lundi 30 janvier 2012

Stuck in the Sound : « Pursuit »




La parenthèse You! refermée (un peu trop rapidement quand même), JRF retrouve ses compères de Stuck in the sound pour leur troisième effort en commun intitulé « Pursuit ». Dix ans déjà que Stuck in the sound a fait son apparition dans le paysage… Si le line up n’a pas changé, le groupe lui a beaucoup progressé pour finalement arriver aujourd’hui à maturité. Ce nouvel opus, les Stuck l’ont conçu de manière à la fois originale et classique. Originale car pour l’occasion, le groupe s’est transformé l’espace de quelques mois en ouvriers en bâtiment le temps de construire son propre studio d’enregistrement à Montreuil. Et classique puisque, faisant fi de tous les concepts possibles et imaginables, Stuck in the sound s’est concentré l’essentiel, les chansons et le son. De fait, le groupe propose un album particulièrement abouti et aux ambiances variées de l’abrasif et étouffant « Brother » qui ouvre le disque à « September » tentative plus pop/dansante sur beat disco en passant par la pop apaisée de « Tender ». La très Pixies « Bandruptcy » les voit emprunter un chemin pour le moins tortueux tout en éruptions et « Criminal » les voit renouer avec un souffle épique. Travaillant chaque morceau individuellement, les Stuck ont réussi un petit exploit : un album qui ne tombe jamais dans la redite sans pour autant sonner décousu. Car si il y a bien une identité Stuck in the sound, cette dernière évolue au fil des morceaux… En résumé la bande des quatre, JRF, Emmanuel, Arno et François sont toujours autant « coincés dans le son », et ce pour le plus grand plaisir de nos oreilles…

Stuck In The Sound - "Bandruptcy" [Official Video] par stuckinthesound
Stuck In The Sound - "Brother" [Official Video] par stuckinthesound
Stuck In The Sound - PURSUIT par stuckinthesound

dimanche 29 janvier 2012

Maissiat




Premier EP en solo pour Maissiat, pas tout à fait une inconnue puisqu’elle fût la chanteuse de Subway, et un univers singulier. Pas tellement évident à décrire d’ailleurs tant Maissiat s’écarte de tout ce qui est à la mode pour emprunter un chemin pour le moins personnel. Dotée d’une écriture raffinée, tant pour ce qui est des paroles et des musiques, Maissiat s’inscrit dans une lignée qui rappelle à la fois la pop orchestrale et la chanson française, on pense parfois à Manset, puisque Maissiat a fait le choix de la langue de Molière. Autre caractéristique de cette musique à part il n’y a ni basse ni guitare mais tout est écrit autour d’un axe claviers/batterie. Beaucoup de claviers donc, du piano pour la note mélancolique mais aussi des nappes synthétiques pour l’ambiance. Et tout un tas de bruitages un peu bizarres apportant une touche baroque contrebalançant une production assez typée 70s. Au fil des écoutes, Maissiat nous entraîne en voyage dans son petit monde imaginaire, peut-être est-ce la plage représentée sur la superbe pochette, voyage dont on ressort un peu abasourdi…
   

samedi 28 janvier 2012

Interview avec Steve Nawara (Beehive Recordings)




Même si son nom ne vous dit à priori rien, il y a de grandes chances que vous connaissiez Steve Nawara, l’ancien bassiste d’Electric 6 à l’époque du premier album du groupe (à l’époque il se faisait appeler Disco). Depuis son départ du groupe, Steve a joué avec Conspiracy of owls et a également monté son propre label, Beehive Recordings, dédié à la musique de sa ville natale, Detroit, dont il nous détaille le fonctionnement ici. Un témoignage intéressant à plus d’un titre car tout vrai fan de rock ou de soul/rhythm and blues se doit de posséder dans sa discothèque des disques de Detroit…

1) Comment as-tu fondé le label Beehive Recordings ?
Steve Nawara : La musique a toujours irradié depuis Detroit. Il n’y a pas un eu un instant en 100 ans ou la musique n’a pas fait partie de notre culture. Il semblerait qu’ici, tout le monde a un instrument ou a fait partie d’un groupe à un moment donné. Et si ce n’est pas le cas, tu peux être certain qu’ici, au moins, les gens ont des collections de disques impeccables. La difficulté ici c’est de garder le rythme. Beaucoup de chansons sont écrites ici quotidiennement. La plupart de la musique n’est jamais enregistrée ou alors passe inaperçue. Le but principal de Beehive, c’est de préserver notre héritage.

2) Peux-tu nous expliquer le fonctionnement du label ?
S.N : Grâce au digital et aux avancées des méthodes d’enregistrement, on peut enregistrer sans facturer l’artiste et on peut également distribuer notre musique gratuitement au public grâce à notre site internet. Nous sommes un label complètement digital, même si on a beaucoup discuté pour trouver un moyen de faire des vinyles. Peu importe le genre ou la popularité on enregistre la musique de Detroit dans toute sa diversité. On donne notre musique gratuitement. Tout le monde peut venir écouter et télécharger ce qui lui plait, il suffit pour cela de s’inscrire, ce qui est également gratuit. Toutefois on accepte les dons (cliquez ici).

3) Le label est-il né de la frustration ?
S.N : Le label est né de l’amour de la musique de Detroit. Quoi qu’il en soit, il n’y a aucun doute sur le fait qu’avant l’industrie musicale permettait de faire de belles découvertes alors que maintenant on en est arrivé à un point où on te force à écouter. Ici aux Etats-Unis, la radio joue probablement moins de 1 % de la musique qui est créée dans le pays. Au lieu d’attendre que l’industrie nous fasse signe, Beehive offre un moyen de faire découvrir ta musique et de développer ta carrière pendant que tu attends (et probablement pour toujours) le « big deal ».

