georgie et l’Arkansas. Ce Sud fantasmé par tous les amateurs du genre, terreau fertile pour toutes les musiques que l’on aime. C’est donc bien de la pure soul-funk que l’on entend ici à base de cuivres, et de rythmes implacables. Quelques autres groupes font cependant exception à cette règle, et le funk de New York et de Detroit (autres grandes villes musicales) est aussi représenté. Cependant, je regrette que la qualité sonore du disque soit parfois aléatoire, mais c’est, je suppose, l’un des aléas inhérent au fait de compiler des 45 tours rares. Quasiment impardonnable, le tracklisting présenté au dos du CD comporte des erreurs et attribue de mauvais numéros de plages. Certains titres étant instrumentaux, il est impossible de s’y retrouver. Par contre, le livret (en anglais) est très bien fait, illustré et riche en informations. Donc au final, pas un mauvais investissement si vous êtes un amateur du genre…

www.jazzmanrecords.co.uk

jeudi 16 août 2007

Elvis Presley (1935-1977)



"Elvis a été une bénédiction, il a ouvert les portes de la musique Noire".
Little Richard.
Cet été 2007 est riche en célébrations diverses. C’est à la fois le 40ème anniversaire du « summer of love » (1967) et aujourd’hui le trentième anniversaire de la disparition d’Elvis Presley. Difficile de passer à côté de tous les hors-séries consacrés au King, aux rééditions DVD, aux compilations… Le plan marketing classique en somme. Elvis, c’est pour moi, mon tout premier disque, enfin une cassette audio que je me suis payé à l’époque avec mon argent de poche. Candidement à l’époque, je me demandais, au moment de payer, si c’était vraiment Elvis qui chantait sur le disque. J’avais même appelé ma mère à la rescousse : « c’est lui qui chante, dis ? ». Comme si on pouvait se méprendre sur un timbre de voix pareil. Elvis, avant l’obésité, la déchéance et le kitsch de Graceland, c’était la classe. Un dingue de musique noire américaine. Dans ce sud fertile en musiques blues, soul, gospel et country. C’est autour du rock n’roll et, entre autres, d’Elvis que les jeunesses blanches et noires se sont retrouvées. Une fusion unique, qui laisse rêveur, aujourd’hui disparue. R.I.P.

mercredi 15 août 2007

Brett Dennen : So much more



« So much more » est le nouvel album, le deuxième, du jeune songwriter au visage poupin, Brett Dennen. Ce dernier évolue dans un genre plutôt folk. « Some much more » est le genre d’album que l’on aime instantanément pour la douceur des mélodies, les arpèges de guitares acoustiques, le sentiment de plénitude et de bien-être qui découle de la musique. Un album instantanément classique et intemporel. Mais qui, à mon avis, n’aurait pas souffert d’être un peu plus court. Dennen possède une voix intrigante, plutôt de tête avant la mue. Brett est un songwriter efficace, ses chansons regorgent de « hooks », ces accroches que l’on ne peut s’enlever de la tête (« She’s mine », « The one who loves you the most »). Musicalement Dennen picore un peu à gauche un peu à droite habille son folk d’atours tantôt country sur « There is so much more » et sa lap steel, tantôt latin sur « Darlin’ do not fear ». A noter la participation du bluesman Keb’Mo (« Because you’re a woman ») à la slide guitare. A l’écoute de ce disque, on a l’impression de visiter la chambre d’un ado qui gratouille en essayant de comprendre le monde qui l’entoure. Qui commence à grandir et qui devient peu à peu un homme. Un homme qui comme nous tous ne va pas tarder à se cogner la tête au plafond. Mais que se passe-t-il petit ? Rien de grave, la réalité vient de te tomber dessus.

