mardi 29 juin 2010

Rencontre avec Alex Toucourt


Evoluant dans un genre qu’il définit lui-même d’ « acousticool », Alex Toucourt (voir mon message du 30 mai 2010), accompagné pour l’occasion de son compagnon de scène Jib, sort un excellent premier album « orangé » le 28 juin. Faisons plus ample connaissance…

Les paroles de « Trace ta route » m’ont beaucoup frappé…
Alex Toucourt : En fait c’est une chanson autobiographique par anticipation. Je me suis posé la question : Quand je vais avoir mon premier enfant, que vais-je pouvoir lui dire la première fois que je vais lui parler… La chanson a été écrite super rapidement, en une petite demi-heure, je pense. Les paroles et la musique me sont venues vraiment naturellement. J’ai juste retravaillé un peu le texte.

Tu penses que les meilleures chansons s’écrivent rapidement ?
A.T. : Non, pas forcément. Il n’y a pas de règles en fait. On peut vraiment faire une bonne chanson en prenant le temps de la retravailler longtemps aussi bien qu’un truc spontané qui vient super vite. C’est ça qui est excitant. Des fois tu te laisses dépasser par ce que tu es en train d’écrire et tu ne sais jamais trop pourquoi ça vient.

Dans le même ordre d’idées, qu’est-ce que vous faîtes le dimanche ? (cf. voir les chansons « Dimanche ouh ouh » et « Dimanche la la la » NDA)
A.T.
(rires) : Ca dépend des dimanches. Si on a fait la fête la veille, on va plutôt être dans un dimanche où on va se lever tard. Si il fait beau et qu’on n’a pas eu l’occasion de faire la fête la veille, on va plutôt se lever tôt et profiter du beau temps… L’idée derrière ces chansons m’est venue quand j’étais gamin, j’ai toujours détesté les dimanches. Comme beaucoup d’enfants. Tu reprends l’école le lendemain, toujours un peu le cafard… C’est une journée qui a toujours fait débat autour de moi, il y a toujours quelqu’un qui disait : « Ah j’aime pas le dimanche » et quelqu’un qui rebondissait : « Ah si c’est super le dimanche on peut se balader, c’est chouette… ». Ca m’a inspiré, je me suis dit qu’il y avait un truc à faire avec ça. Au départ je pensais ne faire qu’une seule chanson. Et comme il y avait trop de matière, j’ai traité le sujet de deux façons.

Est-ce que c’est plus compliqué, ou plus long, de faire un album tout seul ?
A.T.
: Non je ne pense pas. Ce n’est ni plus compliqué, ni plus long. Le faire seul, cela ne veut pas dire ne pas demander des avis autour de soi. Finalement, le processus est le même. Moi je concerte mes proches, je vois ce qui marche, ce qui plait ou pas. Je tiens compte des réactions du public pendant les concerts, j’avance, j’enlève des choses, j’en mets d’autres. Il y a un point sur lequel bosser seul est plus rapide, c’est que tu n’as pas besoin de faire des compromis. Il n’y a que toi qui décides, ça évite de se perdre dans des discussions où chacun amène son idée et la défend. Donc, inversement, c’est peut-être même plus long de bosser en groupe.

Et toi Jib, comment tu t’intègres dans ce projet solo sur scène ?
Jib :
On était ensemble dans le même groupe, j’ai simplement suivi Alex dans son projet solo. Moi j’interviens simplement sur scène en tant que musicien : « il faudrait que tu fasses ça, ça serait bien… ». Je suis là en tant que pote, accompagnateur. Ca fait dix ans que l’on fait de la musique ensemble.
A.T : Au début, quand on est passé du groupe au projet solo, il y a eu un petit temps d’adaptation…
Jib : Ouais, c’était pas évident, le changement de statut. Dans le groupe on était cinq. Donc, j’étais 1/5ème des propositions. Et là c’est Alex le patron, c’est lui qui dit, qui choisit. Enfin, ça ne m’empêche pas de proposer. Et finalement dans son projet artistique, si il veut se réaliser, c’est important pour lui d’avoir la totalité de la décision. Que tout lui appartienne vraiment. Après, moi j’essaye d’être de meilleur conseil possible. C’est tout.

Et sur scène comment ça se passe ? Il paraît que tu déménages ton salon (rires)…
A.T.
: On a toute une équipe de déménagement avec nous… Quatre semis sur la route ! On part quatre mois en avance… Non en fait c’est tout con. J’ai juste pris de chez moi quelques éléments de mon salon : moumoutes, lampes, tapis, pouf, une petite table avec un poste radio, voilà. Des petits trucs comme ça, ce qui fait qu’au final on a un camion assez rempli. Et puis après je reconstitue mon chez moi sur scène. Quand j’ai quitté mon groupe j’avais peur de me retrouver un peu trop seul sur scène, de ne pas assumer. Je me suis entouré de quelques éléments de déco pour me cacher, me protéger. Ca fera diversion. Et puis je me suis pris au jeu, j’ai commencé à en rajouter de plus en plus… Au début j’avais juste un petit pouf. Maintenant, la scène est complètement occupée, il y a des trucs dans tous les sens…

