mardi 30 août 2011

Jukebox The Ghost


Nouvel EP, en attendant leur deuxième album, pour Jukebox The Ghost. Ce trio originaire de Philadelphie possède de sérieux arguments pour faire parler de lui dans le futur. Tout d’abord un sens inné de la composition, du hook, qui va transformer chaque chanson en tube potentiel. Ce savoir-faire à l’ancienne, JTG le mélange à une volonté d’expérimentation qui va les faire sortir des chemins balisés de la pop. Chaque chanson possède ainsi une multitude de recoins que l’on prend plaisir à explorer. Ajoutez à cela des orgues moog un peu kitch, mais dans le bon sens du terme, des guitares explosives et des harmonies vocales dignes des Beach Boys et on obtient un excellent petit EP qui donne particulièrement envie d’écouter la suite…

www.jukeboxtheghost.com

En tournée en première partie de James Blunt en octobre

October 12, Strasbourg, France – Zenith
October 14, Pau, France – Zenith
October 19, Marseille, France – Le Dome
October 20, Grenoble, France – Le Summum
October 21, Clermont-Ferrand, France – Zenith
October 22, Bordeaux, France – Patinoire
October 24, Luxembourg, Luxembourg – Rockhal
October 26, Lille, France – Zenith
October 27, Nantes, France – Zenith
October 28, Paris, France – Zenith
October 29, Dijon, France – Zenith

Neeskens : « Groenlo »


Jeune musicien hollandais exilé en France à Annecy, Neeskens se trouve à la croisée des chemins entre l’Europe et les Amériques puisque c’est au Canada qu’a commencé son apprentissage musical au piano. Des voyages qui sont autant d’expériences de vie que Neeskens met en chansons dans un très bel EP de six titres intitulé « Groenlo ». Du Canada à Annecy Neeskens a gardé un fort attrait pour la nature que l’on retrouve dans cet EP au son naturel et sans artifice. Entre pop et folk, les compositions de Neeskens partent souvent d’arpèges de guitare acoustiques avec quelques arrangements de cordes et des rythmiques contrebasse/batteries assez légères. A la fois mélancolique, dans le chant surtout, (« Lucy », « Falling Down ») et catchy (« Apeldoorn ») le disque rappelle Nick Drake et Elliott Smith. A découvrir.

www.myspace.com/neeskensmusic

www.facebook.com/neeskensmusic

lundi 29 août 2011

Rock en Seine 2011.

The Jim Jones Revue (c) Sylvere.06

Interpol (c) Sylvere.06

Cage The Elephant (c) Nicolas Brunet

The Black Box Revelation (c) Nicolas Brunet

Compte-rendu de quelques concerts choisis de la neuvième édition du festival francilien qui s’est tenu les 26, 27 et 28 août 2011.

Samedi 27 Août

On commence avec le duo (guitare/batterie) belge The Black Box Revelation qui pratique un mélange entre rock-garage et blues rappelant les Black Keys des débuts. D’ordinaire assez explosif sur scène, au point d’entrer en transe électrisant le public, le duo semble peu à l’aise dans l’exercice de figures imposées du festival (set d’une heure, pas de rappel). Un peu perdu sur une scène immense, le groupe a joué de nombreux extraits, avec conviction tout de même, de son troisième album dont la sortie est prévue pour le mois prochain. Il manque peut-être un peu d’intimité avec le public pour faire monter la mayonnaise mais un beau succès malgré tout.

Totalement inconnu de votre serviteur avant le début des festivités et vu sur les conseils avisés de plusieurs connaissances, Cage The Elephant, fait sensation sur la scène de la cascade. Le quintet originaire du Kentucky pratique un punk-rock pas foncièrement original mais ultra efficace et surtout joué avec énergie. Ces jeunes gens jouent comme à domicile et n’ont aucun souci pour faire le show et occuper l’espace. Carré et efficace, le groupe a séduit un public nombreux en dépit de la méconnaissance de leurs chansons. Applaudissements nourris pour la révélation de la journée.

Eux sont par contre connus et appréciés des spécialistes. The Jim Jones Revue a fait couler son déluge de décibels habituel sur la nouvelle scène pression live. Influencés par le rock n’roll des pionniers des années 50, JJR mélange guitares saturées, chant hystérique et piano bastringue hérité de Jerry Lee Lewis. Attaqué sur un mode punk speed, le cocktail est particulièrement renversant. Euphorisant.

Attendus avec circonspection après des prestations récentes qualifiées un peu partout de catastrophiques (je n’en ai personnellement vu aucune mais j’ai eu de très mauvais échos) le quatuor new-yorkais Interpol a visiblement remis de l’ordre dans la maison. Leur set est particulièrement nostalgique, le groupe ne jouant quasi-exclusivement que des compositions de leurs deux premiers albums, considérés à juste titre comme les deux meilleurs du groupe. Même le nouveau bassiste semble être à l’unisson, imitant à la perfection le pourtant inoubliable Carlos D. Le point d’orgue, une version féerique d’Obstacle 1 alors que la nuit tombe et que tourbillonnent les spots de lumières blanches. Seraient-ils redevenus le grand groupe qu’ils n’auraient jamais du cesser d’être ?

Dimanche 28 Août

La grosse affaire du week end. Au chapitre des regrets éternels du rock n’roll, si un groupe fait l’unanimité c’est bien eux, The La’s. Auteur d’un unique album sorti en 1990, devenu depuis un objet de culte (pourtant détesté depuis 20 ans par ses auteurs), le gang originaire de Liverpool revient un peu de nulle part à la surprise générale. Malheureusement plus connus pour des lubies diverses et variées (la console doit porter sur elle la poussière des sixties, le batteur doit jouer debout etc…) que pour la beauté intemporelles de leurs mélodies, le duo Lee Mavers/John Powers était attendu comme le Messie. Depuis deux jours tout le monde ne parlait que de ça. Et leur prestation mi-figue/mi-raisin n’arrangera malheureusement pas grand-chose. Après le concert, on parlait dans les travées du parc de Saint-Cloud de « bide de l’année ». Au cours de la conférence de presse de fin de festival, les organisateurs mettaient en avant le risque inhérent à la programmation d’un groupe en aveugle, personne n’ayant vu les La’s récemment, et qualifiaient leur venue de « loupé ». Le groupe ne méritait certainement pas des jugements aussi sévères. Leur grand tort est d’être venus en duo guitare (Lee Mavers) et basse (John Powers), une configuration un peu légère pour attaquer la scène immense d’un festival. Comme le duo n’est en plus pas particulièrement connu pour être sociable, pas un mot pour le public ni bonjour, ni au-revoir rien, le divorce avec ce dernier semble être consommé assez rapidement. Pourtant la beauté des chansons et des mélodies est belle et bien là et n’a pas pris une ride en vingt ans. Il aura certainement manqué aux La’s une batterie pour dynamiter un peu l’ensemble et une deuxième guitare pour soulager un peu Lee Mavers, pourtant excellent musicien. Et puis surtout des musiciens pour assurer les chœurs, domaine dans lequel Mavers semble le plus esseulé. Enfin dernier problème, le peu de chansons dont disposait le groupe. Car si nombre de compilations et coffrets inondent le marché, les La’s n’ont jamais sorti en tout et pour tout qu’un seul album qui contenait douze titres dans son édition originale. Le duo meuble comme il peut avec un jam session improvisée et inutile entre Lee Mavers à la batterie et John Powers à la basse et des inédits (car si il n’enregistre plus, Lee Mavers n’a, paraît-il jamais cessé de composer) donc inconnus du public qui préfère jouer à la baballe avec un ballon venu d’un stand voisin (c’est amusant cinq minutes mais ça devient vite chiant et insupportable). A titre personnel je suis pourtant heureux de les avoir vu enfin en live, pas vraiment déçu du résultat, et je reste persuadé que le même set joué dans un club à taille humaine (genre la maroquinerie) n’aurait pas rencontré les mêmes critiques. Ce serait d’ailleurs une excellente idée de les faire revenir dans une salle qui leur conviendrait mieux.

A peine la prestation des La’s terminée, par un étrange mouvement de masse, le public se déporte vers la scène de l’industrie voisine pour le concert de Miles Kane, également originaire de Liverpool. Ce dernier défend avec conviction son excellent premier effort en solo, The colour of the trap, dans un style un peu moins soul que sur disque mais plus psychédélique, grâce à l’orgue et aux solos de guitares acides de ce sympathique Miles. Il ne ménage pas ses efforts pour séduire le public, levant les bras au ciel et réclamant des encouragements. C’est sympa, ça fait plaisir à voir.

