dimanche 28 décembre 2008

Hot Shot Mama, Marché de Noël de Créteil, 27 décembre 2008.

Il y a une chose que je déteste, c’est le 31 décembre. Ca pue le 31 décembre. Tout le monde fait la fête, parce qu’on s’y sent obligé. Fais chier, ras le bol, de danser sur de la mauvaise musique. Non, même au trente-sixième degré, « Alexandrie, Alexandra » et « le sunlight des tropiques », ça ne me fait pas rire, mais pas du tout, ça ne me donne pas envie de danser mais plutôt le goût de défoncer les enceintes à coups de batte de base-ball, ce qui pourrait être assez rigolo. Le saviez-vous, « Band of Gypsies » l’album live de Jimi Hendrix a été enregistré new year’s eve 1969-1970, 31 décembre 1969, voilà un réveillon qui a de la gueule ! Moi, je veux un réveillon hippie ! Bouge pas garçon, j’ai le groupe qu’il te faut. Mon gars, t’as besoin d’Hot Shot Mama ! Hot Shot Mama, c’est le groupe d’Alain, mon prof de guitare et le guitar-hero de ma bonne vieille banlieue de Créteil. Ils sont sept, deux guitares, la basse, la batterie, le clavier, un saxophone et un DJ. Ils sont sacrément cool, ont les cheveux longs (pour la plupart) et certains sont plus que grisonnants. A l’exception du batteur et du DJ, largement plus jeunes, c’est une bande d’anciens hippies qui n’ont jamais perdu la foi dans le blues et le rock n’roll. Et aujourd’hui c’est la fête, ils sont en concert au Marché de Noël de Créteil, sous un chapiteau aux couleurs de saison, rouge et blanc. Et entre deux Pères Noëls en plastique, ça a groové grave mes amis ! Leur répertoire est composé de reprises : Beatles, Who, Creedence Clearwater Revival, ZZ Top, Deep Purple, John Mayall… Un groupe de reprises comme un autre ? Non pas du tout. Ces mecs sont capables de transformer Bo Diddley en rasta et « Come Together » en funk sexy ! Transis de froid, mais un froid qui ferait bien rire nos amis du Québec (si tant est que des Québécois lisent cette page), le chapiteau n’étant pas chauffé, nos musiciens se réchauffent en se soufflant dans les mains et en frottant énergiquement ces dernières. Le bassiste demande même au public si quelqu’un peut lui prêter une torche ! Le set a commencé avec une reprise de Patto, un obscur mais excellent groupe anglais de la fin des années 60. Loin de dénaturer les morceaux, le DJ apporte une touche moderne et originale dans ce qui reste un pur groupe de rock n’roll et trouve tout naturellement sa place. Même si Hot Shot Mama n’est pas un projet professionnel mais tient plus de la bande de potes qui prennent du plaisir à jouer ensemble, la présence du fameux DJ montre qu’ils ont quand même l’ambition de dépasser le simple copier/coller. Pour preuve cette reprise endiablée du « Midnight Hour » de Wilson Pickett agrémentée d’une furieuse séquence groove/funk entre le batteur et les scratches. Les reprises de « Born to be wild » (Steppenwolf) et « Summertime blues » (dans la version des Who) sont sauvages. Et ils ont fait un tel tabac qu’on même eu droit à un rappel pas prévu au programme. Et on a quitté le marché de Noël le cœur léger en se réchauffant autour d’un verre de vin chaud, offert gracieusement par la buvette.

jeudi 25 décembre 2008

Merry Christmas from The Bellrays


C’est un sympathique cadeau que le Père Noël a laissé dans la hotte cette année. Pour fêter Noël, les Bellrays nous offrent ce tout nouvel EP (bon à dire la vérité le disque en question a été acheté à leur concert au début du mois), composé de neuf « Christmas songs » inédites, le tout dure un peu moins d’une demi-heure. Fidèles à leur réputation, un Noël version Bellrays c’est à la fois funky et rock n’roll. Le traîneau en forme de guitare électrique, battant la mesure de la tête sur les beats de l’infernal batteur Craig Waters, le Père Noël s’est pris un sacré coup de speed en 2008. Voilà en tout cas le mini-album de Noël le plus cool que j’ai jamais entendu. Joyeux Noël à tous.


The Bellrays : « Santa’s got a big old bag »


The Bellrays : « Gimme some funk for Xmass »

Nathaniel Mayer (1944-2008)


C’est avec le cœur brisé et une immense émotion que j’ai appris complètement par hasard le décès de Nathaniel Mayer (voir mes messages des 4 aout et 3 décembre 2007) survenu le 1er novembre dernier. Il y a un peu plus d’un an, j’ai fait la rencontre de Nate avant et après un concert d’anthologie à la Maroquinerie. Certes il ne fallait pas être devin pour voir que Nate était au bout du rouleau, il était d’une maigreur inquiétante, boitillant, il était arrivé sur scène avec une canne et n’avait quasiment plus de voix. De plus, Nate entendait très mal, au moment de me dédicacer mon disque, il m’avait rebaptisé Rich, pourtant croyez-moi, j’ai passé cinq bonnes minutes à lui épeler mon prénom (Régis). D’une manière générale il faisait beaucoup plus âgé que ses 64 ans. Evidemment dit comme ça le crépuscule de Nathaniel peut sembler pathétique. Il n’en était rien, c’était au contraire magnifique. Nate revivait sur scène, il fallait le voir dragouiller les pépettes du premier rang… C’était un personnage, un sacré lascar… Après le concert quand un spectateur lui a demandé si on pouvait se prendre en photo avec lui, Nate a répondu : « Show me the money, first ». Sacré Nate, moi je l’aimais bien, je le trouvais attachant. Et puis il y avait sa voix, qui n’avait plus rien à voir avec celle de jeune ado auteur du tube « Village of Love » en 1962. Comme me le disait très justement Saab l’autre jour, il faut avoir vécu pour pouvoir chanter la soul et en écoutant Nathaniel Mayer chanter, on pouvait être sur d’une chose, ce type là avait vécu. Ado star dans sa bonne ville de Detroit au début des années 60, il avait disparu de la circulation après la vague disco au début des années 80 avant de revenir pour un étonnant come-back au début de ce siècle. Accompagné d’un nouveau groupe aux sonorités entre soul et garage-rock, Nate était devenu une sorte de père spirituel pour toute cette génération de groupe soul-rock : The Bellrays, The Dirtbombs, The Noisettes, The Heavy, Wraygunn… Victime d’une crise cardiaque en avril dernier il a passé ses derniers mois à l’hôpital. Il paraît que ses proches lui ont passé les disques de son idole de toujours James Brown. Et si même le soul brother number one n’a rien pu faire, c’est que c’était vraiment foutu. Sa disparition me fait beaucoup de peine. Rest in Peace, Brother, putain tu vas me manquer mec…
www.myspace.com/nathanielmayer

Nathaniel Mayer : « I wanna dance with you » (extrait de l’album « i just want to be held »)




Nathaniel Mayer : « Please don’t drop the bomb » (extrait de l’album « Why don’t you give it to me »)


lundi 22 décembre 2008

Underground Railroad : « Stick and Stones »