4) Beehive n’enregistre que la musique de Detroit. Penses-tu que nous sommes sur le point d’assister à la renaissance de la musique de Detroit ?
S.N : Je crois sincèrement que Detroit est la capitale musicale du monde. Depuis des décennies Detroit a créée de nombreux genres musicaux la Motown, le Punk (le MC5 a été le premier groupe a avoir été labellisé comme punk rock), la techno, le revival garage… On a donné naissance à quelques-unes des plus grosses superstars de notre époque Stevie Wonder, Diana Ross, Alice Cooper, Bob Seger, Madonna, Eminem, les White Stripes, juste pour en citer quelques-unes. Tous les jours j’ai la chance d’enregistrer de la musique qui m’inspire encore et encore, alors oui je crois que Detroit est sur le point de renaître. Mais ce sera un revival comme le monde n’en n’a jamais connu. Cela ne sera pas comme par le passé ou un style unique était mis en valeur. Ce sera une vague éclectique qui va submerger le monde.

5) Récemment le Beehive Ball (une revue à l’ancienne façon Motown où une dizaine d’artiste du label se sont succédé sur scène, ndlr) s’est tenu à Detroit. Ce genre d’événement est-il important pour le label ?
S.N : Absolument. Le Beehive ball c’est un moyen de réunir nos fans et de faire la fête. Cela nous permet également de réunir des fonds qui sont indispensables à notre cause. La première édition, en Novembre dernier, a été un énorme succès. Maintenant le Ball va devenir une tradition ici à Detroit. Cela est aussi important par ce que nous sommes une entité entièrement digitale, cela emmène Beehive dans le monde réel.

6) Parle-nous un peu du studio du label. Tu n’utilises que du matériel vintage ?
S.N : Un très bon ami à moi, Phil Cooley, un entrepreneur local, nous a offert un espace dans un immeuble qui a été récemment acheté et rénové. Maintenant cet immeuble abrite des cinéastes, des artistes, des danseurs, des menuisiers, une équipe d’escrime et plein d’autres groupes. L’ensemble forme une sorte de coopérative. On m’a montré la chaufferie de gigantesques fourneaux occupaient tout l’espace. Maintenant tout a été vidé, on a repeint et on a rempli la salle avec tout le matériel vintage que je collectionne depuis des années. Le matériel d’enregistrement vintage est la clé de notre son pour compenser la stérilité de l’enregistrement digital. Tout doit passer par un tube avant d’attaquer la console.

7) Comment tu choisis les groupes avec lesquels tu travailles ?
S.N : Evidemment ils doivent être de Detroit. Mais le plus important, c’est comment la musique t’atteint le « boo boo ». La musique développe une émotion qui existe à peine, intellectuellement parlant. Bien que je sois fan de rock progressif, il manque au prog rock il lui manque l’excitation qui te fait sauter et ce dont le monde a besoin maintenant plus que tout. Le réveil de l’esprit humain.

8) Pourquoi la radio a-t-elle mal tournée ?
S.N : Le capitalisme l’a décapitée. Les Américains ont été convaincus que les monopoles gigantesques sont l’expression d’un marché libre alors qu’en fait il ne s’agit que de despotisme économique. C’est pourquoi la musique s’est globalisée. Tous les genres ont fondus dans cette espèce de bouillon gris. Cela devient difficile de faire la différence entre punk, métal et hip hop quand tu écoutes la radio. Le monde doit retourner à ses propres racines, chacun doit retrouve ce qui fait le cœur de sa communauté et offrir au monde ce qu’il a de meilleur. Et seulement après on réécoutera de la bonne musique à la radio.

9) Tu joues également dans Conspiracy of Owls (excellent groupe dont l’album, un petit chef d’œuvre soit dit en passant, est passé inaperçu faute d’une distribution correcte, ndlr). Un deuxième album est-il prévu ? Une tournée en Europe ?
S.N : Malheureusement, Conspiracy of Owls n’existe plus. Je suis désolé de dire que ma collaboration avec le groupe s’est terminée sur une très mauvaise note. Au cours d’une soirée arrosée un membre du groupe m’a cassé la mâchoire. J’ai ensuite été viré du groupe, parce que je ne pouvais plus assurer les concerts à cause justement de ma mâchoire. Après avoir répété pendant un an, je pense que le groupe s’est lassé des chansons alors que l’on commençait à les jouer en public. C’est vraiment décevant, j’aimais vraiment ce groupe et je n’étais pas le seul. On est resté amis malgré tout en on apprécie de passer du temps ensemble. Mais je suis désolé de te l’apprendre mais il n’y aura pas de deuxième album ni de tournée en Europe…
Propos recueillis par email le 25 janvier 2012.

An interview with Steve Nawara (Beehive Recordings)




Steve Nawara didn’t stay inactive very long since he left Electric 6, the band he used to play bass for under the name of Disco. After a stint in Conspiracy of Owls, Steve started to operate his own label, Beehive Recordings, dedicated to the music from his hometown of Detroit. A very interesting chat since any true rock/soul/rhythm and blues fan MUST HAVE records from Detroit in his collection…

1) Can you tell us how you started out The Beehive recording company ?
Steve Nawara : Music has always radiated from the city of Detroit. There hasn't been a time in 100 years where music hasn't been a big part of our culture, it seems that everyone has an instrument or has played in a band at some point in their lives. If not, you can almost guarantee that that person has an impeccable record collection. The difficulty is that it is hard to keep up with all the songs that are being written here on a daily basis, most of the music goes unrecorded or unnoticed, so the main goal of Beehive is to preserve our heritage.

2) Can you explain us how the label works and its purpose ?
SN : Thanks to digital technology and advancements in recording gear, we can record music at no charge to the artist and also distribute our music for free to our audience through our website, we are a purely digital recording company, though there has been a lot of talk about finding ways to release vinyl. So regardless of genre or popularity, we can ensure that we release the diverse & eclectic nature of Detroit music.

