dimanche 29 novembre 2009

Seasick Steve, Le Trabendo, 23 novembre 2009.


Si sur son dernier disque Seasick Steve à tendance à faire preuve d’un certain recul et à faire montre de sérénité, sur scène, notre homme au mal de mer sort les griffes et pratique un blues électrique et enlevé aussi féroce qu’addictif. Arrivé sur scène avec dans une main sa guitare et dans l’autre une bouteille de vin (qu’il aura l’outrecuidance de nous faire croire qu’elle venait d’Espagne), Steve, au look de bûcheron fatigué, prend place sur une vieille chaise en bois accompagné de son batteur Dan. Dès les premières notes de « Cheap » la magie opère et une sorte de transe prend possession des musiciens et du public, j’ai à ce propos, retrouvé le hurleur qui m’avait déjà cassé les oreilles lors du précédent concert à la Maroquinerie en février dernier. Steve a également élargi sa collection de guitares toutes plus pourries les unes que les autres et il est d’ailleurs assez rare qu’elles disposent toutes des six cordes réglementaires (mention spéciale à celle fabriquée à partir d’une boîte de cigares). Quant au batteur Dan, il est plutôt en forme, sa crinière blanche se balance d’avant en arrière entre les cymbales. Passons maintenant à la séquence émotion de la soirée. « I need a girl » clame Seasick Steve. Une petite brunette, plutôt mignonne, s’en vient du public et prend place à côté de Steve qui se fait prévenant : « Ne t’inquiètes pas je vais juste chanter une chanson ». « Walking man » en l’occurrence. La nénette n’a pas l’air très rassurée et est toute rouge de confusion. Dan bat calmement la mesure à poings nus, un peu comme on jouerait du djembé. Arpèges de guitare acoustique délicats, beau moment d’émotion partagée. « Chiggers », nommée d’après une maudite mauvaise puce du sud des Etats-Unis, a été le théâtre d’une explication sur les méfaits de ladite puce. Pour « Diddley Bo » Steve a sorti le plus improbable des instruments, un diddley bo de récupération composé d’une planche de bois, une seule corde et agrémentée d’une poignée de porte (Chevrolet 75) et d’une boite de conserve concassée. Quand les moyens manquent, l’imagination et la débrouille prennent le pouvoir. Arrive alors la jeune Amy Lavere venue chanter en duo la délicate « I’m so lonesome i could cry » la reprise d’Hank Williams et les choses sérieuses commencent puisque les musiciens carburent désormais au Jack Daniel’s. Parfois la musique s’arrête et Steve prend le temps de nous parler de sa vie, de son histoire. En dehors de son talent de musicien il est également un exceptionnel storyteller. Le temps d’un dernier tour de la fosse, au milieu du public, guitare en mains et c’est fini. Ainsi s’achève cette belle prestation de Seasick Steve, révélation blues de cette année 2009, inconnue dans nos contrées il y a encore un an.

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