mercredi 31 octobre 2012

A Million Ears : « Hero »




A Million Ears est un tout nouveau projet composé des guitaristes Matt Querry et Fred Duquesne (Empyr, Watcha) que l’on connaît également pour ses activités en matière de production auprès de Mass Hysteria notamment.  Leur premier album, « Hero », fait revivre le rock et le métal comme on l’entendait dans les années 1990 avec un certain sens de la nostalgie. En effet, AME obtient des résultats spectaculaires en croisant les guitares rauques héritées des années 90 (Smashing Pumpkins) avec un sens de l’ampleur sonore propre à donner de l’espace pour faire respirer les compositions. Tool semble être une autre influence majeure, particulièrement prégnante sur « Help me », du projet, le côté malsain en moins. N’étant pas uniquement nostalgiques mais également ouverts sur les nouveaux sons, le duo intègre aussi, quelques éléments électro (« Guilt ») où les nappes synthétiques prennent le dessus sur les guitares (toujours présentes toutefois). Atmosphérique (la courte plage d’ouverture « Within the cloud ») et parfois sombre, « Drama » l’influence Tool/A perfect circle encore, l’album se révèle plutôt attachant et bien équilibré entre violence, climats et mélodies. Belle découverte.

mardi 30 octobre 2012

The Blackfeet Revolution + Rival Sons, Le nouveau Casino, 29 octobre 2012.




Un petit mot pour commencer sur The Blackfeet Revolution a qui est dévolue la première partie. Le duo guitare/batterie, évolue dans un registre où se télescope blues, hard rock et dynamique punk avec une alternance entre passages calmes et gros son. Puissant et exécuté à la perfection l’ensemble manque toutefois encore un peu de personnalité et a bien du mal à sortir de la tutelle des Black Keys (à l’époque des premiers albums) et autres Black Box Revelation. Une simple question de maturation sans doute…

C’est ensuite que déboule sur scène, la grosse affaire de la soirée, le quartet californien Rival Sons qui est probablement la plus efficace machine à rocker apparue ces trois dernières années. L’inspiration des Rival Sons vient du hard rock des années 1970 et à bien des égards, le groupe n’est pas sans rappeler Led Zeppelin. La musique est un subtil équilibre entre blues et hard rock agrémenté de soli de guitare psychédéliques et ménageant un groove subtil de la section rythmique, sans aller jusqu’à la soul (à la différence des Bellrays par exemple), disons que la black music ne semble jamais bien éloignée de leurs préoccupations. La voix du chanteur, Jay Buchanan rappelle un peu Chris Robinson (The Black Crowes) voire éventuellement Jim Morrisson sur les passages les plus psychés. Mais surtout les Rival Sons sont de monstrueux instrumentistes, des requins, des tueurs. Un peu trop même, tellement pro que tout cela semble un peu suspect. Des virtuoses, d’expérience, probablement plus si jeunes que cela… Quoi qu’il en soit, tout est parfaitement en place. Pendant une bonne heure et demie, on a pu ainsi revivre (enfin presque) les grandes heures du rock des années 70, notons au passage un beau croisement de générations dans la salle pleine comme un œuf du nouveau casino. Les Rival Sons, votre nouveau groupe préféré…

Ben Harper & Charlie Musselwhite


C'est une des nouvelles modes de l'industrie musicale, les pop/rock stars se refont une virginité musicale au contact de musiciens bien moins célèbres qu'eux mais prisés des mélomanes. Ces dernières années ont vu la sortie des excellents disques d'Elvis Costello/Allen Toussaint, Elton John/Leon Russell ou bien encore Eric Clapton/Wynton Marsalis. Dans le même ordre d'idée, le 4 février prochain paraîtra, sur Stax Records, "Get Up" le nouvel album de Ben Harper, fruit de sa collaboration avec l'harmoniciste Charlie Musselwhite, bluesman vétéran actif depuis la fin des années 60.

Un premier extrait est en écoute ici :

dimanche 28 octobre 2012

Alt + The Eighties Matchbox B-Line Disaster, La Flèche d’Or, 27 octobre 2012.




Bien qu’étant l’un des groupes les plus passionnants apparus dans l’Angleterre du 21ème siècle, The Eighties Matchbox B-Line Disaster et son furieux mélange de psychobilly et de rock gothique et garage, n’a jamais rencontré le succès qu’il mérite pourtant amplement. Trop extrême et bruyant probablement pour le grand public. C’est avec déception que l’on avait appris, en 2010, leur séparation (un peu dans l’indifférence générale, il faut bien l’avouer) juste après la sortie de leur troisième et excellent album « Blood and Fire » (en fait quatre si l’on compte le maxi « In the garden » agrémenté d’un album live). Séparation temporaire puisque le groupe fait son grand retour, et dans sa formation originale, avec la tournée de cette année. Et puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, la flèche d’or affiche ce soir complet, c’est la foule des grands soirs.