Découvert en première partie de Nada Surf à l’Olympia en octobre dernier, le jeune trio français Underground Railroad a la particularité d’avoir tenté l’exil à Londres où ils vivent désormais. « Stick and Stones », leur deuxième album, pour peu qu’on lui accorde l’écoute attentive qu’il mérite, est d’une efficacité remarquable. Underground Railroad, ne produit pas une musique facile d’accès de prime abord et l’expérimentation semble être une seconde nature chez eux bien contrebalancée cependant par des influences pop et rock qui donnent tout son charme au disque. Ce groupe se place dans la lignée des groupes noise-rock et shoegaze, mouvements typiques du début des années 90 dont les plus dignes représentants furent My Bloody Valentine et si vous n’avez encore jamais écouté « Loveless » sachez qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. « Loveless », justement, nos trois jeunes musiciens l’ont visiblement beaucoup écouté : « Stuff in your pocket » et sa guitare qui semble désaccordée sonne comme un inédit de Kevin Shields (le leader de My Bloody Valentine). Underground a trouvé la bonne formule, le juste équilibre : « 25 » ; « NYC » ou « Kill me now », pour citer trois des meilleurs plages de l’album commencent plutôt étrangement avant qu’une guitare pas piquée des hannetons, soutenue par une rythmique en béton viennent remettre les choses à l’endroit. Et puis il y a les voix, des trois membres : la jolie Marion (guitare), Raphael (batterie) et JB (basse) chantent ou assurent les chœurs, qui parfois sonnent comme perdus au milieu du torrent, particulièrement sur « One more hit ». Un des morceaux qui m’a le plus impressionné est « new variety » : porté par un simple thème joué au clavier et les voix la chanson est répétitive, obsédante et on finit l’écoute de cette dernière presque en transe. Saluons pour finir le remarquable travail du producteur John Goodmanson (Nada Surf) impeccable d’un bout à l’autre de l’opus, qui a réussi a canaliser la fougue du trio pour leur donner un son vif et tranchant.
www.myspace.com/urailroad


Underground Railroad : "Stick and Stones"


Underground Railroad : "Kill me now"

dimanche 21 décembre 2008

Jamie Lidell + Duffy, le Bataclan, 19 décembre 2008.


A l’invitation d’une radio « jeunes », l’excellent Jamie Lidell et la moins excellente Duffy ont rempli le Bataclan en ce vendredi soir. C’est donc à Jamie qu’est revenu l’honneur de débuter ce qui est, en principe, le dernier concert 2008. Le batteur fait son entrée en scène seul et commence avec un moulin terrible annonçant la venue de l’une des principales révélation soul de l’année. Vint ensuite deux baltringues qui arrivent en bondissant tels, des cabris en rut, et jetant dans le public des objets volants non identifiés (Pommes ? Balles de tennis ? Mystère…). L’un, vêtu d’une simple robe de chambre joue du saxophone, l’autre dans une combinaison ultra kitsch blanche à rayure rouge et agrémentée de faux diamants est guitariste. Un clavier, plutôt sobre en comparaison des deux lascars, complète le line-up. Puis ce fût au tour du guignol en chef d’arriver sur scène, Mister Lidell himself, attifé d’une demi boule disco à facettes en guise de couvre chef. Vous l’avez certainement deviné à la lecture de ces lignes, ces types sont complètement allumés. Ils se donnent beaucoup de mal et payent de leur personne pour faire le show, mais, surtout, dès lors qu’il s’agit de jouer, là, on ne rigole plus. Le set commence avec un « Where D’You go » d’anthologie. Lidell vient de l’électro, ce qui ne s’entend pas tellement sur ses derniers disques mais est particulièrement flagrant en live, pour preuve ce « Figured me out » agrémenté d’un long passage électro ou ce « Out of my system », l’un des titres les plus percutant du disque, interprété en solo ou Jamie chante tout en tripotant Dieu sait quoi sur ses deux ordinateurs portables. Même si Lidell à la différence de James Hunter (voir mes messages des 20 septembre et 19 octobre) et Eli Paperboy Reed (cf. mes messages des 20 juillet et 30 novembre), ne peut s’appuyer sur une vraie section de cuivres, le saxophoniste qui joue parfois de deux saxs en même temps assure le boulot sans problème même si j’estime qu’il abuse un peu trop du vocoder, dont il joue également, le genre de gadget amusant au début mais lassant à la longue. Le batteur est aussi impressionnant et assure la section rythmique à lui tout seul sur plusieurs titres jouant les lignes de basse grâce à un pédalier spécifique en plus de la batterie. C’est tout à fait le genre d’exploit vain et inutile car il n’y a guère qu’un reporter de choc comme votre serviteur pour s’intéresser à ce genre de détails. Heureusement pour lui le guitariste joue parfois de la basse pour le soulager un peu, ce qui swingue tout de même un peu plus. Lidell a une voix magnifique et est particulièrement magnétique sur scène, bouge dans tous les sens pour faire vivre son concert. Il dispose également de percussions avec une cymbale savamment saccagée pour obtenir un son plus mat qui ne résonne pas trop sur laquelle il frappe comme un malade. Ils finiront en nage sous les vivas du public car ils s’y entendent pour ce qui est d’enflammer la foule.

Après cette euphorisant première partie ce fut le tour de Duffy et la comparaison fait mal. Son nom est affiché en lettre géante derrière la scène, il semble que la pépette a déjà la grosse tête après un seul album. Il n’y a rien a redire sur le travail des musiciens, tout est cadré, impeccable et pro à l’extrême, même les, timides, chorégraphies de la star semblent calculées au millimètre. Mais bon voilà, on ne peut s’empêcher de bailler, dans le fond on s’emmerde, c’est d’un ennui mortel. Ca manque de vie, d’âme. Ce qui est fâcheux dans le sens où c’est supposé être de la soul music. Et le fait qu’elle parle à peine au public n’arrange rien. C’est peut-être ça le fond du problème, Duffy, pas plus qu’Amy Winehouse ou Joss Stone (je suis sévère et tout le monde ne sera pas d’accord) tient plus de la midinette pop que de la vraie soul woman. La soul (britannique ou non) est suffisamment riche en ce moment de voix féminines ou masculines, ce qui a été loin d’être le cas, et il suffit de jeter régulièrement un œil sur cette page pour s’en persuader. Tout ça pour dire que Duffy, finalement, est inutile.


Jamie Lidell : Wait for me

Jamie Lidell : "Another Day"


Jamie Lidell : "A little bit of feel good"

dimanche 14 décembre 2008

Héros du blues, du jazz et de la country de Robert Crumb.


Originaire de San Francisco, le dessinateur et illustrateur Robert Crumb, s’intéresse à la musique depuis toujours. Il est l’auteur de la, superbe, pochette de l’album « Cheap Thrills » de Big Brother & The Holding Company, le groupe de feu Janis Joplin. Ce nouvel ouvrage rassemble des portraits de musiciens crées dans les années 1980. A l’origine, il s’agissait de cartes à collectionner offertes en cadeau bonus avec les disques du label Yazoo. Le succès fut tel que finalement on a sorti des jeux complets et maintenant les voilà rassemblées en volume. Chaque illustration est accompagnée d’une petite biographie assez sommaire. L’abondance de biens nuit parfois, il est difficile de tout retenir de ces « héros » oubliés, on parle ici de musiciens du début du 20ème siècle. Reste que les illustrations sont superbes et, pour mieux s’immerger dans l’ambiance, le livre est accompagné d’un CD de 21 plages réparties équitablement entre le blues, le jazz et la country.
Editions de la Martinière, 240 pages, 19,95 euros.
http://www.editionsdelamartiniere.fr/

samedi 13 décembre 2008

Woodstock, l’album des 40 ans d’Elliott Landy


Le festival de Woodstock, du nom d’une petite bourgade perdue dans l’upstate New York, restera le sommet, le climax, mais également le pire cliché, des sixties. Alors que l’on va fêter l’année prochaine le quarantième anniversaire du festival, cela fait mal de le dire, mais cher consommateur, il y a fort à parier que tu n’a pas fini de cracher au bassinet en artefacts divers relatif audit anniversaire ! Première étape donc ce livre recueil de photos, quelques semaines avant Noël, quelle coïncidence, la vie est drôlement faite dis donc !

