lundi 28 février 2011

The Boxer Rebellion : The cold still


Avec un nom pareil, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’un peu plus « punchy »… Et bien non il n’en est rien… Voix haut perchée, basse et batterie en sourdine, effets sur les guitares et quelques notes de piano éparses. Non, nous ne sommes pas en train de parler d’un nouvel album de Coldplay, mais des anglais de The Boxer Rebellion, qui en sont eux à leur troisième disque, groupe dont le grand mérite est de n’avoir jamais lâché l’affaire même après la faillite de leur label peu de temps après la sortie de leur premier album et qui depuis se débrouille seul sans maison de disque. C’est une belle histoire, certes, mais il est dommage que leur musique sonne à ce point calibrée pour la FM. C’est doux et délicat mais lénifiant, à l’exception de « Step out of the car », meilleur titre du lot. Déjà bien lancé aux Etats-Unis, The Boxer Rebellion ne manquera certainement pas d’imprimer sa marque sur les ondes par chez nous. Par contre pour ce qui est des oreilles de votre serviteur c’est une autre histoire…

www.theboxerrebellion.com

dimanche 27 février 2011

Stupeflip : « The Hypnoflip Invasion »


Ils ont réussi, ils sont de retour. Stupeflip, « cramé dans les FNAC » suite à un procès perdu contre la major, est de retour avec son troisième album « The Hypnoflip invasion » financé par la vente de leur DVD (chronique ici). Concept album assez généreux, plus d’une heure de musique, le disque enchaîne les morceaux, quasiment sans temps mort, quelques interludes permettant de faire avancer l’intrigue. Musicalement, l’ « hypnoflip invasion » voit le groupe renouer avec un rap tendu et rageur, l’excellente « Stupeflip vite !! », la french pop vaguement new wave « Gaëlle », « Ce petit blouson en daim », « le cœur qui cogne », sous influence 80s, où les guitares métal de « Chack da Crou ». En gros, le groupe se fout du « bon goût » qu’ils emmerdent, n’a peur de rien et surtout pas des arrangements pompiers comme sur « Lettre à Mylène ». Alors, il serait facile de ne voir en Stupeflip qu’une bande de brutes chantant/rappant/hurlant comme des damnés dans tous les micros qui traînent. Certes il y a un peu de ça, les membres de groupe étant du genre énervé. Pourtant Stupeflip est touchant. Oui, oui, touchant. Touchant par sa propension à se ranger du côté des laissés pour compte, l’émouvante « Le spleen des petits » qui ne manquera pas de rappeler nombre de souvenirs à tous ceux qui n’ont jamais été « cools » à l’école ou bien « Gem lé moch’ » ode à la laideur dédicacée à ceux qui n’ont pas la taille mannequin. Mais le climax est atteint en toute fin d’album avec ce monologue, assez triste dans le fond, sur le crayon titi : « avec ce crayon titi je vais écrire un maximum de trucs, par ce que j’ai envie de bouffer la terre entière »... Comme un constat désespéré et désespérant…

www.stupeflip.com

www.facebook.com/stupeflip

www.youtube.com/stupeflipofficiel

samedi 26 février 2011

Les Hurlements D’Léo : « Bordel de luxe »


Sympathique groupe, Les Hurlements D’Léo tracent leur route depuis près d’une quinzaine d’années dans le paysage musical francophone. Une route assez atypique qui les voit croiser la chanson française aux textes très écrits, un peu trop peut-être, à un soupçon de jazz plein de swing grâce à une excellente section de cuivres. Mais comme chez les collègues des Touffes Krétiennes, les deux groupes ont plusieurs membres en commun, c’est bien le rock qui fournit l’énergie pour faire avancer la machine. Un rock qui se cache, se tapit dans les recoins sombres de leurs compositions, sous la forme d’un riff de guitare menaçant, une tension sous-jacente (« El Fuego ») qui parfois éclate au grand jour comme sur « La Haine » ou «Trader of love » ; la batterie est à l’avenant et à la limite de l’implosion. Cette âpreté musicale est chantée à plusieurs voix toutes assez gutturales, ce qui leur sied à merveille. Le violon et l’accordéon apportent une note plus intime et mélancolique, « No hier », « De l’allure ! », et permet d’attiser le feu intérieur qui anime le groupe. Un grand bordel musical, certes, mais un bordel de luxe.

www.hurlements.com

www.myspace.com/leshurlementsdleo

vendredi 25 février 2011

Stellardrive : « ERS-4 : Speak, Memory »


Décidément, la scène de Besançon semble être inépuisable et riche de groupes de qualité avec souvent un nom commençant par la lettre S (Silent, Steno P, Slide on Venus) à laquelle vient s’ajouter maintenant Stellardrive. Ce quintet a fait le choix d’une musique instrumentale, à l’exception de quelques voix samplées ici et là. C’est une démarche à la fois intelligente et malheureusement trop rare par les temps qui courent et que ferait bien d’adopter certains groupes à l’anglais trop rudimentaire. Bref, passons… Cet album, au digipack très classe, est plutôt court, 7 titres un peu plus d’une demi-heure pendant laquelle les Stellardrive vont passer par différents états du rock à tendance planante voire progressive à de franches attaques métalliques. Le concept se matérialise par des compositions assez longues, laissant suffisamment de marge au groupe pour en exploiter toutes les possibilités et les moindres recoins. Après des intros calmes à base d’arpèges mélodiques et de nappes synthétiques, Stellardrive sort la grosse artillerie : martèlement de batterie (on souffre pour les pauvres cymbales) et guitares déchaînées. La musique ressemble à la courbe d’un oscilloscope faîte de hauts et de bas correspondants à des pics de tensions qui redescendent calmement avant de remonter en flèche d’un seul bloc. Par son ampleur quasi cinématographique, production soignée et son impeccable, la musique de Stellardrive rappelle celle des américains de Gifts from Enola (chronique ici) dont les lecteurs de cette page se rappellent peut-être. Elle prouve surtout qu’en l’espèce, on est capable en France de faire aussi bien qu’aux Etats-Unis.

www.stellardrive-music.org

www.myspace.com/stellardrivemusic

mercredi 23 février 2011

Interview Marie Fleur (version française)


Mystérieuse, mystérieuse Marie Fleur. Enigmatique chanteuse qui se contente de phrases lapidaires quand on attend une réponse développée et inversement. Est-il possible que l’on en sache encore moins sur une personne après une interview ? La preuve dans les lignes qui suivent…

1) Après avoir chanté avec les groupes Jazzabilly Blues, The Model Millionnaires et Mitcho Pelo, comment te sens-tu toute seule aux commandes ?

Marie Fleur : J’ai toujours tout contrôlé.

2) Est-ce que tu es restée en contact avec tes anciens musiciens maintenant que tu as déménagé à l’autre bout du pays, de Los Angeles à Detroit ?

MF : Oh oui. Ils sont tous merveilleusement talentueux. Je les aime.

3) Le nouvel album « Bébé Licorne » représente un grand pas en avant et un mélange de nouveaux sons. Est-ce que tu peux nous en parler ?

MF : Je pense que l’on a pris quelques risques mais dans le fond c’est un album de jazz.

4) La chanson « Bébé Licorne » est-elle un avant-goût de ce que tu pourrais faire plus tard ?

MF : Ah non, c’est juste un sketch comique. Mais il y aura certainement plus d’électronique. J’adore un type appelé Alfred Darlington (aka Daedelus) et, bien sur, j’ai toujours été obsédée par la musique et la carrière de Raymond Scott (compositeur américain né en 1908 et décédé en 1994, il est également l’inventeur de l’électronium et du clavivox, ndlr). Et aussi, qui n’a pas envie d’être Clara Rockmore ? (Musicienne américaine née en 1911 et décédée en 1998, elle fut une virtuose du thérémin, ndlr)

5) A ce propos, était-tu droguée quand tu as enregistré cette chanson (et si oui dis-nous laquelle, elle semble efficace) ?