On commence donc avec les petits français de Alt chargés d’assurer la première partie. Excellent trio mélangeant garage rock et dynamique punk, Alt ne propose rien de franchement révolutionnaire en soi mais ce n’est pas grave tellement l’engagement qu’ils mettent à défendre leur musique en live est impressionnant. Fédérateur, basé sur des riffs de guitares énormes et franchement addictifs, Alt dégage une énergie contagieuse qui fait plaisir à voir. Excellent groupe à suivre de près. Il est environ 21h00 lorsque le groupe sort de scène et c’est alors que les ennuis commencent…

21h40. The Eighties Matchbox B-Line Disaster est supposé être sur scène mais cette dernière reste désespérément vide. Plus inquiétant encore, pas la moindre trace des musiciens, pas un seul instrument d’installé, juste trois pauvres pieds de micros qui toisent la foule au milieu du vide… Le public commence à se poser des questions et assaille la pauvre ingénieur du son, bien esseulée derrière la console, le concert-il est annulé ? Le groupe va-t-il venir ? Tout cela ne va pas arranger l’image des musiciens qui traînent une réputation d’ingérables ravagés par les drogues…

22h10. Est-ce une hallucination ou bien deux roadies viennent de faire leur apparition et commencent à installer le tapis de batterie ?

22h30 (environ). La foule n’est peux plus et prends en grippe l’ingénieur du son anglais qui, sur scène, ergote sur le volume des micros dans un charabia incompréhensible. Ca siffle, ça crie. Ca promet…

23h10. Le concert est supposé être terminé depuis dix minutes, pourtant miracle, The Eighties Matchbox B-Line Disaster débarque sur scène au débotté sans avoir fait la moindre balance. Il était temps, ça fait deux heures qu’on glande (Ps. Je suis mort de rire quand je réalise que le ticket indique 19h30 !). Rappelons ici que le couvre-feu (strict) de la flèche d’or est fixé à minuit, ce qui laisse moins d’une heure au groupe…

Cette fois c’est parti et bien parti. Le public est chauffé à blanc, exaspéré par l’interminable attente. C’est chaud et ça pogote sec dans la fosse. Le premier titre à peine entamé, le chanteur Guy Mc Knight est déjà en plein crowd surfing. Le groupe est impressionnant, le manque de préparation évident ne s’entends pas du tout, le son est nickel (chapeau, les ingénieurs du son). « Celebrate your mother » est dantesque, la foule explose. La voix de stentor goth de Guy Mc Knight résonne dans toute la flèche d’or. Ce dernier fait le show, plonge dans la foule, escalade les échafaudages. Le reste du groupe est concentré sur la tâche, martèlement quasi tribal de batterie, basse énorme, torrents de guitares… Wow ! Difficile de décrire avec des mots le déferlement de décibels… Quel trip ! The Eighties Matchbox B-Line Disaster reste l’un des groupes les plus sulfureux, l’un des rares à réellement exhaler un sentiment de danger dans notre époque aseptisée. Espérons qu’ils reviennent vite…

samedi 27 octobre 2012

The Scales + Little Barrie, Mains d’œuvres, 26 octobre 2012.




Le point éphémère (où devait se tenir à l’origine le concert) empêtré dans une sordide histoire se concluant par une regrettable fermeture administrative, nous avons dû mettre le cap vers Saint-Ouen et les mains d’œuvres où se tiennent finalement les festivités. Fort heureusement, la musique sortira vainqueur en dépit de toutes les contrariétés, que tous ceux qui ont œuvré pour que la soirée se tienne malgré tout en soit ici remerciés.

On commence donc avec The Scales, jeune formation française, pratiquant le garage rock. Malgré toute l’affection que l’on éprouve pour le style, il manque encore un petit quelque chose aux Scales qui les feraient passer du stade de très bon groupe à celui d’excellent. Le projet semble encore assez neuf, l’identité du groupe pas très bien définie. Peut-être est-ce l’utilisation trop parcimonieuse (pour mon goût personnel du moins) de l’orgue farfisa ? Un groupe à suivre en tout cas ne serait-ce que pour l’impeccable swing de la section rythmique.

On les avait un peu perdu de vue ces dernières années, aussi c’est avec un plaisir non feint qu’on retrouve le trio Little Barrie, l’un des groupes anglais les plus intéressants apparus ces dernières années. Little Barrie, c’est avant tout le talent à l’état brut, trois musiciens remarquables. (little) Barrie Cadogan à tout du guitar-hero du 21ème siècle, un type dont le talent ne repose pas sur l’utilisation de pédales d’effets mais sur le feeling. C’est ensuite une section rythmique remarquable de cohésion : Lewis Wharton à la basse et Virgil Howe le nouveau (et troisième) batteur du groupe. Un sens du swing et du groove à toute épreuve. Le tout mis au service de chansons (le talent d’instrumentiste est vain sans songwriting) dont l’inspiration remonte à la source du rock n’roll des années 1960. En bons showmen, le trio livre sur scène une prestation puissante et de classe. Le solo de « Money in paper » joué la guitare au dessus de la tête : grandiose ! En véritables bêtes de scènes, du genre à danser avec leurs instruments qu’ils balancent dans tous les sens, le trio n’a aucun mal à s’attirer les faveurs du public, chaude ambiance ! Conclusion : ça valait le coup d’aller jusqu’à Saint-Ouen ! 

mercredi 24 octobre 2012

The Monkberry Moon Orchestra : A beat for the lovers




Il est ainsi des disques qui arrivent par surprise et dont on comprend dès les premières notes qu’il va devenir impossible de s’en passer. De The Monkberry Moon Orchestra on connaît finalement peu de chose si ce n’est l’essentiel : ce groupe n’a pas son pareil pour tisser de petites pop songs drôlement bien troussées (« Things don’t ever last ») et que, par conséquent, son ep appartient à la catégorie citée au début de cette chronique. C’est entraînant, mélodique, et comme pour tout bon groupe pop qui se respecte l’inspiration se trouve dans les sixties. Des années 1960 une énième fois revisitées mais avec goût, sur un mode girlie, la chanteuse Audrey a une bien jolie voix, psychédélique ("A beat for the lovers"), parfois kitsch (cf. les claviers) mais toujours craquant, et avec, au final, une dynamique assez moderne (« 21st century »). Que demander de plus ? Un album !