On termine enfin avec une des grandes révélations de l’année la très belle Anna Calvi. Excellente guitariste, cette dernière rappelle à la fois PJ Harvey et Jeff Buckley. Son jeu de guitare, à la fois intriguant et fantomatique, nous entraîne dans un univers onirique bien aidée en cela par un batteur au jeu tribal et un harmonium baroque. C’est sur cette note étrange à la fois familière et expérimentale que s’est terminée cette édition. Rendez-vous est pris pour les dix ans de Rock en Seine pour la prochaine édition du festival qui se tiendra les 24, 25 et 26 août 2011.

www.rockenseine.com


vendredi 26 août 2011

Flow : Larmes Blanches


Dans une autre vie, Florence Vaillant, aka Flow chanteuse du groupe du même nom, fût reporter photographe et a réalisé des reportages en Israël, en Amérique Latine et à Gaza. Dorénavant passée à la musique, Flow a gardé une approche réaliste de la chanson qui transparaît dans ses textes à fleur de peau, servis de sa voix éraillée, immédiatement reconnaissable. Entourée de son groupe : Stéfane Goldman (Guitares, chœurs), Jean-Louis Cianci (contrebasse, percussions) et Albin Claudin (piano, batterie) Flow nous livre un intrigant album à la croisée de différentes cultures. A l’écoute de ces douze titres, impossible de ne pas penser aux glorieux aînés de la chanson française : Edith Piaf (« Les petites figures »), Jacques Brel (« le sourire d’un môme ») ou Barbara (« Passé »). Mais il ne s’agit que de l’aspect le plus visible de la chose. Reprenant à son compte la démarche des Négresses Vertes, Flow applique un traitement punk à la chanson et même à la valse. La rock est là tapis dans les coins au détour d’une guitare électrique ou d’une intro slidée bluesy (« Le pont ») prêt à surgir et à tout emporter sur son passage le temps d’un « slam média », titre ouvertement métal. Surprenant.

www.myspace.com/lesflow

jeudi 25 août 2011

Stefano di Battista : « Woman’s land »


Stefano di Battista, saxophoniste italien, est unanimement considéré comme un virtuose et l’un des musiciens de jazz les plus influents du continent européen. Son nouveau projet « Woman’s land » est comme son nom l’indique est dédié à la femme, muse éternelle qui fait s’ébahir les yeux et s’enivrer les sens. Chaque plage, car la grande majorité de l’album est instrumental, porte le nom d’une de ses inspiratrices. Certaines sont attendues, « Ella », « Josephine Baker » d’autres beaucoup moins, « Valentina Tereskova » (première femme cosmonaute) ou « Lara Croft » !!!! Chaque morceau développe ainsi l’imaginaire de celle qui l’a inspiré. Pour « Coco Chanel » di Battista imagine un tapis de cuivres soyeux et grandiloquent alors que « Lily Devalier » se rapproche du blues et « Maria Lani » se fait plus funky. Un titre après l’autre, Stefano di Battista creuse ainsi les styles, toujours différents, explore toutes les voies possibles, livrant au final un album varié et homogène, féminin bien sur et délicat comme une caresse.

www.stefanodibattista.eu

www.myspace.com/stefanodibattista

mercredi 24 août 2011

Frankdork

Silent momentanément en sommeil pour une durée indéterminée, c'est finalement Frank qui refait surface en premier sous le pseudonyme de Frankdork (on ne traduira pas pour rester poli). Un premier morceau, intitulé "Life 2.0", de ce nouveau projet solo a été mis en ligne récemment. On y retrouve les constructions alambiquées qui faisaient tout le sel de Silent, pas de doute notre homme est de retour ! Affaire à suivre...


LIFE2.0 by frankdork

Antonionian


Nouvel épisode de la saga des Elektriks records (Pigeon John, Honeycut) avec l’album d’Antonionian, mystérieux projet derrière lequel se cache Jordan Dalrymple, le batteur qui accompagne General Elektriks sur scène et qui pour son projet solo préfère les boîtes à rythmes aux batteries. Du funk/hip hop à l’électro, les disques Elektriks nous auront à peu près tout fait, prenant un malin plaisir à mélanger les genres en brouillant les pistes. Avec Antonionian on découvre une facette plus sombre restée inédite jusqu’alors. Oscillant entre électro plutôt dense (« The Desert », « Pulltrue ») et pop new wave (« The Ride »), c’est surtout à l’Angleterre des années 80 que l’on pense à l’écoute de ce disque, territoire bien éloigné de la Californie où a pourtant été enregistré l’album. Bien qu’ayant tendance à partir un peu dans tous les sens, le funk et le hip hop ne restent jamais bien loin des disques de la collection Elektriks. C’est encore une fois le cas ici, le temps d’un « Into the night » aux sonorités funk 80s. Moins facile d’accès que les autres épisodes de la collection Elektriks (Pigeon John, Honeycut), cet effort réjouira néanmoins les amateurs de musique plus expérimentale.

Pour voir le clip de « Another Mistral » cliquez ici

www.myspace.com/antonionian

www.facebook.com/antonionian

mardi 23 août 2011

Honeycut : « Comedians »


Français exilé à San Francisco, Hervé Salters, aka General Elektriks, se retrouve depuis lors plongé dans la bouillonnante scène musicale de la baie, produisant une série d’albums (Pigeon John, Antononian) formant la collection Elektriks. Avec l’atypique trio Honeycut, composé du bassiste/chanteur Bart Davenport, du batteur Tony Sevener et de notre homme Hervé aux claviers, c’est la facette funky de Salters qui est ici dévoilée. Venus d’horizons divers, c’est l’amour porté à la soul et au funk des années 60/70, qui réunira le trio. Plutôt que de tenter un énième revival, comme nombre de ceux qui encombrent le marché à l’heure actuelle, Honeycut a plutôt décidé de prendre la tangente. L’hommage dans la transgression. Prendre les bonnes vieilles méthodes, composer l’album après des heures jam sessions et passer le résultat à travers le prisme de 30 années de musique populaire. Et cela donne des choses étonnantes. Le groupe part du rythme avant tout. Une base solide, une batterie, une basse, jusqu’à preuve du contraire on n’a encore jamais trouvé mieux. Et qui imprime à l’affaire un groove d’enfer. Groove traversé d’éclairs rock (sans utiliser de guitare), de synthés new wave ou bien encore d’influence venues du hip hop (« The fruit trees ») ou d’un curieux mélange électro/psychédélique (« Climbing »). Et quand le groupe décide de jouer la simplicité cela donne la très belle balade piano/voix « Spiral Staircase ». Et c’est au final un inclassable petit bijou qui vient d’atterrir sur nos platines. Profitons donc d’Honeycut, nul n’étant prophète en son pays, le premier album du groupe, « The day i turned to glass », était resté inédit chez nous pour de sombres histoires liées au business.

www.myspace.com/honeycutmusic

Pour voir le clip de « Protégé » cliquez ici.


lundi 22 août 2011

Chloé Mons : « Walking »


A la fois actrice et musicienne, Chloé Mons sort son quatrième opus intitulé « Walking ». Un disque brut, pratiquant un minimalisme rêche près de l’os. L’album débute sans la moindre fioriture avec « Pray », sorte de complainte où la voix plaintive de Chloé est accompagnée uniquement de percussions. Car ce nouvel effort sera tribal ou ne sera pas. Elle est bien aidée en la circonstance par le batteur Toby Dammit, un ex-musicien d’Iggy Pop et d’April March que l’on a vu récemment aux côtés de Jessie Evans. Pour l’occasion, ce dernier a considérablement apuré son jeu ainsi que son équipement. N’utilisant que très rarement une batterie complète, Dammit se contente d’une grosse caisse et de quelques percussions sommaires retrouvant là quelque chose d’essentiel. Comme une pulsation de vie. La démarche est également expérimentale comme le prouve « Bapalaye » et « Wind » aux sonorités surprenantes. Enregistré en petit comité avec le guitariste/bassiste Yann Pechin, Chloé assurant pour sa part le ukulélé et le piano, le trio ainsi nouvellement constitué nous invite à partager l’intimité des sessions. Sessions, que Chloé éclabousse avec force de toute sa présence, où il est, bien évidemment, question de blues. Un blues sale s’échappant des guitares aux glissés poisseux, « Mr Fantom », « Three days in Banjul » ou le très cinématographique « Hot Stuff » (rien à voir avec le morceaux des Rolling Stones portant le même titre) qui sonne comme la BO d’un film de Wim Wenders. Et c’est ainsi qu’une petite française, nommée Chloé Mons, a redonné au blues ses racines africaines.