http://www.brettdennen.com/

lundi 13 août 2007

Jacques Villeneuve : Private Paradise



Que faut-il attendre du disque d’un sportif reconverti ? En règle générale, rien du tout ou si peu. Sauf si ledit sportif entretient une passion sincère pour la musique. Ce qui semble être le cas du Québécois Jacques Villeneuve, vainqueur des 500 miles d’Indianapolis, champion du monde de formule 1 en 1997 et qui s’est récemment aligné au 24 heures du Mans. Villeneuve qui a donc momentanément abandonné la mélodie, pas forcément déplaisante au demeurant, du V8 pour la guitare acoustique. Sincèrement, je ne pensais pas acheter cet album, mais après un petit tour sur le myspace de Jacques, l’écoute des trois extraits proposés m’a fait revoir mon jugement. Deux clics plus tard (c’est à la fois la beauté et le danger d’Internet) j’avais acheté l’album. Enregistré avec une poignée de potes (les BBQ Brothers) et la participation de ses sœurs Jessica et Mélanie (par ailleurs, concertiste réputée), Private Paradise est un album qui attire spontanément la sympathie. Chanté en anglais (9 titres) et en français (4 titres) et aux accents folk-pop-rock bien prononcés. Villeneuve a surtout eu l’idée de génie d’embaucher un coach vocal, Russell Penn, qui a fait un sacré boulot. Ainsi sa voix laisse apparaître des ressources insoupçonnées entre autres sur « Vaguement ». Autre beau moment, « Father » chanté avec Mélanie et dédié à leur père Gilles, décédé sur le circuit de Zolder en 1982. J’ai également beaucoup aimé « Lullaby » et son mellotron et « Women come, women go », chanson intimiste au piano et fender rhodes. "Foolin'around", qui ouvre le disque, est une pure chanson de bagnole, à écouter en conduisant la caisse sur les longues lignes droites qui traversent les déserts de l'Arizona et du Nevada. De la belle œuvre, vraiment.


Jacques s’est lancé par passion, par amour de la musique. Sorti en catimini sur son propre label indépendant, Private Paradise est déjà assez dur à trouver en magasin. Jacques l’avoue lui-même, il ne pense ni à faire carrière et ni à l’argent et, « sera déjà bien heureux de rembourser ce que le disque a coûté ». Louable intention.

www.myspace.com/jvofficial

dimanche 12 août 2007

Nick Drake : Family Tree




Encore un disque posthume ! Family Tree est une nouvelle compilation d’enregistrements inédits du grand Nick Drake, décédé en 1974. Les démos proposées ici datent des années 60 avant le début de sa carrière. Nick est seul à la guitare classique et cordes nylon ou au piano. Sa sœur Gabrielle chante « All my trials » en duo avec lui. Le tracklisting présente tout de même quelques incongruités, telles ce « Time Piece », récitation avec pour seul accompagnement musical, le clic-clic d’un vieux métronome ou bien encore le « Kegeslatt Trio » de Mozart interprété par le Family trio (Nick est à la clarinette) ou pour finir les deux chansons écrites et interprétées par sa maman, Molly Drake (Nick est au piano), dont le seul intérêt est de souligner l’influence qu’elle a eu sur la musique de son fils. A côté de cela, certaines reprises enregistrées par Nick (« Summertime ») ne sont pas sur le disque c’est dommage.

Bon je pinaille, je fais la fine bouche. Car en dehors de ces quelques réserves, le disque est parfait. Des influences blues dont on ignorait jusqu’alors qu’elles étaient siennes se font jour. Dès le début la magie fonctionne, arpèges délicats de guitare, voix douce. Une partie des chansons à beau avoir été enregistrées à Aix en Provence, ce que l’on entend ici, c’est le ciel bas et gris, la pluie et les plaines désolées de sa Grande Bretagne natale. L’avantage avec Nick Drake, c’est que sa carrière fut très courte, seulement trois albums (« Five leaves left », « pink moon » et « Bryter Layter »), mais quels albums ! Tout simplement parfaits. Pas la moindre fausse note, tout mérite d’être écouté et réécouté encore. Même si il est assez peu connu du grand public, beaucoup de musiciens très divers de Robert Smith des Cure aux Black Crowes se réclament de lui. C’est dire son influence. Nick Drake est passé, telle une étoile filante. Puis est décédé d’une overdose de médicaments, un jour de novembre 1974. Il avait à peine 26 ans.


samedi 11 août 2007

Stephen Stills : Just roll tape.


New York City, le 26 avril 1968. Après une session d’enregistrement pour Judy Collins, un jeune musicien profite du temps et de quelques bandes restantes pour enregistrer ses propres chansons, après avoir graissé la patte des ingénieurs du son. Son nom : Stephen Stills. A ce point de l’histoire, il est encore relativement peu connu et un peu égaré dans la grande métropole de l’est, lui qui est natif du sud des Etats-Unis. Le jeune homme ne le sait pas encore, mais très certainement l’espère-t-il, il est appelé à devenir une rockstar au sein du groupe Buffalo Springfield puis avec Crosby, Stills, Nash & Young. Il écrira un tube majeur « For what it’s worth » qui servira même à vendre des voitures. Il aura même une connexion avec la France après avoir épousé (et quitté) une chanteuse d’ici, Véronique Sanson. Mais en ce 26 avril 1968, il enregistre 12 chansons dans le cours de la même session marathon. La bande sera perdue, égarée dans les méandres de l’histoire du rock, une de ces choses qui auraient pu être. Et puis miracle, 39 longues années plus avant, la bande ressort de l’oubli…