3) Is the label born out of frustration ?
SN : Beehive was born from the love of Detroit music. However, there is no doubt that the music industry has gone from a great place to discover music to a place where music is forced upon you. American radio probably only plays about less than 1% of the music created in the States. So instead of waiting around for the industry, Beehive offers a way to have your music heard and develop your career as an artist while you wait (likely forever) for that big deal.

4) Beehive is only recording Detroit music, do you think we're on the edge of an huge Detroit revival ?
SN : It is my belief that Detroit is the music capital of the world. Over the decades we have created multiple genres of music, like Motown, Punk (MC5 were the first band ever to be labeled as punk rock), Techno, The Garage Revival, as well as giving birth to some of the largest superstars of our time, Stevie Wonder, Diana Ross, Alice Cooper, Bob Seger, Madonna, Eminem, The White Stripes, to name a few. Everyday I get to record music that inspires me more & more, so yes, I do believe that Detroit is in the beginning of a new revival but one that the world has never known. It won't be a single genre like in the past, but an eclectic wave that will wash over the world.

5) The Beehive Ball was recently held in Detroit, is this kind of formal event important for the label ?
SN : Absolutely. The Beehive Ball is a way for our fans to get together and celebrate, while raising some much needed funds for our cause. Our first one last November, was a smashing success, so The Ball will now be a Detroit tradition from here on out. It is also important since we are a digital entity; it brings Beehive into the real world.

6) Can you tell us a few words about your new recording studio ? Do you use vintage equipment ?
SN : A good friend of mine, Phil Cooley, a local entrepreneur, offered a space in a recently purchased & renovated building that now houses film makers, carpenters, artists, dancers, a fencing team, and many other groups, creating a co-op of sorts. He showed me the boiler room where there were gigantic furnaces that took up the entirety of the space, but now it has all been cleared out and has been painted a burnt orange and filled with all the vintage gear I've been collecting over the years. Vintage equipment is key to our sound due to the sterility of digital recording. Everything must pass through a tube before it hits the board.

7) How do you pick up bands you work with ?
SN : Obviously, they must be from Detroit but most importantly, its got to get you by the boo boo. Music thrives on emotion and merely exists intellectually. Though I am a fan of prog-rock, it lacks the excitement that makes you want to jump out of your skin, which is what the world needs right now more than anything. The awakening of the human spirit.

8) What went wrong with the radio ?
SN : Capitalism with it's head cut off.  Americans have somehow been convinced that gigantic monopolies are the free market at work, when it is nothing but economic despotism. This is why music has become globalized and every genre kind of melts into this grey slop. It's becoming harder to tell the difference between punk, metal, hip hop, when you listen to the radio. It is time for the world to start 'in-sourcing' and really find what is within our communities and bring out the best  we all have to offer. Only then we will hear good music on the radio again.

9) You're also playing in Conspiracy of Owls. Is there an album #2 in the works ? Do you think you're gonna tour Europe ?
SN : Unfortunately, Conspiracy Of Owls has come to pass. I'm afraid to say that my time in the band ended on a very bad note, dealing with a broken jaw from one of the members during a drunken evening and then being kicked out because I couldn't make the shows afterwards due to my jaw being wired shut. After putting in a years worth of rehearsals, I believe the band quickly became tired of the songs while we started to play them in front of audiences. Such a bummer, I really liked that band, as did many others. We are all still friends and enjoy hanging out, despite the drama that occurred. So I'm sorry to say, there will be no 2nd record or tours in Europe.


Thanks a lot ! Feel free to post some links to the beehive website and to explain how to purchase the music.

SN : We give away our music for free so anyone can come take a listen and download what they like, after becoming a member (which is also free). However, we accept donations which anyone can do here.

vendredi 27 janvier 2012

Yohann Malory : « Entre toi et moi »




Yohann Malory, jeune auteur/compositeur et interprète nous présente son univers avec ce premier EP de 4 titres. Rythmé et enjoué, ce premier maxi se situe entre pop et funk avec un soupçon de groove électro. Bien plus qu’un simple imitateur de la scène anglaise, qui visiblement l’inspire beaucoup, Yohann la fait sienne puisque, lui, fait l’effort de chanter en français. A suivre…

mercredi 25 janvier 2012

Hoboken Division




A peine un an d’existence pour ce tout jeune duo Nancéen qui s’apprête à sortir son premier EP en mars prochain. Hoboken Division c’est la rencontre entre deux univers, d’un côté Marie, chanteuse formée au jazz et à la soul, influence particulièrement sensible sur « Radar On », et de l’autre le multi-instrumentiste Matthieu. Si la guitare semble être l’instrument principal de Matthieu, ce dernier ne s’interdit rien ni d’utiliser des instruments roots (orgue, harmonica), exotiques (sitar, tampura, harmonium) ou bien encore de parsemer les compositions de quelques machines (loops, samples, boîtes à rythmes) bien que l’apport de ces dernières soient assez limitées. Musicalement le groupe s’inspire à la fois des grands groupes garage, produisant un son assez sale et des riffs lourds et poisseux s’inspirant du blues (« Out of Business », la guitare slide de « Happier than you »), mais y ajoute parfois une touche plus moderne influencée par le shoegaze accouchant de titres rock répétitifs et lourds à souhait (« Sugardaddy »). Un premier ep au mariage des genres très réussi.

lundi 23 janvier 2012

Un week-end avec Tapenga…


J’ai passé le week end avec mes nouveaux amis, les niçois du groupe Tapenga, dont j’avais chroniqué le dernier EP par ici. Nous nous sommes d’abord retrouvé samedi soir, le 21 janvier, dans un International plein comme un œuf à la limite étouffant. Arrivé sur scène aux environs de 23 heures, après la très talentueuse chanteuse folk Emilienne Apple et les excellents Anabel’s poppy day, le groupe a commencé son set dans une configuration très électrique. Toutes guitares dehors, le groupe a attaqué son affaire de manière très frontale, plus brute que sur disque et aussi plus classiquement rock. Le quatuor est drivé d’une main de maître par le batteur Nicolas. Son jeu de batterie est carré et puissant sans un coup superflu. A la basse, Alexandre apporte une touche de groove bienvenue. Après une petite demi-heure, une fois les choses posées et alors que Tapenga a son affaire bien en mains, le groupe sort le synthé et entame un délire entre new-wave et groove électro sans jamais lâcher les guitares jouées par Anthony et Sébastien. La musique est marquée par des brusques éruptions électriques et une succession d’accélérations, de ralentissements, de montées et de descentes qui entraînent l’auditeur dans un tourbillon rock. Le public remercie le groupe d’une chaleureuse ovation et nombreux sont les spectateurs à réclamer un rappel. Visiblement Tapenga a fait son petit effet ce samedi soir…

