lundi 26 août 2013

Rock en Seine 2013

Alex Hepburn (c) Nicolas Joubard

Alt-J (c) Sylvere Hieulle
Franz Ferdinand (c) Nicolas Joubard

Belle and Sébastian (c) Nicolas Joubard
Johnny Marr (c) Sylvere Hieulle

Vendredi 23 Aout : Pour ce qui sera la seule journée vraiment estivale du week-end, on commence par faire un tour du côté de l'exposition. Comme chaque année, le festival a demandé à des artistes, souvent issus de la bande dessinée ou de l'art plastique, d'illustrer un des concerts du week-end. En tout 60 affiches inédites comme autant de réinterprétations de l'univers de chaque groupe présent. Une excellente initiative qui fait renouer Rock en Seine avec la grande tradition des posters psychédéliques née du côté de San Francisco à la fin des années 1960. On prend ensuite la direction de la scène pression live pour retrouver les New-Yorkais de Skaters pour leur première apparition dans notre capitale. Casquettes, grosse énergie punk et quelques éléments électro pour faire moderne, rien de vraiment neuf à se mettre sous la dent. On revisite ensuite nos souvenirs d'adolescence avec les écossais de Belle and Sebastian (nom hérité d'un feuilleton télévisé français des années 1970). Venu en grande formation, une dizaine de membres, trompette et cordes incluses, les écossais ont réussi le pari d'adapter leur style, plutôt rêveur, aux contingences d'un grand festival en plein air. On aurait pu craindre une prestation lénifiante mais ce n'est absolument pas le cas. Leur pop/folk prend parfois des atours disco propres à faire bouger la foule. Très réussi. Puisqu'on en est à évoquer des souvenirs, continuons dans cette veine nostalgique en compagnie de Johnny Marr. Guitariste prodige, ce dernier sort, à la surprise générale, son premier véritable album en solo quelque 25 ans après la dissolution des Smiths. Le set est très pop/rock, dans une veine toute britannique, et bien évidemment c'est la guitare de Johnny qui mène la danse. La surprise est grande de voir Johnny se glisser dans les guêtres de Morrissey et chanter « By your side » et « Big mouth strikes again ». La foule se soulève comme un seul homme, c'est le tonnerre d'applaudissement. C'est beau, c'est émouvant et avouons-le, on a la gorge un peu serrée. Johnny on t'aime ! Il y a bien une lumière qui ne s'éteindra jamais... Après un tel torrent d'émotions, il nous fallait bien Alt-J pour continuer à planer. La pop électro planante fait une nouvelle fois merveille entre les marronniers du parc de Saint-Cloud alors que le soleil se couche, c'est parfait. Le son du groupe est marqué par un travail très particulier du batteur qui joue sans cymbales. Malheureusement le public trop nombreux explose la jauge de la scène de la cascade et il est un peu difficile de profiter pleinement du groupe, c'est les aléas du plein-air... On continue notre journée « so british » avec Franz Ferdinand, dont c'est le grand retour. On ne dira jamais à quel point la musique de Franz Ferdinand est fondamentalement rythmique et funky. On en veut pour preuve la fin du set, où le groupe entier se retrouve en cercle autour de la batterie, frappant de concert dans une sorte de trip tribal. C'est quoi qu'il en soit très entraînant et parfaitement calibré pour un festival. Les écossais, dont le nouvel album sort ces jours-ci, sont dans une forme olympique. Grande nouvelle ! On termine enfin par un dernier détour vers la scène pression live pour admirer la belle Alex Hepburn, que la critique compare déjà à Janis Joplin et Amy Winehouse. Il y a, certes, un peu de cela mais n'exagérons rien quand-même. Un peu soul mais intrinsèquement pop, Alex Hepburn ressemble à une Amy Winehouse clean. La voix est moins profonde et éraillée que sur disque, le tout semble un peu téléphoné. Mais ne soyons pas chien, l'ambiance qui se dégage est parfaite pour finir la soirée. Les regrets du jour seront d'avoir râté Tame Impala (qui passait en même temps que Johnny Marr il fallait choisir) et Hanni El Khatib : perdus dans le noir on a été incapable de retrouver la scène de l'industrie ! Il est temps d'aller se coucher à demain...
 