Et aujourd’hui elle est disponible en un CD intitulé « Just roll tape ». Fait tourner la bande (et probablement d’autres choses aussi…). Le son est excellent, c’est une surprise pour une bande ayant pourri pendant des années. Quelques chansons ici présentées n’ont jamais été entendues, d’autres deviendront des tubes soit en solo soit avec CSN. Stills a tout enregistré seul à la guitare folk, ou au dobro, instrument assez rare chez lui. Ce disque donne surtout des regrets, celui de n’avoir pas vu Stills avoir accompli la carrière (en solo) à laquelle il aurait pu prétendre. Carrière avortée, pratiquement tuée dans l’œuf rongée par l’abus de drogue et d’alcool. Certes, Stills chante encore, grave parfois des disques et se produit même en concert avec CSN. Mais à quel prix ? Honnêtement, il fait peine à voir.

mercredi 8 août 2007

The Traveling Wilburys Collection.


George Harrison : « Je déjeunais avec Roy (Orbison) et Jeff (Lynne) et je leur ai dit que j’allais gratouiller en studio le lendemain. J’ai appelé Bob (Dylan) pour savoir si son studio était libre. Il m’a dit de rappliquer. Et comme j’ai dû passer chez Tom (Petty) récupérer une guitare, il m’a suivi. » Et voilà comment est né, d’après l’ex Beatle ce « supergroupe » regroupant trois générations de rock n’rollers. L’histoire commence donc à Los Angeles en 1988. Quand George Harrison part « gratouiller en studio », il est question d’enregistrer une simple face B pour son 45 tours (c’était d’époque) « This is love » extrait de son excellent album « Cloud nine ». A l’écoute de la chanson, « Handle with Care», qui ouvre le premier CD, les cadres de la maison de disque décident qu’il n’est pas possible d’en rester là et de reléguer semblable trésor en face B. Et c’est ainsi que les cinq superstars ont improvisé, sur le pouce, l’enregistrement de leur premier album. Il s’agit là de la grande qualité des Traveling Wilburys, cette spontanéité, cette décontraction. Ce simple plaisir d’être ensemble et de jouer de la guitare s’entend tout au long du premier album. Et en Roy Orbison, les Wilburys tenait l’un des plus grands chanteurs de l’histoire du rock n’roll, celui qu’Elvis Presley considérait comme son rival le plus sérieux. Sa voix fait des merveilles sur « Handle with Care», « End of the line » et, surtout, « Not alone any more ». Incroyable, ce type était né pour chanter. Hélas, Roy Orbison devait décéder peu après la sortie du disque. Néanmoins grâce au succès des Traveling Wilburys mais aussi de son ultime album en solo, « Mystery Girl », ce dernier aura au moins eu la satisfaction de tirer sa révérence au sommet de son art. Le premier album des Wilburys, sobrement intitulé « Volume 1 », fit un carton, plus de cinq millions d’exemplaires vendus. Aussi malgré le décès d’Orbison les quatre potes ont remis le couvert deux ans plus tard, en 1990, avec un deuxième et dernier album mystérieusement intitulé « Volume 3 ». Si la formule fonctionne toujours avec un certain succès ("She’s my baby", "inside out"), l’absence de Roy Orbison se fait cruellement sentir. Cette fois, les Traveling Wilburys en resteront là.




Ce tout nouveau coffret regroupe l’intégrale des enregistrements du groupe soit les deux albums et quatre faces B et titres inédits. Le tout est accompagné d’un DVD (avec sous-titres en français) qui contient l’intégrale des vidéos clips et un passionnant making of constitué d’images d’époque où l’on voit le « club des cinq » éclater de rire en train d’écrire des paroles ou jouer de la guitare sèche en cercle. La séquence d’anthologie reste quand même selon moi celle où le batteur Jim Keltner joue de la batterie sur le frigo. Il est très émouvant de voir ces cinq musiciens à l’œuvre. Encore plus maintenant que Roy Orbison et George Harrison ne sont plus parmi nous.