www.chloemons.com

www.myspace.com/chloemons

dimanche 21 août 2011

The Stevenson Ranch Davidians : « Life and Death »


Deuxième effort pour ce trio californien spécialisé dans le rock psychédélique vintage (voir mon post du 25 juillet). Comme pour leur disque précédent, on retrouve les nappes planantes et les rythmes lents dont le groupe semblent s’être fait une spécialité. Le trio semble être de plus en plus ancré dans les sixties, les sonorités shoegaze du premier opus ayant disparues. Une guitare lap-steel, des soli de guitares traînant du côté du blues et des arpèges des guitare folk rappellent l’ancrage americana de SRD. La voix éthérée et comme lointaine du chanteur/guitariste Dwayne Seagraves donne l’impression de psalmodier. Le groupe réussit son coup puisque l’album crée une sensation vaporeuse, la musique semble comme dégagée des contingences terrestres, en apesanteur. Les amateurs du genre seront servis, le groupe ayant produit une fois de plus un disque de qualité. Cependant, et il s’agit du seul bémol, le tout donne une impression de déjà entendu par rapport au premier album. Disons qu’il manque encore un peu de personnalité, ou de prise de risque qui sait, pour faire des Stevenson Ranch Davidians un groupe réellement majeur.

www.thestevensonranchdavidians.com

www.myspace.com/stevensonranchdavidians

samedi 20 août 2011

Johnny Hatton’s Gospel Bop


Bien qu’il s’agisse de son tout premier album, Johnny Hatton n’est pourtant pas un inconnu pour les lecteurs fidèles de ce blog. Tout d’abord par ce qu’il est le contrebassiste attitré de la chouchou d’amour préférée de l’auteur de ces lignes, Marie Fleur, et, à ce titre, a participé à l’enregistrement d’un des meilleurs albums écoutés en 2011, Bébé Licorne. Le public français a par ailleurs pu admirer récemment les exploits de Johnny sur la magnifique scène du Grand Rex, au côté de Brian Setzer (le contrebassiste acrobate aux cheveux rouges, c’était lui). Donc résumons, Marie Fleur, Brian Setzer, tout cela sonne furieusement 50s. Bingo ! Sans jamais perdre son, très efficace, sens du swing, Johnny s’amuse et picore là ou bon lui semble. Dans la country (« I Saw the light », « Far side bank of Jordan ») ou dans le rockabilly furieux (« Gospel Bop », « Racing with the devil », ronronnement de moteurs en prime). « The other side of me » sonne comme une ballade digne des Platters et les références récurrentes à Dieu tout au long du disque (« Jesus loves you baby anyway », « You must be born again », « Come to Jesus ») apportent une note gospel à l’ensemble (cf. le titre). Quoi de plus normal puisque il paraît que notre homme Johnny est pasteur (un peu déjanté quand même le pasteur) dans la vraie vie. Adepte des méthodes d’enregistrement old school, pas compliqué quatorze titres = quatorze heures de studio et hop, Johnny livre ici un album brut de décoffrage, pas de fioritures et efficacité garantie. Excellent.

www.johnnyhatton.com

Pour acheter l'album cliquez ici


vendredi 19 août 2011

Holly Throsby : Team



Trois ans après un premier album, « A loud call » au succès critique remarqué, l’australienne Holly Throsby est de retour avec un tout nouvel effort intitulé « Team ». « Team » comme équipe, peut-être le qualificatif idéal pour décrire la paire que forme Holly avec son producteur Tony Dupé qui a travaillé avec elle sur ce nouveau disque. Enfermés dans une église de Nouvelle Galle du Sud, Holly et Ted ont concocté un album serein et apaisé, des sessions sous l’influence de l’endroit. Le disque joue la carte folk, peu d’électricité à peine plus de batterie, mais par contre, beaucoup d’arpèges de guitares acoustiques, des cordes et du piano. Et la voix si particulière d’Holly à la fois profonde mais comme détachée, étrangement diaphane. Les violons et le piano apportent une note à la fois mélancolique mais également un sentiment de légèreté, encore accentué par le songwriting d’Holly délaissant le format pop couplet/refrain pour des compositions plus aventureuses. Les motifs se répètent provoquant une sensation d’hypnose tenant sur quatre notes. Un album très réussi à l’ambiance rêveuse et aux couleurs automnales.

www.hollythrosby.com

Pour voir la vidéo « What i’ve thought of you » cliquez ici.

mardi 16 août 2011

An interview with Winston Mc Anuff (English Edition)

Reggae vet hailing from Jamaïca, Winston McAnuff teamed up with the french band, The Bazbaz Orchestra, to produce « A Bang » one of the most remarkable record this year. A mix between reggae with hints of rock n’roll, blues, gospel, funk and a solid sense of groove to hold the whole thing together, the album is set to become a landmark recording for this legendary artist.

How did you met one another ?

Camille Bazbaz : It’s because of a girl. 6 or 7 years ago i went to see a reggae show with my girlfriend. I’m a reggae addict. Rock n’roll too. Anyway, i went to a little reggae gig at the new morning. Winston was playing. I saw thousand of shows in my life but i thought, this man must be my friend. And my girl disappeared during the night and she told me : « i went backstage to check ». I was very scared to leave a woman with some mad jamaican people. (Winston laughs).

Winston Mc Anuff : I told her to bring her boyfriend. She was looking so sad i told her to bring her boy. So she went looking for Bazbaz.

C : And so i met Winston. Because I had a crush on the show and my girl going missing. And we met, we chatted and we slowly but surely made music together. But we had to understand one another before. We quickly get to the point where we decided that Winston didn’t really need me to play reggae music. He’s jamaican. It was more fun to do something different. We did a first album called « A Drop ». That was our thing in the beginning trying to do something not too stereotyped.

Winston this is your third album made in France. Do you like France and why ?

W. : It just happened that France was always in my life tradition. I met some french people during the eighties. I played in Bordeaux with my reggae band in the eighties. There was an association called Chadobee. We came here and did some shows over the years. I didn’t came back until a long time. And i was staying in England trying to see what could happen there on a musical level. And nothing was happening. So i was baby sitting one day and i was asked if i would come back here to play a show. So France is good for me and my music. And i accept it and working a lot with respect.

Music wise this album has a lot of music styles, rock n’roll, reggae a little bit of funk. You’re more than just a reggae singer ?

W. : Yes i’d say so because we were brought out that way in terms of music played on Jamaican radio stations. Reggae music wasn’t played on the radio big time on the early years because reggae producers didn’t have the money to pay radio stations’s payrolls. So we used to hear a lot of foreign music. All the foreign singers ! Stevie Wonder, Michael Jackson, Aretha Franklin, Patti Labelle, Rod Steward, Neil Diamond and so forth. Edith Piaf also !

C. : It’s one of the strengh of Jamaica !

W : Us Jamaicans were exposed to a wide range of music.

C. : Most of musicians from Jamaica have the same spirit. They are not obssessed by reggae music. Music is music that’s all. It’s not a church.

Camille, you said that Winston was always saying that the sky was the limit, why ?

C. : Sky is the limit. It’s true.

W. : We were working without understanding. There is no force that can stop us from seeing the heights we were seeing. The secret behind achieving a song, producing a certain quality song is we are not faking. We know exactly how to do what we were doing.

Who is Mr White Shirt ?

C. : Nice question ! I love that question (laughs) !

W. : Mr White Shirt could be anyone. It’s not a white man or a black man. He’s just a man who is going out to the way.

C. : He’s the man who thinks that life is just a clean sheet. Life is not clean. Be careful about the people around you when you act. If you go into some places in Africa or even in Paris, like Barbès. Don’t act. Open your eyes and look at the place you’re into. Don’t act provocative, stupid. That’s about money, a bourgeois thing. Don’t take people for fools. For me that’s what that meant but i did not write the song so…

W. : We went to the studio to work. And Bazbaz asked me : « Winston, what are we going to do today ? ». So since i had a blank i was opened to anything. I had nothing in my head. And there was this guy here, Elbaz, he’s Bazbaz assistant and he was wearing a white shirt. And i started to sing : « Hey Mr White Shirt » (laughs). And the song just came, just like that. Pure inspiration, right here, right now.