Eugene McGuinness (c) Sylvere Hieulle

BRMC (c) Sylvere Hieulle

Eugene McGuinness (c) Sylvere Hieulle

Laura Mvula (c) Sylvere Hieulle

NIN (c) Sylvere Hieulle

Valerie June (c) Sylvere Hieulle
 
 
Samedi 24 Août : Une couleur s'impose aujourd'hui : le noir. La venu de Nine Inch Nails fait sensation après plusieurs années d'absence et les fans gothiques du groupe déferlent sur le site du parc de Saint-cloud. Mais avant que la grand messe noire ne commence, un détour par la grande scène s'impose pour retrouver Eugene McGuinness. Auteur d'une énième volte-face artistique, Eugene a récemment sorti un nouveau single « Fairlight » qui le voit désormais flirter avec le rock psychédélique. Changement également de line-up avec une nouvelle formation désormais plus axée sur la six cordes, son frère Dominic délaissant le clavier pour la guitare. Il s'agit d'un nouveau son pour Eugene désormais plus garage/Mersey beat que jamais. Les compositions retrouvent une nouvelle jeunesse, et cela marche à merveille sur « Lion » qui justifie que l'on restât jusqu'au bout. A noter beaucoup de nouveaux titres furent joués, probablement extraits de son futur nouvel album. Un petit mot sur les parisiens JC Satàn, que l'on a aperçu malheureusement un peu vite et d'un peu trop loin (les aléas d'un festival une fois encore) mais qui ont l'air suffisamment barrés, dans une veine garage/métal, pour que l'on y revienne. Changement radical d'ambiance ensuite avec la délicate Laura Mvula, notre premier coup de cœur du festival, chanteuse d'obédience soul-jazz. L'instrumentation est assez originale avec harpe, violon, violoncelle, contrebasse et batterie. Laura assurant le chant et le piano. C'est beau, c'est doux, ça fait du bien. La voix de Laura est magnifique. Comme quoi il est toujours possible de faire une pause dans la montée de décibels. Après cet intermède on repart de plus belle avec Black Rebel Motorcycle Club, excellent combo mené par Peter Hayes et Robert Levon Been qui se partagent guitares et voix. Si BRMC excelle dans une sorte de friche sonique du rock nourri au stoner, de nombreux éléments nous ramènent à la nature intrinsèquement blues de la chose, notamment l'harmonica. Excellent ! Mais l'heure tourne et tourne encore et arrive l'heure fatidique : 20h45 et Nine Inch Nails déboule telle une tornade prenant la scène d'assaut. Le set est rythmé par différents changement de plateau, Trent Reznor (une sorte de génie de la chose synthétique) excellent aussi bien dans le métal industriel que l'électro. Le public comme embarqué dans une sorte de grand huit noir passe par différents états de l'excitation des lourdes guitares au paysages contemplatifs des nappes de synthés (on reconnaît Joshua Eustis, moitié du duo électro Telefon Tel-Aviv préposé aux claviers). La voix de Reznor s'adapte à tous les contextes comme le prouve la magnifique ballade « Hurt » qui conclue le périple. Un revirement stylistique plus loin on retrouve la scène pression live et une Valerie June particulièrement guillerette. D'abord en solo puis accompagnée de son groupe (légèrement remanié et réduit autour de la batterie, de la guitare et de la basse) Valerie n'a de cesse de revisiter les différents styles musicaux de son sud natal : country, bluegrass, folk, blues et soul. C'est un magnifique périple en musique au milieu d'un désert ocre qui conclut notre journée.

The Computers (c) Victor Picon
The Computers (c) Victor Picon

Lianne La Havas (c) Nicolas Joubard


Dimanche 25 Août : Et c'est déjà le dernier jour, le temps passe décidément trop vite. Le soleil a définitivement déserté le parc de Saint-Cloud, le vent et la pluie s'installent durablement, cela ressemble (déjà) à une journée d'automne. On commence par le trio St-Lô, alliance trans-Atlantique entre deux électroniciens Bretons et Hanifah Walidah, une extraordinaire chanteuse soul/rappeuse Afro-Américaine de Brooklyn au look androgyne. Leur reprise de « Where did you sleep last night » de Leadbelly est vraiment intrigante. Retour ensuite vers la grande scène pour retrouver The Computers, groupe anglais bien mal nommé puisque évoluant dans un subtil mélange de rockabilly et de rock garage. C'est dire si le quintet tiré à quatre épingles dans des costards vintage assortis, déménage. Certes les grincheux pourront (à raison) arguer du fait que tout cela ressemble fortement à Jim Jones Revue, y compris le piano boogie révolté, mais qu'importe tant que l'ivresse rock n'roll est là... Sur le stand, un peu oublié, Région Île de France, réservé aux jeunes groupes de la région, The Blackfeet Revolution nous donne notre dose d'adrénaline rock n'roll pour la journée. Au croisement du blues, du rock garage et du stoner, le duo batterie/guitare fait montre d'un enthousiasme et d'une envie à toute épreuve. Prêt à tout dégommer, « foutre le bordel, mettre le feu » comme ils le disent eux-mêmes. Le sol tremble ! Excellente prestation de ce jeune duo, que, dans un monde parfait, on devrait retrouver bientôt sur les autres scènes comme les grands. Courage les gars ! Ca fait en tout vraiment plaisir et on quitte ce stand intime, qui rappelle l'ambiance d'une petite salle de concert, le sourire jusqu'aux oreilles. Quoi de mieux pour redescendre en douceur de ce pic d'excitation que la très belle Lianne La Havas, notre deuxième coup de cœur du week-end ? Magnifique chanteuse au timbre très soul, Lianne joue d'une délicate guitare, sans médiator et tout en arpèges. Très très beau. On termine notre week-end avec une autre chanteuse VV Brown dont la nouvelle orientation artistique nous laisse perplexe. Le nouveau projet s'articule autour d'un concept inspiré du mythe de Samson et fait la part belle à la synthpop. Quel contraste avec le tube « Shark in the water » ! Comme elle le dit elle-même : « new sound, new music, new VV »... Quoiqu'on en pense, VV Brown reste une chanteuse à la voix remarquable.

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