mardi 15 juillet 2014

Interview avec Chloe Charles (version française)


Auteure d'un excellent premier album entre soul, folk et jazz, Chloé Charles décrit avec sensibilité sa musique. Rencontre avec une jeune femme profondément artiste...

Ta musique a été influencée par ton enfance dans la campagne Canadienne. Est-ce que tu pourrais nous parler un peu de cet endroit pour commencer ?
Chloe Charles : Mon grand père était artiste et il avait construit une école d'art dans la forêt. C'est plutôt cool ! Quand j'avais sept ans, ma Mère voulait quitter la ville qu'elle trouvait trop stressante. Mon grand-père nous avait invité à vivre là-bas, il avait transformé l'endroit en maisons et appartements. C'était un endroit très créatif. Il avait tout construit de ses mains. Il y avait une galerie et une piscine au milieu de la forêt. C'était très spécial, avec des étangs et des grenouilles partout. Je traînait au milieu de la nuit, je n'ai jamais eu peur. C'était vraiment magique pour un petit enfant.

Tu a commencé la guitare assez tardivement, quel a été le déclencheur ?
CC : J'ai choisi la guitare pour deux raisons. J'ai grandi avec les chansons de ma Maman et elle était magnifiques. Ma mère jouait de la guitare classique avec sa sœur et elles jouaient à chaque réunion de famille. C'était naturel d'en jouer. C'était aussi très pratique. J'adore le piano mais c'est difficile d'en jouer au milieu de la forêt où à la nuit tombée dans le cottage. J'aime être mobile. Et j'adore la guitare classique.

J'ai entendu l'influence de la musique sur ton album. La façon dont tu écris, les arrangements de cordes...
CC (sourire) : Les cordes uummmhhh (rires) !!!

C'était difficile de trouver ta voix de chant ?
CC : Il y a eu une année quand j'étais à l'université, en 2006, où je chantais des chansons écrites pour moi par d'autres. A cette époque je n'avais pas encore trouvé ma voix. Mais à la fin de cette année j'étais sure de ce qu'elle n'était pas. Après j'ai passé un petit moment à écrire sans aucun préjugé. Je n'avais aucune idée de ce que j'étais en train de faire. C'est à cette époque que j'ai commencé la guitare. C'est comme ça, en jouant assise toute seule sans écouter les autres, que j'ai trouvé ma voix. C'est devenu de plus en plus naturel par la suite.

Que ressens-tu quand tu chantes ?
CC : Des émotions, des sentiments, vraiment. Ça serait chiant sinon (rires) !!!

Ta Maman a joué un rôle important dans ton éducation musicale ?
CC : Oh oui ! Elle écrivait des chansons et c'était très spécial. Ces chansons folk magnifiques à la Joni Mitchell. Elle écoutait aussi beaucoup de musiques très différentes. Des goûts très éclectiques. J'ai grandi avec beaucoup de genres musicaux très différents. Elle était tout le temps en train d'écouter de la musique et elle est très passionnée quand elle écoute quelque chose qu'elle aime. Elle est très réactive, elle danse (rires) !!!

Et elle aime ta musique ?
CC : Oh mon Dieu ! C'est ma plus grande fan et c'est tellement mignon (rires) !!! A chaque fois que je l'appelle, je peux m'entendre chanter dans le fond. Elle est tout le temps en train d'écouter ma musique (rires) !!!! Elle a toutes les chansons que j'ai écrites. Toutes les démos. Elle a quelque chose comme dix versions différentes de chaque chanson. 200 chansons, en boucle (rires) !!! Et même des trucs que je trouve horribles et elle adore (rires) !!! Et quand elle vient aux concerts, elle est tout le temps en train de chanter (rires) !!! C'est tellement mignon ! Tous mes amis l'aime à mourir, elle est tout le temps là et elle est cool (rires) !!!

Ton père est marié avec Cynthia Lennon (l'ex femme de John et la mère de Julian). Quel regard portes-tu sur la célébrité ?
CC : Ben en fait, je me fous complètement de la célébrité. Ça n'est pas très intéressant. Je ne suis pas comme ces artistes qui courent après la gloire et l'or. Mon objectif c'est de me fixer des challenges et surtout d'apprécier ce que je fais. Et de toucher les gens. La célébrité ne devrait pas être le but premier. Elle devrait découler du talent et de ta volonté à faire ce que tu veux. Et après avec un peu de chance, la célébrité suit où pas (rires) !!!! Enfin ça m'a surtout permis de garder les pieds sur terre.