Changement radical d’ambiance le lendemain, le dimanche 22 janvier, pour une session acoustique privée dans un appartement du 19ème arrondissement où ils sont accompagnés cette fois du (très très bon) trio rémois Libelul. L’accent est plus mis sur la mélodie et le groupe développe des trésors d’ingéniosité pour ajuster son répertoire à une configuration acoustique nettement plus légère : guitares folk, une batterie allégée (tome basse, caisse claire, deux cymbales et quelques gadgets), la basse électrifiée et un vieux synthé (comme quoi on ne se refait pas). Les jolies harmonies vocales ressortent également beaucoup plus et mieux quand les amplis sont débranchés. Ambiance cosy et détendue, la session en appartement permet une réelle proximité avec les groupes bien plus que dans une salle de concert classique aussi petite soit-elle. Un grand merci à nos hôtes d’un jour pour l’accueil et pour les petits gâteaux même si les bonnes résolutions d’après fêtes (concernant le régime notamment) se sont envolées d’un coup comme les feuilles dans le vent…
  

mercredi 18 janvier 2012

Liz McComb




Liz McComb fête ses 20 ans de carrière avec la publication d’un luxueux coffret, regroupant l’intégrale de sa discographie soit neuf albums et trois dvds (dont un inédit). Les fans possédant déjà l’intégrale pourront se délecter du titre inédit « Joshua fit the Battle of Jéricho », un gospel traditionnel que Liz s’était toujours refusé d’enregistrer jusqu’ici, qui figure dans trois versions live différentes avec tantôt un solo de guitare ou de violon et parfois une section de cuivres. Autre bonus pour les fans, un dvd inédit « Best of videos » regroupant des extraits de concerts et quelques vidéos clips. On regrettera toutefois le montage un peu haché du dvd et les coupes franches au milieu des chansons…



Malgré tout, le coffret tombe à point nommé pour célébrer le parcours de cette grande Dame de la musique Afro-Américaine, pianiste et chanteuse à « voix » possédant beaucoup de coffre. On retiendra surtout l’éclectisme dont à fait preuve Liz McComb visitant tous les genres du jazz, « The Man Upstairs », au gospel en passant par la soul music et le blues. Le dvd « best of videos » permet de revoir les images de sa collaboration avec le chorégraphe Bill T.Jones au tout début de sa carrière et de réentendre Liz dans une très rare configuration guitare/voix. Autre grands moments revisités dans le dvd, ses concerts avec les orchestres philharmoniques de Lyon et de Nice, ses rapprochements avec le monde du hip-hop ou bien encore ses prestations avec une chorale de 250 choristes. La définition même de la musique pour une artiste qui ne conçoit cette dernière que dans le partage, les images de ses masterclasses sont à ce titre particulièrement éloquentes.    

lundi 16 janvier 2012

Imelda May : « Love Tattoo »


Star majeure dans son Irlande natale, Imelda May débarque enfin en France. Deux passages parisiens, au Grand Rex et à la Cigale nous on convaincu de la prestance scénique de la belle et de l’étendue de son talent. Talent qui trouve maintenant sa concrétisation sur un cd, « Love Tattoo », dorénavant disponible un peu partout. L’album permettra de casser en partie l’image d’héritière rockabilly dont on l’affuble trop facilement. Certes Imelda aime ça et est plutôt douée en la matière. Mais l’image est trop réductrice car Imelda May est également une excellente chanteuse de jazz (« Big Bad handsome man», « Meet you at the moon ») ainsi qu’une songwriter inspirée qui signe de sa plume la totalité du disque (à l’exception du traditionnel « Wild about my lovin’ »). L’accompagnement musical prend sa source dans les années 50, grâce à une rythmique swinguante en diable, et à la rondeur inimitable de la contrebasse. Tout au long de l’album Imelda montre un talent vocal irréprochable, sa voix est à la fois sexy et mélodique, l’intro à capela de « Knock 1 2 3 » vous laissera à genoux, « Wild about my lovin’ ». Et ce n’est pas tout, Imelda possède également un sens du rythme à toute épreuve, écoutez la façon dont elle termine à bout de souffle son tube « Johnny got a boom boom ». Au fil des écoutes l’album devient de plus en plus attachant, nerveux à point quand il faut, mélodique avec parfois une touche d’exotisme. Une grande variété d’ambiances et de climats qui revisitent avec brio le son des années 50. 
www.imeldamay.com 
www.myspace.com/imeldamay1

dimanche 15 janvier 2012

Sofia Gon’s : « Le marché des insolites »




Enfant de la balle, elle est la fille du soul man des sixties Vigon, et belle promesse de la pop soul music à la française, Sofia Gon’s a été emportée par une embolie foudroyante en août dernier à l’age de 25 ans. C’est donc avec émotion que l’on découvre aujourd’hui son véritable premier album intitulé « Le marché des insolites », après une tentative ratée de disque où elle n’était qu’interprète. Grâce à un accompagnement musical de haut vol : cuivres, orgues et rythmiques dignes de la Motown, Sofia évite avec intelligence sur ce premier effort tous les écueils de la variété adolescente qui lui tendent les bras. Le son est ample et rutilant. Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour mettre en valeur la voix puissante et pleine de coffre de Sofia qui ne cesse de nous étonner tout au long de l’écoute. Les textes, en français soulignons-le, intriguent également entre joie et spleen c’est une Sofia parfois un peu désemparée que l’on découvre. Le refrain de « May Day », l’efficace morceau qui ouvre le disque : « Où sont passées mes années, où sont passés mes amis qui m’aidaient à noyer mon désespoir » prend ainsi une tournure tragique vu le destin de son auteur. Avec bonheur, Sofia s’éloigne parfois de ses influences soul pour s’approprier des sonorités pop/rock, « Atlantique », « Millénaire » ou bien encore le sitar de « Le géant de la ville ». L’album donne également l’occasion d’entendre Sofia en duo avec son papa Vigon le temps d’un « Good Times » au titre prophétique. Un album très réussi et plein de promesses qui hélas ne connaîtront jamais de suite. Triste. 