Arrêtons là l’ironie douce-amère, car il se pourrait que le bouquin en question vaille en fait le coup d’être lu. Riche en photos, parfois exceptionnelles, et de témoignages de personnes ayant assistées au festival, le livre se découpe en cinq chapitres : venir, vivre, spectateurs, aménagements et au final la musique. La position du chapitre consacré à la musique est symptomatique de la démarche de l’auteur : démontrer que Woodstock n’était pas un simple concert, mais la célébration d’un art de vivre en même temps qu’un sacré bordel (voir le chapitre venir et les photos des embouteillages) et évènement d’une ampleur jamais vue à l’époque. Ce point de vue est renforcé par les témoignages reproduits dans le livre, tous insistent sur la douce euphorie qui s’est emparée d’eux lors de ces trois jours, l’impression qu’une autre vie et un autre monde était possible. Bon pour l’utopie hippie, on repassera, ça fait bien longtemps que tout le monde est redescendu sur terre. Reste la possibilité d’effectuer grâce aux photos un voyage dans le temps sympathique avec un bâtonnet d’encens et un disque approprié, ça peut effectivement marcher pour n’importe quel quidam qui cherche un peu de détente en sortant du boulot. Dernier détail, l’ouvrage sent l’herbe ! J’ai vérifié, c’est vrai, mais je ne sais pas combien de temps cette odeur dure !
Editions Fetjaine, 140 pages, 22 euros.

http://www.woodstockonline.com/

lundi 8 décembre 2008

J.J. MILTEAU, le sunset, 7 décembre 2008.


C’est devenu, une habitude, presque un petit rituel en soi, à chaque nouvel album, l’harmoniciste JJ Milteau « squatte », une semaine durant la scène du Sunset, le petit club de jazz de Châtelet les Halles. Le Sunset, c’est un club minuscule tout en longueur, en forme de tube. Les murs, de forme arrondie, sont recouverts de rectangles de faïence blanche, on se croirait dans une station de métro désaffectée. Cette année, la « Soul Conversation » à plusieurs voix est de rigueur, Jean-Jacques est entouré des deux chanteurs « jumeaux » : Ron Smyth et Michael Robinson, du fidèle guitariste Manu Galvin et la rythmique composée de Gilles Michel à la basse et Eric Lafont à la batterie. Le groupe se chauffe tranquillement avec deux instrumentaux avant l’arrivée des deux « soul twins » : Ron Smyth et Michael Robinson, même look tout en noir et lunettes de soleil. Le groupe nous a offert un beau voyage, JJ décrit l’arrivée à Memphis, la voiture qui va tout doucement la radio blues locale allumée et l’arrivée au porte du delta du Mississippi avant d’enchaîner sur la reprise de « down in Mississippi » de JB Lenoir. Autre grand moment la reprise de « You can’t always get what you want » des Rolling Stones, Ron Smyth littéralement possédé transcende les paroles, le message est palpable : « you’ll get what you need » (i certainly hope so…). « Rock n’roll will never die », les deux compères vocalisent et chorégraphient de concert. Les voix se mêlent à merveille, Ron Smyth et Michael Robinson sont deux grands chanteurs. On a aussi ri des petites scènes de ménage entre JJ et Manu :

- Excusez-moi une minute mais, contrairement à l’harmonica, la guitare est un instrument qui s’accorde…
- 25 ans que je subis cela…
- Manu en train de s’accorder : Tu peux meubler si tu veux…
- Je veux bien mais il n’y a plus de place (la salle est plutôt exiguë)… On vient d’acheter ce petit endroit
- C’est assez dur à chauffer…

Voilà j’arrête là la petite partie de ping-pong. Le concert s’est achevé sur une note particulièrement émouvante, Michael à cappella, JJ à l’harmonica, le reste du groupe et le public qui claque des doigts à l’unisson, j’ai presque l’impression de jouer avec eux… C’était chouette. Merci Messieurs.

vendredi 5 décembre 2008

Kurt Cobain : About a son d’A.J. Schnack




De biopics en documentaires en concerts filmés, vous pensiez avoir tout vu de la façon dont la musique pouvait être traitée au cinéma ? Vous aviez tout faux ! « Kurt Cobain : About a son », long métrage réalisé par A.J. Schnack ouvre une brèche originale sans utiliser une seule image d’archive (à l’exception de quelques photos en noir et blanc) ni aucune chanson de Nirvana. Le film se base sur des entretiens, enregistrés en 1992 et 1993, entre Kurt Cobain et le journaliste Michael Azerrad en vue de la rédaction d’une livre biographique (« Come as you are ») écrit par ce dernier. Même si on n’entend pas Nirvana pendant le film, on écoute beaucoup Cobain. Comme venue d’outre tombe, c’est sa voix qui raconte sa propre histoire, son mal de dos, ses difficultés avec la presse, ses maux d’estomac, qui conduiront à l’issue létale que l’on sait… Sur ses inestimables documents audio se greffe des images filmées dans trois villes, toutes situées dans l’état de Washington, où vécu Cobain : Aberdeen, Olympia (qui est également devenue depuis la maison de Gossip) et Seattle. Les images illustrant peu ou prou les propos tenus par Cobain. De fait, le film s’écoute, beaucoup, et se feuillette comme un vieil album photo. La bande originale adopte la même démarche, pas de racolage, d’ « inédit » bidon mais une collection de groupes, de musiques, de chansons que Cobain a aimé. En ce sens, la BO ressemble à une bonne vieille mixtape d’antan compilée par Kurt lui-même.

Le décès de Kurt Cobain a été pour beaucoup de monde une tragédie, une déflagration dont on a un peu oublié l’impact aujourd’hui et qui a durablement marqué le rock de l’époque. Quatorze ans après les faits, on a maintenant le recul nécessaire pour apprécier à sa juste mesure ce film tout en retenue. Et il est remarquable.

La bande annonce :

mercredi 3 décembre 2008

Ben Kweller, l’Européen, 2 décembre 2008.




En présence de Ben Kweller, on rentre définitivement dans une autre dimension. Un petit génie, multi instrumentiste (il a enregistré son dernier album en date tout seul), excellent songwriter et très précoce. Il a enregistré ses premiers disques avec son groupe Radish, alors qu’il était encore adolescent. C’est également un producteur, malgré son jeune age, et sur scène, un performer impressionnant. Il est de la classe des BellRays, Nada Surf, Black Keys, c’est bien simple, en concert, il ne déçoit jamais. Un concert de Ben Kweller, c’est la garantie de passer une soirée agréable. Cela tient beaucoup à ses compos, simples, elles ont ce petit quelque chose d’évident. Ces hooks que l’on sifflote dès qu’on les entend et qu’on ne peut se retirer de l’esprit, sans en être pour le moins gêné. Ben Kweller évolue entre rock à grosses guitares et pop tendance piano. Il lui arrive même de se la jouer troubadour la guitare en bandoulière et l’harmonica autour du cou. Pourtant pour son quatrième album, dont la sortie est prévue pour février, Ben à choisi une voix originale. Comme il l’explique sur son myspace, bien que natif de San Francisco, Ben a grandi au Texas où, entre deux chansons des Beatles, il a été bercé par la musique country entendue sur les radios du coin, laquelle a eue sur lui une influence durable au point de le définir comme musicien. Aujourd’hui, alors qu’il a quitté New York ou il vivait ces dernières années pour s’installer à Austin, Ben Kweller retourne à ses premières amours, nouveau groupe et donc nouveau son.