T’as un groupe avec toi ?
A.T.
: On est juste deux sur scène. C’est vraiment un choix artistique. Je trouve que la formule à deux marche super bien. Je fais encore quelques concerts en solo, mais c’est très rare. Et j’ai essayé quelques concerts en groupe aussi. Mais on perd de l’originalité, de la fraîcheur et la proximité que l’on peut avoir avec le public aussi bien devant 30.000 personnes que dans de toutes petites salles. Pour l’instant je n’ai pas encore trouvé la formule. Maintenant, j’aimerai bien aussi jouer avec d’autres musiciens. Peut-être à long terme. On verra…

Est-ce que tu pourrais nous parler du bric-à-brac sur la pochette ?
A.T.
: Je ne vais pas dévoiler toutes mes sources (rires) ! En gros, il y a des trucs de récupération, des greniers de la famille, des potes, des cadeaux d’anniversaire… Et quelques trucs achetés d’occasion sur internet. Des brocantes aussi. Ca a pris du temps pour tout réunir. Et au hasard des concerts, on tombe parfois sur des magasins et puis « tiens, il me faut absolument ce truc là ! ». Et puis encore aujourd’hui, on m’offre quelques trucs orange. C’est même devenu un rituel. A chaque anniversaire on m’offre quelque chose d’orange. Et pour l’instant, je ne m’en lasse pas. Ca me va bien.

Et qui a eu l’idée de la pochette ?
A.T.
: C’est Fred Arnoux, un graphiste de Nancy. Super graphiste, très talentueux, que j’ai rencontré par l’intermédiaire d’un autre groupe. Il a eu l’idée et après on a travaillé en trio avec Jib pour la conception de la charte graphique. Et alors pour la petite anecdote, le tapis, dans le fond, je l’ai trouvé dans une rue à côté de chez moi. Il était sous la pluie, enroulé. Je lui ai donné une seconde vie !

Comment tu trouves l’inspiration pour les textes ?
A.T.
: Parfois, j’ai une idée. Parfois, j’ai juste un thème de base. Parfois, ça vient vraiment tout seul, sans que tu saches vraiment pourquoi. Des fois je m’inspire de ce qui peut arriver à moi ou à mes potes. Des anecdotes… Il n’y a pas de méthodologie de travail. Souvent je prends ma guitare et je commence à improviser n’importe quoi, sur une mélodie. Dès que j’ai une phrase qui a l’air bien, où au moins pas trop mal, je l’écris et j’essaye de partir de ça. La plupart du temps, je ne sais pas du tout où je vais. Je me surprends un peu tout seul à voir la direction prise. Mes chansons c’est souvent des histoires avec une petite morale à la fin. C’est un peu instinctif, j’aime bien l’idée de me surprendre moi-même.

Un premier album, pour toi, c’est l’aboutissement de plusieurs années de travail, de conception ou le début d’une aventure ou les deux en même temps ?
A.T
: C’est exactement ça, les deux en même temps. Un aboutissement en premier lieu. On tourne depuis quatre sur ce projet là. Là, on fige, on fossilise les chansons une bonne fois pour toutes. Et en même temps, c’est une ouverture sur le terrain. Le but maintenant, c’est d’aller se faire connaître un peu partout. D’agrandir le cercle du public, de « proposer » le disque.

Comment tu as commencé la musique ?
A.T.
: J’ai commencé petit par le piano. Mon grand-père était accordéoniste, mon père, guitariste amateur. Le goût, la passion de la musique était très présent dans la famille. On a été initié, ma sœur aînée et moi, par la force des choses. Presque une question de logique. Je me suis mis à la guitare assez vite pour faire comme mon père. Et vers 14 ans, j’ai eu une espèce de déclic. C’est vraiment devenu une passion. J’ai adoré la musique à partir de ce moment là.

En écoutant le disque j’ai trouvé qu’il y avait un mélange entre chanson et folk, quelles sont tes influences ?
A.T.
: Je suis passé par un million de trucs. Petit, chez moi, j’ai été initié à Pink Floyd, Dire Straits, Eagles et The Shadows. Après, je suis passé par plein, plein de choses. J’ai écouté autant de la pop que du hard-rock. Du blues aussi. Beaucoup de choses anglo-saxonnes : Clapton, B.B. King, Chuck Berry (Alex cite Chuck Norris avant de se reprendre, fou rire général autour de la table, NDA). J’ai été fan de Nirvana, j’ai décortiqué les chansons. Du folk aussi : Tracy Chapman, Neil Young… Vraiment plein de choses. Par phases.

Et comment tu es passé des influences anglo-saxonnes au français ?
A.T
: Un jour on a monté un groupe. LE GROUPE, sérieux. Celui dans lequel j’étais avant. Et on n’avait pas de chanteur. On était cinq potes, avec Jib et on a commencé par faire de la musique instrumentale. Et puis on s’est dit que ça serait bien d’ajouter du chant. J’étais guitariste rythmique, le job le moins compliqué, celui qui laissait le plus d’espace pour chanter. C’est à ce moment là que j’ai commencé à écrire un petit peu. Et puis, j’ai découvert le reggae qui est devenu le fil conducteur du groupe. Puis, via le reggae, j’ai découvert Tryo qui commençait au même moment. Et petit à petit, je me suis mis à la chanson française. En me mettant à écrire, j’ai découvert Brel, Brassens, Renaud, tous ces artistes que je ne connaissais pas forcément avant. J’ai décortiqué tout ce qui pouvait se chanter en français.