And what about « Toys are us » ?

W. : I always want to work on songs that are already promoted in the sense that people know about the title. I was thinking about « Toys r us » and i found it ambiguous. It’s a name of a store but it could also mean toys are us. I started working on the song. It’s just like « ABC ». Everybody already know the alphabet whether it’s english or french, it’s common knowledge. Titles likes these are easier for french people to understand.

Angela Davis. She’s a struggling icon. How did she inspired you ?

W. : I wrote the Malcolm X song. And i got the idea to wrote that song about Angela the same day i got the idea about the Malcolm X song. That was in 1974.

C. : Angela and Malcolm X should be a couple.

W. : But i couldn’t go further with that song. I only had the chorus. And then one day, the same guy Elbaz, Mr White Shirt, found a rhythm. Suddenly i started to go more and more into the song. After more than 20 years. That was something that should come from inspiration i shouldn’t have to think about writing. If you start to think then it’s wrong. It just came.

C. : It’s very interesting to hear Winston talking because i feel the same way. I actually lived the same situation. A lot of times. It’s classic about musicians. That’s what make us brothers. Music is the same for everyone : French, Chinese, Jamaicans. There is always this level of honesty. A songwriter will always be a songwriter. This will never change. It was like that 100 years ago and it will be like that 100 years from now. Writing a song is not a work. It’s a flash, a vibration. You’re making music 24/7. When you sleep you’re making music. You never stop being a musician. It’s like that. The funny thing about Winston is i’m listenning him and i feel like i’m listenning myself. It’s disturbing. Music is magic !

« Jacob’s Ladder ». You started as a gospel singer in church. Are you inspired by the Bible ?

W. : Yes i do. I do got a lot of inspiration from the Bible. This Jacob’s Ladder song is a vision i had while i was awake. One morning i was in my younger brother’s house. I wait in a room. And suddenly i saw myself as high as the sky. No lyrics. I made the lyrics from what happened. Like a crystal purse was standing synchronised with my body. So i’m with the stars and the sky standing inside me. I was there. And the voice said to me : « Do you know i can do this ? ». And i got a shock.

C. : You mean you were dead or what ?

W. : No i’m alive. But in a outer body. Separate from myself. I saw one part of me as high as the sky. When i’m talking, my voice isn’t here. Me ears are not here. And the voice said « Do you know i can do this ? » and i got shocks on different parts of my body. And i was like shit, when will i be back home. And i started to scream. And i couldn’t hear myself. I wasn’t inside my body. Suddenly i came back normal. My brother heard me. So he was rushing to the room. What’s going on ? He thought there was some robbers inside the house and i was being attacked. He said that the voice wasn’t a normal voice. And for four hours i didn’t have the strenght in my body to say a word. After four hours i started telling him. And for three or four years i started to tell people about it. I wanted to know if others had the same experience. Nobody understood until one day in Amsterdam. I met a woman i told her about the story that happened. And she said wait a minute, and went pick up a Bible. And she read to me the story about Jacob. She told me i was Jacob. That is how i came to understand the vision. And that’s how my song was born. It’s a life big story. I named my son after this vision.

C. : « Jacob’s ladder » is a great song. We are very proud of this one because it’s really the hard rock one. We love it. We love to surprise people. For me this song was born the first time i went to Jamaica with Winston. We arrived in a place and the first inspiration for a song i had at this moment was this one. Writing a song is like a game, like a jigsaw puzzle sometimes. And it could be a very long one. I’m very happy to hear Winston’s vision about this song.

What’s your best memory after all these years playing music ?

C. : The next show.

W. : My best memory is a show with Bazbaz. We had noni. It’s a fruit from Tahiti. Everything is good in it, the juice, the leaf, it’s like a doctor for everything. It’s very good for your health. And a guy told me i know what is your secret is for playing so well you’re taking mushroom’s juice. And i said no, it’s the noni. He couldn’t believe it.

www.myspace.com/winstonmcanuff

Interview Winston McAnuff (version française)

Winston McAnuff, vétéran jamaïcain du reggae, et ses compères du Bazbaz orchestra ont encore réussi un coup fumant cette année avec l’album « A Bang ». Fusion unique entre reggae, gros rock avec un soupçon de funk, de blues et de gospel, l’album est une réussite totale, bâtissant un pont entre différents styles avec toujours ce fameux groove comme pierre angulaire. Aussi, c’est avec une excitation particulière que l’on a attendu cet entretien, les occasions de rencontrer de tels personnages étant finalement assez rares…

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Camille Bazbaz : C’est à cause d’une fille. Il y a six ou sept ans, je suis allé voir un concert de reggae au New Morning avec ma copine. Je suis accro au reggae, au rock n’roll aussi. Bref, Winston jouait ce soir là. J’ai vu des centaines de concerts dans ma vie mais j’ai pensé ce mec là doit être mon ami. Entre-temps ma copine avait disparu. Elle est revenue en me disant qu’elle était allée voir les backstage. J’étais très inquiet de la laisser avec des jamaïcains fous (Winston rigole).

Winston McAnuff : Elle était toute triste alors je lui ai dis de ramener son copain.

C. : Et j’ai rencontré Winston. Simplement parce que j’avais flashé sur le show et par ce que ma copine avait disparu. On s’est rencontré, on a discuté et on a commencé, lentement mais sûrement à faire de la musique ensemble. Mais d’abord on devait bien se comprendre tous les deux. On a très vite compris que Winston n’avait pas vraiment besoin de moi pour jouer du reggae. Il est jamaïcain, tu comprends ? C’était plus marrant d’essayer quelque chose de différent. On a fait un premier album ensemble intitulé « A Drop ». C’était notre truc au début, d’essayer de faire quelque chose qui ne soit pas trop stéréotypé.

Winston, « A Bang » est ton troisième album fait en France. Est-ce que tu aimes la France et pourquoi ?

W. : Il se trouve que la France a toujours fait partie de mon histoire personnelle. J’ai rencontré des français dans les années 80. J’ai joué à Bordeaux avec mon groupe de reggae dans les années 80. Il y avait une association Chadobee, je crois. Après je ne suis pas revenu pendant longtemps. J’étais en Angleterre, j’essayais de voir si il y avait moyen de faire quelque chose au niveau musical. Mais il ne se passait rien. Un jour je faisais du baby-sitting et on m’a proposé de revenir pour faire un concert. La France est bonne avec moi et ma musique. Je l’accepte et je travaille avec beaucoup de respect.

Musicalement, « A bang » jongle avec différents styles musicaux, reggae, un peu de funk. Tu es bien plus qu’un chanteur de reggae…

W. : On a grandi comme ça, avec les stations de radios. Et il se trouve que l’on passait très peu de reggae les premières années à la radio. Les producteurs n’avaient pas les moyens de se payer des passages radio. On y entendait beaucoup de musique venant de l’étranger. Tous les chanteurs étrangers. Stevie Wonder, Michael Jackson, Aretha Franklin, Patti LaBelle, Rod Stewart, Neil Diamond et tous les autres. Et Edith Piaf aussi !

C. : C’est la force des jamaïcains.

W. : Nous les jamaïcains, on a été exposés à des styles musicaux très variés.

C. : Beaucoup de musiciens en Jamaïque sont dans le même état d’esprit. Ils ne sont pas obsédés par le reggae. La musique c’est la musique. C’est tout. Ce n’est pas comme une église.

Camille tu as dit que pendant l’enregistrement Winston répétait tout le temps « Sky is the limit »…

C. : Par ce que le ciel est la limite. C’est la vérité.

W. : On travaillait sans accord préalable. Il n’y a aucune force qui peut nous empêcher d’atteindre les sommets que nous voulons atteindre. Le secret pour réussir une chanson, produire une chanson de qualité, c’est qu’il ne faut pas faire semblant. On sait exactement ce que l’on fait.

Qui est « Mr White Shirt » ?

C. : Bonne question ! J’adore cette question (rires) !

W. : Mister White Shirt, cela peut-être n’importe qui. Ce n’est ni un Blanc, ni un Noir. C’est juste un homme qui suit son chemin.