Comme il en a pris l’habitude, Ben annonce la sortie de son nouveau disque par un petit concert dans un lieu intimiste en acoustique avant de (probablement) revenir une fois l’opus sorti pour un « gros concert » avec groupe dans un lieu de plus grande capacité. Le concert de ce soir est complet depuis le mois d’août… Et l’Européen, petite salle avec gradins de forme arrondie dont l’intérieur est peint en rouge, est l’endroit parfait pour nos retrouvailles. Ben et sa dégaine d’ado éternel à la coule fait son entrée sous les vivas les bras en l’air. Il est accompagné ce soir de Kitt Kitterman au dobro. Ben l’avoue candidement : « je pensais venir seul mais mon pote Kitt m’a appelé la semaine dernière et s’est décidé à la dernière minute. C’est notre premier concert ensemble, on n’a même pas répété». Ca ne s’entend pas du tout. Le concert fut bref et Ben a présenté de nombreux titres du nouveau disque. C’est également avec plaisir que l’on a réentendu l’énergie dévastatrice de « Penny on the train track », « The Rules » avec concours de guitares à la clé ; la mélancolie d’ « On my way » et « Thirteen » jouée en rappel en solo et au piano. Ben nous a encore fait un numéro, courant dans tous les sens et remplaçant la batterie avec ses pieds. Un concert bref donc, un peu plus d’une heure, mais intense. Vivement la suite !

www.benkweller.com
www.myspace.com/benkweller

Ben Kweller : « Sundress »


Ben Kweller : « Penny on the train track »

mardi 2 décembre 2008

The Bellrays, Le Trabendo, 1er décembre 2008.


Devant une assistance clairsemée, on a retrouvé les BellRays ! Lors de mon précédant message, après le dernier concert des BellRays auquel j’avais assisté, je m’étais ému de l’absence de certains titres faisant parties des classiques des BellRays en concert, tous écrits par le guitariste démissionnaire Tony Fate. Il n’en est finalement rien puisque le groupe a de nouveau joué ces chansons dont le fabuleux « tell the lie ». Au programme donc, de l’énergie punk « changing colors », « blues for Godzilla » et de la soul pleine de feeling « Footprints on the water » et l’inédit « Hard Sweet and Sticky », c’est impensable que ce titre ne soit disponible sur aucun disque. Quelques surprises également avec deux nouvelles compositions extraites de leur nouveau « christmas CD », notamment le funky et très réussi « Santa’s got a big old bag ». Le batteur Craig Waters est toujours en forme olympique particulièrement lors de l’intro de « Voodoo Train ». Ce dernier toise la foule debout derrière son kit, tel un boxeur, les baguettes tournoyantes à la main puis d’un coup donne une patate monumentale sur ses caisses, le kit en entier tremble tout ce qu’il peut ! Mais on ne peut résumer le jeu de Craig Waters à cet aspect un peu « bourrin », il peut également faire preuve de beaucoup de feeling et de souplesse groovy. La formidable chanteuse Lisa Kekaula délivre son message positif : « dans la vie quand je me sens au fond je regarde en l’air » ; « on a tous besoin de moments de détente où on se sent vivre ». C’est vrai, et moi je les trouve souvent pendant les concerts des BellRays.

dimanche 30 novembre 2008

Eli « Paperboy » Reed, La Maroquinerie, 27 novembre 2008.


« Ouh Yeah Paris are you ready ? » C’est ainsi que le saxophoniste a présenté Eli « Paperboy » Reed qui est venu nous rendre visite en ce soir de Thanksgiving. « Certains l’appelle Mr Boom Boom, d’autres l’appelle « The Satisfier », il va faire trembler, vous donner la chair de poule ». Je confirme, Paperboy, tient ses promesses. Le public est d’emblée pris par le groove du groupe, basse, batterie deux guitares et trois cuivres. Le batteur, en particulier agit à la fois en finesse et en puissance, il swingue, il groove mais cogne fort. A tel point qu’il perd ses lunettes à plusieurs reprises à force de virevolter à droite et à gauche et je ne parle pas de ses cymbales qui se cassent la gueule sous la force de ses coups de butoir. Le jeune Bostonien Eli est quant à lui assez classe costard bleu, chemise blanche, pochette assortie, boutons de manchettes et montre bracelet métal. Guitariste plus discret que l’autre révélation de l’année, James Hunter (voir mes messages des 20 septembre et 19 octobre), Eli fait montre de son talent vocal, son râle si puissant que parfois il n’est nul besoin de musique. Le concert ne déçoit pas, normal le disque est taillé pour la scène, ça bouge, dépote même, plutôt bien. Il n’en faut pas plus pour ravir un public chauffé à blanc. Les cuivres interviennent à point nommé, la rythmique swingue en puissance, la guitare trouve de l’espace pour placer des petites phrases qui complètent bien l’ensemble. Pas de déception donc mais des surprises comme la reprise d’ « Ace of Spades » de Motorhead (pas tout à fait le même genre). Et on a appris un nouveau petit jeu « le soul clap », c’est simple il suffit de frapper des mains en rythme à toute vitesse. C’est cool et fun, mais c’est un coup à finir la soirée avec des cloques plein les mains ! Pas grave, tant que le son est là !

www.myspace.com/elipaperboyreed
http://www.thesatisfier.net/

Eli Paperboy Reed : « Am i wasting my time »


Eli «Paperboy Reed : « It’s Easier »

mercredi 26 novembre 2008

Ben Folds, le Trabendo, 24 novembre 2008.


Ce concert là, longtemps je l’ai attendu. La dernière visite de Ben Folds, remonte à 1999 à l’Elysée-Montmartre à l’époque il était encore le leader du Ben Folds Five. Je ne l’avais pas vu à l’époque et depuis j’espérais en vain de vivre ce moment, déçu à chaque nouvel album de constater que ses, rares, tournées européennes évitaient toujours l’Hexagone. Visiblement je ne suis pas le seul, à voir l’ovation que lui a réservé la salle à son entrée sur scène. Ben à l’air à la fois ahuri et ravi un immense sourire lui barrant le visage d’une oreille à l’autre. J’ai alors l’impression de vivre un moment rare et privilégié en compagnie d’une (quasi) légende vivante. Petite contrariété cependant, le Trabendo ne me paraît pas l’endroit le plus adapté pour ce concert. Même de la fosse on ne voit pas quasiment pas Ben assis derrière son piano. Ce qui est tout de même frustrant quand on a attendu un artiste pendant aussi longtemps. Cependant les choses s’arrangeant au fil du temps, on a pu se rapprocher au fur et à mesure que les premiers rangs quittaient la fosse. Ben Folds a attaqué son concert par trois titres en mode piano solo : « Zak and Sara », « Fred Jones part 2 » et « The Luckiest ». Folds a un sacré sens de l’humour : « Mon groupe s’est perdu, le taxi les a largué et ils ne savent absolument pas où ils sont… ». Vaste plaisanterie, le groupe en question, basse et batterie, claviers additionnels et percussions sur certains titres faisant son apparition dès le quatrième titre. Changement d’ambiance radical, on assiste alors à un vrai concert de rock, sans guitare, c’est assez rare (mais pas tant que cela finalement) pour être signalé. Le volume me paraît démentiel, et je suis bien heureux d’avoir mes bouchons, sans lesquels je pense que j’aurai fini avec des acouphènes. D’ailleurs je trouve que le bassiste et le batteur bourrinnent un peu trop pour mon goût personnel, à plusieurs fois l’ensemble bascule dans un maelström indescriptible et invraisemblable. Ils ont joués de larges extraits du nouvel album « Way to normal » (on en reparle bientôt, n’arrivant pas à me procurer ledit opus, j’ai en désespoir de cause attendu le concert pour l’acheter), notamment les excellentes « You don’t know me » et « Kylie from Connecticut » et quelques « fake songs » ; le dernier canular de Ben en date. Avant la sortie du nouveau disque, Ben a enregistré de nouvelles chansons portant les mêmes titres que celles figurant sur l’album, mais différentes. Ils les ont ensuite posté sur internet et ont trompé tout le monde qui pensait écouter le nouvel opus. Il y a donc 12 nouvelles chansons de Ben Folds sur le disque et une poignée d’autres (avec les mêmes titres) qui se baladent dans la nature, sur la toile. Mais le dindon de la farce est peut-être bien Ben Folds lui-même puisqu’il paraît que les fans préfèrent les « fausses » chansons… Le moment le plus expérimental a probablement été « Hiroshima » ou Ben trafique son piano avec un espèce de boîtier (j’ai oublié le nom mais il paraît qu’aux Etats-Unis on s’en sert pour remplacer la brosse à dent) posé sur les cordes de l’instrument. Rajoutez là-dessus une pédale de distorsion et le piano ne sonne plus du tout comme un piano, la première image qui me vient à l’esprit (un peu rapidement peut-être) est celle de Depeche Mode. A la fin du set, Ben s’adresse à l’audience : « Comme je ne viens pas très souvent on va passer la formalité de quitter la scène et attaquer de suite les rappels ». On a viré alors en pleine nostalgie avec les titres de l’époque Ben Folds Five : « Army » (la foule remplace spontanément les cuivres pour le plus grand plaisir de Folds), "Kate" et « One angry dwarf and 200 solemn faces » la fosse danse en plein délire. Le concert s’achève avec « Not the same ». C’est alors le public qui chante, Ben Folds dirigeant la manœuvre tel un chef d’orchestre, avec encore quelques plaisanteries à la clef. Y’a plus qu’à espérer que sa prochaine visite n’aura pas lieu lors de la décennie prochaine.
http://www.benfolds.com/
Ben Folds five : Army (live 1999)
Ben Folds Five : "Kate"

