mardi 29 mai 2012

Melissa Aldana + Naomi Shelton, Fat Cat, NYC, 18 Mai 2012.


Melissa Aldana


Melissa Aldana

Situé en sous-sol dans le très sympathique quartier de Greenwich Village, le Fat Cat est avant tout une salle de jeux à l’ancienne, comprendre qu’on n’y trouve pas des jeux vidéos mais des billards, des baby foot, des échiquiers et des tables de ping-pong ainsi qu’un bar. Un petit coin avec fauteuils est aménagé pour les mélomanes venus écouter de la musique puisque l’endroit fait, un peu à défaut il faut dire, également office de jazz club. Au Fat Cat, les concerts se font à la bonne franquette et c’est tambours ni trompettes que les artistes débutent leurs sets. Il n’y a même pas de scène à proprement parler, la batterie et les micros sont installés à même le lino (pas exactement le revêtement idéal pour la musique) et les musiciens débarquent en jeans sans aucune annonce préalable. Une ambiance décontractée et sympathique donc où plusieurs catégories d’age se mêlent. On commence donc avec la jeune saxophoniste Melissa Aldana accompagnée ce soir par son groupe, trompette, batterie et contrebasse. Un set entièrement instrumental et d’excellente facture, chaque musicien trouve l’espace nécessaire pour son expression personnelle (notamment le batteur d’une vélocité et d’une adresse assez remarquables). Les styles sont assez variés entre New Orleans et latin, mais l’ensemble reste d’une approche plutôt contemporaine. Hélas, le fat cat n’est pas l’endroit le plus indiqué pour ce genre de concert, il est plutôt difficile de saisir toutes les subtilités de la musique (et des solos de contrebasse en particulier) entouré que l’on est par le bruit ambiant des conversations et des billes de billards qui s’entrechoquent… Melissa n’en a cure et affirme même que le plaisir de jouer prend le dessus…

Naomi Shelton
Une qui a moins de mal à se faire entendre, c’est la grande Naomi Shelton, pour tout avouer la raison première de notre visite au Fat Cat. Louée par la critique suite à son excellent album paru chez Daptone (excusez du peu) « What have you done my brother ? », Naomi Shelton reste assez rare en Europe depuis son passage au New Morning. La vie semble même avoir repris un cours normal pour Naomi et son passage hebdomadaire au Fat Cat le vendredi soir pour le set de 21h00. Changement d’ambiance pour un registre entre soul et gospel pour Naomi entouré de son groupe : trois choristes (les gospel queens), batterie, basse, guitare et orgue hammond (et sa cabine leslie). Une fois encore, l’endroit ne semble pas être le plus indiqué pour la musique live et le groupe souffre d’un volume d’une part trop élevé et d’un pas très bien mixé. C’est dommage car Naomi ne ménage pas sa peine et joue à fond l’interactivité avec le public, serrant les mains qui se tendent et chantant parfois droit dans les yeux pour un spectateur particulier. Le groupe est également remarquable d’efficacité, guitare funky et section rythmique pleine de groove. Elles ont toutes des voix à se damner qui trahissent les années de pratique à l’Eglise et chaque Gospel Queen à droit à sa chanson en solo. Une soirée un peu en demi-teinte donc, pas à cause des artistes mais plutôt de l’endroit, extrêmement sympa certes mais une fois de plus peu indiqué pour la musique live. Avec un peu de chance on pourra revoir Naomi Shelton bientôt de ce côté ci de l’Atlantique puisqu’elle a annoncé que son deuxième album était pratiquement terminé. Croisons les doigts…

lundi 28 mai 2012

Michael Powers, Terra Blues Club, NYC, vendredi 11 et lundi 14 mai 2012.