Sofia Gon's - Marché des insolites par TEST-WAGRAM

samedi 14 janvier 2012

Michael Kiwanuka : « Home Again »



Attention talent ! D’origine britannique, Michael Kiwanuka est peut-être bien la révélation la plus excitante de 2012. Car c’est bien de l’excitation que l’on ressent à l’écoute de ce single de trois titres en attendant son premier album prévu pour le 26 mars 2012. Sa voix tout d’abord est magnifique, chaude et pleine de nuances. Songwriter prolifique, Kiwanuka a trouvé en Paul Butler (membre de The Bees) le producteur idoine. Celui capable de faire ressortir toute la richesse de Kiwanuka, chanteur pétri de soul music, fan de Bob Dylan, comme de Nirvana mais également guitariste ayant passé par différents groupes de rock. Ce premier EP prend sa source dans les sixties, passe de la soul au folk et s’enivre au passage de rythmes free jazz… Trois titres seulement mais que de promesses… Pourvues qu’elles soient tenues sur la distance d’un LP…

Christine and The Queens : « Mac Abbey »



Cliquez sur l'image pour voir le clip de "Narcissus is back"

Une voix et des programmations. Le parti pris par Christine (qui en dépit du patronyme du groupe, défend ce nouveau projet seule) ne manquera pas de heurter certaines oreilles puristes. Et pourtant « Mac Abbey », le deuxième EP de Christine and The Queens, dégage un univers vénéneux, une certaine mélancolie et une évidence mélodique sans pareille. Et au final beaucoup de charme. Bien sur l’écoute de ces cinq titres, dont un en français « Amazionaque », nous ramènent évidemment aux années 80 à la pop / new wave. La recette est simple : électro minimale oppressante et voix diaphane ce qui entraîne l’auditeur dans un tourbillon répétitif et entêtant (« Cripple »). Christine tire des synthés et autres boîtes à rythmes une chose totalement inattendue : de l’âme… Cinq titres qui n’auraient pas dépareillés sur la bande originale de « Drive ». 

mercredi 11 janvier 2012

Tahin



Coup de projecteur aujourd’hui sur la jeune scène française avec le quatuor Tahin originaire de Rennes. Un premier titre « I’m your savior today » a été dévoilé sur la toile. Même si il est encore beaucoup trop tôt pour arriver à des conclusions, « I’m a savior today » laisse apparaître un potentiel évident entre électro et pop avec un sens certain de la mélodie. A surveiller…

En écoute ici :

lundi 9 janvier 2012

Maxi Monster Music Show


Grand délire en perspective le 6 février prochain au Palace avec ce spectacle dans la lignée du "Rocky Horror Picture Show".

dimanche 8 janvier 2012

Interview The Barettes (version française)




C’est depuis Paris où elles ont élu domicile que Johannah Cantwell Kisilak (la blonde) et Laura Woody (la brune), alias The Barettes, orchestrent un revival frais et sexy qui depuis ne cesse de se répandre en ville. Depuis cette interview, on a appris que le duo a trouvé le financement lui permettant de finir l’enregistrement de son premier album (qui contiendra un titre en français) dont la sortie est prévue pour cette année. C’est au lendemain d’un concert un peu difficile que l’on s’est vus, l’occasion d’évoquer les difficultés de la vie d’artiste, leur rapport aux Etats-Unis et le mal du pays… Rencontre avec Lo et Jo !

 

D’où venez vous et quand êtes-vous arrivées en France ?
Johannah Cantwell Kisilac : Je viens de New York et je suis ici depuis 8 ans, peut-être plus, je ne sais plus trop. Ca fait longtemps…
Laura Woody : Je suis d’Indianapolis et cela fait un peu plus de six ans pour moi.

Quand vous viviez aux Etats-Unis, connaissiez-vous la scène française où la chanson française en général ?
LW : Pas vraiment en fait. Je connaissais Nouvelle Vague…
JC : Je ne pense pas qu’ils soient français…
LW : Well, elle n’est pas anglaise…
JC : Le seul que je connaissais c’était St Germain.
LW : On ne connaît que l’électro pop.
JC : C’est la scène électro qui a le plus d’influence aux Etats-Unis…

Probablement par ce qu’il n’y a pas de paroles…
JC : Oui mais il y a d’autres influences Edith Piaf, Brassens, Jacques Brel, mais tout cela ne faisait pas partie de notre quotidien. C’est en arrivant ici que l’on a appris à apprécier.

Pourquoi avoir choisi la France ?
LW : Je suis venu étudier le théâtre à l’école Jacques Lecoq. J’ai déménagé pour les études et après je suis resté pour les Barettes.
JC : J’ai déménagé par amour. L’idée est très belle, mais cela n’a pas fonctionné. A l’époque j’étais chanteuse d’opéra, j’étudiais l’opéra et le cabaret. Mon petit ami de l’époque, également chanteur d’opéra, était français. C’est pour ça que l’on a déménagé en France. On avait un appartement gratuit, celui de sa famille. Je travaillais quelque chose comme 80 heures par semaines dans l’édition à New York City. J’en avais marre. Pourquoi ne pas déménager en France et poursuivre nos rêves d’artistes ? Un an plus tard on s’est séparés. Mais je suis restée par ce qu’entre-temps je suis tombé en amour avec Paris.
LW : J’ai décidé de rester par ce que je n’arrêtais pas de prendre du poids à Los Angeles.