C. : C’est un homme qui pense que la vie est une page blanche. La vie n’est pas blanche. Il faut faire attention aux autres. Si tu vas en Afrique ou dans certains coins de Paris, comme Barbès par exemple, ne joue pas. Ouvre les yeux et regarde autour de toi. Ne sois pas provocateur ou stupide. C’est une question d’argent, c’est un truc bourgeois. Ne prends pas les gens pour des idiots. En tout cas pour moi, c’est la signification de « Mr White Shirt », mais comme ce n’est pas moi qui l’ai écrite…

W. : Bon en fait, on est venus au studio pour enregistrer. Bazbaz m’a demandé : « Winston qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? ». Et comme j’avais un blanc, j’étais ouvert à toutes les propositions. Je n’avais aucune idée. Sur ce, il y avait ce mec, Elbaz qui est l’assistant de Bazbaz et qui portait une chemise blanche. Et j’ai commencé à chanter : « Hey Mister White Shirt » (rires). La chanson est venue comme ça. De l’inspiration pure, ici et maintenant.

Et « Toys are us » ?

W. : J’aime bien écrire les textes des chansons en partant de titres connus. La promotion est déjà faite ! Je pensais à « Toys R’Us » et je trouvais ça ambigu. C’est le nom des magasins mais le R pour être l’abréviation de are ce qui signifie que nous sommes des jouets. Donc j’ai commencé à travailler mon texte. C’est comme « ABC » (des Jackson 5, ndlr). En anglais, en français, tout le monde connaît l’alphabet. C’est le même. Ce genre de titres cela aide à la compréhension.

Angela Davis est une icône de la lutte, de la résistance. Comment le personnage t’a-t-il inspiré ?

W. : J’ai commencé par écrire une chanson sur Malcolm X. J’ai eu l’idée de la chanson sur Angela Davis le même jour. C’était en 1974.

C. : Angela Davis et Malcolm X auraient du être en couple !

W. : Mais je n’arrivais pas à terminer la chanson. Je n’avais que le refrain. Et un jour, Elbaz, le même mec, Mr White Shirt, a trouvé le rythme. Soudainement j’étais complètement à fond dans la chanson. Plus de 20 ans après ! Tout cela vient de l’inspiration. Tu ne devrais pas avoir à y réfléchir. C’est mauvais de trop y penser. Cela vient c’est tout.

C. : C’est très intéressant d’écouter Winston, je ressens exactement la même chose. J’ai vécu la même chose, plein de fois. C’est un classique chez les musiciens. C’est ce qui fait de nous des frères. La musique est la même pour tous : Français, Chinois, Jamaïcains. Il y a toujours un niveau d’honnêteté. Un songwriter est un songwriter et cela ne changera jamais. C’était comme cela il y a 100 ans et cela sera la même chose dans 100 ans. Ecrire une chanson, ce n’est pas un travail. C’est un flash, une inspiration. Tu fais de la musique 24 heures sur 24. Même quand tu dors tu fais de la musique. Tu seras toujours musicien, tu n’arrêtes jamais. C’est comme ça. Ce qui est rigolo, c’est qu’en écoutant Winston, j’ai l’impression de m’écouter moi-même. Ca me perturbe ! La musique c’est magique !

« Jacob’s Ladder » (l’échelle de Jacob) ? Winston, tu as commencé la musique en chantant du gospel à l’église. La Bible t’inspire-t-elle ?

W. : Oui, beaucoup. La chanson est venue d’après une vision qui m’est apparue un jour alors que j’étais éveillé. Un matin j’étais dans la maison de mon petit frère. J’étais dans une pièce, j’attendais. Et soudain je me suis vu dans le ciel. Aucune parole. J’ai écrit les paroles en décrivant la situation. Il y avait comme une bourse de cristal qui était synchronisée avec mon corps. J’étais avec les étoiles et le ciel dans mon corps. Et il y a une voix qui me dit : « Est-ce que tu sais que je peux faire ça ? ». Et je reçois une décharge électrique !

C. : Tu veux dire que tu étais mort ?

W. : Non, je n’étais pas mort, j’étais vivant. Mais dans un autre corps. Séparé de moi-même. Quand je parle, ma voix n’est pas là. Mes oreilles ne sont pas là. Et la voix me dit : « Est-ce que tu sais que je peux faire ça ? » et je reçois des décharges électriques dans différents parties de mon corps (Winston se lève et mime la scène). Et je me disais, merde, quand est-ce que je vais rentrer à la maison (rires) ? J’ai crié mais je ne m’entendais pas. Je n’étais pas à l’intérieur de mon corps. Et soudainement tout est redevenu normal. Mon frère m’a entendu et il est revenu en courant dans la pièce en se demandant ce qu’il se passait. Il pensait qu’il y avait des cambrioleurs et que j’avais été agressé ! Il disait avoir entendu une voix qui n’était pas normale. Et pendant quatre heures, je n’ai pas eu la force de prononcer un seul mot. Après quatre heures j’ai pu lui expliquer. Après pendant trois ou quatre ans, j’ai raconté cette histoire, je voulais savoir si d’autres personnes avaient vécu la même expérience. Personne ne comprenait. Et puis un jour j’ai rencontré cette femme à Amsterdam. Je lui ai raconté mon histoire. Elle m’a lu l’histoire de Jacob dans la bible. Elle m’a dit que j’étais Jacob. C’est comme ça que j’ai compris ma vision et que la chanson est née. C’est une des grandes histoires de ma vie. J’ai nommé mon fils d’après cette histoire.

C. : « Jacob’s ladder », c’est une super chanson. On en est très fiers, par ce que c’est vraiment du hard rock. On l’adore, on adore surprendre le public. Pour moi, la chanson est née la première fois que j’ai accompagné Winston en Jamaïque. On étais arrivés sur place et ma première inspiration ça été celle la. Ecrire une chanson c’est comme faire un puzzle. Et le puzzle peut être immense parfois. Je suis très heureux d’entendre la vision de Winston sur cette chanson.

Quel est votre meilleur souvenir après toutes ces années passées dans la musique ?

C. : Le meilleur souvenir, c’est le prochain concert.

W. : Mon meilleur souvenir, c’est un concert avec Bazbaz. On avait du nono. C’est un fruit tahitien. C’est très bon pour la santé, tout est bon, le jus, les feuilles. Et il y a un type qui me dit : je sais quel est votre secret, pourquoi vous jouez aussi bien, vous prenez du jus de champignon. Et je lui dis, non pas du tout, c’est le nono. Il ne voulait pas y croire…

www.myspace.com/winstonmcanuff

Propos recueillis le 10 mai 2011.

samedi 13 août 2011

Interview France de Griessen

(c) Natydred



Artiste pluridisciplinaire, chanteuse, musicienne, aquarelliste, actrice et performeuse, France de Griessen possède une personnalité attachante et un caractère bien trempé qui s’expriment différemment suivant le medium utilisé. C’est aussi quelqu’un de profondément humain, comme le prouve son attachement à la défense des animaux, qui rougit et rigole d’un air gêné entre chaque réponse comme si elle avait peur de trop se révéler. Avec sa candeur habituelle, elle m’avait proposé que l’on fasse l’interview à l’hôtel Le Meurice en me disant : « Le bar est joli ». Joli ? En fait c’est un endroit super classe, à l’ancienne, rempli d’une clientèle aux tempes grisées et costume cravate au milieu de laquelle la punkette couverte de tatouages dénote un peu…



Qu’est-ce que tu aimes le plus l’intimité de la création ou le partage avec le public sur scène ?