MF : Non, aucune drogue. C’est le résultat de douze heures de chant à l’intérieur d’une pyramide. J’aime bien faire sur chaque album une chanson qui illustre ton état d’esprit après avoir été cloîtré pendant des heures dans une petite pièce à travailler comme un damné jusqu’à ta mort. Tu peux être très sain d’esprit, tout le monde craque à un moment donné. Tu rigoles alors comme un malade en te roulant par terre. Après tout le monde se relève et se remet à travailler normalement comme si rien d’anormal n’était arrivé. Je pense qui cela ne t’est jamais arrivé soit tu ne travailles pas assez soit tu es un robot.

6) Comment as-tu connu le répertoire jazz des années 30 ?

MF : Je ferme les yeux et je voyage dans le temps.

7) Est-ce que tu penses que ta musique est nostalgique ?

MF : Oui bien sur mais on est aussi inquiet pour l’avenir.

8) Les pochettes de tes albums sont toujours superbes. Est-ce que tu prends particulièrement soin de l’aspect visuel ? Est-ce important pour toi ? Est-ce comme créer un petit univers ?

MF : J’entends beaucoup mieux que je ne vois mais oui les visuels sont importants. L’image dont transférer l’esprit de la musique. Cela doit transporter l’auditeur. Est-ce un petit univers ? Je n’en sais rien. Ton tiroir du haut est-il un petit univers ?

9) Ta ville natale de Detroit est très importante dans l’histoire de la musique américaine. As-tu été influencée par des artistes de Detroit ? Penses-tu que l’influence de Detroit soit encore aussi éclatante aujourd’hui ?

MF : Mon père est de Detroit, pas moi. Je suis un péquenaud qui grimpe aux arbres fruitiers au milieu de nulle part. La seule ville que je connais vraiment, c’est Los Angeles. Mais Detroit m’a forcément influencée. J’ai grandi avec la télévision locale de Detroit, Bill Bonds et en écoutant les vieux disques Motown de mon père. J’ai aussi beaucoup écouté de groupes comme le MC5 et les Amboy Dukes (le premier groupe de Ted Nugent, ndlr). Oui je pense que l’influence de Detroit aujourd’hui est toujours aussi pertinente. On a Jack White qui fait des trucs géniaux avec Wanda Jackson et d’autres… Eminem évoque une certaine identité de la ville. Je ne connais rien à la musique de Kid Rock mais ma mère a enseigné avec ses tantes et tout le monde le décrit comme « un bon garçon ». Nous sommes en 2011 et je pense que l’on est au bord d’un énorme « Detroit revival ». La ville va de nouveau faire boom parce qu’il n’y a rien de plus cool que de toucher le fond.

10) Quels sont tes chanteurs préférés ?

MF : Ma mère, Eartha Kitt, Sister Rosetta Tharpe, Edith Piaf, Lena Horne, Josephine Baker, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Margaret Whiting, Nan Wynn, Patsy Cline, Jane Green, Frank Sinatra, Mildred Bailey, Marilyn Monroe, Bing Crosby, Ruth Brown, Wanda Jackson, Al Bowlly, Annette Hanshaw, Sarah Vaughan, Dolly Parton, Maria Callas, Charles Trenet... Il y en a trop pour tous les citer…

11) Comment as-tu choisi ton nom Marie Fleur ?

MF : C’est mon vrai nom.

12) Est-ce que tu aimes être sur scène ? Est-ce que cela te manque maintenant que tu n’as plus de groupe ? Quand était ton dernier concert ?

MF : J’adore être sur scène et bien sur cela me manque. Mon dernier concert c’était au Steve Allen Theater à Hollywood un peu avant juin 2010. Je retournerais sur scène mais d’abord je dois y travailler. J’ai beau adorer la scène, je suis du genre solitaire un peu recluse.

13) Comment tu choisis tes reprises ?

MF : C’est les chansons que me choisisse. Elles me hantent.

14) Tu écris souvent de nouvelles paroles, pourquoi ?

MF : Ca se faisait beaucoup par le passé. C’est une tradition que je perpétue. D’ailleurs je ne change pas les paroles, j’ajoute un nouveau chapitre à l’histoire.

15) Est-ce que tu aimerais écrire des chansons ? Est-ce que tu joues d’un instrument ?

MF : J’adore écrire mais je suis obsédée par les chansons des autres. Je suis très timide à propos de mes propres compositions. Il y en a quelques unes sur mon premier disque. Elles sont tellement personnelles. J’écris des tonnes de poésies et de lettres. Quand j’étais petite, je jouais de la flûte et maintenant je joue du Qchord, une auto-harpe digitale. J’aurais aimé jouer de la guitare mais mes mains sont trop petites. Et je ne suis pas assez cool pour jouer du ukulélé comme Ian Whitcombe ou Janet Klein.

16) Est-ce que la célébrité te fait peur ?

MF (rires) : Je ne suis pas célèbre et je ne veux pas le devenir. Si un jour je suis connue, je changerai certainement de visage, je prendrai une nouvelle identité et je disparaîtrai pour toujours…

http://www.mariefleur.com/

Propos recueillis par email le 18 février 2011.

dimanche 20 février 2011

The Hub Interview


Retour sur le projet The Hub (voir le post du 5 janvier) avec ses deux protagonistes Hubert ZeroSix et Yarol Poupaud. Hubert et posé et bavard. Yarol parle plus fort et surtout rigole beaucoup. Blagueur, ce dernier a tenté d’introduire une pièce de monnaie dans l’oreille de votre serviteur. « Bah quoi ? My Head Is A Jukebox. C’est où qu’on met les pièces ? J’ai envie d’écouter Eddie Cochran ! ». On s’est surtout beaucoup amusé. Rencontre...

Comment a débuté votre collaboration ?

Hubert : On s’est croisé plusieurs fois. On a la particularité de fréquenter des lieux de goût (rires). Le bon goût de fréquenter les endroits où il faut être. La première fois qu’on s’est rencontré, on a eu l’occasion de jouer ensemble. C’était au lovamour…

Yarol : A l’hôtel. Le love hôtel. Chez Lova Moore (rires) ! Dans la chambre !

Hubert : Quand je parle d’endroit de goût… Non, sérieusement c’était à l’inauguration de l’hôtel amour, il y avait une soirée et on a eu l’occasion de jouer en live. Moi je garde un super souvenir du passage où Yarol s’est mis à la batterie pendant que moi je jouais mon truc habituel. Il s’est passé trois ans après avant que l’on se remette à bosser sérieusement. Après mon premier album, super roots, avec une technique rudimentaire et le parti pris de ne jouer que des morceaux traditionnels tout seul, je voulais faire un album un peu plus produit. J’ai aussi commencé à travailler sur des compos. On a un ami commun, Tony Truant des Wampas qui m’a conseillé de travailler avec Yarol. Yarol a la particularité d’envoyer des mails assez brefs. Je lui ai envoyé deux trois morceaux et il m’a dit c’est cool passe à la maison, j’ai envie d’en écouter plus… La toute première Yarol s’est mis à la basse et à la grosse caisse et c’est ce jour là que l’on a inventé la formule qui est la notre en live et qui déchire le plus.

Yarol : J’ai trouvé qu’Hubert jouait de la guitare vachement bien. Il avait tous les plans delta, picking et tout. A la base, moi je voulais lui piquer ses plans (rires). VIENS A LA MAISON QUE JE TE PIQUES TES PLANS UN PEU !!!!!

Hubert : C’est notre amour pour Mississipi John Hurt qui nous a rapproché. Ce qu’on fait au final cela ne ressemble pas du tout à Mississipi John Hurt…

En fait c’était une volonté pour toi de passer d’un projet solo à une musique plus produite ?

Yarol : C’est moi qui l’ai engrainé ouais…

Hubert : Je me suis un peu laissé faire. Il n’y avait pas un projet particulier : « tiens je vais faire un album avec une basse, une batterie… » Je n’y aurais pas cru. Le projet est né en marchant. Le morceau qui définit notre démarche c’est « what do you think you’ll do ». C’est le premier que l’on a fait. Il y a à la fois une guitare et une voix super roots et Yarol a apporté cette rythmique avec la basse et la batterie. Ce jour là on s’est dit on fait du blues africain.