Vous ne vous connaissiez pas aux Etats-Unis et vous avez commencé le groupe ici ?
The Barettes (en chœur) : Ouais !


Décrivez-moi un peu votre son ?
LW : C’est très poppy. On a ajouté beaucoup de claviers, c’est beaucoup plus soul maintenant.
JC : C’est très difficile pour moi de dire que l’on fait de la soul. Il y a de la Motown bien sur mais aussi cette dynamique des girls group de la fin des années 50 et des années 60. Dans le fond on est un girl group pop.
LW : On a commencé comme un duo folk, juste nos voix, deux guitares et des harmonies vocales. On était plus proche de Crosby, Stills & Nash que de Simon and Garfunkel. Mais en France, les chanteurs folk doivent avoir une voix un peu cassée. Et cela ne fonctionnait ni pour nous ni pour les labels. Nos voix étaient presque trop propres. Notre nouveau son convient beaucoup mieux à notre façon de chanter.
JC : Oui parce que nous, on chante vraiment…

Oui, je sais…
JC (rires) : C’est rigolo parce qu’ici en France, dans le folk tout est accès sur les mots, le texte et c’est toujours à moitié parlé. Les chansons que Gainsbourg a écrites pour sa femme par exemple. Ce n’était pas une vraie chanteuse et tout était toujours à moitié récité. Et puis après il y a eu Carla Bruni…
LW (rires) : A chaque fois tu parles de Carla Bruni…
JC : Oui je sais, ce sont mes références en matière de chanteuses françaises. Enfin bref, elles ne chantent pas vraiment, c’est toujours à moitié parlé et ça ce n’est pas du tout nous ! Laura et moi on vient du théâtre musical et on aime CHANTER (rires) !!!!!

Diriez-vous que votre groupe est nostalgique ?
JC : On peut le considérer comme ça…
LW : Oui je crois mais pense que c’est surtout l’influence de la musique que l’on écoute et qui nous inspire. Les choses vont évoluer dans nos prochains enregistrements je pense. On va essayer de casser un peu la nostalgie.
JC : L’idée c’est toujours d’essayer de transformer tout ça en un son neuf. On essaye de prendre ce que l’on considère comme des influences majeures, ce qui est pour beaucoup le son des années 60. Ces sons sont les plus adaptés à notre façon de chanter. A l’époque ils chantaient à pleine voix en essayant d’être artistiques et de créer leur style propre. La musique était simple, facile, basique. L’idée c’est de placer cet élément dans un contexte moderne. On essaye de moderniser le son au lieu de faire une copie à l’identique. On ne veut pas reproduire les sixties encore et toujours. On va travailler ça de plus en plus à l’avenir.

Pourquoi les années 60 sont-elles aussi importantes pour les Barettes ? Est-ce que vous croyez que c’était mieux à l’époque ?
L.W : Non, certainement pas !
J.C : Si on parle de l’époque, je crois que j’aurai bien aimé vivre pendant cette décennie.
L.W : J’aurai été très frustrée dans l’Indiana des années 60… Je pense que c’est durant cette décennie que l’underground est devenu mainstream. C’est aussi le croisement de tout un tas de choses au niveau politique entre autres…
J.C : C’est ce que j’aime dans les sixties, c’était une sacrée époque. C’était révolutionnaire ! Après pendant les années 70, tout a explosé… Et puis le mouvement féministe a commencé à ce moment là…
L.W : Tout semblait possible. Et on pouvait vraiment voir les changements arriver…

Au moins à l’époque, on pensait que tout était possible…
L.W : Oui tout a fait. Maintenant, on voit les conséquences plus rapidement.
J.C : C’était une époque joyeuse ! Et la musique est très éloquente. Je pense que l’on a beaucoup évolué musicalement, Dieu merci. Les titres des années 50, 60 se ressemblent tous un peu. Honnêtement, la musique n’était pas très complexe. Quoi qu’il en soit, moi ce qui me plaît vraiment, c’est le côté positif de la musique de ces années là. Tu prends l’histoire d’un couple qui se sépare par exemple, tu écris sur ce sujet aujourd’hui et la chanson va être vraiment douloureuse et tu vas le sentir. A l’époque le style était plus… (Elle chante) I broke up with my baby, everything is ok… (Rires). Tu écoutes cette musique et tu te sens bien. C’est fun ! Quelle thérapie pour l’âme ! Et où sont passées toutes ces vibrations aujourd’hui ? Pourquoi il n’y a plus de musique comme ça aujourd’hui ??

Nirvana nous a tous entraînés dans sa chute…
L.W : Yep !
J.C : Et on a besoin d’y retourner ! C’est évident ! Les temps sont durs, tu sais. C’est très dur, un peu partout dans le monde. On a besoin d’une thérapie musicale !!!
L.W : C’est très sage ce que tu dis Jo…