Quels challenges par exemple ?
CC : Essayer de nouvelles choses, expérimenter avec les sons, les genres. Essayer d'écrire différemment, avec d'autres personnes. Ma partie préférée, c'est de collaborer avec d'autres musiciens et de créer des choses nouvelles. Développer des idées nouvelles, essayer d'en tirer le maximum. C'est très dur, parfois il peut y avoir des engueulades. Mais à chaque dispute, tu apprends beaucoup sur toi-même.

C'est effrayant d'être célèbre ?
CC : Oh oui ! Définitivement. Les gens deviennent différents, te traitent différemment et soudainement tu ne peux plus faire confiance à personne. Tu deviens très prudent avec tes amis, surtout les nouveaux. C'est un monde étrange. C'est très bizarre d'en faire partie. Ce n'est pas le truc le plus génial du monde.
 

Parlons un peu de la pochette de l'album. Ton visage est à moitié peint en noir. C'est un peu ce que j'ai ressenti en écoutant ton disque, divisé entre plusieurs choses...
CC : Oui, exactement.

Et quelles seraient ces différentes choses ?
CC : Tout. Il y a toujours différentes facettes. Des forces et des émotions différentes et opposées. Ce n'est jamais complètement équilibré, avec des hauts et des bas. C'est très beau de l'accepter et de l'observer.

Et si je te dis que je trouve que ta musique est métissée. Est-ce que tu serais d'accord ?
CC : Oui bien sur (rires) !

Quelle serait ta définition du métissage ?
CC : Ce n'est jamais conscient. Si tu as l'ouverture d'esprit nécessaire, alors tu seras influencé par tout. Et après tu mélanges ! J'ai toujours été comme cela. Quand on me demande ce que j'aime écouter et bien je réponds que j'écoute tout ce que j'aime. De toute manière, le son ou le genre n'a aucune importance.

Ecrire sur la musique m'oblige à écouter beaucoup de choses différentes et à la fin j'en arrive à la conclusion que finalement je n'écoute pas vraiment de la musique mais des émotions avant tout...
CC : Oui la musique te touche d'une manière ou d'une autre. Et c'est d'ailleurs très difficile à expliquer. C'est vraiment très spécial et même magique. La musique qui ne te fait aucun effet n'est absolument pas intéressante. Tout peut être parfait, les musiciens fabuleux si tu « n'entends » pas, cela n'a aucun intérêt.
 
Y-a-t-il une chanson que tu aimerais avoir écrite ?
CC : (pensive) hummm...
 
Le plus dur c'est de choisir une seule chanson...
CC (silence) : humm... En fait, en ce moment, je suis un peu obsédée par ce compositeur de musique de film, Max Richter. Les titres c'est du genre, partie A, partie B. J'essaye de penser à un titre de chanson. J'adore les bandes originales de films. L'idée de souligner l'émotion. Tu n'écoutes pas forcément mais la musique peut totalement changer un scénario.
Ce que j'aime aussi, c'est d'écouter de la musique et de me faire mon propre film, dans ma tête...
CC : Ah oui, ça aussi c'est cool (rires) ! C'est rigolo, je répétais l'autre jour et une amie pianiste était là, assise dans le fond, et m'a fait un commentaire similaire. Elle m'a dit : « Ta musique me donne l'espace nécessaire pour créer un monde nouveau ». C'est tellement cool ! Génial ! Mais c'est vrai des fois tu vas à un concert et tu disparais ailleurs. Donc pour en revenir à ta question, une chanson, mon Dieu ! Je peux te donner le nom d'un album : « The blue notebooks » (de Max Richter, ndlr).
Quel est le meilleur moment de la journée pour écouter ton disque ?
CC : Je dirais la nuit. Quand les gens sont plus calmes. Durant la journée, tu est souvent occupé et souvent tu stresses. La nuit, les gens prennent le temps de décompresser. Je pense que mon album doit être écouté. Ce n'est pas de la musique pour faire un fond sonore.
Quelle est la meilleure saison pour écouter ton album ?
CC : (silence, pensive) humm...
Je dirais le printemps, enfin je dis ça...
CC : Oui, j'aime bien cette idée !
Ou bien peut-être l'automne. Ni trop chaud, ni trop froid, juste au milieu...
CC : Oui, oui (rires) ! J'adore le printemps, c'est ma saison préférée ! Peut-être que l'automne est trop sombre. Je le sens quand j'écris, parfois cela peut être lourd, mais il y a toujours cette note d'espoir qui sort la beauté de la noirceur. Regarder en face ces choses qui peuvent être très sombres et les rendre jolies. Pour moi c'est ça le printemps, la fin d'une saison très noire. Comme une renaissance.
 
Quelle couleur est ta musique ?
CC : Indigo !
Propos recueillis le 24/01/2014.
Un grand merci à Chloé et à Marion.
 



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