Bonne nouvelle, Des oreilles dans babylone et My head is a jukebox s’associent pour vous faire gagner trois exemplaires de cet EP. Pour participer rien de plus simple, envoyez un email (précisez jeu-concours Monkberry Moon Orchestra dans l’objet) à l’adresse suivante myheadisajukebox@gmail.com en précisant vos coordonnées postales pour l’envoi du disque. Les trois premières réponses gagnent un cd. Merci qui ?

mardi 23 octobre 2012

Jefferson Starship, Le Bataclan, 22 octobre 2012.


Il était une fois San Francisco, l’océan Pacifique, les plages, les palmiers et le rock psychédélique. Ce panorama idyllique, le Jefferson Starship en incarne la face la moins glorieuse, celle du glissement vers les années 70/80 et vers un son pop rock fm aseptisé bien loin du psychédélisme originel des années 1960 (à l’époque ou le groupe s’appelait Jefferson Airplane, attention à ne pas confondre). Ce nom de Jefferson Airplane, le guitariste Paul Kantner ne peut l’utiliser quand il est seul (il en partage la propriété avec Jorma Kaukonen, Grace Slick et Casady ses anciens compagnons de groupe) ce qui explique que le groupe du soir se produise sous le patronyme de Jefferson Starship ; des six musiciens présents sur scène, Paul Kantner est le seul rescapé de l’Airplane original. Les spécialistes reconnaîtront David Freiberg à la guitare acoustique (membre fondateur de Quicksilver Messenger Service, autre groupe fameux du San Francisco 60s) qui a également fait partie du Starship pendant les années 70 et 80. Quant aux autres, ils semblent beaucoup trop jeunes pour avoir connu cette époque glorieuse. Si le concert fût riche en moments forts (« Somebody to love », « White Rabbit », « Volunteers » absolument énormes) c’est pourtant un léger sentiment de déception qui prédomine. En cause, des synthés parfois beaucoup trop connotés 1980s (lire kitsch) et un guitariste additionnel qui en fait des tonnes, surtout au moment de son solo final, usant et abusant de pédales d’effets modernes et absolument pas dans le ton des années 1960 que la grande majorité du public attendait (à ce propos à titre de comparaison, dans le même exercice le petit jeune grattant au sein de Big Brother and the Holding Company s’en sort beaucoup mieux). La chanteuse remplaçant Grace Slick, une certaine Catherine Richardson, se débrouille très bien grâce à des capacités vocales rappelant celle de son illustre prédécesseur. Mention spéciale également à David Freiberg grâce à qui on a passé de bons moments. Un bon concert malgré tout d’un groupe généreux avec son public (deux rappels et plus de deux heures de show).
  

dimanche 21 octobre 2012

Yellow Dogs : « Dog’s Breakfast »




Il y a quelque temps que nous n’avions pas eu de nouvelles du trio grenoblois Yellow Dogs. Les fans du premier effort du groupe (chronique ici) seront heureux d’apprendre que les chiens jaunes ont sorti leur deuxième album, « Dog’s Breakfast », un peu plus tôt cette année. Pas de révolution en vue, les Yellow Dogs oeuvrent toujours, avec bonheur et pour notre plus grand plaisir, dans la note bleue. Ce nouvel album est la suite logique du précédent, on reprend donc les mêmes ingrédients : guitare, basse et batterie, de bonnes compositions et une énorme énergie (écoutez « Be late » sous influence Dr Feelgood). Le tout au service de deux causes qui nous sont particulièrement chères : le blues et ce bon vieux rock n’roll. Tout juste peut on noter une évolution dans la voix de Yannick qui me semble plus profonde et grave que dans mon souvenir. Comme dans le disque précédent, la variété des genres est de rigueur boogies énormes (« Do me right »), blues sous influence Chicago, attaque à la limite du rock n’roll (« Keep on Barking ») et titres apaisés (« Cadillac Walk »). Extrêmement bien produit, le groupe n’a pas à rougir, loin de là, de l’apparente économie de moyen, et bien écrit le trio a visiblement soigné ses effets pour ce nouvel effort. Preuve de la nouvelle ambition du groupe, les six minutes de « Trader Blues » qui n’hésite pas à sortir de sa zone de confort et du format habituel tournant autour des 3 minutes. Enfin je ne peux terminer cette chronique sans une petite mention spéciale pour les paroles de « Football makes me sick ». Voici en tout cas un album bien équilibré et comme un vrai petit déjeuner digne de son titre idéal pour bien commencer la journée.

mercredi 17 octobre 2012

Lazy Buddies : « This little girl’s gone rockin »