Ton univers est assez marqué par les années 70…
A.T.
: Oui, mais c’est un peu accidentel. Quand je suis parti habiter seul, j’ai fouillé le grenier de mes parents pour faire de la récup. Cela m’a toujours plu, ce côté psychédélique, orange, couleurs flashy. Je trouve ça beau et marrant. Aujourd’hui, le design est plus classique, triste… Enfin, ça revient un petit peu. C’est un petit peu moins funky. Je me suis raccroché à ça, l’orange ça a toujours été une couleur qui m’a plu.

Et Musicalement ?
A.T
: Forcément j’ai écouté des choses sans avoir d’attachement particulier avec la musique de ces années là. Mais il y a eu beaucoup de choses novatrices. J’écoute de tout, des groupes d’aujourd’hui, le deuxième album de JP Nataf, je suis super fan. Je peux écouter n’importe quoi. Je n’ai pas une période de prédilection.

Jib : Moi aussi j’aime bien les années 70 mais je suis plus attaché à la musique de ces années là. J’ai travaillé comme designer à Nancy. J’aime beaucoup ce genre de design. Finalement avec Alex sur scène, je me sens vachement bien entouré de pleins d’objets de cette décennie.

Tu joues de quel instrument sur scène ?
Jib
: Plein de trucs ! A la base, je suis percussionniste. Comme on n’est que deux, Alex m’a proposé de jouer un petit peu de piano, un petit peu de glockenspiel… D’enrichir les arrangements. Petit à petit, je me suis mis à plusieurs instruments…

Tu participes à l’écriture des arrangements ?
Jib
: Non, non, non… Du tout. Je donne mon avis à Alex mais c’est vraiment lui qui est le maître à bord.

Vous êtes souvent en tournée ?
A.T.
: Ouais. On joue quasiment toutes les semaines. Parfois un concert, parfois deux, trois. Mais on a rarement deux semaines sans concert. Depuis quatre ans. Parfois on a des périodes où on a volontairement arrêté de jouer par ce que j’enregistrai l’album. Mais des tout petits breaks. Hormis ça on joue régulièrement. On vient de la scène.

Quelle a été votre plus grosse galère sur la route ?
A.T
: Souvent des pannes. Mais par chance, à chaque fois sur les retours.

Vous ne vous êtes jamais retrouvé à jouer dans des endroits spéciaux, particuliers, des conventions de motards…
A.T :
Non, mais on s’est retrouvé dans des tout petits lieux. Et tu te dis, mais comment on va tenir là-dessus… Notamment à Paris, tu es obligé de commencer par les petits bars. Et il y a un bar en particulier. Où que l’on aille, on sait que cela ira, par ce qu’on est passé par ce bar-là.
Jib : On a joué sur deux mètres carré, assis sur le caisson de basse…
A.T. : Presque assis l’un sur l’autre. Un truc de fou. On a eu deux, trois mauvaises expériences, de patrons pas cool où on a failli partir tellement ils étaient insupportables. Mais jamais vraiment de grosses galères. Là dessus, on ne s’en sort pas trop mal. Des fois tu joues entre deux barbecues et une pèche aux canards. Deux, trois trucs comme ça, plus rigolos qu’autre chose.

Vous aimez la scène, la vie en tournée ?
Jib
(pensif) : Je ne pense pas que je pourrais m’en passer un jour… Sauf à être véritablement grabataire. J’aurai trop trop de mal à arrêter de faire de la scène.
A.T. : C’est le but. Quand on fait de la musique c’est pour partager avec le public. Par ce que répéter c’est chiant, on n’est que tous les deux… Je n’aime pas du tout. Alors que chanter les mêmes chansons devant du public… Il y a un partage. Tu chantes AVEC les gens. On échange un truc. Et quand on arrive à ça c’est génial. C’est vraiment ce qui me booste. C’est clair, je ne pourrais pas m’en passer non plus ! Après si on n’a pas le choix on en reparlera, mais j’espère ne jamais être confronté à cela.

Votre meilleur concert ?
A.T.
: C’est dur à dire, il y a eu tellement de biens… Un seul c’est impossible. Mais il y en a un particulièrement qui me tient à cœur, c’est la première partie de Tracy Chapman au Zénith de Strasbourg. Par ce que je suis fan depuis assez jeune. J’ai commencé le chant, chez moi, en chantant ses chansons. Et aussi par ce que c’est le genre de truc que tu ne fais pas tous les jours. C’était assez magique. Grosse pression aussi, j’étais en solo guitare/voix, et je ne l’ai su que le matin même… Un jour un peu particulier où on faisait la finale des découvertes du printemps de Bourges. Deux concerts la même soirée un à Nancy et un à Strasbourg. Une soirée marathon, beaucoup de pression positive. Mais c’est loin d’être le seul…
Jib : On avait fait un concert à Nancy avec plein d’invités. C’est une petite salle, mais on niveau de l’échange, du partage… Avec plein de copains musiciens sur scène. Un bonheur énorme…
A.T : Cela s’appelait Alex Toucourt mais pas tout seul ! (rires)
Jib : C’est ce principe là qui me plait le plus, par ce que cela échange, sur scène cela bouge dans tous les sens…
A.T. : Il y a un côté spontané que l’on perd quand on part en tournée. Le spectacle est rodé, les grandes lignes sont écrites. On se laisse rarement aller à des improvisations. Alors que là, sur un concert comme ça avec invités, c’est plus spontané. On ne sait pas trop ce qui se va se passer. On n’a pas vraiment le temps de travailler sur les chansons non plus. Ca se fait dans le feu de l’action. Les invités viennent d’un peu partout… Une énergie exceptionnelle. Une magie un peu particulière aussi.