Yarol : Pléonasme total…

Hubert : Cela ressemblait encore plus à de la musique africaine que sa version américanisée.

Yarol : On ne pensait même pas faire un disque… Hubert est passé à la maison on a fait une chanson. Et puis on s’est revu quinze jours plus tard et on en a fait une autre… L’enregistrement s’est étalé sur un an quasiment de sessions à droite à gauche comme ça. Un après-midi, une soirée… Et puis après un moment on s’est dit : « Et dis donc on a un album là » !

Hubert : On en avait même deux à ce moment là mais on a enlevé des titres ! (rires)

Yarol, comment tu t’es fondu dans l'univers d'Hubert ?

Yarol : Ca a été relativement facile par ce qu’on a les mêmes références, on écoute la même musique, on connaît les mêmes trucs… Moi je me suis fondu là-dedans en m’amusant. C’est le but du jeu. Au début Hubert me disait : De la basse t’es sur ? De la basse ?

Hubert : Exactement, moi je ne voulais pas de basse…

Yarol : Et puis après c’était, ouais il faudrait encore plus de basse (rires)…

Hubert : Moi je me suis dit : il peut me proposer tout ce qu’il veut sauf de la basse ! Et évidemment le premier truc qu’il m’a dit c’est : on va mettre de la basse !

Yarol : J’avais acheté une vieille basse Gibson qui était un peu la grande sœur de la guitare sur laquelle jouait Hubert donc… Je lui ai dis : « Ce n’est pas une basse t’inquiète, elle n’a que quatre cordes !!! (rires) C’est une guitare « grave » (rires) !!!

Hubert : Quand j’ai entendu le groove que cela donnait…

Yarol : En fait, il y a une démarche initiale autour de la basse qui était intéressante par ce que tous les groupes de blues contemporain, les Black Keys, les White Stripes, John Spencer Blues Explosion, se passaient de basse. C’était mal vu. Je me suis dit bah tiens, nous on va en remettre…

Hubert : Gamin j’ai adoré les Cramps et il n’y avait pas de basse. J’avais bien dans l’idée que l’on pouvait faire de la musique sans basse, ce n’est pas faute d’avoir essayé…

Yarol : C’est quoi ce racisme anti-basse ???

Hubert : J’avais des supers potes, très bons bassistes à qui j’avais expliqué très froidement qu’il était hors de question que je jouais avec eux parce que je ne voulais plus de basse… Et puis ils m’on vu rappliquer avec Yarol…

Les chansons en français m’ont beaucoup plu. Il y a une grosse scène blues en France mais pratiquement personne ne chante en français…

Hubert : Ca m’est venu par Yarol en fait…

Yarol : DE LA BASSE ET DU FRANÇAIS, ALLEZ !!!! (rires)

Hubert : Après la basse, le français c’était le deuxième truc que j’avais prévu de ne pas faire… Mais le plaisir de composer dans sa langue maternelle c’est quelque chose d’incomparable. Il n’y a pas photo. Sur l’échelle des valeurs du songwriting, à terme, si je ne pouvais composer que des chansons en français et qui me parlent… On en a composé pas mal même si on en a gardé que deux sur l’album… Ce n’est pas simple de faire sonner le français.

Yarol : Dans ce genre de musiques on a une référence très proche chez les cajuns. Moi je suis un fan de zydéco. Quand t’écoutes Clifton Chénier, y’a du français dedans… Et toute la country du Québec des années 30 et 40, y’a des trucs incroyables… Donc c’est possible, les références sont là…

Il y a un morceau comme ça sur l’album « The One I miss »…

Hubert : Oui cela fait un bel enchaînement « It’s gonna be hard / The One i miss »…

Yarol : Ouais avec l’accordéon. Je pensais que cela apportait un petit plus (il claque des doigts) à l’album ces deux chansons en français. Quand tu as un truc à dire autant le dire dans ta langue maternelle… Ce n’était pas rédhibitoire cependant. Si on n’avait pas réussi on aurait fait un album en anglais.

Dans les années 90 on conseillait souvent aux jeunes groupes de chanter en français pour être signés. Maintenant on a de plus en plus de jeunes groupes qui chantent en anglais…

Yarol : C’est des allers-retours permanent entre on signe des groupes en anglais, on en signe plus… Il y a une brèche qui s’est ouverte. Je ne parle pas de Phoenix qui est un cas à part. En fait, on se rend compte que dans ces groupes là, The Do ou Moriarty, les chanteuses ne sont pas francophones au départ (Comme Bad Mama Dog également signé sur Bonus Tracks Records). Moi je suis content que des groupes français chantent en anglais. Mais attention, il y a chanter en anglais et chanter en anglais. Moi je bosse avec pas mal de groupes avec qui je me bats par ce que j’ai l’impression que l’anglais c’est un cache-misère. Quand tu n’as rien à dire, c’est plus facile de chanter en anglais. Mais quand tu regardes les titres, t’as envie de dire : « non mais attends, elles sont bidons tes paroles » (rires). Quand tu veux chanter en anglais, la moindre des choses c’est qu’un anglo-saxons comprennent ce que tu as à dire. Il y a des mecs ils arrivent et ils font : « girlfriend she told me won won won » (il fait semblant de chanter dans un chararbia incompréhensible, rires). Et le ricain à côté il est mort de rire et il n’a pas compris un traître mot de ce qu’a dit le gars!!! Et le français lui, il est super de son accent !! C’est une marmonnade fastoche.

Hubert : L’anglais d’un pays qui n’existe pas…

Yarol : Ca je suis contre. Par contre le groupe qui assure vraiment en anglais avec un vrai travail sur les textes et qui a des trucs à dire… C’est faux le discours débile comme quoi les textes ne sont pas importants chez les anglo-saxons. Vas dire ça à Dylan, à Neil Young ! Merci !

Hubert : L’idée ce n’est pas de faire uniquement que du français ou uniquement de l’anglais. Certains morceaux sont effectivement mieux en français, spontanément. Les chansons sont nées comme ça, on ne s’est pas amusé à traduire. Il faut être à l’aise avec la chanson. Il faut que cela te parle à toi et ensuite il faut réussir à le transmettre. Mais statistiquement cela sonne plus mal en français qu’en anglais.

Yarol : C’est un exercice très périlleux.

Yarol, quand j’ai écouté le disque, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Heartbreak Hotel. Est-ce que tu vois un lien entre les deux disques ?

Yarol : Oui tout a fait. Si tu prends mes fantasmes musicaux américains, Heartbreak Hotel représente la façade country et The Hub le versant blues. C’est la même démarche. Les deux albums ont été produits un peu de la même manière. C’est un travail avec un songwriter guitare/voix. Nikola venait aussi à la maison avec sa guitare et sa chanson et moi autour je construisais tout un espèce de bric à brac d’arrangements et de bordel. Ce sont deux albums que je considère dans la même lignée.

Hubert : L’album d’Heartbreak Hotel fait partie de ces disques qui m’ont fait penser que l’on pouvait construire un super truc avec Yarol.

Le catalogue Bonus Tracks est très cohérent d’un point de vue artistique avec une continuité entre chaque album et chaque groupe. On sent que le label est géré par un musicien. Comment tu choisis les projets sur lesquels tu travailles ?

Yarol : Je ne me dis pas tiens je vais en vendre plein. On ne fonctionne uniquement que sur du coup de cœur et une envie de travailler commune. Il faut que l’artiste me fasse bander. On en revient au lovamour hôtel (rires) !!! Les Parisians c’est un groupe que je suis depuis longtemps et que j’aime beaucoup. J’étais très content de faire leur album.