Le disque s’ouvre par le grésillement typique d’un vieux vinyle. En à peine trente secondes, le ton est donné et l’auditeur transporté dans un tunnel temporel remontant jusqu’aux années 50 (cf. le design très réussi de la pochette). Embarquons donc, si vous le voulez bien, pour notre voyage. Au programme un peu de rockabilly mais surtout beaucoup de blues, tendance jump comme à la grande époque. Swing soyeux, merci la contrebasse, shuffle efficace de la batterie (« Midnight Boogie »), guitares véloces aux sons clairs, interventions discrètes mais toujours à propos de l’harmonica… Le menu est plutôt bon vous ne trouvez pas ? La chanteuse Soazig Lebreton, quant à elle, se trouve à son aise quel que soit le contexte, lent et intimiste (« Fairy tale of a a womanizer ») ou plus enlevé, sa voix profonde et pleine de coffre trouve toujours l’intonation juste. Mais les Lazy Buddies impressionnent aussi côté songwriting, les sept compositions originales (sur les 13 au total que compte le disque) sonnent immédiatement comme des classiques oubliés du genre. Rien de révolutionnaire certes, ce n’est de toute façon pas le propos, mais joué avec passion.

lundi 15 octobre 2012

Sallie Ford and The Sound Outside : « Dirty Radio »




La première chose qui frappe à l’écoute de ce disque, c’est la voix de Sallie Ford, étonnante de maturité pour cette jeune artiste âgée d’à peine 22 ans. Et l’intuition immédiate pour l’auditeur de détenir en Sallie Ford et son groupe The Sound Outside, l’une des plus belles promesses musicales de l’année. Puisant à la source du rockabilly (les tubes en puissance « This Crew », « Where did you go ? » et « Write me a letter »), de la country (les deux vont souvent de pair) voire du gospel (« Poison Milk »), Sallie Ford se construit un univers musical, certes vintage, mais dépassement allègrement la stérile copie. Grâce à son timbre un peu éraillé, digne d’une authentique blues woman, Sallie n’interprète pas mais incarne littéralement un répertoire, entièrement original, qui lui va comme un gant. Sallie est particulièrement bien entourée par les excellents sound outside : la contrebasse (Tyler Tornfelt), le swing sec et claquant de la batterie (Ford Tennis) et le guitariste Jeffrey Munger, au jeu très terrien, dessinant le cadre idéal. Produit à l’ancienne, sans faute de goût, mais profitant de quelques avancées technologiques malgré tout, au niveau des volumes notamment, qui ont le bon goût de rester discrètes Sallie Ford et The Sound Outside ont accouché d’un excellent disque, à la durée d’un ancien vinyle, qui s’écoute avec grand plaisir et sans lassitude aucune. Assurément l’un des projets les plus attachants de l’année.
En concert à Paris (Le Trianon) le 19 novembre et en tournée dans toute la France en novembre et décembre.

dimanche 14 octobre 2012

Grand Duchy : « Let the people speak »




Grand Duchy représente une facette méconnue et aussi le grand paradoxe de la carrière de Black Francis. Superstar au sein des Pixies, capable de remplir le Zénith de Paris en quelques heures, Black Francis retrouve l’anonymat dès qu’il s’éloigne de son groupe fétiche et peine alors à remplir des salles de taille beaucoup plus modestes comme le Bataclan. Dans le même ordre d’idée est sorti cette année, dans l’indifférence générale, le deuxième album de Grand Duchy, le groupe que Francis a monté avec sa femme. Il est vrai que le projet peut désarçonner, avec ses arrangements lorgnant ouvertement du côté de l’électro et rappelant parfois la new-wave des années 1980 (« White out » ; « Geode »). Pourtant Black et ses consorts n’a pas oublié l’indie-rock qui a fait sa réputation (« Shady ») livrant avec « Where is John Frum ? » un titre qui n’aurait pas dépareillé sur un album des Pixies du moins dans sa première moitié avant de s’embarquer dans une direction totalement différente. Un peu à l’image de l’album : « ça ressemble à », « ça a le goût de » mais dans le fond c’est totalement différent. Et pas nécessairement mauvais. L’album copieux, 66 minutes, se présente comme un bloc, dont le concept nous échappe un peu avouons-le, un narrateur à la voix grave intervenant entre chaque morceau en guise d’introduction. Un vent de liberté souffle sur ce disque, Black et compagnie ne s’interdisant pas grand-chose en matière d’arrangements. On passe de l’électro-disco au western au sein du même morceau, les guitares rock servant de base sur laquelle l’ensemble est construit. Complètement fou.
www.grandduchy.com

lundi 8 octobre 2012

Interview avec Los Disidentes Del Sucio Motel





C’est à Belfort, pendant le festival des Eurockéennes, un jour de pluie battante, sous la tente média de l’espace presse que le groupe stoner strasbourgeois, nous a raconté son histoire, la condition des groupes de rock français ou l’utilité d’avoir un sheriff sur scène…


D’abord, pourquoi Los Disidentes Del Sucio Motel ? C’est un peu compliqué comme nom (et assez difficile à orthographier sans se tromper, ndlr)…
LDDSM : C’est volontaire, ah ah ! C’est le résultat d’un brainstorming d’après répète. On est tous issus de groupes différents. Comme souvent dans le milieu rock, tout le monde se connaît un peu et se mélange avec tout le monde. Pour l’anecdote, je partais en répète et ma mère me demande si j’allais répéter avec mon groupe punk où avec les dissidents. Elle considérait que mon nouveau groupe (Los Disidentes del Sucio Motel, donc, ndlr) était un groupe de dissidents. On était tous dissidents de nos propres groupes en fait. Le côté « nom en espagnol », c’était une envie, ça ne se fait pas beaucoup et ça nous rapprochait de l’univers visuel que l’on voulait mettre en place. De fil en aiguille c’est devenu les dissidents du motel sale. C’est évocateur et ça nous faisait marrer d’avoir un nom à rallonge… Et qui laisse personne indifférent, donc c’était une bonne idée.