Vous pouvez nous parler un peu de Nancy ?
A.T.
: La place Stanislas ! La bergamote ! La pépinière ! Nancy, c’est une ville que j’ai découvert en étant étudiant. J’y ai fait mes études de lettres. J’y suis resté un bon moment et on a tissé un grand réseau de liens avec des amis musiciens. Une ville étudiante qui bouge beaucoup sur le plan culturel. Très jeune, très dynamique. Un super vivier de groupes en Lorraine. Il y a une grande école de musique, la M.A.I. à Nancy, Une des plus grande d’Europe. Beaucoup de gens qui viennent de tous les horizons…

Jib : Le Manchester français ! Moi j’y suis né et je suis resté après le lycée pour faire mes études. On a habité ensemble avec Alex, on a bien rigolé !

A.T. : Et on continue de rigoler, c’est ça qui est bien !

http://www.alextoucourt.com/

vendredi 25 juin 2010

Nada Surf : If i had a hi-fi


Pour son sixième opus (déjà !) studio, Nada Surf fait le choix, étonnant, d’un disque de reprises. Un constat s’impose, avec cet album, Nada Surf devient classique. Car, malgré la variété des sources, des époques ici reprises (des années 70 à 2000), Nada Surf s’approprie les chansons, impose sa marque et livre au final un disque étonnement homogène sonnant comme les grands classiques du groupe. Mais le plus grand mérite de cet enregistrement est de repousser les limites, d’aller piocher dans le répertoire des groupes obscurs où internationaux (cf. «Evolution » des espagnols de Mercromina où « bye bye beauté » de Coralie Clément), simplement pour le plaisir de jouer. Certes quelques grands noms sont présents : Depeche Mode (« Enjoy the Silence »), Kate Bush (« Love and anger »), les Go-Betweens (« Love goes on !»), Les Moody Blues (« Question ») ou bien encore les trop méconnus, du moins en France, Spoon (« The Agony of Laffite »)… Mais quelqu’un connaît-il les Silly Pillows où The Muslims ? L’album est plutôt bon et s’écoute agréablement. Pourtant, et ce malgré toute l’affection que l’on a pour eux, on a comme l’impression que le groupe est moins essentiel, ou audacieux peut-être, qu’à l’époque des « Proximity effect » et autres « Let go ». De là à dire que la formule tourne un peu en rond…
http://www.nadasurf.com/
www.myspace.com/nadasurf

jeudi 24 juin 2010

The Love Me Nots : « Upsidedown Inside out »




Nouveau venu sur la scène garage rock, le quatuor The Love Me Nots se pose là. Leur album « Upsidedown Inside Out » est typiquement le genre de disque que l’on a déjà entendu, mais que pourtant, on le sait d’avance, on ne se lassera jamais d’écouter. En gros, il y a tout ce que l’on aime, la rencontre entre les guitares rock n’roll en diable, tranchantes juste comme il faut, une chanteuse, Nicole Laurenne, au timbre de voix soulful, et enfin de l’orgue, tout droit sorti des sixties, pour la touche de groove indispensable à tout disque du genre qui se respecte (« You don’t know a thing about me »). Le cocktail a souvent été entendu, chez les Richmond Sluts, Lords of Altamont où The Blue Van pour donner quelques exemples récents. Les Love me nots n’ont donc certainement pas inventé la poudre, mais il n’est même pas certain qu’ils en aient eu un jour l’intention. Jamais on a l’impression d’écouter un groupe arrivé après la bataille. Simplement par ce leur affaire est rondement menée, avec enthousiasme et conviction : beat effréné, pied au plancher, les love me nots lancent la charge : « Karen », « He’s what i want », « Take Pity », « The Kind of love i got », vont vous mettre à l’envers, la tête en bas. Ne m’aime pas clament-ils. Dure gageure…
www.myspace.com/luvmenots