dimanche 23 novembre 2008

Todd Rundgren, Le Trabendo, 20 novembre 2008.

Ce soir, j’ai l’impression d’être l’un des personnages de « That 70’s show », une sitcom que j’aime bien, dès le premier épisode, ils allaient voir Todd Rundgren en concert. Pour ma part, c’est, après son passage au Bataclan il y a quelques années, la deuxième fois que je le vois. Todd Rundgren, c’est un cas. Un type capable de s’enfermer tout seul et d’enregistrer un disque en jouant de tous les instruments. Il y a, incontestablement, du génie en lui. Le problème avec les génies, c’est qu’ils sont parfois difficiles à suivre. Todd Rundgren, c’est dans un premier temps un pionnier du rock garage pré-punk avec son groupe Nazz, à la fin des années 60. Au début des années 70, Rundgren s’est mué en chanteur/pianiste, auteur/compositeur pop. On aurait été à deux doigts de le confondre avec Elton John. Ses albums de l’époque, « Runt », « The Ballad of Todd Rundgren » et surtout le double « Something/Anything » (l’un des grands doubles albums de l’histoire) sont excellents. Gorgés de tubes « I saw the light », « Hello it’s me », Todd est sur le point de devenir une star majeure. Parce que pour la seule fois de sa carrière, il est en phase avec son temps. Mais Rundgren refuse la gloire. Dès 1973 et l’album, conseillé car remarquable, « A wizard, a true star », Rundgren se transforme à nouveau et devient un précurseur des musiques électroniques. Dorénavant Rundgren sera systématiquement en avance sur son temps. Il passe la majeure partie des années 70 avec son nouveau groupe Utopia, composé de trois synthés, mélangeant rock progressif et électronique. Dès 1979 il s’intéresse à la vidéo et fut un le deuxième artiste à passer sur MTV. Dans la même optique il est aujourd’hui un vétéran d’internet et vend sa musique en ligne depuis plusieurs années déjà. Musicalement, son influence est palpable chez Ben Folds, Ben Kweller où chez Kevin Barnes, la tête pensante (et je le crains, malade) d’Of Montreal (voir mes messages des 26 mai et 30 juin 2007 ). Personnage innovateur, musicien parfois expérimental et pas toujours facile d’accès, Rundgren est aujourd’hui oublié du grand public. C’est un musician’s musician (il a également une belle carrière de producteur avec Patti Smith, les New York Dolls, Grand Funk…). Ce qui explique que ce soir il soit sur la scène d’un Trabendo et non pas, comme beaucoup de sa génération, à Bercy, au Zenith (voisin) voire au stade de France.

Depuis le début de ce siècle, Rundgren a retrouvé les vertus du rock. Et l’a prouvé en donnant un concert, enthousiasment, bien que extrêmement chargé en décibels. En effet, Rundgren n’a pas joué une seule note de piano de toute la soirée. Par contre, il n’a pas lâché sa guitare verte une seule seconde. Entouré d’une deuxième guitare, d’un batteur, d’une jolie bassiste aux cheveux courts et enfin d’un dernier musicien alternant guitare et clavier, Todd a d’abord ravi l’assistance revisitant ses vieux titres, les plus « normaux ». Quel plaisir d’entendre enfin en live « I saw the light » et « Black Maria », sans qu’aucun de ces deux morceaux n’ait pris une seule ride. Il a même ressorti « Open my eyes », le premier 45 tours de Nazz, qui est quand même un plagiat du « Can’t explain » des Who. La deuxième partie du show a été consacrée à son répertoire récent, que je connais assez mal. J’ai quand même beaucoup aimé « Strike » quand tout le public a levé le poing en l’air en même temps. On a même eu droit à un blues inédit, composé d’après ses dires l’après-midi même. A l’écouter, il serait même l’inventeur du blues. Bon un concert de Todd Rundgren ne serait pas un vrai concert sans son fameux sens de l’humour ! Je ne suis pas tellement compliqué comme garçon, dès qu’il y a de la guitare, en gros, je suis content ! Et en l’occurrence, j’ai plutôt été bien servi ce coup-ci.

Todd Rundgren : « Hello it’s me » (1973)


Todd Rundgren : « I saw the light » (acoustic 2005)


Todd Rundgren : « I saw the light »

samedi 22 novembre 2008

Mitch Mitchell (1947-2008)



Avec Mitch Mitchell, c’est bien plus qu’un batteur qui disparaît, c’est également, après les disparitions de Jimi en 1970 et de Noel Redding en 2003, le dernier membre encore vivant du Jimi Hendrix Experience qui nous quitte. Un jour, Laurent, mon prof de batterie, m’a dit, « Mitch Mitchell, je n’ai jamais rien compris à son jeu ». Moi non plus, et je ne vous parle même pas d’essayer de le reproduire… Batteur au jeu hyper fin, Mitch Mitchell avait adapté au rock une technique héritée du jazz. C’est probablement ce qui a plu à Jimi Hendrix qui l’a longtemps gardé avec lui, il a joué à Woodstock après la séparation de l’Experience et encore ensuite avec le bassiste Billy Cox. Après Buddy Miles, c’est le deuxième batteur de Jimi qui part cette année. Buddy Miles, Earl Palmer et maintenant Mitch Mitchell, trois de mes batteurs préférés sont morts en 2008. Pour moi, il restera à jamais le mec qui a joué l’infernal « Fire »… RIP.