France de Griessen : C’est un processus, l’un n’existe pas sans l’autre. Moi j’aime profondément toutes les étapes de la vie d’artiste. Il n’y a qu’une chose que je n’aime pas, c’est tout ce qui concerne l’administration (sourire). Mon grand rêve c’est un jour d’en être dispensée (t’es pas tout seule, ndlr) ! Le processus de création existe tout le temps. Tu te promènes dans la rue, tu vas voir quelque chose, un arbre, tout ça va rejoindre ta poétique personnelle. Il y a une chanson sur l’album (« rue des pierres rouges », ndlr), écrite avec mon ami Vérole (membre du groupe les Cadavres), qui parle du besoin d’avoir du temps. Pour traîner dans la rue par exemple. C’est une façon de parler de la Bohème, qui a toujours été nécessaire aux artistes. On ne peut pas dire, je vais créer de 13h à 14h ! C’est un mode de vie, qui requiert des sacrifices mais qui offrir des choses merveilleuses. Je pense qu’il faut être fait pour cette vie là. Moi c’est la vie que j’ai toujours voulu. Et de plus en plus je peux la faire comme je veux. C’est chouette (rires) ! Après cette phase où l’imaginaire collecte plein de choses, il y a aussi tout ce que l’on vit. C’est très important ça ! Que l’on écrive de manière auto-biographique ou pas, ce que tu vis va forcément t’influencer. Tu vas avoir envie d’en parler. Et après tout ça tu présentes ton travail aux gens. Et moi ça j’adore ! J’adore le contact avec le public ! J’adore faire des concerts, j’adore jouer, même si il n’y a pas de micro. Il faut juste qu’il y ait un bon esprit. Il y a quelque chose dans la musique qui relève de la magie, dans l’alchimie avec les gens… Je ne fais pas non plus les choses n’importe où, n’importe quand et avec n’importe qui. Par contre c’est une de mes priorités dans la vie de partager. J’aime aussi beaucoup le studio par ce que l’on peut échanger, expérimenter des choses de manière différente de la scène. J’aime tout de la vie d’artiste. Tout (rires) !



Tu es une fille assez douce dans la vie et c’est un peu surprenant de t’entendre hurler sur le disque. Que se passe-t-il dans ta tête à ce moment là ? Est-ce que tu adoptes un état d’esprit particulier à chaque chanson suivant qu’elle est « chantée » ou « hurlée » ?



France : C’est vrai que cela surprend souvent les gens par ce que dans la vie j’ai l’air douce. Je pense que j’ai des côtés doux, je suis une fille assez romantique, mais j’ai aussi beaucoup de violence en moi. Je ne suis pas dans une agressivité permanente. Par contre j’ai toujours eu du répondant. Je suis douce et gentille mais il ne faut pas me chercher. C’est plus une gestion de l’énergie je pense qui s’est faite harmonieusement après un temps très intense d’auto destruction (rire gêné). C’était une sorte de tunnel initiatique dans lequel il fallait que je passe…



J’ai un peu peur de te demander des détails…



France : L’auto destruction c’est quelque chose qui touche beaucoup d’artistes. C’est simple et compliqué en même temps. C’est simple dans le sens où il y a une évidence de faire ce pourquoi on est fait. Mais ce n’est pas simple, moi j’ai du me battre avec beaucoup de démons intérieurs. Et je pense qu’on apprend à vivre avec eux, sans vraiment les tuer. Voilà, il y a des moments plus difficiles que d’autres. C’est la vie. Et c’est comme pour la vie d’artiste, moi la vie je prends tout (rires) ! Par essence il y a des choses extrêmement violentes parfois. Il y a plein de parties en moi qui n’ont pas grandies et qui je pense ne sont pas amenées à grandir. C’est vraiment une connexion à l’enfance et à l’instinct. C’est une force créative. C’est important pour moi, d’être dans mon monde à la fois réaliste et magique, mystique. Il y a aussi un lien avec la nature très fort. Je suis connectée à la force et à la fragilité de manière égale. Ces deux choses là on les retrouve qui coexistent en même temps dans mes disques, mes aquarelles, mes spectacles.



Une de tes aquarelles m’a énormément intrigué, celle intitulée « The Artist » avec écrit en dessous « A blessing and a curse ». Une bénédiction et une malédiction.



France : Cette aquarelle c’est l’illustration de mon acceptation de ma dualité. Il y a aussi marqué la tendresse et la violence. J’accepte les deux à l’intérieur de moi. C’est aussi important par rapport à la question des femmes. Malgré tout, pour les femmes, les choses sont plus compliquées que pour les hommes aujourd’hui. Dans le monde du travail, dans la société même dans les milieux artistiques. Un peu moins dans les milieux artistiques, néanmoins, souvent, quand tu vas dans un magasin de musique accompagné d’un ami, souvent le vendeur vient voir le garçon. Alors que tu viens aussi t’acheter des choses pour toi. Ca reste un peu quand même. De moins en moins mais bon. Moi je me trouve chanceuse d’avoir des modèles féminins très positifs. Marianne Faithfull, Courtney Love, je suis ravie de pouvoir m’y référer. Toute cette vague des riot girls. Patti Smith, Nico, Marie Laforêt…



Marie Laforêt ?



France : Complètement. Je trouve qu’elle est très proche de Courtney Love. Pas dans le résultat musical évidement. Mais il y a une façon de jouer sur les temps dans la musique où on peut établir des parallèles. Moi j’ai remarqué que j’aimais les artistes qui ont toujours un petit décalage par rapport au temps. Je trouve ça intéressant. C’est une façon d’être dans la musique et de pouvoir se décoller d’une structure.



Surtout à notre époque ou tout est très cadré…



France : Oui. Moi je n’aime pas du tout. Marie Laforêt il y a une chanson où elle dit un mot avec juste quelques secondes de décalage sur le temps et à chaque fois que je l’écoute ça me fait pleurer. C’est tellement juste par rapport à la musique. La capacité à être en harmonie et faire ce petit pas de côté, ça amène quelque chose de magnifique que l’on peut retrouver dans plein de genres musicaux. Il n’y a pas un grand écart entre Courtney Love et Marie Laforêt (rires).



Est-il nécessaire d’avoir des démons intérieurs à exorciser pour créer d’une manière générale ?



France : Moi je n’ai pas choisi. Je suis née avec et j’ai du faire avec. Souvent les journalistes vont écrire des livres et des articles à sensation, la mort tragique de Kurt Cobain ou la déchéance d’Amy Winehouse (pas encore décédée à l’époque où cette interview a été réalisée) et qui vont présenter les choses sous un angle tragique, le décès prématuré, très jeune, regardez, c’est horrible etc… Moi j’ai toujours pensé différemment étant moi-même artiste. C’est difficile parfois de gérer ses démons intérieurs, sa créativité. Je trouve au contraire magnifique que la création ait permis d’arriver jusque là. Peut-être que si la personne n’avait pas eu cette possibilité elle serait morte bien avant.



C’est la signification de ta phrase « A blessing and a curse » ?



France : Oui, une bénédiction et une malédiction à la fois. Les moments où la malédiction prend le dessus, par ce qu’il y en a, sont très très durs à vivre. Mais à l’inverse les moments de bénédiction sont très intenses aussi. C’est pour ça que l’équilibre est parfois difficile à atteindre. Quand je parle d’équilibre c’est relatif. Tu es sur un fil. C’est ce qui en fait la beauté aussi.



Est-ce que tu peux nous parler un peu de « Perce-neige » ? C’est la chanson qui m’a le plus ému…



France : C’est une histoire qui vient de mon enfance. C’était dans le jardin de ma grand-mère à la campagne. Un grand jardin, un peu sauvage, avec des grands arbres. Et tous les ans en hiver il y avait un seul perce-neige. Un seul petit perce-neige qui sortait près d’une souche. Je trouvais ça vraiment extraordinaire. Cette petite fleur toute belle, toute délicate. Et qui sortait de ce sol glacé d’hiver, dur et gelé. Je trouvais ça d’une poésie et d’une force incroyable. J’en ai eu conscience toute petite, petite. Et puis j’ai eu envie d’écrire dessus. C’est une chanson très anarchiste comme tu peux le voir dans les paroles.



Est-ce que les émotions exprimées dans le dessin sont elles différentes de celles que l’on retrouve dans la musique ?



France : C’est un tout en fait. Je suis par essence pluridisciplinaire. J’ai toujours fait plein de choses en même temps. Mon moyen d’expression principal c’est la musique (à ce moment précis, comme un fait exprès ou une heureuse et magnifique coïncidence un musicien traverse le hall de l’hôtel traînant une contrebasse dans son sillage provoquant chez France et moi un sourire béat, ndlr). Mais les autres (le dessin, le théâtre, les performances artistiques, ndlr) sont aussi très importants pour moi par ce qu’ils me permettent de créer un monde. Et ça c’est vraiment quelque chose que j’ai eu envie de faire. Ca vient de la culture punk, le do it yourself, on fait ses morceaux, ses flyers, ses affiches, ses concerts… Ca vient aussi des artistes qui m’ont marquée qui sont souvent des artistes pluridisciplinaires. Cette démarche me correspond complètement. Malheureusement en France (France est Belge de naissance, ndlr) les artistes pluridisciplinaires sont souvent considéré comme dilettantes. Cela peut parfois être vrai. Je suis persuadée que c’est une vision trop réductrice. Certains vont être plus eux-mêmes et dans leur intégrité en ne faisant qu’une seule chose dans laquelle ils vont se sentir bien. D’autres vont avoir besoin de changement. Et j’en fais partie. Et tout ce que je fais, je le fais avec la plus grande intégrité, avec tout mon cœur et toute mon âme et toute ma passion. Vraiment. Chaque chose, chaque acte que je fais dans ma vie.