Vezi mai multe din Muzica, Videoclipuri pe 220.ro

lundi 21 juin 2010

« When you’re strange » de Tom DiCillo


Une puissante muscle car traverse le désert sous un soleil de plomb. Le moteur hurle. A son volant, un jeune hippie hirsute. Difficile de reconnaître Jim Morrisson. C’est pourtant bien lui. Les nouvelles sont diffusées sur l’autoradio de l’engin : « Jim Morrisson est décédé à Paris ». En prenant le parti de mélanger les réalités, le réalisateur Tom DiCillo (« Ca tourne à Manhattan », « Une vraie blonde », « Johnny Suede »), qui signe ici son premier documentaire, donne finalement la parole au chanteur pour qu’il raconte sa propre histoire. Basé uniquement sur des images d’archives et celles du film expérimental « Hwy an american pastoral » co-réalisé par Jim Morrisson, sans aucune interview rétrospective, ce métrage constitue en ce sens une mine d’or pour les fans, ces images étant inédites, ou du moins très rarement vues, depuis l’époque des faits. Narrée, très bien d’ailleurs, par Johnny Depp, on redécouvre ainsi les Doors. Leur étrangeté musicale, l’absence de basse, le background des plus divers des musiciens, l’inexpérience de certains. L’étrange attitude de Morrisson, constamment détachée, qui donne tout le temps l’impression d’être ailleurs, déjà parti. Le fossé qui se creuse entre les membres du groupe du fait de ses addictions. Et voilà qui étaient les Doors. L’un des groupes les plus importants de l’histoire. On s’en prend également plein les oreilles, la musique ayant été remasterisée, la salle de cinéma se transforme en auditorium. Le grand écran diffuse enfin l’hommage que ces musiciens méritent, bien mieux que le contesté biopic réalisé il y a 20 ans par Oliver Stone. Merci, Tom DiCillo.
Pour voir la bande-annonce cliquez ici

dimanche 20 juin 2010

Chris Isaak + Auren, Le Grand Rex, 19 juin 2010.




La soirée a débuté avec la jeune chanteuse/pianiste Auren accompagné par un musicien alternant entre violon et guitare acoustique. Si sa présence a pu paraître un peu décalée en ces lieux, la grande majorité du public aurait certainement préféré une première partie plus « rock n’roll », la jeune demoiselle a assuré avec aplomb pas du tout impressionné (ou alors elle le masquait très bien) par le large public, qui applaudit timidement. Cela sonne assez frais, en dépit des accents un peu mélancoliques du violon, malheureusement sa prestation fut trop courte (à peine une demi-heure) pour se faire une idée plus précise. Cette charmante jeune femme a sorti son premier album « de la tête aux pieds » il y a un an et on aura certainement l’occasion d’en reparler prochainement…

Même si ses albums deviennent un peu anecdotiques (cf. le décevant « Mr Lucky » dont j’ai préféré les versions lives jouées ce soir), Chris Isaak reste un performer exceptionnel comme on en a eu la preuve samedi soir au Grand Rex. Grand professionnel, Chris Isaak sait ce qu’attend le public : LE VOIR ! Aussi prend-t-il le soin de se balader dans le public dès le début du concert, au milieu de sa reprise du « Love me tender » d’Elvis, y compris jusqu’au balcon, quitte à se taper des escaliers, c’est un des très rares artistes à avoir ce genre d’attention. Entouré de ses quatre musiciens : l’excellent guitariste virtuose Hershel Yatovitz, le batteur Kenney Dale Johnson, le bassiste Rowland Salley, le clavier Scott Plunkett et le percussionniste Rafael Padilla, Chris Isaak, vêtu d’un extravagant costume de scène qu’il est le seul a pouvoir porter sans être ridicule, a débuté son show comme un chrono suisse, minuté, chorégraphié (y compris sur la bien nommée « Dancin’ »). Des petits sketchs humoristiques sont servis en guise d’entracte entre deux chansons (l’hilarant récit de sa rencontre avec James Brown) : on sent l’influence du show biz à l’américaine, pour un peu on se croirait à Las Vegas. Fort heureusement Chris Isaak et ses boys on vite fait de déraper : c’est bel et bien de musique dont il est question ici. Le concert a été marqué par le long intermède intime et semi-acoustique où le groupe aligné sur le devant de la scène et assis sur des tabourets a retourné le cœur des spectateurs. Côté musique des tubes et encore des tubes : « Wicked game », « blue hotel », « San Francisco days » rebaptisé « Paris days, Paris » le temps du couplet final, « Baby did a bad bad thing », « Pretty Woman » la reprise de Roy Orbison... Le tout servi de sa voix chaude, son trémolo inimitable (quel chanteur quand-même !) et par d’excellents musiciens. Chris Isaak a trouvé dans le salle du Grand Rex, le décor glamour qu’il lui fallait, sa musique et sa présence nous a fait voyager jusqu’en Californie. Alors qu’importe que dehors il pleuve et qu’il fasse froid, un concert de Chris Isaak c’est un bain de soleil pour vos oreilles…
http://www.chrisisaak.com/
www.myspace.com/chrisisaak
www.aurenmusic.fr
www.myspace.com/aurenmusics

samedi 19 juin 2010

Asaf Avidan & The Mojos : « The Reckoning »




