lundi 12 novembre 2007

Editors + The Noisettes, festival des Inrockuptibles, la Cigale, 11 Novembre 2007






Il pleut des cordes en cette fin d’après-midi, alors que l’on patiente le long du boulevard Rochechouart en attendant l’ouverture de la Cigale pour la dernière soirée du festival des Inrockuptibles 2007. On a connu des dimanches plus engageants. Pour les artistes invités, le festival des inrocks doit être un exercice aussi confortable que de marcher sur un fil. Le plateau est copieux (5 groupes ce soir) aussi le temps est limité à une demi-heure par groupe et pas de rappel. Entre chaque set le rideau se referme pendant que les roadies préparent la scène pour le groupe suivant. Pour les spectateurs, c’est un marathon d’environ cinq heures qui commence aux alentours de 18 heures pour se finir vers les 23 heures. C’est aussi, régulièrement, une formule assez frustrante où on passe du coq à l’âne, il faut supporter certains groupes alors que d’autres ne font qu’une apparition trop fugitive. Du goût de trop peu à l’overdose. Ce soir n’échappera pas à la règle alors que la chanteuse Marit Bergman déboule sur scène. Elle a l’air gentille comme tout et très mignonne dans sa robe rouge mais là je ne sais pas pourquoi la pépette a plutôt tendance à m’agacer. Bref, passons. Les choses sérieuses commencent avec Elvis Perkins, le fils de l’acteur Anthony, l’interprète du « Psychose » d’Alfred Hitchcock. Ca fait un petit moment que j’entends le plus grand bien de lui, sans encore jamais avoir eu l’occasion de vérifier. J’ai beaucoup aimé son set, folk roots, guitare acoustique, harmonica, contrebasse, batterie et deuxième guitare. La comparaison est éculée mais c’est Bob Dylan qui vient immédiatement à l’esprit. Avec quelques influences celtes et parfois quelques cuivres. Malgré un rappel en rab, on reste un peu sur notre faim et cet Elvis Perkins mérite bien que l’on s’attarde plus longuement sur son cas. A revoir dans un contexte plus favorable. A oublier par contre le groupe suivant, les gallois de Los Campesinos, plutôt limités et bruyants. Avec de trop rares bonnes idées. Vint ensuite le premier gros cube de la soirée les londoniens de The Noisettes. Ca fait quelques mois que j’ai flashé sur leur premier album « What’s the time, Mr Wolf » dont je vous ai déjà entretenu, sans avoir jusqu’à présent l’occasion de vérifier la chose en live. C’est désormais chose faite. Shingai Shoniwa, sexy en diable dans son body en tulle noire, est une chanteuse remarquable, c’est aussi une véritable liane, une bête de scène qui alterne la basse et la guitare. Qui n’hésite pas à sauter dans la fosse et grimpe sur le dos d’un des spectateurs (veinard !!). Grimpe sur la grosse caisse de la batterie, se roule par terre, chante allongée sur le dos. Plutôt physique les Noisettes. Le batteur Jamie Morrisson et sa tignasse pas possible se tord dans tout les sens derrière son kit parfois il joue à mains nues et frappe du poing les cymbales. Et enfin le troisième larron le guitariste Dan Smith qui part dans des solos sauvages. Par rapport à l’album, le concert me paraît plus brut de décoffrage. Cependant le morceau «Cannot even (Break free) » a pris une toute nouvelle ampleur sur scène : la musique commence avec une batterie jazz avant d’attaquer un pont lourd comme le métal. Un sacré mélange bien à l’image de ce groupe multiracial. Le batteur Jamie Morrisson, particulièrement en forme, fout en l’air sa batterie à coups de pieds. Ca a le mérite de clarifier les choses, c’est clair il n’y aura pas de rappel. Le trio quitte la scène en saluant la foule, se frappant la poitrine le pouce en l’air, ils ont l’air d’apprécier l’ovation du public. Pas facile après ça de passer à la new wave classieuse des Editors (voir mes messages des 6 avril et 18 juillet) et, j’aime beaucoup ce groupe mais on a une fois encore l’impression de passer d’une extrême à l’autre. La Cigale est désormais pleine comme un œuf et réserve au quatuor un accueil triomphal. Le groupe est mené par l’intrigant chanteur/pianiste/guitariste Tom Smith, qui est, paraît-il, plutôt timide et réservé dans la vie et qui se transforme dès qu’il pose un pied sur scène. Cet homme là vit intensément ses paroles et sa musique, fait de grands gestes des bras, grimpe sur le piano et tourne dans tous les sens. Il bouge comme un pantin désarticulé. Le groupe est parfaitement à la hauteur de l’événement et livre un set (à peu près complet) remarquable. Le son est énorme, assourdissant. C’est sur scène que les Editors délivrent leur pleine puissance. Une prestation d’anthologie à graver dans le marbre. Carrée et solide.

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