Quatre années (déjà…) s’étaient écoulées depuis notre dernière visite au Terra Blues Club et le concert de Michael Powers. Un petit récapitulatif s’impose donc. Ouvert en 1989, le Terra Blues Club est le dernier club de blues encore en activité du quartier de Greewich Village à Manhattan. Pilier du club depuis son ouverture, le bluesman Michael Powers occupe sa scène deux fois par semaine en acoustique le lundi à 19h et en version électrique, accompagné par son groupe Frequency, le vendredi à 22h. Un séjour récent à New York nous a permis d’assister à deux concerts de Michael, un dans chaque configuration. Qu’il soit accompagné ou non, Michael Powers pratique une sorte de blues bien particulière, souvent instrumentale du moins sur scène, où ses compositions, assez longues, débordent assez allègrement d’un format « chanson ». C’est particulièrement frappant en groupe surtout comme ce soir où une trompette, un instrument plus jazzy que blues, tenue par le propriétaire des lieux, vient renforcer une configuration plus classique de deux guitares, basse et batterie. On obtient une sorte d’abstraction proche du free jazz, appelons ça le « free blues » faute de mieux. Le résultat est hypnotique et assez intéressant mais, soyons honnête, un peu de concision ne ferait pas de mal. En solo, Michael Powers démontre un potentiel tout aussi intéressant, déjà parce qu’il chante beaucoup plus et il est quand même dommage de se priver d’une telle voix, rauque à point, pour ce style musical. Michael nous prend par la main et nous fait visiter en musique des émotions et des contrées inspirées par ses voyages (« Istanbul »). Mais c’est lorsqu’il est rejoint pour son deuxième set par l’extraordinaire harmoniciste Dave Barnes (Michael le surnomme l’Hendrix de l’harmonica) que les choses deviennent réellement magiques. C’est bien simple Dave Barnes est un harmoniciste absolument stupéfiant comme je n’en ai jamais vu auparavant. Grâce à l’élasticité de son visage, l’harmonica est parfois limite à la verticale, si, si je vous jure, Barnes tire des sons incroyables de son instrument. Il a également une main très sure ce qui donne d’excellents vibratos. Le dialogue entre les deux musiciens est précieux, délicat et touchant. C’est beau ! Grand fan de Jimi Hendrix devant l’éternel, Powers rendra un bel hommage à son idole avec une reprise de « little wing » remarquable. Michael Powers a sorti en début d’année un nouvel album « Revolutionary boogie », dont on reparle très bientôt, et il se murmure également qu’il pourrait être à l’affiche d’un festival blues en France à l’automne prochain (information à prendre au conditionnel pour l’instant). A suivre…
    

dimanche 6 mai 2012

Wankin’ Noodles : « Tu dormiras seule ce soir »




Attention, une déflagration est à prévoir dans le (tout) petit monde du garage rock à la française avec le premier album des Rennais des Wankin’Noodles. Bonne nouvelle, le quatuor à réussi a garder intact le feu de leur prestations scéniques (voir le live report). Normal le disque a été enregistré dans les conditions du live non pas en studio mais à l’Ubu (une salle de concert Rennaise). En gros il ne manque que le public, qui si il était là applaudirait à tout rompre. Résultat un album fulgurant, comme on en entend peu de ce côté ci de l’Atlantique (ou de la Manche), à la faconde bilingue incomparable : « Paris », « Kill Beth Ditto », et bien sur l’imparable single qui donne son titre à cet effort « Tu dormiras seule ce soir ». La brièveté de l’ensemble est bienvenue (à peine 30 minutes) ce qui permet au groupe de renouer avec la durée d’un vinyle 33 tours des années 70, décennies qui les inspire visiblement. Les guitares sont gonflées à bloc, la section rythmique est prête à dégommer tout ce qui se présente sur son passage, soyez-en assurés, ce disque va vous exploser les oreilles. Vous étiez prévenus…

Manceau : Life Traffic Jam




Nouvelle preuve de l’éclatante santé de la scène Rennaise du moment (Wankin’Noodles, Popopopops), Manceau sort son premier opus intitulé «Life Traffic Jam ». Un premier album à la fibre pop assurée grâce à des arrangements audacieux et réfléchis. Si la base est assurée par des guitares, souvent acoustiques en ce qui concerne les rythmiques, les sonorités de claviers choisies rappellent immanquablement les années 80. Voici pour la note nostalgique du projet. Avec un petit soupçon de disco dans les batteries, histoire de faire balancer un peu les hanches. Le quatuor ayant un talent certains pour trousser des mélodies qui restent en tête (« Full-time job », « Lady Killer »), tous les ingrédients sont ainsi réunis pour faire de ce premier album un petit bijou pop festif et dansant parfaitement mis en sons par Xavier Boyer et Pedro Resende (membres de Tahiti 80). Attention, l’euphorie véhiculée par ce disque est contagieuse.

samedi 5 mai 2012

FM LAETI, Théâtre Traversière, 4 mai 2012.