Hubert : Moi justement j’ai été attiré par l’univers des autres artistes Bonus Tracks. Moi je n’aurai surtout pas voulu être sur un label strictement blues. C’est ma musique mais je ne voulais être sur un label qui me vende uniquement en réseau. Là je me reconnais dans les autres groupes du label. J’y vois différentes périodes de mon évolution musicale…

Musicalement l’album est assez homogène mais avec des touches rock comme « six feet underground » ou un peu country comme on en parlait tout à l’heure. C’est une somme de tes influences ?

Hubert : Oui mais ce n’était pas du tout un parti pris de faire un catalogue de toutes les influences. Les bluesmen des années 20 dans le Mississippi fréquentaient des Blancs. Les Noirs, les Blancs jouaient de la musique qui venait du même endroit et qui pouvait être comparées. Finalement que cela sonne un peu plus country ou blues, dans le fond c’est la même chose. Les habillages peuvent être inversés. Toutes ces musiques me parlent. Seasick Steve quand tu lui poses la question, il te dit : « fuck the blues, je joue de la musique américaine ». C’est ça que j’ai à l’esprit. Moi je suis très axé sur le côté compo/chanson. Il faut qu’à poil la chanson tienne debout avec une simple guitare sèche. Après la chanson elle ne t’appartient plus. L’idée est là. Moi je les ai mises dans les mains de Yarol avec une confiance aveugle.

Yarol : Et moi j’ai la volonté permanente de ne pas me répéter. Cela m’emmerde de faire quatorze fois le même morceau. C’est un truc d’ailleurs que je reproche à beaucoup de disques à l’heure actuelle. D’entendre une espèce de recette. Là je suis content, par ce qu’il y a des morceaux plus country, d’autres blues, roots, folk, rock n’roll, soul.

Hubert : « Six feet underground c’est celui qui est parti le plus loin dans l’univers rock mais qui peut être joué façon John Lee Hooker. Pour moi ce qui est important, c’est l’esprit de la chanson. Si en plus il peut y avoir plein de couleurs…

Vous connaissez certainement Elliott Murphy. Il y a quelques années quand il a sorti son album de blues, il a expliqué que l’album lui avait été inspiré par sa femme qui lui a dit : « vous les rockeurs quand vous n’êtes pas morts à 27 ans vous devenez des bluesman ». Vous en pensez quoi ?

Yarol : Qu’on n’a pas encore 27 ans (rires) !!!

Hubert : Ce n’est pas con. (silence) Il y en a beaucoup qui ont fait ce chemin là… En tout cas, je fais partie des statistiques… Je rappelle pour mémoire que Robert Johnson est mort à 27 ans.

Yarol : Puisqu’on en parle il avait quel age Keith Richards quand les Stones ont fait « Beggars Banquet » ? (Rapide calcul) Non pas tout a fait 27.

Hubert : Oui mais lui il a raté sa sortie. Ce n’est pas faute d’avoir essayé remarque. Mais pour en revenir à ta question, cela souligne le côté intemporel. On parle souvent de « vieux bluesmen ». Mais ces mecs là quand il l’ont jouée ils n’étaient pas vieux… Ce n’est pas de la musique de vieux, c’est juste qu’elle a été enregistrée avant. Je ne sais plus quel poète à dit : « Etre vieux c’est être jeune un peu plus longtemps que les autres… »

Propos recueillis le 2 février 2011.

www.bonustracksrecords.com


vendredi 18 février 2011

Rencontre avec Alex Winston



Elle est mignonne Alex Winston. Et rigolote aussi. Entourée de ses copines choristes, trois belles jeunes filles toutes plus jolies les unes que les autres, qui l’accompagnent aujourd’hui, la salle d’interview ressemble à une colonie de vacances. Un gang d’adolescentes en virée européenne. Elles ont l’air ravie d’être ici en tout cas : « C’est la première fois que je vient en Europe (à l’exception d’un voyage à Londres où elle rencontré le producteur Charlie Hugall, ndlr). Il y a tellement de choses à voir et si peu de temps… ». Alex a commencé à chanter très jeune, à six ans et a passé une grande partie de son enfance dans le sous-sol de la maison parentale à Detroit : « J’avais de la chance, il y avait du matos, une batterie, un magnéto douze pistes… ». Et vous les filles, dis-je en m’adressant au gang des choristes sagement assises dans le canapé d’à côté, vous aussi vous avez passé du temps dans le fameux sous-sol ? « Oui » m’assurent-elles en choeur, certaines sont ses copines d’enfance… Alex est très fière de ses origines de Detroit : « La musique, c’est quelque chose dont tout le monde est très fier là-bas » m’assure celle qui cite pèle mêle, le MC5 et les Stooges mais aussi les Detroit Cobras et les Von Bondies parmi ses influences. Autant de groupes dont il n’est pas facile de retrouver la trace dans sa pop orchestrale : « Oui c’est vrai ma musique n’est pas très rock. Ce que je garde surtout de ces groupes c’est l’énergie. Ma première démo a été enregistrée dans un studio à Detroit juste à côté de la maison où habitait Ron Asheton. On voyait son jardin. C’était cool… ». Ses influences seraient-elles à rechercher du côté de la Motown ? « J’adore Diana Ross and The Supremes. C’est pour ça que j’ai pris ces jeunes femmes magnifiques pour chanter avec moi » dit-elle en désignant les beautés installées sur le canapé d’à-côté. A l’écoute du mini album « Sister Wife », c’est surtout à Kate Bush que l’on pense : « Kate Bush je ne connaissais pas du tout. J’ai découvert très récemment. Mais j’adore. J’ai une grande admiration pour elle, c’est une grande musicienne, elle joue de beaucoup d’instruments. On a un peu le même genre de voix. J’ai toujours eu une voix haut perchée ». Ta voix est différente quand tu parles. « Heureusement » souffle-t-elle avec un sourire désarmant. « La différence avec Kate Bush, c’est que moi j’adore être sur scène. On est un groupe complet huit musiciens… ». « La scène musicale à Detroit était géniale, elle me manque parfois… » Lâche dans un éclair nostalgique celle qui a quitté la ville pour s’installer à New York City. « Je suis partie par ce qu’il ne m’arrivait plus rien à Detroit. Mais je reviendrai, mon histoire avec la ville n’est pas finie ». Elle semble un peu déçue du manque de reconnaissance dans sa cité natale. C’est à New York qu’Alex a rencontré The Knocks que l’on retrouve aujourd’hui comme co-producteurs du mini-album : «Ils ont un profil plus électro que Charlie Hugall (également co-producteur du disque, ndlr) qui est très branché par la pop symphonique (comme le prouve son travail avec Florence and the machine). Les deux styles mélangés ensemble on obtient une balance parfaite. Tu enlèves un élément et c’est l’ensemble qui paraît bancal. Moi c’était surtout les « vrais » instruments qui me plaisaient. Les Knocks m’ont littéralement, elle insiste, littéralement obligée à utiliser du synthétiseur. Mais ça m’a bien plu, ça ouvre des possibilités… ». Intrigué par les photos promos au caractère un peu rétro d’Alex, on ne peut s’empêcher de lui poser la question : Alex, si tu pouvais voyager dans le temps, quelle décennie aimerait tu visiter ? « Oh, les sixties probablement. J’aurais voulu être l’adolescente qui a épousé Jerry Lee Lewis ! ». Déclaration qui déclenche l’hilarité générale dans l’assistance (et dont l’auteur de ces lignes a bien eu du mal à se remettre…). « Et maintenant comment tu enchaînes ? » me demande l’une des choristes. Parlons d’une autre star du rock n’roll : Chuck Berry, tu as fait sa première partie, non ? « Oui, c’était à Saint-Louis. Il était bizarre, il me foutait les jetons, il est tellement grand… Quand tu fais sa première partie, tu n’as pas le droit de citer son nom sur scène. Il est interdit d’aller le déranger dans les loges. Il est venu me voir pour me serrer la main avant de me taper sur le bras et de me le tordre dans tous les sens. Me dit-elle tout en mimant la scène dans une chanson de gestes indescriptible prenant une choriste comme cobaye. J’étais là, WOW mais qu’est-ce qui se passe… » Déclenchant un nouvel éclat de rire. « Tu n’a jamais eu le plaisir de le rencontrer ? ». L’heure tourne et il faudra bientôt se séparer : « On est une grande famille internationale. Maintenant tu en fais partie ! » Me dit-elle dans un grand éclat de rire tout en gigotant sur son fauteuil. « Tu viendras nous voir en concert la prochaine fois ? On t’aime bien. On compte sur toi. L’album sortira à l’automne prochain…». Oui, oui, Alex, c’est promis… Elles sont très excitées le départ pour la prochaine étape, Berlin, est prévu pour 17 heures. « Il paraît que c’est génial ! On part par la route ». Alors que l’on se lève pour prendre congé, Alex recommence à taquiner ses copines. Elles sont mignonnes…

Propos recueillis le 17 février 2011.

www.myspace.com/alexwinston

An interview with Marie Fleur



1) After been a lead singer for the bands Jazzabilly Blues, The Model Millionaires and Mitcho Pelo, how does it feel to be on your own and in charge ?
Marie Fleur : I've always been in control.