Vous étiez sur scène hier soir, comment vous sentez-vous le lendemain ?
J.C : Ca, c’est personnel…
L.W : Vraiment, ça dépend du concert (rires) ! Il y a des jours où on est Wahoo !!!! Et il y a des jours où tu te dis que c’est un business vraiment dur…
J.C : Personnellement, je suis toujours très déprimée le lendemain…
L.W : Ah bon ??
J.C : Oui. Je pense que c’est chimique. Tu es sur scène pendant une heure ou deux, la poussée d’adrénaline est très forte. L’excitation, tout ça fait qu’il très dur de dormir après…
L.W : Ca c’est vrai.
J.C : Tu rentres chez toi et tu tournes dans tous les sens t’arrêtes pas de réfléchir, tu te poses tout un tas de questions : qu’est-ce qu’on peut faire différemment ? Quelle est la meilleure chanson ? Comment peut-on travailler cet aspect là ??? Mon Dieu, j’ai hâte d’être au prochain concert, blah blah blah… Et le lendemain tu te lèves avec l’impression d’avoir été renversé par un camion. Je pense que c’est par ce que tu donnes tellement d’énergie sur scène… Vraiment, je pense que c’est plus chimique qu’autre chose. Et puis il y a des moment, comme hier soir où tu te dis : « C’est bon, j’arrête… »
L.W : Pourquoi est-ce que je fais ça ?
J.C : Oui pourquoi est-ce que je fais tout ça ? Très peu de gens sont venus nous voir chanter hier soir. Certainement parce qu’on a fait le bus palladium il y a quelque jours. Et puis c’était un mardi soir ce qui n’est certainement pas le meilleur soir de la semaine.
L.W : C’est dur Paris tu sais. Tu est invité partout par tellement de gens. Et Facebook ne fait qu’empirer les choses. Facebook les améliore aussi sur d’autres aspects. Mais bon tous les soirs il y a genre 25 concerts…

Vous aimez la scène ?
L.W : J’adore ! C’est vraiment pour ça que j’ai commencé la musique. J’ai étudié le théâtre à l’université et après l’université quand je vivais à L.A, je pensais : « Ok, je peut être sur scène par moi-même, je n’ai pas à attendre que quelqu’un me donne l’opportunité d’être sur scène et de jouer pour le public ». Etre sur scène, c’est vraiment la raison pour laquelle j’ai commencé la guitare, les chansons et tout…
J.C : Yeah, j’adore être sur scène. C’est une sensation qui est toujours sympa. Mais je pense que chez moi, le besoin d’être sur scène est moins fort que pour Laura. J’adore partager. Ce qui me plait vraiment c’est de créer la musique. J’aime vraiment ça, créer et après avoir la possibilité de s’exprimer et partager ensuite avec le public. C’est génial.

Laura, tu fais aussi des comédies musicales ?
L.W : Ouais ! J’étais dans « La mauvaise voie ». C’était une nouvelle comédie musicale et ça je pense que c’est très important. Il faut développer le théâtre musical en France où on fait toujours un peu la même chose. Toujours les mêmes productions que l’on recommence encore et encore… Celle là était toute nouvelle et française, sur un sujet très français. Je jouais la méchante. C’était beaucoup de travail et beaucoup de texte à apprendre, mais je pense que c’est important d’apporter de l’énergie fraîche à cette culture. Le public le demande…

Les Barettes, c’est un groupe qui a du style, non ? Les robes, le maquillage…
J.C : Bonne question !
L.W : Complètement !

Ca fait très fille, très féminin…
J.C : Il y a effectivement ce charme très féminin. Mais on est plus qu’un groupe. Je pense que dans le futur, on voudrait développer une gamme de vêtements, faire nos propres designs. On voudrait collaborer avec un designer. On y pense très sérieusement.
L.W : Jennyfer, si tu nous écoutes, je sais que tu as mon email, réponds-moi !!!!! (rires).
J.C : Il y a un marché pour ça. Enorme. Maintenant la mode est revenue aux années soixante, ce qui est étrange par ce que nous on fait ça depuis des années. Les gens admirent les musiciens, comme des modèles. C’est un bonus supplémentaire d’avoir un style « mignon ».
L.W : Moi je m’habille comme ça depuis le lycée. Mes robes que je porte pour les concerts et les photos, je ne peux plus les porter pendant la journée, elles sont devenues mes costumes de scène.
J.C : Ce n’est pas très difficile d’intégrer ce style aux vêtements de tous les jours. On peut l’adapter, ce ne serait pas seulement des costumes pour faire la fête.
L.W : C’est original, maintenant on veut des modèles uniques. Je pense que c’est en réaction à la culture et à la mode jetable.

Vous allez faire des modèles pour homme ?
J.C : Des cravates peut-être…
L.W : Des chemises. On peut faire des chaussures aussi, je ne sais pas. Des sacs…

Vous travaillez à un album ?
L.W : Oui, il nous reste encore trois chansons à enregistrer.
J.C : Ah le fameux album ! Honnêtement on est à la croisée des chemins. On a un EP de cinq chansons que l’on voulait sortir en premier. Mais on a de nouvelles chansons que l’on est en train d’enregistrer. Alors pourquoi faire un EP quand on a de nouvelles chansons ? On va peut être simplement sortir un album complet. On a signé un contrat d’édition. L’idée c’était de sortir l’EP pour séduire un label qui serait intéressé par un album des Barettes et qui paierait la distribution et l’enregistrement. On voudrait faire ça en grand ! Qui pourrait mettre beaucoup d’argent et faire un album génial ? On a beaucoup de bons retours. On est dans une période d’attente. On attend qu’un label se manifeste et nous dise : « hey on veut faire votre album en premier » !
L.W : Parce que ça arrive !
J.C : Bien sur que ça arrive, mais c’est très long ! On attend, on attend… Une année s’est écoulée et on n’a toujours pas pris de décision. Je pense que l’on va terminer notre disque et le sortir nous-même.
L.W : On va le sortir en vinyle ! Et après on fait la fête !