Jimi Hendrix Experience : « Fire »




Mitch Mitchell : « Drum Solo » (Suède, 9 janvier 1969)

vendredi 14 novembre 2008

TAG MUSICAL

Le tag, c’est un petit jeu entre blogueurs. Cela consiste en une série de questions à laquelle il faut répondre le plus honnêtement possible, le but étant de mieux se connaître. Le dernier tag en date qui vient fatalement de me tomber dessus est simple (encore que) : décrire sa personnalité en cinq chansons. C’est assez difficile. Déjà, premièrement si on joue le jeu suivant les règles, on a comme l’impression de se retrouver tout nu en public. Ensuite, cinq chansons c’est peu. Une goutte d’eau dans l’océan du jukebox qui me fait office de cerveau. Des playlists, je pourrais en rédiger 400 en expliquant le pourquoi du comment de chaque note et comment elle me touche, mais soyons honnête, cela ferait chier tout le monde. Donc, après une intense réflexion, j’en suis arrivé à la playlist suivante qui n’est évidemment en rien définitive. Reposez-moi la question dans six mois et il n’est pas improbable que vous vous retrouviez avec une sélection goth/new wave. Disons qu’elle est circonstancielle et correspond surtout à mon humeur du moment. Les absences sont criantes, pas de Beatles, Stones, Hendrix, Led Zeppelin, Cure, Neil Young, Creedence Clearwater Revival… Ensuite, autant l’avouer de suite, cinq chansons je n’y suis pas arrivé, il y en aura donc sept. Puisque Saab a triché, eh bien moi aussi je fais pareil et c’est de sa faute après tout, na ! Te fâche pas Saab, je plaisante… Donc voilà à quoi cela ressemble :

Sparklehorse : « Wish you were here » (Pink Floyd cover)
Tous les musiciens vous le diront, il y en a nous une chanson, LA chanson. Celle qui a provoqué le déclic, l’étincelle qui déclenche l’incendie. On appelle cela l’effet papillon, quand les vibrations émises par un battement d’aile de papillon ont pour conséquence un tsunami à l’autre bout de la planète. Le truc que l’on aurait été fier d’écrire. Moi, c’est un titre de Pink Floyd « Wish you were here » que l’on peut traduire par : « j’aimerai que tu sois là ». Par ce que la perte d’un être cher est une blessure qui ne cicatrise jamais tout à fait même si l’on saigne moins au fil du temps. Et l’on a parfois cette pensée, ces paroles suspendues au dessus du vide : « putain j’aimerai tellement que tu sois là », « I wish you were here »…

Je vous propose ici la version, moins connue, du groupe Sparklehorse encore plus mélancolique que l’original et si vous n’êtes pas bouleversé, c’est que vous avez un cœur de pierre…


Minnie Ripperton : « Inside my love »
Je suis un grand amateur de Voix, de chanteuses notamment. Et avec Minnie Ripperton, niveau Voix on est servi. C’est bien simple elle était incroyable et avait cette capacité à monter très haut dans les aigus, sa voix couvrait cinq octaves. Si quelqu’un était né pour chanter, c’était elle. Après des années passées dans les coulisses de la Motown, notamment auprès de Leon Ware et de Stevie Wonder (qui l’avait prise sous son aile), elle a enfin pu enregistrer en solo. Elle s’est, hélas, éteinte en 1979, emportée par un cancer, sans avoir, à mon sens, enregistré ce chef d’œuvre qu’elle portait pourtant en elle. Il nous reste malgré tout de nombreuses pépites, comme ce « Inside my love ». Comment tu fais Minnie ? C’est quoi ton secret ? Evidemment si je l’ai choisi, c’est par ce qu’il y a une fille qui se cache derrière tout ça à laquelle je pense quand je l’écoute. La première à qui j’ai dit que je l’aimais. C’est terrifiant et difficile d’avouer ses sentiments à l’autre. Mais c’est une satisfaction quand on y arrive.


Bettye LaVette : « Joy »
Bettye LaVette a passé des années, des décennies même, à chanter dans des bouges tous plus sordides les uns que les autres. Pour l’avoir vu en concert (deux fois), je peux l’affirmer cette Femme c’est une force de la nature. C’est à la force de ses cordes vocales qu’elle s’est fait sa place, toute relative car elle surtout connue des spécialistes, au soleil. Donc c’est un peu tout cela que l’on entend ici, sur une trame blues classique, le « joy » du titre faisant référence à sa simple joie de chanter. Moralité de l’histoire : ne jamais lâcher l’affaire.


Leon Russell : « A song for you »
Le chanteur/pianiste/guitariste Leon Russell est un musicien virtuose et ce, en dépit d’une paralysie partielle de la main. Avant de sortir son premier album solo, d’où est extraite ce « A song for you », Russell, natif de l’Oklahoma, a beaucoup écrit, composé et produit pour d’autres plus connus que lui, comme Joe Cocker, livrant tubes et succès clés en mains. « I love you for my life, you are a friend of mine, and when my life is over, remember when we where together ». Voilà tout est dit, vous êtes mes amis et je vous aime même si je ne suis pas toujours très disponible vu que je m’investis beaucoup dans la musique. J’ai toujours essayé d’être là quand vous aviez besoin de moi.


Buddy Miles : « Them Changes »
Chaque fois que je là réécoute, je revois Amsterdam, les vacances avec mon pote et le tas d’herbe sur la table de la chambre d’hôtel. C’était notre remake, version cannabis, de Scarface, cette fameuse scène où Al Pacino tombe la tête la première dans une montagne de coke. On roulait les spliffs (j’étais doué pour la chose à l’époque) avec toujours en fond sonore cette chanson que l’on écoutait à plein volume. Seulement voilà, le temps passe et ce fameux pote et moi on ne se parle plus depuis trois ans après une embrouille de thune et pourtant on en a partagé des fous rires, des voyages, des musiques, des parties de baby foot ou de billard. Mais le plus triste dans l’histoire, c’est que depuis Buddy Miles nous a quitté, un peu plus tôt cette année.


Curtis Mayfield : « Billy Jack »
Le chanteur/guitariste Curtis Mayfield est un géant de la soul de Chicago au destin tragique. En 1990, lors d’un concert à Brooklyn une rampe avec projecteurs s’écroule sur la scène. Curtis ne s’en relèvera pas et passera les dernières années de sa vie cloué dans un fauteuil roulant, tétraplégique, et incapable de jouer. Il jettera ses dernières forces dans l’enregistrement d’un ultime album « New world order » et décédera peu de temps après la sortie de ce dernier. « Billy Jack » n’est pas extraite de ce disque mais de « There’s no place like America today », sorti en 1975 époque à laquelle il est au sommet de son art. Rythme ternaire, guitare wha-wha, percussions et cuivres, aucun élément ne manque pour faire de cette chanson un grand moment. Comme toujours avec Curtis, le message social est présent. Ici, la difficulté qu’il y a parfois à assumer ses origines et celle de « s’élever » au dessus de son environnement. Le choix n’est pas innocent alors qu’Obama vient d’être élu Président des Etats-Unis. « I have a dream » et aujourd’hui il se réalise, Curtis aurait été heureux. Quant à moi, je l’écoute souvent le matin en me préparant pour aller travailler. J’y trouve du courage et de la force pour affronter la journée.


Suprême NTM : « Tout n’est pas si facile »
Tout simplement parce qu’au fil du temps, je constate avec dépit et amertume que je comprends de mieux en mieux le sens des paroles :
« Tout n’est pas si facile
Tout ne tient qu’à un fil
Les destins se séparent
L’amitié c’est fragile ».

mardi 11 novembre 2008

Be Kind, Rewind de Michel Gondry


Dans la filmographie de Michel Gondry, « Be kind, Rewind » (« Soyez sympa rembobinez » en V.F) peut-être envisagé comme une suite de son documentaire musical « Block Party ». Déjà, dans les deux films on retrouve Mos Def, il chante (ou rappe plutôt) dans « Block Party » et fait l’acteur dans « Be Kind Rewind ». Les deux films ont également en commun un aspect communautaire dans le sens où ils montrent une communauté qui se réunit autour de la musique, d’un concert dans « Block Party » et du cinéma dans « Soyez sympa, rembobinez ». Et enfin, les deux films ont été tournés dans les quartiers populaires de la grande agglomération New Yorkaise, Brooklyn pour « Block Party » et Passaic, New Jersey pour « Be Kind Rewind ».