2) Are you still in touch with your former band mates since you moved cross-country from Los Angeles to Detroit ?
MF : Oh yes, all wonderfully talented people. I love them all.

3) The new album "Bébé Licorne" is a major step up in your career and a melting pot of new sounds, can you say a few words about it ?
MF : We took some risks I guess but it's a jazz album deep down.

4) Is the song "Bébé Licorne" a preview of what you might do next ?
MF : ha no, it's just a comedy piece but there will certainly be more electronic music. I love the music of a guy named Alfred Darlington aka Daedelus & of course I've always been obsessed with the career/music of Raymond Scott. Also, who doesn't want to be Clara Rockmore?!

5) By the way, were you on drugs when you recorded it? If yes tell us which one, it seems to be pretty effective...
MF : No, no drugs that was just the result of singing for literally 12 hours straight inside of a pyramid. I like to do one song on every album that illustrates how a person feels after being cooped up in a tiny room for hours and hours and working yourself until you're nearly dead. No matter how sane a person is they always have a breaking point where all they can do is laugh maniacally and roll on the floor. Then they get up and continue working as if nothing weird ever happened. I figure if you haven't done this you just aren't working hard enough yet or you're a robot.

6) How did you get in touch with the 30's jazz repertoire ?
MF : Like I get in touch with any era; I close my eyes and time travel baby.

7) Would you say that your music is somewhat nostalgic ?
MF : Of course, but we're also concerned about the future.

8) Your albums always have great cover art. Do you take special care of the visual side of things ? Is that important to you ? Is it like creating a little universe ?
MF : I hear much better than I see but yes visuals are important. The picture must convey the spirit of the piece. It must take a person to a destination. Is it a little universe? I don't know. Is your top desk drawer a small universe?

9) Your hometown of Detroit is a place of major importance in the US music history. Have you been influenced by any Detroit artists ? Do you think that Detroit's influence in nowadays music is still vivid ?
MF : My dad is from Detroit. I am not. I'm a hayseed climbing fruit trees in the middle of nowhere. The only city I really know is Los Angeles but Detroit must have influenced me. I grew up with the Detroit TV stations, Bill Bonds and listening to all my dad's old Motown records. I also heard a lot of old recordings from bands like MC5 & Amboy Dukes. Yes, I think Detroit's influence is absolutely still relevant. Jack White is out there making some golden stuff with Wanda Jackson & others. Eminem evokes a current identity of the city. I don't know anything about Kid Rock's music but my mother taught school with his aunts and they say, "he's a good boy." It's funny about Detroit. Right now in early 2011 I feel like we're on the precipice of a huge Detroit revival. The city is about to boom again because you can't get much cooler than hitting rock bottom.

10) Who are your favorites singers ?
MF : My mom, Eartha Kitt, Sister Rosetta Tharpe, Edith Piaf, Lena Horne, Josephine Baker, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Margaret Whiting, Nan Wynn, Patsy Cline, Jane Green, Frank Sinatra, Mildred Bailey, Marilyn Monroe, Bing Crosby, Ruth Brown, Wanda Jackson, Al Bowlly, Annette Hanshaw, Sarah Vaughan, Dolly Parton, Maria Callas, Charles Trenet... there are too many to list!

11) How did you pick up your stage name Marie Fleur ?
MF : It's my real name.

12) Do you like being on stage ? Do you miss it (now that you're "bandless")? When was your last show ?
MF : I love being on stage & of course I miss it. I think my last show was at The Steve Allen Theater in Hollywood sometime before last June. I'll get out there again but I'll have to work up to it. As much as I adore the stage I'm kind of a recluse.

13) How do you choose which song to cover ?
MF : The songs choose me. I'm haunted by them.

14) You often write alternate lyrics, why ?
MF : They used to do that a lot in the past so I just kept it going. I don't think of it as "changing" the lyrics. I just add another chapter to the story.

15) Would you like to write songs ? Do you play an instrument ?
MF : I do love to write songs but I become obsessed with other people's songs. I'm very shy about my own but there's a couple on my first album. They're so personal. I write tons of poetry and letters too. When I was a kid I always played the flute and now I like to play around on this digital auto-harp called the QChord. I wish I could play guitar but my hands are too tiny & I'm certainly not cool enough to play ukulele like Ian Whitcomb or Janet Klein.

16) Is celebrity somewhat scary ?
MF : *laughs* I'm not a celebrity and I hope to stay that way! If I ever became famous I'd certainly change my face, take on a new identity and disappear forever.


jeudi 17 février 2011

Eric Legnini & The Afro Jazz Beat : « The Vox »


Pilier des jazz clubs parisiens, le pianiste d’origine belge Eric Legnini est un acteur important de la scène musicale que cela soit au travers de ses propres albums ou de ses diverses collaborations comme simple sideman, arrangeur, compositeur ou producteur. Diverses casquettes qu’il enfile toutes à la fois pour ce nouvel effort en compagnie de son groupe The Afro Jazz Beat intitulé « The Vox ». La voix en question c’est celle de la new yorkaise, vue près de Hugh Coltman, Krystle Warren au profil plutôt orienté folk, qui ici évolue dans un registre entre la jazz et soul woman. Son timbre, à la fois cassé et éraillé, est magnifique et ne cesse de faire des merveilles sur une bonne moitié de l’album. Car contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, l’album alterne morceaux instrumentaux (5) et chansons (6), offrant au passage à Krystle une escapade en solo le temps de « Canyon Lady ». Musicalement l’album se situe dans la lignée des enregistrements du début des années 70. Roots. S’appuyant sur une rythmique à toute épreuve (Frank Agulhon à la batterie et Thomas Bramerie à la contrebasse) et pleine de sensualité swing, Eric Legnini a toute lattitude pour développer de longs solis, au piano, au fender rhodes ou à l’orgue hammond B3, dans un esprit free. Deux guitares, des percussions et une section de cuivres, très efficace sur le funky « Black President », complètent ce paysage volontairement rétro, auquel la pochette fait également référence. Limitant le nombre des intervenants, Legnini et sa bande installent tout au long de ce superbe album un sentiment d’intimité. De la belle ouvrage à l’ancienne, soigné, classieux et au charme finalement intemporel.

www.myspace.com/ericlegnini

SORTIE LE 28 FEVRIER 2011.

mercredi 16 février 2011

Carmen Linares, Maisons des Arts de Créteil, Festival sons d’hiver, 11 février 2011.