En parlant de l’EP (chronique ici), j’ai été très impressionné par la production de ce dernier et la richesse des arrangements alors qu’il s’agissait d’une production indépendante…
L.W : Pierre-Alain, qui est notre clavier depuis longtemps, a travaillé avec beaucoup de claviers vintage pour obtenir tous ces sons.
J.C : On avait une pièce qui était pleine de claviers, Rhodes, Farfisa, orgues…
L.W : C’était cool.
J.C : C’était TRES cool. On est rentrées dans cette pièce et c’était WOW !!!! Il y avait tout un tas de sons différents… Nous on veut un son super produit. Et c’est rigolo par ce que quand Laura et moi on chante toutes les deux, c’est très différent. Juste deux voix et deux guitares. On n’est vraiment pas le même groupe quand tous les musiciens sont là. Il y a tellement de détails, juste pour la chanson « Burn » nous a pris cinq heures.
L.W : On était en cercle et on tapait dans les mains en criant !
J.C : On cherchait le son… On a eu beaucoup de chance de travailler avec deux personnes pour nous conseiller et nous donner une direction artistique.
L.W : Il faut aussi dire que l’on a deux mixes différents, le mono et le stéréo. On a les deux versions et c’est devenu très rare de nos jours…
J.C : On a travaillé avec des professionnels sur cet enregistrement. C’est pour ça que cela sonne aussi bien.
L.W : Tu n’aurais pas été impressionné si on l’avait fait dans notre salon. On est restées cinq jours en studio à temps plein. Un vrai studio. C’est ça la vie ! Tu te lèves le matin et tu vas enregistrer.
J.C : C’était vraiment fun !

Est-ce qu’il vous arrive d’être nostalgique des Etats-Unis ? Pensez-vous que vous pourriez retourner vivre là-bas ?
J.C : Les Etats-Unis me manquent… Notre musique aurait beaucoup de succès là-bas. Un succès énorme, ça me parait évident. Bien sur parce qu’on chante en anglais. Mais les Etats-Unis me manquent à tellement de niveaux. Pas seulement pour la musique. Mon pays me manque. Ils ont besoin de moi, ils souffrent…
L.W : Mon pays ne manque pas, ils souffrent parce qu’ils se sont comportés misérablement. Par contre ce qui me manque c’est ma famille et mes amis. J’adore la France et je pense faire ma vie ici. Mais j’adorerai partir en tournée aux Etats-Unis.
J.C : Ca serait génial en effet…

Les Barettes n’ont jamais joué aux Etats-Unis ?
J.C : Non, c’est dingue hein ??? Mais cela serait une expédition énorme pour ramener tout le monde là-bas… Il faudrait payer les vols et tout… Tout est une question d’argent de toute façon. Tout se résume à l’argent. C’est pour cela que l’on a décidé de mettre en place un kickstarter. En gros c’est un site internet et le public fait des donations. Tu peux donner 5 euros, 10 euros peu importe. On a 803 fans sur Facebook. Si chacun donne 5 ou 10 euros, c’est bon tu as assez d’argent pour faire un super disque.
L.W : Ou pour partir en tournée aux Etats-Unis avec le groupe complet.
J.C : On recherche des fonds. Si tu veux vraiment avancer, partir en tournée et faire bouger les choses, il faut de l’argent. Malheureusement ce n’est plus comme il y a 20 ou 30 ans, les labels venaient et te filait un paquet de fric. Même si on signe avec Sony demain, on ne toucherait pas grand-chose. On aurait de la promotion mais ils ne nous fileraient pas 100.000 euros juste pour signer. Cette époque est révolue, cela ne fonctionne plus comme ça maintenant. Les groupes maintenant doivent se démerder tout seuls. Vraiment, nous on fait ça par amour pour la musique et la scène. Ca ne nous rapporte pas grand-chose, ça c’est certain.

Une dernière question, comment est-ce que vous-vous débrouillez avec toute la paperasse administrative en France ??
J.C : Si tu veux parler de tout les papiers qu’ils faut remplir dans ce pays très écologique, je ne préfère pas en parler sinon je vais être déprimée pour au moins le reste de la journée voire de la semaine (rires)… C’est fascinant ! Je ne me lasse jamais de m’en plaindre, vraiment. C’est  simplement épuisant à la longue. J’ai l’impression que tout est compliqué ici. En fait c’est une véritable transition. Quand tu viens juste d’arriver c’est : « Oh my God, je suis à Paris, je n’arrive pas à y croire, j’adore, j’adore l’architecture, la beauté de la ville et des monuments. Et ça continue pendant un temps. Tu adores et tu ne t’en lasses pas. Et puis lentement mais sûrement la nouveauté s’efface et puis il y a des hauts et des bas. Et c’est fatiguant. Tu es confronté à la question : Voilà, ça fait sept, huit ans que je suis là et j’en suis toujours au même point. C’est très dur d’avancer. C’est seulement une impression personnelle mais je sais que beaucoup de gens, et pas seulement des Américains des Français aussi, partagent mon point de vue. C’est très difficile d’avancer dans ce pays…

Oui c’est vrai, c’est dur d’accomplir quelque chose ici…
J.C : Il faut constamment se battre. Je ne sais si c’est un système ou une culture. Ne serait-ce que garder sa place est dur. Et c’est horrible de trouver des solutions. Tu n’as jamais l’impression d’avancer, d’accomplir quelque chose. Et c’est très important pour notre bien-être de savoir que tu as le pouvoir de faire des choses et d’avancer. Tu prends la SACEM par exemple. J’ai envoyé mes papiers et ça m’a pris des mois pour avoir une réponse. Et la seule réponse que j’ai eu c’est qu’il me manquait une photo d’identité…
L.W : En fait il faut juste s’assurer que tu fais tout bien du premier coup.
J.C : C’est pas seulement ça Laura, je pourrais faire toute une liste, tout ces papiers holy crap !!! (rires). Bon c’est la même chose partout où tu vas, mais c’est définitivement plus dur ici en France ça c’est sur !!!
Propos recueillis le 28 septembre 2011.
En concert le 13 février au Bizz’art (Paris).
Un grand merci à Laura et Johannah pour leur gentillesse et leur disponibilité.

lundi 2 janvier 2012

My Head is Jukebox à 5 ans !

Il y a cinq ans débutait cette folle aventure, de manière un peu triste, en rendant hommage au trop tôt disparu Billy Preston... Des dizaines de rencontres, de nouvelles amitiés et de belles découvertes ont jalonnées ces cinq années. On continue encore un peu ??? Joyeux anniversaire !