Musicalement l’album est très varié du grunge à la country. Souvent les musiciens ont l’esprit bien plus ouvert que les simples fans de musique, focalisés sur un style, et écoutent un peu de tout…



France : Il y a beaucoup de points communs dans les genres musicaux que j’aime. Tu prends le punk et la country par exemple, ce sont deux musiques qui racontent des histoires et qui, souvent, s’inscrivent dans quelque chose de social. Enfin pas toujours. Social ne signifie pas forcément politique ou engagé. Ca peut être des chansons qui racontent l’histoire des gens tout simplement, de la vie des gens. Le punk est engagé par essence. Le punk parle de liberté. C’est pour cela que je l’aime. Dans le grunge il y a quelque chose de poétique et de romantique qui me touche beaucoup. Tout cela est relié à des influences des années 60. Je n’aime pas la connotation actuelle du mot pop mais si tu prends les chansons de Nirvana, c’est quand même des mélodies qui se retiennent énormément. Kurt Cobain était ultra fan des Beatles. La musique c’est comme les racines d’un arbre, tu remontes, tu tires et tu te rends compte qu’il y a beaucoup de liens entre les choses. Et tu as envie d’aller voir ce qu’il y a sous la terre. Pour moi c’est important qu’il y ait une tension. C’est le lien. Pas des musiques uniquement de divertissement. Je respecte aussi, c’est important qu’il y ait des musiques juste pour s’amuser, danser mais ce n’est pas mon propos. Ceci dit c’est bien de pouvoir headbanger, danser, quand on va à un concert. Moi j’aime le côté cathartique de la chose, rentrer dans une forme de transe pour l’artiste comme pour le public. Partager quelque chose d’intense et de fort. C’est bien de pouvoir ressortir d’un concert un peu différent de ce qu’on était avant. C’est ce qui m’intéresse dans la musique, c’est ce que j’ai envie de donner aux gens quand je chante pour eux. Les genres musicaux qui me plaisent ont ça en commun. C’est aussi des musiques de l’instinct. L’instinct c’est quelque chose de très important dans ma création.



Est-ce qu’être artiste c’est aussi gérer un trop plein d’émotions ?



France : Non. Je ne suis pas artiste pour ça. L’art n’est pas une thérapie, la vraie thérapie c’est la vie. Je n’ai pas envie de me plaindre ni de jeter des choses à la tête des autres. Ma cuisine intérieure pour me mettre dans l’état nécessaire à la création, c’est quelque chose d’assez privé. Je ne veux pas donner quelque chose de négatif. Ca peut être noir parfois, complètement. J’adore Marilyn Manson, je suis ultra fan. J’adore ce genre de concert, ce genre de musique. J’adore le côté cathartique qui me permet d’exorciser mes démons. Mais justement ça me le permet parce que ce n’est pas un artiste qui me jette sa merde à la tête. C’est quelqu’un qui a trouvé un moyen pour transformer tout ça en quelque chose que l’on peut vivre tous ensemble l’artiste et le public. Les notions d’échange et de vivre ensemble sont vraiment importantes. On peut avoir à exprimer quelque chose de joyeux ou de sombre mais finalement la générosité de l’artiste, c’est le travail qu’il fait sur lui-même pour transformer les choses afin de les partager. Sur scène on peut vivre des choses extrêmement violentes. Même quelque chose de sombre, pour moi c’est positif. La thérapie c’est bien de la faire chez soi. J’aime voir de l’émotion. Après il ne faut pas être en paix avec soi-même pour faire de la scène. Là tu ne trouverai personne de toute façon. Il ne faut pas balancer des saletés à l’extérieur. On peut balancer sa rage, sa colère, sa violence, c’est d’accord. Mais pas des saletés.



Un grand merci à France pour sa gentillesse et sa disponibilité.



Propos recueillis le 27 juin 2011.



En concert le 22 septembre (Spirit of 66, Verviers, Belgique) et le 14 octobre au Nouveau Casino (Paris).



Album « Electric Ballerina » disponible en digital. Sortie physique le 26 septembre.



http://www.francedegriessen.com/



www.myspace.com/francedegriessen



mercredi 10 août 2011

Tasha Wenger : « Love lane »



C’est un bien bel album que nous a concocté Tasha Wenger, jeune chanteuse de jazz américaine exilée à Berlin. Comme son nom l’indique, « Love Lane » nous conte les vertus de Cupidon et il est fort probable que son auteure soit une grande romantique devant l’éternel. Composé de reprises, pas forcément très connues d’ailleurs, et donc uniquement des chansons d’amour, « Love lane » cultive une ambiance jazzy, plutôt lounge, agrémentée de saveurs latines (les percussions de « Wives and Lovers »), soul (les chœurs Motown de « Walk away from love », la guitare wha-wha de « Whatcha see is whatcha get ») ou teintées d’influences manouches (le violon de « Dream a little dream of Me » et de « Hearts »). « I Think i love you » s’éloigne, elle, du jazz pour se rapprocher de la pop sixties. Le climax est atteint avec « Pillow talk » où les feulements sexy de la chanteuse révèlent un sex appeal irrésistible. « Whatcha see is whatcha get » offre également un numéro vocal gracieux et acrobatique poussant dans les graves et les aigus. Elle est mignonne (Na)Tasha et elle chante même en français, et plutôt bien car elle est loin d’être ridicule, « Ya Ya Cha Cha ». Entourée par des musiciens de haut vol, l’album regorge de soli, de piano, de basse, de percussions entre autres, Tasha installe un climat doux et délicat, en un mot féminin, au possible particulièrement agréable en fin de journée. Un disque du soir à écouter en tête à tête avec sa tendre moitié le front collé à l’autre. Et il est fort probable que tout cela sonne encore mieux à l’automne. C’est bien Tasha, continue comme ça et bientôt c’est le public français dans son ensemble qui te chantera en chœur : « I think i love you » !

www.TashaWenger.com

mardi 9 août 2011

Alexx And The Mooonshiners live !


Nouvel album pour cette attachante formation et déjà une forme de consécration puisque dorénavant signé sur Dixiefrog ce nouvel effort est sorti dans la grande distribution, c’est une première pour le groupe et, grand avantage, il est facile de se procurer le cd. Pour ce nouveau disque, Alexx et ses Mooons ont opté pour un enregistrement live de 8 titres, quatre reprises et trois compositions originales : trois nouvelles chansons et l’hymne fondateur « On est de mooons » que l’on a découvert sur leur album précédent «Things ». Ce nouvel opus me semble marquer une avancée significative pour le groupe dont l’approche est moins rock et plus soulful. Un groupe peut-être moins bruyant mais avec plus de feeling qui les voit même rendre à AC/DC leurs racines blues le temps d’une reprise de « Whole lotta Rosie » particulièrement bien sentie. Certes le groupe est toujours orienté sur les guitares, maniées de mains de maître par Lionel Riss, mais la section rythmique (David Braud à la basse, Aurélie Simenel derrière la batterie) swingue et groove avec légèreté (est-ce par ce que la batterie est tenue par une fille ?) comme sur le rockabilly « Brand New Cadillac » (Vince Taylor) ou sur « Runaway » à l’approche plus jazzy. Le terrain est ainsi parfaitement balisé pour que la chanteuse Alexx Wokenschroll démontre la pleine étendue de ses capacités vocales. Sonnant comme Janis Joplin, Alexx est elle restée très rock, un peu comme une punkette qui s’essaye au blues. Ca marche bien sur les titres enlevés mais cela passe aussi très bien sur les morceaux plus swing car la charmante demoiselle a du coffre. Enfin pour finir, avec 40 minutes au compteur, le disque évite l’écueil de bien des cds, trop longs, frisant l’indigestion et qu’il est impossible d’écouter d’un seul tenant.

www.mooonshiners.com

lundi 8 août 2011

Outer Galaxies : Dennis Coffey reworked


Dennis Coffey, monument de la guitare originaire de Detroit, fut un « funk brother », un membre éminent du backing band de la Motown qui a accompagné de nombreuses stars du label. Aussi à l’aise dans un contexte funk, soul ou rock (c’est par ailleurs un spécialiste de la pédale wha-wha), Dennis Coffey est d’une certaine manière une icône charismatique de la vibe si particulière de Detroit, ville qui est à la fois la capitale du rhythm and blues, la Motown bien sur mais aussi une quantité de labels moins connus, mais aussi du rock radical, les Stooges ou le MC5 pour citer deux des exemples les plus connus. En résumé, un guitariste comme seule Detroit peut les enfanter. Aussi son retour cette année avec un nouvel album solo au casting d’invités particulièrement excitant, Mayer Hawthorne, Lisa Kekaula (Bellrays), Mick Collins (Dirtbombs) ou Rachel Nagy (Detroit Cobras), constitue en soi un petit événement. En marge de cette sortie, est également disponible « Outer Galaxies », un ep de remixes de six titres de l’album agrémenté d’une collaboration inédite entre Dennis et les rappeurs de Magestik Legend. Si l’excellente « Miss Millie » diffère un peu de la version originale, les remixeurs entraînent la guitare de Dennis vers de nouveaux horizons plus techno (une autre spécialité musicale de Detroit) ou hip hop. Les puristes auront sûrement du mal a accepter la démarche, mais force est de constater que si le résultat laisse parfois un peu perplexe, le tout n’est pas désagréable ni dénué d’intérêt (cf. la version de « Space Traveller » par Nick Speed, « Only good for Ectomorph »). Surtout parce que les remixeurs ont traité avec beaucoup de respect les parties de guitare de Dennis, se concentrant surtout sur l’environnement sonore. A écouter, le futur du groove se trouve peut-être là…

Pour télécharger l'EP cliquez ici

Pour voir Dennis Coffey et Mayer Hawthorne live in Detroit cliquez ici

http://www.denniscoffey-thealbum.com/ (Un titre MP3 offert sur ce lien)

www.denniscoffeysite.com


dimanche 7 août 2011

Rokkurro : i annan heim


Petite île rocailleuse de l’Atlantique nord, l’Islande est un bien étrange pays, où la journée la plus courte n’a que quatre heures d’ensoleillement, où dès le printemps on peut faire l’étrange expérience du soleil du soir qui fait perdre tous ses repères et où 70 % de la population est concentrée dans la seule agglomération de Reykjavik. Ce qui fait que la majorité de l’île est désertique, balayée par le vent, sans arbres (ou presque) et inhospitalière comme un champs de lave. Sans parler du froid. Un pays aussi singulier ne peut produire qu’une musique singulière. Une fois sur place, le visiteur éclairé ne pourra que réaliser la richesse de la scène locale qui va bien au-delà de ses stars telles que Björk, Gus gus et autres Sigur Ros. C’est d’un de ces groupes underground que l’on va parler aujourd’hui, Rokkurro. Mené par la chanteuse au filet de voix haut perché du même nom, Rokkurro pratique une musique rêveuse, ou se mélangent le folk, les guitares électriques chargées d’effets, les arrangements de cordes et les nappes synthétiques. Le tout compose un soyeux lit musical d’où s’envole la voix diaphane de Rokkurro. Bien que l’on y décèle à l’occasion quelques restes de pop music, Rokkurro ne pratique pas un songwriting classique couplet/refrain mais met l’accent sur les climats et ambiances et entraîne l’auditeur dans une longue et lente dérive. Ne comprenant pas un traître mot à la chose, puisque Rokkurro chante dans sa langue natale, l’auditeur ne peut que capituler et se laisser aller à la rêverie…

www.rokkurro.com

samedi 6 août 2011

Preview Rock en Seine 2011


Faisons fi un instant des stars Foo Fighters, Interpol, Archive et autres Artic Monkeys qui de toute manière feront un tabac pour se consacrer aux scènes annexes où de belles surprises sont également annoncées. Petite sélection personnelle…

Seasick Steve (vendredi 26 août, scène pression live)

Véritable personnage aux bras couverts de tatouages, Steve a vécu un peu partout et a longtemps été SDF avant de sortir son premier album, la soixantaine déjà entamée. Aujourd’hui Steve joue, sur des guitares de sa fabrication à base de boîtes de cigares, un blues rock rauque et primaire (ce n’est pas une critique mais un compliment) accompagné d’un batteur qui prend toute sa dimension en live.

The Black Box Revelation (Samedi 27, scène de la cascade)

Duo belge batterie/guitare, The Black Box Revelation pratique un blues-rock sale ressemblant au Black Keys des débuts. Impressionnant sur scène, le duo atteint un niveau de transe hallucinant en live électrisant littéralement le public. On garde un souvenir ému de leur passage au Point Ephémère l’an dernier…

Jim Jones Revue (Samedi 27, scène pression live)

Théoriquement, ce combo britannique prétend marier énergie rock n’roll et swing jazzy en mélangeant les guitares et le piano. En théorie seulement, car avec eux c’est souvent la première option qui prend le pas sur la seconde. Sauvage et débridé au-delà du raisonnable ce groupe garage va faire du bruit…

Wu Lyf (Samedi 27, scène pression live)

La hype du moment. Cet énigmatique quatuor (au passage on prononce « Woo Life ») venu de Manchester refuse pratiquement toutes les sollicitations entretenant avec délectation le mystère préférant être écouté plutôt que vu. Quoiqu’il en soit Wu Lyf propose une musique difficilement définissable où prédomine un orgue d’église absolument glaçant et un chant plaintif.

The La’s (Dimanche 28, scène de la cascade)

Rarement un groupe aussi peu prolixe n’a été aussi influent. Originaire de Liverpool, comme qui vous savez, The La’s n’a été l’auteur que d’un seul album sorti en 1990. Une des dix merveilles de l’histoire du rock n’roll, ledit album n’a pas pris une ride en 20 ans. Pierre angulaire du mouvement britpop (à égalité avec le premier effort des Stone Roses sorti en 1989) le disque mélange avec aplomb pop, folk et garage, le tout sous haute influence sixties, réveillant au passage les fantômes des Kinks et des Beatles. Si Oasis, The Verve et Blur ont récolté toute la gloire, la graine a bel et bien été plantée par les La’s. Séparé depuis des années, le groupe réapparaît par surprise alors qu’aucun nouvel album n’est officiellement prévu. Surprise qui pourrait bien être le véritable événement de cette édition.

Miles Kane (Dimanche 28, scène de l’industrie)

Que la vie est mal faîte puisqu’il se produit pratiquement en même temps que les La’s dont il est le digne héritier puisque lui aussi vient de Liverpool. Talent précoce (à peine 25 ans) et touche à tout, Miles est (ou a été) à la fois leader des Rascals et moitié de The Last Shadow Puppet. Excellent songwriter, Miles Kane débarque sur la foi d’un très réussi premier effort en solo mélangeant pop et soul sixties, le tout sous haute influence Paul Weller.

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Ablaye Ndiaye : « Thiossane »


Originaire de Dakar, Ablaye Ndiaye Thiossane est une figure légendaire des arts africains à la fois dramaturge, peintre plasticien et qui, à 70 ans, s’apprête à sortir son premier album. Loin d’être un débutant, Ablaye chante depuis 1952 et a connu la consécration dès 1966, année où sa chanson « Talene Lampre Yi » deviendra son premier tube. En langue vernaculaire, « Thiossane » signifie tout ce que se rapporte à la tradition. Et effectivement, on ne pouvait rêver d’un titre plus approprié pour ce premier effort, empreint de classicisme de la première à la dernière seconde. Majoritairement acoustique, la musique proposée ici n’a pas d’âge, comme si le temps n’avait aucune prise. L’écoute de ce disque est donc un voyage temporel bien sur mais aussi dans l’espace, Ablaye parsemant ses compositions de percussions, à l’influence cubaine fortement marquée mais aussi de saxophones jazzy. Sorte de figure tutélaire de la musique africaine, Ablaye a réuni pas moins de cinq générations différentes de chanteurs sénégalais pour l’accompagner sur cet album. Rassembler les générations et faire fi des frontières, pouvait-on rêver d’un plus beau message pour la musique ?

Sortie le 3 octobre 2011.