La programmation toujours impeccable du festival sons d’hiver nous a mené cette année du côté de l’Espagne en compagnie de la chanteuse flamenco Carmen Linares et de son spectacle Verso à Verso, divisé en deux parties : la première consacrée au chant ; la deuxième à une interprétation chantée des textes des poètes Lorca, Hernandez, Machado, Jimenez... Installés en arc de cercle, les musiciens sont aux nombre de cinq entourant Carmen Linares : deux guitaristes, les jambes croisées dans la position typique du joueur de flamenco, un percussionniste jouant du cajon (cette percussion en forme de cube sur laquelle on joue assis), la choriste et le dernier musicien accompagnant la musique par des frappements de mains. Carmen Linares habille de sa voix grave et éraillée les délicats arpèges de guitares, un timbre déchirant qui prend souvent la forme d’un cri de douleur. La musique nous ramène parfois du côté du blues dont le flamenco est peut-être un lointain cousin. La formule est évolutive parfois la voix est accompagnée d’une seule guitare mais c’est lorsque le groupe est au complet, et le son plus dense, que la séduction fonctionne à plein. Le flamenco est aussi un art de la danse et l’accompagnateur frappant le rythme des mains danse, sur un tapis installé au devant de la scène, dans une gestuelle ample accentuant la dimension dramatique, accompagnée de petits pas saccadés faisant office de claquettes ponctuant le rythme. Eprouvés par tant de tension le groupe relâche la pression en toute fin de soirée finissant le concert totalement débranchés, a cappella loin des micros, improvisant de petits pas de danse caractéristiques chacun à tour de rôle, un seul guitariste échappant finalement à l’ignominie.

lundi 14 février 2011

Eté 67 : « Passer la frontière »


Mine de rien, en toute discrétion, les belges d’Eté 67 sont en train de réaliser un petit exploit : un album teinté de country music entièrement chanté en français. Comme quoi bien des choses sont possibles. Situé au croisement du folk, du rock et de la country donc, Eté 67 propose un album particulièrement roots, enregistré à l’ancienne, live en studio, à l’aide de matériel vintage (Orgue Hammond, Harmonium 1920, piano, Harmonium indien pour la bonne touche psychédélique…). Une démarche appliquée à la lettre qui au final fait toute la différence. Car cela s’entend. Aérienne, apaisée, la musique d’Eté 67 plane au-dessus des contraintes et des tracas, une forme de légèreté, qui sied à ravir au timbre délicat du chanteur Nicolas Michaux, et fait s’envoler l’auditeur au passage. Délicate en dépit de quelques solis de guitares bien sentis, hérités du rock garage, et d’affolements rythmiques, la musique d’Eté 67 se révèle plutôt lumineuse malgré de textes aux thématiques assez sombres. Quatre ans après un premier album couronné de succès, Eté 67 a bel et bien passé une frontière, celle du « toujours délicat » deuxième album.

www.ete67.be

www.myspace.com/ete67

dimanche 13 février 2011

S Petit Nico : « Humain »


Après avoir travaillé comme compositeur de musiques de films et de théâtre, l’ancien compagnon de route de Grand Corps Malade, S Petit Nico sort aujourd’hui son premier album solo sobrement intitulé « Humain ». Sur ce premier effort Nico mélange les genres et les couleurs pour aboutir à une sorte de rencontre inédite entre la chanson française, le slam et le rap. Changeant régulièrement de masque passant de celui de chanteur à la voix sensible pour enfiler celui de rappeur. Coloré, l’opus va de la mélancolie au coup de gueule : « Bidonville », le rap « Humain », en passant par la ballade folk romantique (« Caresse de Printemps »). Titre engagé, « Un homme en colère », renoue avec la tradition slam proposant un texte scandé a cappella. « Ce Monde » est probablement le morceau le plus intriguant, partant d’un piano mélancolique pour ensuite dériver vers un rap funky assez ensoleillé. De groove il est également question sur l’enchaînement « Aujourd’hui / Mélodie des mots», duo de titres les plus dansants. Pianiste accompli, S Petit Nico aspire également à un certain classicisme comme le prouve l’instrumental « Courant ». Un grand bain de musiques en somme pour cet artiste terriblement humain.

www.spetitnico.fr

www.myspace.com/spetitnico

samedi 12 février 2011

Mighty Mo Rodgers + Roland Tchakounté, NECC, Maisons-Alfort, 10 février 2011.



Sympathique petite salle de concert de banlieue, le Nouvel Espace Culturel Charentonneau (NECC), située à côté du marché couvert du même nom, a accueilli jeudi soir dernier une soirée blues de tout premier ordre.

On commence avec une découverte, en forme de coup de cœur, pour le bluesman d’origine camerounaise Roland Tchakounté. Sa formule en trio, il est accompagné d’un batteur/percussionniste et d’une guitare électrique, lui-même assurant la guitare folk, se veut un hommage à sa terre natale d’Afrique sa musique se présentant comme un voyage. De fait Roland Tchakounté est un artiste hybride à mi-chemin entre le bluesman et le griot, sa musique, chantée en langue vernaculaire, faisant renouer le blues à ses racines africaines. Il est aidé en cela par un excellent batteur jouant sur un kit complexe tenant à la fois de la batterie et des percussions où le djembé fait souvent office de caisse claire. On note également un mécanisme compliqué avec une pédale de grosse caisse montée à l’envers permettant à ce Géo Trouvetout batteur de jouer de la cymbale ride. La batterie est jouée au balai. Arc-bouté sur sa Les Paul, le guitariste a un style beaucoup plus classique blues joué au doigt (c’est important). Quant à Roland, il assure les rythmiques sur une guitare acoustique et chante de sa voix profonde et grave. Régulièrement le groupe baisse le son et joue de moins en moins fort, touchant le public de manière assez intime. L’ensemble guitare jouée sans médiator et batterie jouée au balai donne une grande délicatesse à la musique. On passe un excellent moment salué par une ovation grandement méritée.

De facture beaucoup plus classique, le pianiste/organiste Mighty Mo Rodgers, originaire de Los Angeles, a pris la suite sur le coup des 22 heures. Mo le puissant est accompagné par une formation guitare, basse, guitare, alliant à la fois jeunesse (le batteur et le bassiste) et expérience, le guitariste ayant l’air d’avoir pas mal de bouteille, malheureusement il a passé la soirée a galérer avec son ampli. Il ne faut guère de temps à Mo pour séduire l’audience réclamant un soutien rythmique de la part du public (par ce que « the dead don’t move and the living move »), ce dernier étant invité à taper dans ses mains en rythme. Le climax fut atteint lorsque l’on nous a proposé de chanter en chœur « C.H.I.C.A.G.O. if you want some blues, this is the place you have to go ». C’est tellement vrai… A défaut d’y aller c’est un peu de Chicago qui est arrivé jusqu’à nous et si on prend en compte l’Afrique évoquée en première partie, on a fait mine de rien un mini tour du monde en une soirée…

www.roland-tachkounte.com

www.myspace.com/rolandtchakounte

www.mightymorodgers.com

mercredi 9 février 2011

Carosel, L’international, 7 février 2011.


Si le maxi « Star » donnait du duo pop irlandais Carosel l’image d’un groupe coloré, la prestation de ces derniers lundi soir sur la scène du bar à musique l’international renforce cette tendance tout en tirant leur palette vers de teintes plus chaudes. Le groupe est renforcé pour l’occasion d’un excellent percussionniste apportant une couleur latine qui se marie à merveille avec la guitare, tendant parfois vers le flamenco, de Pete. Ce dernier, grand voyageur devant l’éternel (cf. l’interview), se lance aussi dans des soli explorant des gammes plus orientalisantes héritées de son séjour en Inde. Outre les titres présents sur le maxi, le trio livrera une superbe version du classique « Let’s stay together » d’Al Green ainsi que plusieurs titres de leur premier album au répertoire plus jazzy. L’occasion pour la chanteuse Michelle, les yeux mi-clos, de renouer, passionnément, avec la posture d’une chanteuse de jazz. Un set plutôt court, une demi-heure environ, donnant l’envie de découvrir, enfin, leur tant attendu deuxième album…

www.carosel.ie

Richard Thompson Band, Le Café de la danse, 6 février 2011.