« Soyez sympa, rembobinez » c’est l’histoire de deux potes, huluberlus, Mos Def et Jack Black, travaillant dans un vidéoclub. Coincés dans une faille temporelle, ils ignorent tout du DVD et sont restés sur d’antiques VHS, ce qui donne cette petite note nostalgique touchante et sympathique au film. Victimes d’une déveine improbable, ils ont effacé la totalité des cassettes du vidéoclub. Les deux compagnons d’infortune n’ont alors d’autre choix que de « remaker » (suéder), avec les moyens du bord, la totalité du catalogue du vidéoclub, ce qui donne lieu à une succession de scènes cocasses et hilarantes.

Ancien batteur du groupe (plutôt craignos mais c’est un avis personnel) Oui Oui, Gondry fait partie de ces réalisateurs possédant une véritable sensibilité musicale et une oreille aussi. La bande originale de "Be Kind Rewind", plutôt jazz/soul rappelant par moment les B.O blaxploitation, est particulièrement soignée et très réussie, c’est assez rare pour être souligné. Tout d’abord par ce que Gondry a pour l’occasion recruté Booker T. Jones, Steve Cropper et Donald « Duck » Dunn (soit les trois quarts de Booker T & The Mg’s) et qu’il tient lui-même, avec habileté, les baguettes sur plusieurs titres. Il a ensuite sélectionné quelques pépites de Billy Preston et de Fats Waller, le pianiste de jazz natif de Passaic auquel le film rend hommage. Pour le score, Gondry a fait appel au pianiste Jean-Michel Bernard qui, grâce à son touché raffiné, a réussi a retrouver la grâce des films muets d’antan. Ajoutez à cela quelques contributions originales de Mos Def et vous obtenez, en sus d’un très bon film, un excellent disque.

Notons pour finir que l’édition double DVD propose sur le disque bonus, des extraits d’un concert privé donné à l’occasion de la sortie du film par Michel Gondry, Mos Def et Jean-Michel Bernard.

http://www.bekindmovie.com/

La bande-annonce :

lundi 10 novembre 2008

Tony Joe White, le Bataclan, 4 novembre 2008.


Puisque l’on est si bien en Louisiane, eh bien, ma foi, restons-y ! Une grosse semaine après Allen Toussaint, c’est au tour d’une autre légende Louisianaise de venir nous rendre visite en la personne de Tony Joe White, natif de Goodwill. Petite anecdote personnelle, il y a un an, en visite à Chicago, alors que j’arborai avec fierté un tee-shirt à l’effigie de ce cher T.J (acheté à la fin d’un concert), la serveuse m’interrogea alors : « Tony Joe White, who’s that guy ? ». Et me voilà, moi le petit français, en train de révéler à cette yankee pur jus l’existence de ce pur fleuron de la musique américaine. Les Etats-Unis, sont ainsi, tellement riche, tellement grands, que parfois, c’est en Europe que leurs meilleurs artistes marchent le mieux. La preuve, notre T.J White beaucoup plus « célèbre » ici que sur sa terre natale. Et puis avec un premier album sorti en 1969, on peut difficilement le qualifier de perdreau de l’année. Quelle injustice. Car Tony Joe, c’est le genre de mec qui par la seule puissance de ses compositions vous transporte en plein bayou. Après avoir assuré la première partie d’Alvin Lee à l’Olympia un peu plus tôt cette année, revoilà donc White pour un concert complet cette fois-ci. La formule a également évoluée puisque Tony est désormais en trio avec un batteur et un clavier faisant à la fois office de bassiste et d’organiste. Le visage masqué par des lunettes de soleil et un imposant chapeau, qui le transforme en créature sans age, White a débuté le concert en solo assis avec sa Stratoscater sur les genoux. Sa voix est toujours aussi chaude et profonde, les arpèges de guitare délicats. Vinrent ensuite les deux autres protagonistes. Le batteur est toujours aussi excellent et puissant ce qui n’a pas manqué de surprendre mon voisin d’à côté qui s’est aussitôt confectionné dans la précipitation des boules Quiès à l’aide d’un Kleenex. Quant au troisième larron, le clavier, je suis désolé de le dire, mais sa présence m’a un peu gêné. J’avoue, j’aurai préféré un vrai bassiste, là je trouve le son mal foutu, les basses trop fortes (mon voisin est en train d’agoniser) et surtout mal réglées. Elles bouffent trop de fréquence au détriment de la guitare que l’on n’entend pas toujours très bien. Oui je sais, je suis exigent… Néanmoins, il y a eu des très beaux moments, le boogie « Do you have a garter belt ? » (Est-ce que tu portes un porte-jarretelles ? J’adore ce titre !), la très rare en live « Soul Francisco » et une attaque à la pédale wha-wha, une autre spécialité de Mister White, absolument démente. Les douces est délicates « The guitar don’t lie » (que Johnny Hallyday a repris sous le titre « la guitare fait mal ») et « Rainy Night in Georgia » sur lesquelles sa voix chaude fait des miracles.

http://www.tonyjoewhite.com/

Tony Joe White : « Rainy night in Georgia »

dimanche 9 novembre 2008

Greg Zlap, le Café de la danse, 3 novembre 2008.


C’est un café de la danse plein comme un œuf qui a accueilli Greg Zlap et son groupe pour un concert malheureusement unique, un mois après la sortie du dernier album du Monsieur, road movie(s). Le silence se fait dans la salle alors que le batteur Toma Milteau, s’installe derrière son kit et commence le concert en solo. Les musiciens arrivent un par un, piano, guitare, basse. Lorsque Greg et son harmonica déboulent le premier morceau « Wedding Theme », le mariage du blues et du cinéma, est déjà bien entamé. Vient ensuite la reprise du thème « l’homme à l’harmonica » extrait d’ « il était une fois dans l’ouest », Greg arbore alors un chapeau de cow-boy du plus bel effet. Greg nous promet un voyage (immobile) sur les routes du blues et du cinéma, et on n’a pas été déçu, des surprises il y en a eu. Tout d’abord la version live de « Who’s gonna take my damn soul », nettement plus musclée en live et qui prend des allures d’ « Honky tonk woman » des Rolling Stones. Le batteur Toma Milteau est énorme, cogne mais avec finesse, le juste équilibre entre puissance brute et feeling. A voir ses cymbales virevolter dans tous les sens comme emportées une vague qui déferle sur le sable, on en aurait presque le mal de mer. Vint ensuite le premier invité et le premier choc culturel de la soirée lorsque Nono, le guitariste de Trust vient taper le bœuf. On n’a pas vraiment l’habitude de le voir s’aventurer sur ces « terres bleues », mais ça vaut le coup d’être entendu comme le précise Greg, il n’est pas « antisocial » et joue avec « beaucoup de feeling ». Preuve de l’éclectisme de Greg Zlap l’invité suivant est encore plus surprenant, le slammeur D. Le deux hommes attaquent une composition inédite en duo voix/harmonica. C’est très intéressant ce lien entre slam/rap et blues qui se fait sous nos yeux. D a un physique assez impressionnant, grand, baraqué, dreadlocké et couvert de tatouages. Mais c’est surtout sa voix qui est marquante, grave et comme venue d’outre-tombe, soyons honnête, les âmes sensibles sont priées de s’abstenir. Le concert s’achève dans la liesse, le groupe faisant entonner à la salle entière le refrain de « Long way home », le Café de la danse se transforme alors en une église de Harlem, la fosse prend des airs de chorale gospel. Pour un voyage, s’en fut un beau…
www.myspace.com/gregzlap

samedi 8 novembre 2008

The Visitor de Thomas MacCarthy




Bien qu’il ne s’agisse pas d’un film musical dans le sens où on l’entend habituellement, The Visitor, actuellement sur nos écrans, offre une place de choix à la musique. Car c’est en effet la musique qui définit Walter Vale, le personnage principal du film interprété par Richard Jenkins.

