lundi 6 octobre 2014

Black Strobe : « Godforsaken Roads »



En solo ou sous l'alias Zend Avesta, Arnaud Rebotini est un acteur majeur de la musique électronique dans notre hexagone ; musicien et producteur, sa patte « glacée » avait notamment fait des merveilles sur l'album de Rafale. Aux commandes de Black Strobe depuis une quinzaine d'années, Arnaud laisse libre cours à sa passion du rock (voire du métal par moment) et du blues. Conscient qu'il n'a ni le vécu ni la légitimité (ceci est dit sans offense) pour concurrencer BB King et autres John Lee Hooker sur leur propre terrain, Rebotini préfère intégrer le blues comme une influence première en matière de composition plutôt que de jouer l'imposture et se faire passer pour un bluesman pur. Black Strobe est ainsi un groupe aux contours fuyants, limite expérimental, cherchant à concilier la passion de la guitare ternaire avec celle des synthés analogiques. Le groupe n'est pas sans rappeler Depeche Mode (attention, celui de « Personal Jesus »), où une guitare ternaire ferraille dur contre synthés et autres boîtes à rythmes, un peu comme si Nine Inch Nails s'était mis en tête de faire un album de reprises de Muddy Waters. Les Doors du 21ème siècle. L'album brille par son côté oblique, les chansons ménageant de nombreuses surprises, une passage très rock succédant à un interlude électro plutôt froid et vice-versa ; le plus intriguant étant certainement cette reprise entièrement synthétique du « Folsom Prison Blues » de Johnny Cash. Au fil du disque, Rebotini laisse également apercevoir de belles qualités vocales. Tel un stentor, son timbre de gorge, profond est idéal pour incarner ce genre de répertoire. Finalement, il n'y a guère que les puristes de tout bords pour ne pas apprécier la démarche.

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