Pilier de la scène folk Israélienne depuis plusieurs années, Asaf Avidan et son groupe The Mojos, tente une percée sur le marché européen affublé de son image surprenante de « nouveau Janis ». Et à l’écoute de ce copieux album, 15 titres près d’une heure de musique, on ne peut qu’approuver. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la nouvelle Janis Joplin est un homme qui chante comme elle. Vraiment Asaf Avidan possède une voix réellement intrigante… Une fois l’effet de surprise passé, on apprécie « The Reckoning » pour ce qu’il est : un bon album folk-rock qui puise son inspiration dans les décennies 60 et 70. Outre Janis, on pense également à Nick Drake (« The Reckoning song ») mais aussi à Neil Young, pour cette capacité à manier les guitares qu’elles soient acoustiques où électriques. Versant électrique, les mojos rappellent Led Zeppelin (« A phoenix is born ») et comme eux donnent aussi dans le blues (« Her lies », « Over you blues », « Empty handed Saturday blues »). Dans le fond, bien plus que Janis c’est le fantôme d’un autre extraterrestre vocal et grand admirateur du dirigeable qui est convoqué, celui de Jeff Buckley. Au final, Asaf Avidan s’impose comme l’une des découvertes les plus étonnantes, mais néanmoins agréable, que l’on ait fait en 2010. A écouter…
www.myspace.com/findlovenow

vendredi 18 juin 2010

Eric Bibb : « Booker’s guitar »


Les belles histoires donnent parfois aussi des grands disques… C’est à l’occasion d’une séance de dédicace ayant lieu en Angleterre, après un concert, qu’un fan a donné à Eric Bibb une guitare ayant appartenu au bluesman du Delta Booker T. Washington (décédé en 1977). Complètement mystifié par ledit instrument, Eric Bibb décide alors d’enregistrer un album acoustique en forme d’hommage au bluesman disparu. Tous les spectateurs ayant eu la chance de voir Eric Bibb en concert savent la puissance émotionnelle que ce dernier peut dégager. Et c’est cette même émotion que l’on retrouve dans cet enregistrement. Sur cet opus, Eric Bibb est seul, seulement accompagné de l’harmoniciste Grant Dermody, aux interventions aussi parcimonieuses qu’inspirées, sur quelques plages. Sur ces arpèges, joués en picking, Eric Bibb pose sa voix, profonde et soulful qui prend évidemment de l’ampleur. Cet album est à la fois chaud et délicat, une fois de plus on succombe…
www.ericbibb.com
www.myspace.com/ericbibb


mardi 15 juin 2010

Bettye LaVette, New Morning, 14 juin 2010.


C’est dans le petit club de jazz du New Morning, qui lui sied à merveille, que nous avons retrouvé Bettye LaVette quelques jours après la sortie de son dernier album (voir le message précédent) « Interpretations : The British Rock Songbook ». Retransmission en direct à la radio oblige, le concert a débuté à 20 heures pétantes. En guise de première partie, les quatre musiciens : guitare, basse, batterie, claviers, ont joué un blues avec le pianiste au chant. Puis la voix de Bettye a résonné depuis les loges : « Say the word » ! Et le groupe d’enchaîner sur la reprise du mot en question, la même qui ouvre le dernier disque. Entouré par un groupe de musiciens redoutables, Bettye a livré une démonstration de soul impressionnante, avec cette petite étincelle qui fait cruellement défaut à son dernier opus. Particulièrement à l’aise sur les morceaux les plus swinguant, où son jeu de jambes fait merveille, Bettye sait également faire chavirer les cœurs comme sur les reprises de « Night in white satin », dédiée à sa fille, en dépit d’un synthé un peu trop daté, ou de « Don’t let the sun go down on me » chantée assise en tailleur à même le sol. Le track listing fait la part belle au dernier opus, un peu, hélas, au détriment du reste de sa discographie. Et quels musiciens : un guitariste aux interventions judicieuses et au jeu expressif (chapeau bas pour les petites chorégraphies à la gratte), groove monstrueux de la section rythmique et un pianiste inspiré, même si je dois avouer ne pas être très très fan de ses nappes synthétiques (assez rares heureusement), un orgue aurait aussi bien fait l’affaire et aurait été, je pense, plus fidèle à l’esprit de la musique. En guise de rappel nous avons eu droit à « I do not want what i haven’t got » chantée à cappella où sa voix, et sa petite cassure soul, nous a complètement retourné. C’est bien simple, Bettye a fait un tel tabac qu’ils ont du revenir pour un ultime rappel, « Before the money came », alors que les lumières et la musique avaient été remises en route. Le public refusait tout net de quitter la salle. Et c’est bien normal, il n’y a que ces « vieux » routiers de la soul, et qui ont le métier et l’expérience qui va avec, pour vous faire vivre des moments pareils…
http://www.bettyelavette.com/
www.myspace.com/bettyelavette

vendredi 11 juin 2010

Bettye LaVette : Interpretations : The British Rock Songbook


Vétérante de la soul music, Bettye LaVette a longtemps été oubliée avant d’être redécouverte à l’orée du millénaire, juste avant que ne débute ce revival soul qui occupe nos oreilles depuis lors. Pour son nouvel album, Bettye a tourné ses oreilles en direction de la perfide Albion et nous revient avec cet opus dont le titre « Interpretations : The British Rock Songbook » résume à lui seul l’intention. On a affaire ici à un disque de reprises, façon soul classique, orienté vers l’age d’or du rock britannique, que l’on pourrait situer dans une fenêtre entre la fin des années 60 et le début des années 70. Tous les classiques sont évidemment présents : Beatles (« The Word »), Rolling Stones (« Salt on the earth »), Pink Floyd (« Wish you were here »), Led Zeppelin (« All my love »), The Who (« Love reign o’er me »), Eric Clapton (« Why does love got to be so sad »), Elton John (« Don’t let the sun go down on me »), le « Night in white satin » des Moody Blues… C’est en quelque sorte un juste retour des choses tant on sait la dette que certains artistes précités ont envers le blues. Si le résultat est convenu et sans réelle surprise on reste impressionné par la voix légèrement fêlée de Bettye LaVette et la passion mise dans ces interprétations ; la façon dont elle s’approprie ce répertoire assez éloigné de ses standards. Du travail classique, certes, mais soigné.
www.bettyelavette.com


mercredi 9 juin 2010

Them Crooked Vultures, Le Zénith, 8 Juin 2010.