Richard Thompson, vétéran britannique de la scène folk des sixties a fait son retour sur une scène parisienne dimanche soir dans la petite salle intime et bien remplie du Café de la danse. Tous ceux qui ont gardé de Richard Thompson l’image d’un baladin folk se sont vu imposé un sacré démenti lors de cette soirée. Armé de sa Fender Stratocaster d’un très joli bleu pastel fifties, Thompson a joué un concert électrique à l’extrême (seulement deux chansons en configuration acoustique) montrant au passage des qualités (insoupçonnées ?) de guitariste soliste. Entouré d’un groupe à la fois classique -batterie, basse- et original -violon et un musicien multi instrumentiste (sax, flûte, mandoline)- Thompson a délivré un spectacle en deux sets, un premier dévoilant les chansons du nouvel album suivi d’une deuxième partie revisitant ses grands classiques. Entre chaque chanson Thompson ne manque de livrer remarques, commentaires et anecdotes de son humour so british. Sympa avec le public, il parle également un peu français. Un petit mot pour finir sur l’excellent groupe qui l’accompagne. Le batteur tout terrain assure lui-même la maintenance de son instrument tout en continuant de battre la mesure, la baguette coincée entre les dents. Le bassiste, enthousiaste, semble s’éclater comme aux plus belles heures des sixties, faisant le grand écart tout en agitant la tête. Une bien belle soirée.

dimanche 6 février 2011

Susheela Raman : « Vel »


La question identitaire sous-tend le cinquième album de cette artiste londonienne aux origines indiennes. D’où vient-tu, Susheela ? La réponse de la chanteuse est musicale et se niche au cours des 13 pistes composant le disque. « D’ici et d’ailleurs… » semble dire, celle qui parsème d’influences indiennes, passant par le chant en langue vernaculaire où l’utilisation de percussions typiques, un fond musical alimenté par le folk, la soul, le blues et le rock. Voire même le psychédélisme le temps de la lente dérive d'"orfea", grande réussite de cet opus. Comme un grand saut dans l’espace, un voyage en musique. Tout au long de ce nouvel album Susheela collectionne les émotions, son chant se pose sur des arpèges folk, les cordes utilisées ici et là (« Eighteen Floors », « Paal ») donnent une dimension mélancolique à sa musique. Une énergie plus rock se fait parfois jour, le temps d’un ou deux titres (« Raise up » ; "Vel Undu") plus rapides au tempo enlevé. D’un continent à l’autre, d’une émotion à l’autre, le grand voyage ne fait que commencer…

www.susheelaraman.com

http://susheelaraman.believeband.com

En concert le 9 mars à la maroquinerie (Paris).

Rencontre avec My little cheap dictaphone


Le rendez-vous est pris pour le vendredi à 17h15, dans un Café de la danse déserté par les spectateurs et qui prend des airs de calme avant la tempête. Voir la salle nue est à la fois assez impressionnant et émouvant. Installé près du bar les trois membres de My Little Cheap Dictaphone qui ont fait le déplacement (seul le batteur manque à l’appel) entament une session acoustique immortalisée par les confrères du site désinvolte. En seulement deux titres, les membres du groupe dégagent une émotion palpable et, comme possédés, un engagement assez impressionnant. Quelques minutes plus tard, on retrouve Redboy (chant et guitare), presque en nage, accompagné du bassiste Xavier installés à une table. Le temps pour nous de quelques questions…

Comment a débuté le projet My Little Cheap Dictaphone ?

Redboy (chant, guitare) : Au début c’était un projet solo. J’ai commencé comme un songwriter low-fi, je voulais tout faire moi-même. J’enregistrai seul dans ma chambre sur un dictaphone, c’est comme ça que le projet est né. J’ai fait un premier album, puis ensuite j’ai commencé un autre groupe, les Hollywood Porn Stars. Le deuxième album de My Little Cheap Dictaphone « Small town boys » a été fait entre deux albums des Hollywood Porn Stars. Pour ce troisième album on avait vraiment envie de soigner les choses et de le faire à fond. On a vraiment pris notre temps. Ca nous a finalement pris trois ans.

A l’écoute du disque j’ai tout de suite été frappé par l’ampleur du son, le soin porté à la production, la richesse des arrangements…

Redboy : Au début on voulait travailler sur quelques titres avec un arrangeur de musique de film pour donner un côté cinématographique. L’échange s’est bien passé avec cet arrangeur, et au final il a arrangé tout l’album avec des instruments d’orchestre. Pour cet album on a un pianiste qui nous a rejoint dans le groupe (Louis) et on voulait sortir des habituelles guitares/basses/batteries du rock et étoffer, élargir la panoplie.

Avec quels réalisateurs de cinéma aimeriez-vous travailler ?

Redboy : Un film de Jim Jarmusch. Neil Young avait fait la musique de « Dead Man ». David Lynch aussi cela serait super. On pourrait vraiment se lâcher. Mais « The Tragic Tale of a Genius » est quelque part la bande originale d’un film imaginaire.

Il y a une tonalité jazz un peu surprenante sur certains morceaux du disque (« Slow me down », « The tragic tale of a genius »), un côté un peu bastringue avec le piano mis en avant. C’est un apport direct de Louis ?

Redboy : Oui il a vraiment un background blues et jazz. On voulait sortir de l’habituel indie rock et oser le piano. On n’avait aucune barrière, on voulait essayer un maximum de choses et ne pas faire un album répétitif. Chacun a emmené sa part de personnalité dans les chansons.

Comment êtes-vous entré en contact avec les invités présents sur le disque (Jonathan Donahue, Ralph Mulder, Pall Jenkins) ?

Xavier (basse) : Dans le cas de Jonathan Donahue une amie commune nous a présenté. On lui a envoyé un email avec le morceau et il nous a répondu directement. Ralph Mulder, Redboy l’avait déjà croisé à des concerts. Et l’album a été enregistré dans un studio où il avait déjà travaillé.

Redboy : Et Pall Jenkins, cela fait dix ans que le croise à des concerts aussi.

Xavier : On avait besoin de voix différentes par rapport au concept de l’album. Redboy incarne le personnage principal qui est confronté à des démons intérieurs, à sa conscience. Redboy ne pouvait pas interpréter ces voix, qui représentaient un dédoublement de la personnalité. C’était vraiment la liste rêvée d’intervenants que l’on voulait et tout le monde a directement dit oui. Tout c’est super bien passé.

Qui est le Genius du titre ? Brian Wilson ?

Redboy : Il y a Brian Wilson entre autres. C’est un mélange. J’ai lu pas mal de biographies de musiciens. J’ai remarqué pas mal de similitudes dans l’histoire de leurs vies respectives. Le fait qu’ils soient toujours un peu à part dès l’enfance, ils ont des fêlures qu’ils exploitent ensuite. Ces artistes me parlaient et j’avais envie d’en parler. Je m’en sentais assez proche aussi. J’avais besoin de me retrouver pour pouvoir écrire et incarner le personnage.

Et tu penses que les fêlures sont nécessaires pour faire de la musique ou tout simplement créer ?

Redboy : Pas spécialement. Il y a des gens qui sont très bien dans leurs baskets et qui font des chansons aussi. Tout dépends de la musique que tu veux faire. Notre musique est à fleur de peau, mélancolique et basée sur les émotions. Je pense que c’est bien de parler de choses assez personnelles qui font vivre les gens. Plutôt que de raconter des banalités ou des chansons d’amour standard. On essaye vraiment de faire passer des frissons.

Le projet artistique semble assez ample et va au-delà de la musique et de l’album. Est-ce que vous pourriez nous parler des collaborations qui ont été mises en place pour le spectacle ?

Redboy : Dès le début on voulait faire plus qu’un simple album et plus qu’un simple concert. On s’est entouré de personnes pour nous aider à raconter l’histoire, grâce aux décors et aux projections. On a travaillé avec Double Duchesse, un couple de Bruxelles qui réalise des vidéos et des courts-métrages. Assez rapidement on a commencé a travailler en parallèle sur tout. La musique d’un côté et moi je suis aller m’isoler en Norvège pour écrire les textes. Et pendant ce temps là le travail avec Double Duchesse a continué. On s’est dit que les vidéos c’est vraiment l’idéal pour plonger dans l’histoire. Il y a treize petites vidéos qui sont projetées sur un décor pendant le spectacle. Le décor simule une ville américaine des années 50, un New York de film noir avec des fenêtres phosphorescentes sur lequel sont projetées les images.