Justement, l’aspect visuel est très étudié chez vous et la pochette du disque ressemble à une affiche de film. Comment votre image s’est elle définie ?
LDDSM : Dès le début, le cinéma était une influence importante pour nous. Ca a été le dénominateur commun pour l’ensemble du groupe. On aime tous cet univers à la Quentin Tarantino, Robert Rodriguez… Pour notre premier album on voulait faire une espèce de fausse B.O et le nom du film serait le nom du groupe. On a la chance d’être entourés d’amis graphistes et photographes et qui ont conçus la chose avec nous. Ils ont tout de suite compris notre délire. C’est tellement facile de monter un groupe de musique maintenant, il y en a des dizaines qui se montent tous les jours… Nous on vient d’une région, l’Alsace, qui est hyper foisonnante, avec un nombre incroyable de groupes de qualité qui jouent. A un moment si tu veux faire autre chose, percer, il faut arriver à trouver ta différence. Pour nous, c’est le visuel. La pochette d’album, c’est un truc essentiel qui tend hélas à disparaître. On a voulu développer un univers autour du groupe, une mythologie. Faire en sorte que le groupe soit aussi reconnaissable visuellement et pas uniquement que par la musique. Ca passe aussi par la scène. Le fait d’avoir le sheriff sur scène, les guns… Le groupe on aussi la vocation de le faire évoluer. Pour le prochain album, l’orientation sera toujours cinématographique mais dans un autre univers, plus sombre… Plus proche d’un film d’horreur que du road movie.

Si le film, Los Disidentes Del Sucio Motel, existait vraiment à quoi ressemblerait-il ?
LDDSM : Ca serait l’histoire de cinq mecs en cavale poursuivis pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Des gros loosers qui n’ont pas de bol, qui ne savent que faire de la musique de leurs dix doigts et qui sont toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Ils sont poursuivis par un sheriff, immigré russe, énervé d’avoir quitté sa mère patrie ! C’est un peu comme Lucky Luke et les Daltons. Un road movie avec beaucoup d’humour et de second degré. De jolies filles, de belles voitures et un esprit vintage 70s. Avec de grosses explosions ! Le groupe marcherait devant les explosions sans les regarder ! Un peu comme la pochette de Damage Plan. La dernière apparition de Dimebag Darrell, c’était comme ça devant une explosion, ça nous irait bien ! Good guys never look at the explosion !

Le groupe fait très américain, vous avez un lien particulier avec l’Amérique ?
LDDSM : Non, c’est surtout le genre musical qui veut ça. Le stoner c’est un genre qui est né dans le désert, dans le sud des Etats-Unis. A la base cela vient des generators parties, c'est-à-dire jouer au milieu de nulle part grâce à a des groupes électrogènes. Le genre c’est toujours nourri de ce côté un peu sud-ouest américain. C’est indissociable, ça sent le sable, le gasoil. C’est un peu sale. C’est très dur de jouer de faire du stoner sans y penser. En ce qui concerne notre relation aux Etats-Unis, on est un peu comme les enfants spirituels d’Eddy Mitchell. La musique française des années 50 et 60 a été biberonnée au son de l’Amérique et a essayé d’importer ça en France. Nous c’est un peu pareil. On n’a pas ce fantasme de rêve américain. La pop culture française est tellement pauvre que c’est beaucoup plus intéressant d’aller chercher ce qui se fait aux Etats-Unis. Ca nous parle beaucoup plus. Après concrètement, dans le futur, aller tourner en Amérique, ça serait l’idéal. Notre style de musique parle aux Américains. C’est toujours agréable de se frotter à un public de connaisseurs.

Vous êtes un groupe stoner, pourtant sur l’album il y a quelques surprises comme « Somewhere else to drive » qui sonne plus folk/country/roots ou l’intro au piano de « We rock the world »…
LDDSM : C’est la particularité de notre groupe, on vient tous du rock mais de branches différentes. On a plein d’artistes en commun. Mais chacun, dans la composition, met un peu de son identité, ce qui à la fin donne son entité au groupe. Sur le prochain album, qui sortira en fin d’année, on a essayé de mettre cet aspect en avant tout en gardant notre patte. On reconnaîtra le son de gratte un peu dégeu, les influences du punk et du métal dans certains arrangements. Mais on a aussi essayé d’aller chercher un peu plus loin, il y aura encore du piano, des ambiances plus atmosphériques, plus planantes. On a travaillé les arrangements vocaux. On ne se pose pas trop de questions en fait. Le stoner est très riche, il y a beaucoup de sous-genres dans le genre. Il n’y a pas cinquante accords de guitare qui sonnent stoner. C’est basé sur le blues et le rock 70s, c’est l’interprétation qui fait la différence. Chercher l’originalité dans le stoner, ce n’est pas évident mais c’est notre démarche. Sur le prochain album on a vraiment voulu chiader les parties vocales. Sur le premier elles étaient faites en trois jours avec trois chanteurs différents. Le côté brut est sympa, mais c’était dur. Là on a voulu prendre notre temps pour travailler les arrangements avec le mec du studio. On a été poussé dans nos derniers retranchements pour composer.


