mardi 31 mars 2015

Pura Fe : « Sacred Seed »



Depuis 2009 et son album « Full Moon Rising », on restait sans nouvelle de Pura Fe, la chanteuse de blues Indienne Tuscarora. Ce nouvel effort, le septième, marque un nouveau départ pour l'artiste, un changement de label et le début d'une collaboration avec le bluesman Allemand, vivant en France, Mathis Haug qui prend en charge la production du disque. Un nouveau départ donc mais aussi une nouvelle approche. Cette fois, Pura Fe laisse de côté sa guitare lap-steel acoustique, sa marque de fabrique musicale, pour se consacrer uniquement au chant. L'évolution est significative et il nous semble que le chant, d'une grande puissance émotionelle, gagne en ampleur et en profondeur. Les chants traditionnels indiens, l'autre signature de Pura Fe, s'amalgament ainsi beaucoup plus aisément dans la musique pour former un ensemble harmonieux (« Mahomeneh », « Pigeon Dance », « River People »). Mathis Haug amène également de nouvelles couleurs, un banjo ici, un arrangement aux effluves jazzy par là (« Hiyo Stireh »), du piano, du violoncelle et une pointe d'électricité (superbe touché de guitare sur « Spirit in the sky » et un autre très belle ligne sur « Sacred Seed »). L'univers musical de Pura Fe, bien que toujours très marqué par le folk et le blues acoustique, n'avait jamais été aussi riche. Présent en guest sur quelques titres Jean-Jacques Milteau signe également quelques magnifiques soli d'harmonica (« Idle no more », « In a sentimental mood »). Signalons pour finir le superbe travail du graphiste Ben Hito sur la pochette et on obtient au final le meilleur album de Pura Fe, dans la lignée de son « Hold the rain » de 2007. Et si Pura Fé nous avait planté la fameuse « graine sacrée » du titre dans nos cœurs ?


lundi 30 mars 2015

Maya Kamaty : « Santié Papang »



Et si nous prenions, le temps d'un disque, la poudre d'escampette histoire d'échapper à cette saison qui n'a de printanière que le nom ? Je vous propose donc de prendre la direction l'île de la Réunion à la découverte de la jeune artiste Maya Kamaty et de son premier effort « Santié Papang » (Sentier Papang). Chanteuse à la voix charmeuse (« Ti Brine », la brume), Maya Kamaty chante le Maloya, sorte de pendant réunionnais du blues et de la soul music dont le rythme chaloupé résonnait autrefois dans les champs de canne à sucre. Chanté majoritairement en créole, le disque scintille d'une acoustique chaleureuse à base de guitare, de ukulélé et de percussions traditionnelles entretenant un swing tropical chaud comme un rayon de soleil (« Ti kok », frérot, « Mazine », Imagine). