lundi 29 août 2011

Rock en Seine 2011.

The Jim Jones Revue (c) Sylvere.06

Interpol (c) Sylvere.06

Cage The Elephant (c) Nicolas Brunet

The Black Box Revelation (c) Nicolas Brunet

Compte-rendu de quelques concerts choisis de la neuvième édition du festival francilien qui s’est tenu les 26, 27 et 28 août 2011.

Samedi 27 Août

On commence avec le duo (guitare/batterie) belge The Black Box Revelation qui pratique un mélange entre rock-garage et blues rappelant les Black Keys des débuts. D’ordinaire assez explosif sur scène, au point d’entrer en transe électrisant le public, le duo semble peu à l’aise dans l’exercice de figures imposées du festival (set d’une heure, pas de rappel). Un peu perdu sur une scène immense, le groupe a joué de nombreux extraits, avec conviction tout de même, de son troisième album dont la sortie est prévue pour le mois prochain. Il manque peut-être un peu d’intimité avec le public pour faire monter la mayonnaise mais un beau succès malgré tout.

Totalement inconnu de votre serviteur avant le début des festivités et vu sur les conseils avisés de plusieurs connaissances, Cage The Elephant, fait sensation sur la scène de la cascade. Le quintet originaire du Kentucky pratique un punk-rock pas foncièrement original mais ultra efficace et surtout joué avec énergie. Ces jeunes gens jouent comme à domicile et n’ont aucun souci pour faire le show et occuper l’espace. Carré et efficace, le groupe a séduit un public nombreux en dépit de la méconnaissance de leurs chansons. Applaudissements nourris pour la révélation de la journée.

Eux sont par contre connus et appréciés des spécialistes. The Jim Jones Revue a fait couler son déluge de décibels habituel sur la nouvelle scène pression live. Influencés par le rock n’roll des pionniers des années 50, JJR mélange guitares saturées, chant hystérique et piano bastringue hérité de Jerry Lee Lewis. Attaqué sur un mode punk speed, le cocktail est particulièrement renversant. Euphorisant.

Attendus avec circonspection après des prestations récentes qualifiées un peu partout de catastrophiques (je n’en ai personnellement vu aucune mais j’ai eu de très mauvais échos) le quatuor new-yorkais Interpol a visiblement remis de l’ordre dans la maison. Leur set est particulièrement nostalgique, le groupe ne jouant quasi-exclusivement que des compositions de leurs deux premiers albums, considérés à juste titre comme les deux meilleurs du groupe. Même le nouveau bassiste semble être à l’unisson, imitant à la perfection le pourtant inoubliable Carlos D. Le point d’orgue, une version féerique d’Obstacle 1 alors que la nuit tombe et que tourbillonnent les spots de lumières blanches. Seraient-ils redevenus le grand groupe qu’ils n’auraient jamais du cesser d’être ?

Dimanche 28 Août

La grosse affaire du week end. Au chapitre des regrets éternels du rock n’roll, si un groupe fait l’unanimité c’est bien eux, The La’s. Auteur d’un unique album sorti en 1990, devenu depuis un objet de culte (pourtant détesté depuis 20 ans par ses auteurs), le gang originaire de Liverpool revient un peu de nulle part à la surprise générale. Malheureusement plus connus pour des lubies diverses et variées (la console doit porter sur elle la poussière des sixties, le batteur doit jouer debout etc…) que pour la beauté intemporelles de leurs mélodies, le duo Lee Mavers/John Powers était attendu comme le Messie. Depuis deux jours tout le monde ne parlait que de ça. Et leur prestation mi-figue/mi-raisin n’arrangera malheureusement pas grand-chose. Après le concert, on parlait dans les travées du parc de Saint-Cloud de « bide de l’année ». Au cours de la conférence de presse de fin de festival, les organisateurs mettaient en avant le risque inhérent à la programmation d’un groupe en aveugle, personne n’ayant vu les La’s récemment, et qualifiaient leur venue de « loupé ». Le groupe ne méritait certainement pas des jugements aussi sévères. Leur grand tort est d’être venus en duo guitare (Lee Mavers) et basse (John Powers), une configuration un peu légère pour attaquer la scène immense d’un festival. Comme le duo n’est en plus pas particulièrement connu pour être sociable, pas un mot pour le public ni bonjour, ni au-revoir rien, le divorce avec ce dernier semble être consommé assez rapidement. Pourtant la beauté des chansons et des mélodies est belle et bien là et n’a pas pris une ride en vingt ans. Il aura certainement manqué aux La’s une batterie pour dynamiter un peu l’ensemble et une deuxième guitare pour soulager un peu Lee Mavers, pourtant excellent musicien. Et puis surtout des musiciens pour assurer les chœurs, domaine dans lequel Mavers semble le plus esseulé. Enfin dernier problème, le peu de chansons dont disposait le groupe. Car si nombre de compilations et coffrets inondent le marché, les La’s n’ont jamais sorti en tout et pour tout qu’un seul album qui contenait douze titres dans son édition originale. Le duo meuble comme il peut avec un jam session improvisée et inutile entre Lee Mavers à la batterie et John Powers à la basse et des inédits (car si il n’enregistre plus, Lee Mavers n’a, paraît-il jamais cessé de composer) donc inconnus du public qui préfère jouer à la baballe avec un ballon venu d’un stand voisin (c’est amusant cinq minutes mais ça devient vite chiant et insupportable). A titre personnel je suis pourtant heureux de les avoir vu enfin en live, pas vraiment déçu du résultat, et je reste persuadé que le même set joué dans un club à taille humaine (genre la maroquinerie) n’aurait pas rencontré les mêmes critiques. Ce serait d’ailleurs une excellente idée de les faire revenir dans une salle qui leur conviendrait mieux.

A peine la prestation des La’s terminée, par un étrange mouvement de masse, le public se déporte vers la scène de l’industrie voisine pour le concert de Miles Kane, également originaire de Liverpool. Ce dernier défend avec conviction son excellent premier effort en solo, The colour of the trap, dans un style un peu moins soul que sur disque mais plus psychédélique, grâce à l’orgue et aux solos de guitares acides de ce sympathique Miles. Il ne ménage pas ses efforts pour séduire le public, levant les bras au ciel et réclamant des encouragements. C’est sympa, ça fait plaisir à voir.

On termine enfin avec une des grandes révélations de l’année la très belle Anna Calvi. Excellente guitariste, cette dernière rappelle à la fois PJ Harvey et Jeff Buckley. Son jeu de guitare, à la fois intriguant et fantomatique, nous entraîne dans un univers onirique bien aidée en cela par un batteur au jeu tribal et un harmonium baroque. C’est sur cette note étrange à la fois familière et expérimentale que s’est terminée cette édition. Rendez-vous est pris pour les dix ans de Rock en Seine pour la prochaine édition du festival qui se tiendra les 24, 25 et 26 août 2011.

www.rockenseine.com


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