Le disque a été enregistré en dix jours. Vous pensez que cela s’entend ?
LDDSM : Oui mais il faut être clair, c’était surtout une contrainte financière. On n’avait pas les moyens de rester plus longtemps en studio. On a commencé l’enregistrement en se disant, on a dix jours, il faut que l’album sonne le plus brut et le plus live possible. 95 % de l’album doit s’entendre sur scène. On a joué comme on joue en live, il y a très peu d’arrangements. Les guitares et les batteries on été prises en live, en même temps pour gagner du temps. Il y a une vraie notion d’urgence dans l’album. Souvent les imperfections font le charme. Tu prends « Heartbreaker » de Led Zeppelin, le solo du milieu est dégeu. Mais il y a un truc. Tu sens que Jimmy Page tient absolument à caser son plan. Je crois qu’il a fait des dizaines de prises et qu’il a gardé la première qui était la plus spontanée. C’est devenu mythique. L’urgence à son intérêt, surtout dans la musique actuelle où les productions sont très léchées. Combien de disques mythiques ont été enregistrés sur 6 ou 12 pistes, des trucs ridicules. La stéréo apportée par les Beatles c’était déjà une révolution. Aujourd’hui tu télécharges un logiciel sur ton ordi et avec un bon micro tu peux presque tout faire tout seul. On voulait quelque chose de brut, c’était l’envie du moment et puis de toute façon financièrement on ne pouvait pas faire mieux. On voulait une production radicale, une guitare à gauche, une guitare à droite, la batterie au milieu et c’est tout. Un peu à la AC/DC. On espère que cela vieillira bien. On a conservé le côté brut sur le nouveau mais la composition et les arrangements sont poussés beaucoup plus loin.

Petit souvenir des eurokéennes de Belfort - copyright Salmanski Bartosch

Vous avez ouvert le festival cette année. Les Eurockéennes, c’est votre plus gros concert à ce jour ?
LDDSM : Un des plus gros certainement. On a aussi ouvert pour les Smashing Pumpkins à la foire aux vins à Colmar, c’était un truc d’environ 7000/8000 personnes. Mais en termes de visibilité et de rayonnement, les Eurockéennes c’est notre concert le plus important à ce jour.

Comment vous avez été sélectionnés par l’organisation du festival ?
LDDSM : On est passé par un système de repérage d’un des partenaires du festival. Il y 800/900 candidatures. Ils en ont gardé 50 qui sont passé devant un jury composé de membres de la production du festival et du partenaire en question. Finalement ils ont gardé trois groupes, un par jour, et on a été les derniers retenus.

Ca fait vraiment parcours du combattant…
LDDSM : Ca a tout le temps été comme ça pour tout. Le terme de combattant s’applique bien au groupe. Ca fait 7 ans qu’on existe, on n’a jamais rien lâché, on a fait plus de 250 concerts. On est dans une culture « do it yourself » mais bien. On n’a jamais rien fait à l’arrache. Dans le milieu musical underground dans lequel on tourne on a une réputation de groupe entreprise. Les groupes qui tournent avec nous nous disent souvent : « Putain les gars, vous êtes organisés, c’est un truc de fou ». Ca nous paraît naturel, on est assez cartésiens, très organisés. On a tous des boulots à côté de la musique avec pas mal de responsabilités. On a cette image de groupe qui se démène dans tous les sens sans oublier son côté fun et rock n’roll, par ce que c’est important. C’est l’image qu’on donne à notre public. C’est très rare qu’on refuse une proposition. Sur la dernière tournée on a fait 14 heures de route pour faire un Prague/Paris. On avait une super proposition pour jouer à Prague et un autre truc génial à Paris le lendemain. On a roulé de nuit, ça a été dur mais on l’a fait. On aime ça et on a envie de se battre pour continuer. On n’a pas non plus le sentiment d’être une exception non plus. En France, il y a plein de groupes qui se cassent le cul, qui se démènent comme nous. Il y a quelque mois, on a fait le desert fest à Berlin qui est un peu la Mecque du stoner. On a joué avec The Grand Astoria, un groupe russe. Le mec est tout seul, compose tout, change régulièrement son line up pour partir en tournée environ 6 mois par an. Et tout en « do it yourself », il se débrouille tout seul, sans tourneur. Il fait 500 bornes pour gagner 50 euros mais il le fait. Sur l’année, il amortit son budget quand même mais il en chie, il n’y a pas d’autre mot. C’est la réalité du milieu.