Premier passage « officiel » parisien pour le supergroupe formé par Dave Grohl (ex-Nirvana), Josh Homme (Queens of the stone age) et John Paul Jones (ex-Led Zeppelin) accompagné en concert par Alain Johannes, guitariste des Queens of the stone age, qui a eu droit à son solo blues psychédélique seul sur scène. Particulièrement attendu depuis la sensation crée l’hiver dernier par leur premier album, le groupe est accueilli par un Zénith plein à craquer et archi-complet depuis des semaines. Aussi c’est un océan de bras tendus en l’air, une marée humaine, qui les a acclamé à leur entrée sur scène. « Bonsoir nous sommes les petits pois » c’est sous cette boutade, référence au pseudonyme utilisé lors de leur passage au dernier festival rock en seine, que Josh Homme a présenté le groupe avant d’attaquer un « No one loves me & neither do i » rageur. On est tout de suite frappé par la puissance du son et la force de frappe du batteur Dave Grohl qui a bien forci depuis l’époque de Nirvana. Pourtant tout dans Them Crooked Vultures ne tourne pas uniquement autour du volume. Les passages de John Paul Jones, que l’on n’avait pas vu sur une scène française depuis des lustres, derrière le piano assurent des intermèdes particulièrement mélodiques d’une grande musicalité. Dans le même ordre d’idée, le psychédélisme est particulièrement présent, au cours de solos fleuves. Les nouveaux morceaux joués laissent d’ailleurs à penser que le groupe va s’engager dans un chemin encore plus tortueux à l’avenir (pour exemple Jones a également joué du violon). C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourrait faire à ce groupe, d’être un « jam band », étirant ces morceaux à l’extrême manquant parfois cruellement de concision. Du genre à jouer deux chansons en vingt-cinq minutes. C’est particulièrement vrai ce soir avec « Scumbag Blues » qui finit par devenir un peu opaque. C’est au final aux trois groupes d’origine des membres du groupe que l’on pense mais aussi à la tornade blues des premiers Black Keys où aux dérives sonores des premiers Brian Jonestown Massacre. Un excellent concert malgré tout.
http://www.themcrookedvultures.com/fr
http://www.youtube.com/user/themcrookedvultures

dimanche 6 juin 2010

Alexx & Mooonshiners : « Things »


Formé il y a quatre ans par le guitariste Lionel Riss et la chanteuse franco-écossaise Alexx Wokenschroll, les Mooonshiners sortent leur premier album « Things ». Doté d’un aplomb remarquable, le groupe se situe au confluent de plusieurs musiques : rock bien sur mais aussi jazz, funk ou punk avec toujours le blues en ligne de mire. Car la préoccupation principale d’Alexx et de ses mooons est bien là : le blues. Leur petit jeu favori ? Trouver la note bleue là où on ne l’attends pas : dans une reprise des Sex Pistols (« Anarchy in the UK »), avec intro à la guitare acoustique ou bien dans le « Hot for teacher » de Van Halen. Pour leurs compositions originales, ce qui avec dix titres sur douze constitue le plat principal du disque, les Mooons ne s’interdisent rien : injecter une sérieuse dose d’électricité rock dans le bleu « Bipolar » ; tenter une incursion dans le jazz : « Gotta be yours », saxophone en prime ou bien encore coller une rythmique funk sur la fameuse trame bleue « Questions i can’t answer ». Derrière les fûts, la batteuse Aurélie Simenel assure un groove très féminin bien complété par le bassiste David Braud. A la guitare Lionel parcours le manche avec inventivité. Ses interventions et solos sont à point : ni trop, ni trop peu. Derrière le micro, Alexx se révèle incandescente : elle chante, elle crie, quoi qu’elle fasse on a des frissons… Vivement conseillé…
http://www.mooonshiners.com/
www.myspace.com/mooonshiners


samedi 5 juin 2010

Audition MJC 5 JUIN 2010.