Séduisante prestation de FM Laeti, déjà auteur d’un excellent premier album, vendredi soir sur la scène du théâtre traversière. Entourée d’un groupe solide, basse batterie guitare et claviers, Laeti œuvre avec classe une soul soyeuse dans la droite lignée de la great american black music des années 70. Il suffi pourtant que le bassiste Christophe « Disco » Minck, change d’instrument pour se saisir d’un n’goni (une guitare africaine) pour que le groupe bascule dans une autre dimension où la soul retrouve ses racines africaines. C’est beau et émouvant. Le groupe n’est pas manchot lorsqu’il s’agit de swing jazzy (« It’s out of my hands ») ou de rythmes binaires plus rock (surprenante reprise de Phoenix, « I don’t know why i love you » de Stevie Wonder), Disco distillant un groove puissant de ses cordes de basses. Sur scène, Laeti se révèle être une artiste particulièrement attachante communiquant les ondes positives par milliers. Elle irradie littéralement, sourit en permanence en esquissant des petits pas de danse. Elle possède de plus une belle voix, très légèrement éraillée qui convient particulièrement bien à son style soul délicat. C’est sur cette bonne note que FM Laeti clôture un printemps exceptionnel, en termes de live, pour les amateurs de soul music avec les concerts successifs de Sharon Jones, Lee Fields en mars, Alice Russell et Charles Bradley en avril.      

Avishai Cohen, Maison des Arts et de la Culture, Créteil, 2 mai 2012.




Petit pas en arrière pour Avishai Cohen qui semble en avoir fini (provisoirement) avec les sonorités orientales. Pour son nouveau projet, le contrebassiste Israélien s’est entouré d’un batteur et d’un pianiste ce qui marque son retour vers une approche instrumentale plus expérimentale. Décidant de pousser la formule du trio à la limite Cohen et ses musiciens s’affranchissent le plus possible des contraintes rythmiques, pas totalement toutefois le sens du rythme étant ce qui différencie la musique du bruit. Chaque musicien joue en lead à tour de rôle, parfois en même temps, mais chacun réussissant à conserver le swing intact. Ce dernier étant toujours là, tapi dans le fond, sans que l’on s’en rende vraiment compte. La formule est d’autant plus intéressante que le trio est acoustique, pas de claviers funky, ni de cuivres juste un piano, une batterie et une contrebasse et il est assez stupéfiant de voir ce que les musiciens sont capables de tirer de leurs instruments, le batteur notamment qui excelle dans ce contexte particulier. Avishai Cohen fait pour sa part preuve d’un toucher fin, jouant à l’archet ou faisant des vibratos délicats avec ses cordes. Sans oublier sa spécialité qui consiste à utiliser sa contrebasse comme une percussion. Alors que le set se termine, le groupe semble être pris d’une frénésie contagieuse sous l’influence du batteur. Avishai et son pianiste se saisissent alors de baguettes et se mettent à battre la mesure à l’unisson utilisant un pupitre qui leur tombe sous la main. Le public également qui applaudit à tout rompre. A tel point que le trio reviendra sur scène pour des rappels pratiquement aussi longs que le set qui a précédé. Ce n’est qu’à la toute fin du spectacle qu’Avishai Cohen renouera avec le chant et le jazz world reprenant des morceaux de son précédent album « Aurora ». Jusqu’à la fin du show marquée par une démonstration de piano à quatre mains et des applaudissements à tout rompre du public nombreux.  

mardi 1 mai 2012

Slide On Venus : « Topless »



Déjà repéré il y a un an avec un premier maxi, le quatuor de Besançon est de retour avec un album inaugural, dont on peut d’ores et déjà affirmer qu’il possède le plus beau packaging et la pochette la plus sexy de l’année. Le genre d’objet qui donne envie d’acheter un disque physique et non un simple téléchargement fusse-t-il légal. La chose s’appelle Topless et comme le titre l’indique, le groupe enlève le haut pour l’occasion. Pas d’accessoires inutiles, on revient à l’essentiel, du rock, du gros son, en résumé : des guitares !!! Et de l’énergie aussi, c’est important l’énergie (merci la section rythmique). Elevé au rock indépendant des années 90, Slide On Venus prend logiquement la suite, pas avec originalité avouons-le, mais avec une efficacité et une attaque maximum. Sans oublier les mélodies et les jolis arpèges de guitares (« 4 A.M. »), saturées comme il se doit, la bonne recette pour tout groupe power pop qui se respecte. Un petit coup d’œil dans le rétro des années 80 ne fait jamais de mal non plus (« Glassy Sea »). Produit avec beaucoup de soin, l’album regorge de petits détails qui se révèlent au fil des écoutes et finissent par rendre ce groupe particulièrement attachant.