Comment vous avez abordé l’exercice du festival ? C’est un peu spécial, c’est en plein air, les gens vont et viennent et comme il n’y a pas de rappels, ça passe vite…
LDDSM : Ca passe très vite ! On a du redéfinir notre set pour rentrer dans le cadre des trente minutes qui nous avaient été accordées. Et puis on est dans un festival, tu commences et tu finis à l’heure, sinon tout le monde te déteste. Pour le côté technique de la chose, on a fait une grosse journée de filage dans une salle à Colmar pour vraiment tout préparer. On a bossé avec notre ingénieur du son, on a joué le set quatre/cinq fois dans les conditions du festival. On a mis au point les placements, il ne fallait pas oublier que la scène est grande. On s’est filmé pour voir ce que cela donnait, on a vraiment essayé de tout optimiser. Pour le va et viens des spectateurs on n’était pas très inquiets. On a ouvert le festival, les portes on ouvert une heure avant notre passage, et on était les seuls à jouer à ce moment là. En plus on était sur la scène de la plage (au passage superbe scène, ndlr) qui était dans le prolongement de l’entrée du festival. On se doutait que les gens aller arriver et qu’il y aurait du monde. Et puis on est basé à Strasbourg, pas très loin d’ici, on a une armée de fans qui était motivés pour nous suivre et qui on fait le déplacement. Après, en tant que musicien c’est aussi à toi de capter l’attention des gens et de faire le meilleur show possible pour que le public reste, il faut donner le meilleur. Même si on fait un rock très énergique, qui joue fort, on a quand même un côté grand public, ne serait-ce que grâce à nos chants qui ne sont pas braillés. On n’a pas de voix gutturale, qui pourrait rebuter les oreilles sensibles, ça aide un peu (sourire).

C’est galère d’être un groupe de rock en France ?   
LDDSM : A fond, c’est super difficile. On a tous un taf à côté. Nous on est dans un statut semi professionnel. On n’est plus amateurs, mais on n’est pas encore professionnels non plus. Le cul entre deux chaises. Et pour passer pro en France et vivre de notre musique, la dernière marche est vraiment très très dure. Déjà dans les grands médias, le rock est très mal représenté. Le métal, le punk. Nous on est encore plus spécialisé… On a morceau « Persia » dans lequel on essaye de relativiser la situation. Ce n’est pas confortable d’être un groupe de rock en France mais comparé à certains pays, on a énormément de chance, d’exercer notre passion dans un pays démocratique. Dans certains endroits du monde tu peux aller en prison où être condamné à mort pour avoir fait du rock n’roll. Dans quel monde on vit ? Ce n’est que de la musique ! Ca se passe aussi sur le terrain, les cachets pour les groupes de rock sont ridicules. Quand on est sur la route, on est six, cinq musiciens et le sheriff. On ne peut pas se permettre de prendre du monde pour vendre les cds, on n’a pas de techniciens avec nous pour le son où les lumières, personne pour gérer le management. Tous ces gens que tu prends en plus et qui te facilitent la tâche. Il faut pouvoir les nourrir, les loger, les faire voyager, les payer… C’est des frais en plus. On ne peut pas se le permettre. Même toi en tant que musicien, tu ne peux même pas avoir ton cachet d’intermittent. Je ne sais pas si cela vient du milieu rock, mais on a des amis qui jouent du jazz et qui se gagnent beaucoup plus que nous. Au début on a bouffé de la vache enragée, les plans payés en fonction des entrées, à la fin de la soirée tu ne sais même pas combien tu vas toucher. Maintenant ces plans là c’est terminé. Trop risqué. Aujourd’hui, on est un groupe rentable dans le sens où on arrive à financer des albums et du marchandising mais on ne peut pas en vivre. On n’est pas une exception, 99 % des groupes français sont dans notre cas. En France on ne sait pas vendre nos groupes de rock. On ne fait pas de promotion pour les groupes rock par contre tout le reste, la pop et compagnie prennent tellement de place dans l’horizon musical qu’il ne reste plus grand-chose pour les groupes comme nous. Les groupes français qui veulent continuer et grandir sont obligés de s’exporter comme Gojira. Ils vont aux Etats-Unis où ailleurs où ils sont appréciés et reconnus comme les maîtres du métal contemporain. Tu prends Shaka Ponk par exemple, on aime où on n’aime pas ce qu’ils font mais c’est un groupe qui a galéré pendant des années en Allemagne. Ils ont tourné des années et des années en Allemagne par ce qu’en France ils n’y arrivaient pas. Et puis bizarrement un jour ça y est, on les reconnaît finalement dans le pays d’où ils sont originaires. Ils font des tournées monstrueuses. Aujourd’hui on en est là, on préfère laisser partir nos artistes à l’étranger s’embourber à faire des dates de merde dans des squatts et machins plutôt que de les aider directement en France. La situation actuelle des groupes de rock français, c’est on joue d’abord à l’étranger et après seulement en France. On ne se plaint pas, nous on fait notre truc, on joue mais c’est frustrant. Il y a un côté un peu rageant. T’es perpétuellement en train de ramer contre le courant. Quand on était en Suède, c’était marrant, à la radio ils passent du rock. En France on n’est même plus habitué à ça. Ici quand t’entends un morceau d’AC/DC, c’est le bout du monde. Bon tu vas toujours entendre le même morceau, mais déjà t’es content d’entendre AC/DC. Et pourtant ils remplissent les stades. Dans notre entourage quand on parle de notre groupe, les réactions c’est : « mais vous pouvez pas être connus, vous ne passez pas à la radio ». On n’y prête plus attention…

Un petit mot sur le sheriff pour finir ? Il fait partie du groupe, j’ai vu qu’il est cité dans les crédits…
LDDSM : Mais tout à fait ! C’est prolongement sur scène de l’univers qu’on a développé. C’est parti d’une connerie au départ, tu n’as qu’à monter sur scène et faire le sheriff dont on parle dans la bio. Ca a super bien marché. Les gens après le concert sont tous venus le voir, il a fait plein de photos avec les nanas qui étaient dans le public. Et nous on était là, et wow c’était marrant (rires). Ca nous a fait marrer. Au final on réalise que pour le public, on est le groupe avec le sheriff. Ca fait parler. C’est une autre identité du groupe, pour se démarquer.