Cette année, ça commençait plutôt mal notre petite affaire annuelle… Tout d’abord, il y a cette crève qui me laisse sur le flanc depuis deux jours. J’aurais préféré être en pleine forme. Ensuite, il y a l’ampli de basse qui nous a laissé sur le flanc. Et enfin, la basse vintage d’Alain a attendu jeudi dernier pour tomber en panne, lors de notre dernière répète avant l’échéance. Et puis, sur un plan plus personnel, j’ai une grosse pensée pour mon ami Rob qui, j’en suis sur, aurait adoré chanté avec nous… C’est d’ailleurs à lui que je pense alors que je prends ma place derrière le kit de batterie. Cette année on attaque avec « All your love », une reprise de John Mayall. Comme d’habitude dans la petite salle qui nous est allouée par la MJC, pas vraiment faîte pour les concerts, le son est horrible, le moindre coup de caisse claire tourne dans l’air et résonne de partout, je suis donc obligé de jouer avec le frein à main. Et avec cette chaleur, j’ai les mains moites au point d’avoir les baguettes collées aux doigts. Cette année j’assure !!! Non, non, je vous jure, c’est pas pour me vanter. Mais je sens les progrès, j’ai eu un déclic un peu plus tôt. L’année dernière, je me tapais des angoisses pas possibles, au moindre break avec la peur au ventre de rater le tempo. Là, pas de souci et que je me tape mes doubles croches, un deux trois quatre, en veux-tu, en voilà. Je ne rate pas un tempo. Et même quand les autres saute un pont pour aller directement au couplet, pas de souci. Vraiment content. Laurent, mon prof de batterie, me félicite : « bravo et merci cher ami » ! Ensuite, je retrouve ma guitare pour la reprise suivante, « Come together » des Beatles. Là je m’éclate, j’ai grandi en écoutant ce truc là et ça me fait vraiment plaisir de la jouer. Adrien, à la deuxième guitare, part en live au moment de son solo. Et je n’ai jamais entendu Alain chanter comme ça avant. Il se donne à fond. Je crois que cette année on a tous très, très envie de jouer… J’ai laissé ma place derrière la batterie à un petit gamin, Kendall, qui après une seule année de cours assure déjà comme un chef. Enfin pour notre dernier titre « Mary had a little lamb » de Stevie Ray Vaughan, on est très blues cette année, c’est Chloé qui nous rejoint derrière la batterie. On s’encourage mutuellement, on partage les mêmes angoisses quand il faut accompagner le groupe à la batterie. C’est pas facile d’être batteur, personnellement je me sens beaucoup plus exposé qu’à la guitare, où les fausses notes peuvent passer inaperçues. A la batterie la moindre erreur se paye cash et en plus on plante complètement les autres au passage. Il faut vraiment être le métronome, « le patron du groupe » comme dit Laurent, tracer et ne rien lâcher. Bref là encore pas de souci. Tout roule. Pour moi c’est presque les vacances, pas grand-chose à faire, juste passer mes trois accords, bien marquer les premiers temps pour avoir des pêches. A la fin, tout le monde est content. Laurent me dit qu’il a trouvé ça vraiment bien cette année. Le directeur de la MJC me salue le pouce en l’air, « la classe » qu’il me fait. Bon il ne faut pas exagérer quand même. En tout cas, moi, je regrette que cela soit déjà fini…

mercredi 2 juin 2010

Stupeflip, le DVD.


2002. Dans cette morne plaine qu’est la scène francophone, une bande de tarés, masqués, fait son apparition proclamant à qui veux l’entendre qu’ils ne fument plus de shit. S’en suit alors un grand malentendu. Stupeflip (les tarés masqués, c’est eux), se retrouve propulsé dans un monde qui n’est pas le sien : celui des majors et de la promo à marche forcée dans les grands médias. Leur single, « J’fume pu de shit », cartonne un peu partout. Stupeflip décidé alors, sciemment où non, de scier la branche sur laquelle ils sont assis : une entreprise de destruction massive et, au final, un bordel sans nom sur tous les plateaux télé qui ont le malheur de les accueillir (« tout le monde en parle », « top of the pops », « Paris dernière »). Côté scène, ce n’est guère mieux : insultes, « pour jouer », avec le public, accusé de « mollesse », lors des concerts où la foule se presse : « Public de merde » ; « Bande de bâtards » ; « Vous êtes le pire public de France »… A pousser le bouchon trop loin, leur deuxième album, « Stup Religion » sort en catimini en 2005, sans promotion. Le groupe finit par se faire virer, pour cause de ventes insuffisantes, par leur maison de disque qu’ils attaquent aussitôt en justice, sans succès, pour rupture abusive de contrat. Aujourd’hui les disques de Stupeflip sont devenus introuvables sur les étals des grandes surfaces « à prix verts » : ils s’en foutent : ils ont ouvert le 14 mai dernier leur propre stupermarché sur internet. Et finissent par sortir ce dvd dont les bénéfices serviront, si toutefois le succès est au rendez-vous, à financer un hypothétique troisième album.

Cette histoire, on la retrouve dans le documentaire de cinquante minutes qui constitue le morceau de choix de ce dvd, par ailleurs assez mal foutu : navigation pas évidente, on clique un peu au hasard ne sachant pas trop sur quoi on va tomber et montage parfois abscons (en gros aussi bordélique qu’eux). Autre contenu intéressant le montage, de 40 minutes, des « pires concerts », effectivement assez gratiné. Car de Stupeflip on a tout dit : de leur jemenfoutisme à leur réputation d’ingérables, on a parlé de tout, sauf de musique. Et c’est bien dommage car leur explosif cocktail rap/punk/métal a des arguments à faire valoir et de l’énergie à revendre, comme on peut le constater dans ces extraits. Enfin, en sus de quelques bonus inutiles, le dvd est complété par les deux clips du groupe : le manifeste « Stupeflip » et le tube « J’fume pu de shit ».
http://www.stupeflip.com/