Professeur d’université, vivant dans le Connecticut, Walter Vale mène une existence solitaire, paisible et rangée dans le deuil de son épouse, pianiste et concertiste. Le métrage s’ouvre sur une leçon de piano aussi pénible pour Walter que pour le spectateur. A la fin de celle-ci, Walter avoue à sa professeur qu’il souhaite arrêter son apprentissage. Cette dernière lui rétorque qu’il est difficile d’apprendre un instrument à son age, surtout si on n’a pas de talent particulier. Walter encaisse. Un peu plus tard, Walter, catastrophé, apprend qu’il doit se rendre à New York pour une conférence, déplacement qu’il craint comme la peste. Arrivé en ville, il découvre avec stupéfaction que son appartement (dans lequel il ne vit plus depuis des années) est squatté par un couple d’immigrés clandestins. L’homme, Tarek (interprété par Haaz Sleiman), se trouve être un joueur de djembé. C’est autour de cet instrument que se cristallise l’amitié naissante entre Tarek et Walter, le premier prodiguant leçons et conseils au second. On assiste alors à une succession de scènes sympathiques tournées dans les clubs de jazz de la grosse pomme ou dans des rassemblements de percussionnistes dans Central Park. Ces scènes à elles seules valent le détour. Mais l’essentiel est ailleurs. A partir du moment où il apprend le djembé, le personnage de Walter évolue progressivement. S’ouvre aux autres, devient même souriant à des années lumières du Walter du début, crispé sur le clavier. En cela le film illustre le pouvoir rassembleur de la musique entre les êtres. On comprend alors qu’en passant du piano au djembé, le personnage de Walter passe le film à faire le deuil de son épouse.

La bande annonce :

samedi 1 novembre 2008

J.J. Milteau : Soul Conversation


L’avantage lorsque l’on possède l’expérience et la bouteille d’un Jean-Jacques Milteau, c’est que l’on donne l’impression d’enregistrer, sans difficulté ni effort, des albums des albums de qualité égale, autrement dit, toujours excellents. Ce qui est une fois de plus le cas avec ce nouvel opus intitulé « Soul Conversation ». Grand amateur de voix, JJ, nous encore cette fois ci dégotté deux chanteurs de grande classe à savoir Michael Robinson et Ron Smyth pour dialoguer avec son harmonica. La nouveauté, c’est que ce coup ci, les deux lascars chantent souvent ensemble et non pas l’un après l’autre, comme d’habitude. Conséquence logique, ce nouvel effort me semble plus « chanté » et moins instrumental qu’à l’accoutumée. Cet album s’inscrit comme un hommage aux musiques que Milteau porte en lui depuis toujours : du rock n’roll, la reprise méconnaissable du « You can’t always get what you want » des Rolling Stones ; de la soul « People Get Ready » de Curtis Mayfield ; du folk tendance hippie « Long Time Gone » de David Crosby et enfin encore et toujours du blues « Down in Mississippi » de JB Lenoir. A l’instar de ce qu’il a pu faire il y a quelques années avec le « Heart of gold » de Neil Young, Jean-Jacques et son groupe embrassent toutes ces musiques et les emmènent toujours vers la même direction, celle de cette fameuse note bleue. Ces reprises, toutes très réussies car respectueuses de l’esprit sans en plagier la lettre, ne doivent pas cependant faire oublier la qualité des compositions originales : « Rock n’roll will never die », « You never know », « Summer moments ». JJ et ses acolytes, le fidèle Manu Galvin à la guitare, le bassiste Gilles Michel, le batteur Christophe Deschamps et Eric Lafont aux percussions font également montre d’un touché classe et raffiné tout au long du disque en particulier sur les instrumentaux. De quoi en tout cas passer l’hiver qui s’annonce au chaud.
http://www.jjmilteau.free.fr/


jeudi 30 octobre 2008

Allen Toussaint, l’Elysée-Montmartre, 27 octobre 2008.


Le flyer promet un « concert exceptionnel » en compagnie de « la légende vivant de New Orleans ». Le propos est élogieux, mais c’est amplement mérité. Allen Toussaint, c’est du lourd. Un pianiste virtuose pour commencer que l’on a pu entendre récemment en compagnie de James Hunter (voir mes messages des 20 septembre et 19 octobre) ou d’Elvis Costello pour le superbe album « River in Reverse » (on peut également le voir jouer dans les vidéos illustrant mon post sur Earl Palmer). En tant que songwriter et producteur, Toussaint a travaillé avec le gratin musical de sa New Orleans natale (et Dieu sait si la Crescent City est riche en la matière) : Dr John, The Meters… Son travail lui a également ouvert des portes vers des artistes plus « mainstream », les Rolling Stones notamment. Hélas, comme artiste solo, Allen Toussaint est assez peu connu et a peu d’albums à son actif. Enfin si le concert est « exceptionnel » c’est aussi parce que c’est le premier depuis 15 ans sur une scène française. Pour moi, c’est l’occasion de le voir en vrai. Et coïncidence calendaire qui n’a rien à voir avec la musique, son retour a lieu quelques jours à peine avant les fêtes de la Toussaint !!!!

Aussi cela m’a fait beaucoup de peine de voir la salle aussi peu remplie. L’Elysée-Montmartre, deux ans que je n’était pas revenu, j’y retourne comme on retrouve un vieil ami, c’est une petite salle au plafond décoré de modénatures en principe on y est debout, le bar se trouve au fond. Mais le concert étant loin d’être complet on a réduit la capacité de moitié grâce à des rideaux. Et on a même eu droit à une distribution de chaises de jardin en plastique. Un concert assis à l’Elysée-Montmartre, je n’avais jamais connu cela avant.

Impeccablement costumé et cravaté, Allen fait son entrée en scène en compagnie de son groupe : batterie, percussions, guitare, basse, saxophone et la star de la soirée au piano et au chant qui précise que son groupe est à 100 % originaire de la Nouvelle-Orléans. Le reste appartient à la fois du miracle et de la téléportation. Ce n’est rien, et d’une platitude sans nom, de dire que ce fût une soirée magique à graver dans les mémoires. De la soul voir du funk, du jazz et toujours ce son reconnaissable entre mille. Comme de coutume, chaque musicien y va de son petit solo et le duel batterie vs. percussions fut particulièrement tendu et impressionnant. Alors que le show touche à sa fin, Allen s’adresse à l’assistance : « Etes-vous déjà allés à la Nouvelle-Orléans ? Vous avez déjà fait mardi-gras ? Non, alors on a décidé de vous apporter un peu de mardi-gras ! ». Et Allen de se lancer dans une distribution de cadeaux « made in New Orleans » à la fosse : tee-shirts, masques de carnaval, CDs… Le public ne prête plus attention qui continuent à faire le bœuf et pourtant ça joue grave… Et voilà comment on délocalise l’Elysée-Montmartre et le boulevard de Rochechouart en plein Bourbon Street…

Allen Toussaint piano solo


Allen Toussaint : Southern nights