Est-ce qu’il y aurait un dvd du spectacle qui serait prévu pour immortaliser le tout ?

Redboy : Pas pour le moment. Pour l’instant on travaille sur des petites captations dans les prochains mois. Mais un vrai dvd de a à z ce n’est pas encore prévu.

Ca vous plairait ?

Xavier : Ouais, pourquoi pas…

Redboy : Je pense que cela serait l’aboutissement assez logique pour finir la tournée. On verra plus tard…

La pochette est très classe…

Redboy : Pareil, on a travaillé avec un graphiste dont on aimait le travail. On lui a demandé de s’inspirer des années 50 et des affiches de films noirs. On lui a montré les vidéos, on lui a fait écouter les chansons. Son univers cadrait aussi avec le notre. On a aussi mis notre touche. Comme pour tout, on essaye toujours de donner notre patte et que cela soit global et cohérent. On a travaillé avec un photographe aussi pour les photos de l’album. Il s’est inspiré des photos de tournage des films d’Hitchcock. C’est un tout, on essaye de soigner chaque étape.

D’où vient le nom du groupe ?

Redboy : Quand j’ai commencé le projet solo, dès que j’avais des idées, j’enregistrais sur mon petit dictaphone bon marché. Je sortais les démos en cassette à l’époque. J’en ai envoyé une sur laquelle il était marqué : Recorded on my little cheap dictaphone. C’est resté comme nom du groupe.

Redboy, dans les Hollywood Porn Stars tu fais la guitare et les chœurs, est-ce que la transition a été difficile pour devenir chanteur/frontman ?

Redboy : Non, avant Hollywood je faisais déjà MLCD. Hollywood c’était une récréation, un délire de faire un groupe très rock où on sortait les guitares. Je me suis retrouvé sur le devant de la scène par ce que cela me manquait aussi de refaire mes propres chansons. Faire quelque chose de plus intime avec plus d’émotions.

Pendant la session acoustique on a senti à un moment donné un engagement physique très fort du groupe, vous étiez comme dans un état second…

Redboy : Les concerts c’est une expérience assez intense. On essaye de rentrer dans un état de transe.

Xavier : De faire vivre le concert.

Redboy : Si on sort du concert sans avoir vraiment mouillé la chemise… C’est vraiment important pour nous de vivre le truc à fond.

C’est épuisant, non ?

Redboy : Oui, mais c’est ça qui est bien…

Xavier : C’est pour cela qu’on le fait…

Propos recueillis le 28 janvier 2011.

En concert le 10 février 2011 au Café de la Danse (Paris) et le 26 mars 2011 à La Batterie (Guyancourt 78).

www.myspace.com/mylittlecheap

www.facebook.com/mylittlecheap

www.mylittlecheap.net


samedi 5 février 2011

Alex Winston : « Sister Wife »


Premier ep pour cette jeune chanteuse originaire de Detroit et dorénavant installée à New York City. D’obédience plutôt pop, Alex Winston déploie sur ce premier effort un univers musical entre Kate Bush pour la voix et Carole King pour le songwriting. Enjouée, la musique d’Alex prend plus d’une fois lors de ces 6 titres inauguraux des airs de tubes en puissance. « Choices Notes » comme son titre l’indique déroule un irrésistible tapis de notes pianotées et légères auxquelles il est difficile de résister tellement la mélodie imprime durablement l’oreille. Les new-yorkais de The Knocks et le londonien Charlie Hugall qui ont produit (un peu trop peut-être) « Sister Wife » ont sortis les grands moyens pour mettre en valeur la voix si particulière d’Alex. Le son est travaillé à l’extrême et donne une sensation d’ampleur à l’écoute. Sa voix aérienne donne l’impression de planer au-dessus de la mêlée. C’est dans un registre plus dépouillé qu’elle séduit le plus, accompagnée d’un simple piano (l’intro de « Fingers and toes ») ou d’une guitare sèche (l’intro de « Don’t care about anything »). Même si un peu plus de simplicité ne lui ferait pas de mal, cet effort inaugural est des plus réussis. Et beaucoup plus convaincant que l’album de Florence and the machine à laquelle elle ne manquera pas de faire concurrence. Une interrogation subsiste cependant : Alex Winston tiendra-t-elle la distance sur la longueur d’un album ?

www.myspace.com/alexwinston

En concert le 16 février au nouveau casino (Paris).

Viva and the diva


C’est à l’occasion de la carte blanche donnée à Sonic Youth lors du festival jazz à la villette, que le projet Viva and the diva voit le jour. Composé de Maxime Delpierre, Sir Alice, Arnaud Roulin et de Mark Kerr, le groupe sort aujourd’hui son tout premier EP éponyme composé de 5 titres. Porté par une voix androgyne, à la limite de l’hystérie (« Maria Magdalena » ; « Pump ») Viva and the diva parsème son rock, tendance noisy, de rythmes hérités de la musique industrielle et de nappes synthétiques entre l’électro et la new wave (« The Story ») faisant à l’occasion un grand saut dans le temps. Pas forcément facile d’accès au premier abord, la musique de Viva and the diva nécessite quelques écoutes avant de se laisser apprivoiser. Un groupe sauvage donc qui se montre sous son jour le plus séduisant lorsqu’il approche la figure tutélaire Sonic Youth (« Across the universe ») ou rend hommage aux Cure (« The Story »).
www.facebook.com/vivaandthediva
www.myspace.com/vivaandthediva
www.lesairsavif.com/vivaandthediva

En concert le 11 février à La Machine (Paris) et le 8 avril aux Lilas (93) au Triton.

As The Stars Falls : « Redux »





Après avoir débuté dans la production hip-hop - sous le nom de médéline, influence dont il ne reste plus beaucoup de traces dans leur musique- au début des années 2000, le mystérieux trio As The Stars Falls se lance aujourd’hui dans un projet musical à la dimension beaucoup plus intime. D’essence instrumentale, les seules voix présentes sont issues de samples, As The Stars Falls oscille entre électro et post-rock. Beats et nappes synthétiques constituent la base musicale du groupe sur laquelle se superpose un piano ou une guitare. Tout est affaire d’ambiance chez As The Stars Falls qui distille aussi bien une angoisse sourde (« This is hell ») qu’une apaisante mélodie contemplative (« Rejected »). Le premier titre « Redux » atteint des sommets de nervosité grâce à une pointe d’électricité apportée par une guitare bienvenue. Titre le plus organique et grande réussite de cette nouvelle livraison de cinq morceaux, « As far as the eye can see » joue sur un registre beaucoup plus délicat au moyen de jolis arpèges de guitare. Un projet musical assez ambitieux dont l’absence de paroles ne peut que lui ouvrir en grand les portes du marché international…


http://www.asthestarsfalls.com/



As The Stars Fall - Redux from AS THE STARS FALL on Vimeo.

vendredi 4 février 2011

Musique Plastique



Exposition transversale, Plastique Musique, met en corrélation arts visuels et musique. Une exposition collective et l’occasion d’admirer le travail de musiciens / plasticiens (ou vice-versa) illustrant cette double pratique, à travers œuvres et installations à la fois sonores et visuels. Parmi la dizaine de participants citons Thurston Moore (Sonic Youth), Philippe Katerine ou Alan Vega (Suicide). L’exposition sera également accompagnée d’une série de concerts, de performances et d’ateliers ainsi que d’une compilation MP3 remplaçant l’habituel catalogue. Enfin pour vos chères petites têtes blondes, deux ateliers « rock et animaux » accueilleront les enfants qui sont invités à réaliser eux-mêmes un single (paroles, musique, chant, pochette…) sur le thème de leur animal favori.

Jusqu’au 2 avril 2011

Galerie du point du jour Agnès b. 44 rue Quincampoix 75004 Paris

www.galeriedujour.com

www.facebook.com/galeriedujour