mardi 7 août 2007

APOLLO HEIGHTS


C’est une excellente nouvelle qui nous attend cette rentrée, les new-yorkais d’Apollo Heights vont enfin sortir leur premier album. On avait rencontré les Apollo Heights l’année dernière, ils ont passé une bonne partie de l’année 2006 à Paris à écumer toutes les petites salles de la capitale. Mené par les deux frères jumeaux Daniel et Danny Chavis (ex-The Veldt) les Apollos ont un son indéfinissable entre soul et new wave influencé autant par les Cocteau Twins que par Curtis Mayfield, Jimi Hendrix et Love (voir mon message du 7 janvier 2007) ; le chanteur Daniel a une superbe voix reggae/soul qui se pose sur un mur de basse et de trois guitares. Si vous aimez Bloc Party (cf. mon post du 12 février 2007) il y a de grandes chances que vous ne soyez pas insensibles aux Apollos. Très justement intitulé « White music for black people » (les trois quarts du groupe est d’origine afro-américaine) l’album comprend des collaborations avec Robin Guthrie (Cocteau Twins), le rappeur Mos Def que l’on a vu dans le film Block Party (voir mon message du 20 février 2007) et Dave Sitek (TV ON THE RADIO voir mon message 18 avril 2007). Sortie prévue au mois d’octobre.

lundi 6 août 2007

The Bamboos : Rawville


De l’Australie on connaissait la scène rock (Radio Birdman, AC/DC, INXS, Silverchair et les excellents Even et Jet), les songwriters acoustiques John Butler et Mick Hart (voir mes messages des 30 avril et 6 juin derniers) ; le funk australien étant plutôt méconnu. Et bien maintenant il faudra compter dans le genre sur les excellents Bamboos. Car c’est un véritable coup de bambou qui vous attend à l’écoute de leur deuxième et nouvel album. Ok, j’admets, le jeu de mot était facile, il a néanmoins le mérite d’être justifié. Le disque est d’une efficacité remarquable et transforme ce groupe méconnu en champions de la démangeaison cognitive (ce phénomène qui fait que l’on ne peut s’enlever une mélodie de la tête). Essentiellement instrumental, les Bamboos peuvent ici compter sur le renfort (de poids) des chanteuses Alice Russell, Kylie Auldist, Tyra Hammond, des rappeurs d’Ohmega Watts et du chanteur Fallon Williams. On pourrait facilement imaginer que l’on a découvert un inédit des 70s (à l’exception des deux titres, plus modernes, en collaboration avec Ohmega Watts). Le son est chaud comme à la grande époque, la batterie et la basse tournent, les percussions claquent, orgue hammond « hot » et funky, cuivres chaleureux… Un petit mot pour finir sur le CD assez joli et sérigraphié avec le plan d’une (Raw)ville. Décidément, il est difficile de résister à l’attraction de ces « Meters down under »…

samedi 4 août 2007

Nathaniel Mayer : Why don’t you give it to me ?


Nathaniel Mayer, auteur d’un éphémère succès en 1962 à l’age de 18 ans avec le titre “village of love”, le vétéran de la scène soul de Detroit est de retour. Pour son nouvel album, il a fait appel à un sacré roster avec entre autre Dan Auerbach, guitariste des Black Keys (cf. mon post du 2 mars) et le bassiste Troy Gregory qui joue avec les Dirtbombs (voir le message précédent). Les deux compères ne se sont pas contentés de jouer sur le disque mais se sont vraiment investis dans l’écriture des chansons et dans le cas d’Auerbach dans la production et le mixage. Le résultat est un mélange de soul, de blues avec un petit côté psychédélique pas déplaisant. Le son est brut de décoffrage, près de l’os, sans fioriture ce qui rapproche ce disque de ceux des Black Keys et des Dirtbombs. Les neuf titres mettent en valeur la voix, ou plus exactement le filet de voix qu’il lui reste, de Nathaniel Mayer. Ce râle rauque qui traduit les heures de vol, le chemin parcouru par un vieux briscard à qui on ne la fait plus. Et qui une fois arrivé au bout de la route, ne comprend toujours pas le grand mystère de l’existence et implore encore et toujours la gente féminine : Pourquoi lui et pas moi ?

vendredi 3 août 2007

The Dirtbombs : OH KATRINA

Pour être tout à fait honnête, depuis que j’ai commencé ce blog, je cherche une bonne excuse pour vous parler des Dirtbombs, ce groupe de Detroit qui par les temps qui courent brille principalement par son absence. Or ces derniers se rappellent à notre bon souvenir avec la sortie d’un anachronique mais salutaire nouveau 45 tours (disponible via le site internet bomp.com voir le lien sur la colonne de droite). Oui, vous avez bien lu, un 45 tours, ces disques noirs qui tournent tel un derviche tourneur. Le disque est présenté dans une pochette cartonnée qui une fois dépliée devient un poster. Très classe. Les deux titres inédits « Oh Katrina » et « Candyass » ont été enregistrés (ou bootleggés) live à Detroit. En effet, le disque appartient à la série « live from Detroit » qui a principalement pour but de sortir des 45 tours live de groupes de Detroit enregistrés à Detroit. Enfin, on peut entendre les Dirtbombs reprendre ici des couplets piqués chez les Bee Gees et Thin Lizzy. Mais, maintenant, effectuons un petit retour en arrière sur le parcours de cette joyeuse bande…

1ère hypothèse : LES DIRTBOMBS SONT CINGLES !