Propos recueillis à Belfort, le 1er juillet 2012.


mercredi 3 octobre 2012

Kiss Kiss Bang Bang : « Kaboom! »




Originaires de Los Angeles, le quintet Kiss Kiss Bang Bang a tout d’abord été découvert par les Love Me Nots qui se sont empressés de les recommander à leur label français, Bad Reputation. Quelle riche idée les Love Me Nots ont-ils eu là ! Et on ne les remerciera jamais assez ! En effet, Kiss Kiss Bang Bang est le genre de groupe dont on tombe immédiatement amoureux. Ô certes, la formule est des plus classiques et il n’y a rien de fondamentalement révolutionnaire là-dedans mais c’est oublier que l’urgence reste et restera la vertu cardinale du rock n’roll. De fait, Kiss Kiss Bang Bang entretien une certaine proximité artistique avec les Love me nots utilisant les mêmes ingrédients, voix féminine, rythmique groovy, orgues et grosses guitares. On retrouve tous les fondamentaux du garage rock, ce rock n’roll, pas avare en décibels, mais ayant totalement intégré l’influence fondamentale des musiques Noires. Et qu’est-ce qu’on aime ça ! C’est bon ! Kiss Kiss Bang Bang pousse la formule dans ses derniers retranchements, l’album est volontairement court, 12 titres en une petite demi-heure, et le tout s’enchaîne sans le moindre temps mort. Tout est résumé dans le titre : Kaboom ! Le genre de truc qui t’explose dans les oreilles une fois la cellophane retirée. Les titres « Love Me Kill Me » et « The Troubled Kind » montrent également tout le savoir-faire certain du quintet en matière de jolies mélodies lorsqu’il s’agit de lever un peu le pied de l’accélérateur. Ce qui a aussi pour mérite de mettre en valeur la jolie voix de la chanteuse Devon Dunsmoor qui se place d’entrée de jeu dans le haut du panier en la matière. Ladies and Gentlemen, ready to rock ? Kaboom!

mardi 2 octobre 2012

Mudhoney : Live in Berlin 1988


Mudhoney: Live in Berlin, 1988 - DVD Trailer from K7 Records on Vimeo.

Le 14 novembre prochain verra la sortie en DVD du concert donné par Mudhoney à Berlin, dans le cadre du festival Independant Days, en 1988. Le document, récemment retrouvé après avoir été estimé perdu à tout jamais pendant longtemps, est historique à plusieurs titres. Il s'agit tout d'abord du premier concert de Mudhoney, alors débutant, en dehors des Etats-Unis mais également du premier concert grunge donné en Europe. Le public européen découvrait alors là la scène de Seattle qui quelques années plus tard dominera les charts...

lundi 1 octobre 2012

Zero Zero : « Mayday »




Sur le dernier album des Love Me Nots, « The Demon and The Devotee », sorti en 2011, un titre nous avait particulièrement étonné. Situé en troisième position sur le cd, « Demons » prenait le contre-pied de tout ce qui avait fait la réputation des Love Me Nots, jouant sur un registre plus new wave, le groupe révélait alors des sources d’inspirations inattendues allant bien au-delà du garage rock des années 60. Plutôt que de semer le doute et la confusion chez leurs fans, le duo Nicole Laurenne et Michael Johnny Walker a préféré lancer un tout nouveau groupe, Zero Zero dont le premier album, intitulé « Mayday » est un peu la suite de ce qui avait été esquissé sur « Demons ». Ce nouveau projet s’articule autour de la cheville ouvrière des Love Me Nots : la guitare de Michael Johnny Walker et la chanteuse Nicole Laurenne qui a troqué pour l’occasion ses orgues vintages, vox et farfisa, pour des synthés. Que ceux qui attrapent une crise d’urticaire à la simple évocation des années 1980 se rassurent, le duo n’a pas tourné le dos, loin s’en faut au rock échevelé qui a fait sa réputation. A ce titre, des chansons comme « Tear it up » ou « The Pink ones » n’auraient pas dépareillées sur un album des Love Me Nots. Alors Love me nots / Zero Zero même combat ? Pas tout a fait. Mais les points communs sont suffisamment nombreux pour que les fans d’un groupe se retrouvent dans l’autre. Certes, le contexte est différent, plus pop (« Go » ; « Two Wrongs »), des synthés tout droit sortis des 1980s et des boîtes à rythmes font leur apparition sur certains titres, la voix de Nicole semble aussi différente, plus modifiée ou moins naturelle qu’à l’accoutumée. Mais l’exigence en matière de composition reste la même, « I’ll wait », une des grandes réussites de l’album à tout du tube potentiel. Le rock n’roll est tellement ancré dans les gênes du duo qu’il est totalement impossible pour eux de s’en éloigner tout à fait. Quoi qu’il fasse, le rock est toujours là tapi dans l’ombre, prêt à rugir. Idem pour le groove et le swing qui a fait la réputation des Love Me Nots. Il n’y a dès lors aucune raison pour ne pas suivre le duo dans cette nouvelle aventure. D’autant qu’il a accouché, une fois de plus, d’un excellent disque.
Sortie le 5 octobre.