Deux batteurs, deux bassistes et un chanteur/guitariste/harmoniciste, c’est un véritable tsunami de décibels électriques qui est le point de s’abattre sur vos oreilles. Dans des conditions telles qu’il est absolument suicidaire, et ce n’est pas une blague, de se rendre à l’un de leurs concerts sans boules quiès. Comme on vient de le voir la formation du groupe est pour le moins originale, mais cela fonctionne très bien. La première basse joue normalement. La deuxième est trafiquée avec des pédales fuzz et tout un tas de distorsions bizarres et remplace la guitare rythmique. Les deux batteurs jouent ensemble et alternent grooves et breaks. Ca envoie grave ! En règle générale, les concerts se finissent avec les deux batteurs seuls sur scène et cela donne des rythmes irrésistibles…

2ème hypothèse : LES DIRTBOMBS SONT GENIAUX !

Le grand atout du groupe c’est le chanteur/guitariste (parfois harmoniciste) et tête pensante Mick Collins. Ce dernier est Noir et possède une voix musclée qui me rappelle la kyrielle de vocalistes qui se sont succédés dans Tower of Power (voir mon post du 4 février). Le groupe synthétise parfaitement la ville de Detroit dont ils sont originaires piochant leur inspiration aussi bien dans la motown que dans les groupes de furieux qui ont inventés le punk (MC5, Stooges) dans cette ville industrielle à la fin des 60s. « Horndog fest », leur premier album un peu brouillon, est sorti en 1998. Mais le coup de génie des Dirtbombs c’est leur disque suivant « Ultraglide in Black » sorti trois ans plus tard. Mick Collins n’a pratiquement rien composé pour cet album-ci mais repris, avec un goût certain, des standards de la soul, du funk et du rythm n’blues. Les plus grands noms sont là, reprises de Marvin Gaye, Stevie Wonder, Sly and the family Stone, Curtis Mayfield… Même du Barry White vitriolé de la sorte par les Dirtbombs dépote sec ! Ils font notamment montre d’un pied très sur en reprenant « livin for the city » de Stevie Wonder, à mon sens la grande réussite du disque. Depuis les « bombes de poussière » ont sorti un album et demi, le vivement conseillé « Dangerous magical noise » et « Billiards at nine thirty » split album (6 titres inédits chacun) partagé avec les excellents King Khan & his shrines.

mercredi 1 août 2007

PRIDE Original Film Soundtrack


Encore inédit dans nos salles obscures, le film PRIDE (sur une équipe de natation dans les quartiers difficiles de Philadelphie) se distingue par une bande originale de grande qualité, compilant d’excellents classiques de la soul. Un inédit de John Legend ouvre le bal, trois titres des O’JAYS (mention spéciale pour « I love music »), Aretha Franklin (excellente reprise du "Bridge Over Troubled Water"), « I’ll take you there » des Staples singers (featuring Mavis voir mon post du 19 mai), « Express Yourself » (Charles Wright & The Watts 103rd St Rythm Band) et le fameux « Payback » de James Brown (voir mon message du 7 janvier). C’est du très lourd, du solide à défaut d’être franchement original. Mais la pépite du disque et la raison même d’être de cette chronique se cache en plage n°6 : « Let’s Clean Up The Ghetto » par The Philadelphia International All-Stars ; formidable épopée soul de quasiment 9 minutes à base de clavier entêtant, percussions folles, cuivres, chœurs féminins et trois chanteurs différents, avec le message social (un grand classique de la Soul) à la clef. Intrigué par cette mystérieuse équipe de All-Stars, j’ai effectué quelques recherches en ligne. Mais qui se cache donc derrière ce patronyme à rallonge ? Selon toute vraisemblance, The Philadelphia International All-Stars n’est pas un groupe mais un label de Philly Sound. Les All-Stars du label (mais lesquelles exactement ? Le mystère reste entier…) se sont réunies en 1977 pour enregistrer cet unique 45 tours aujourd’hui introuvable et très probablement dispendieux mais dorénavant disponible en CD par la grâce de la B.O.du film PRIDE.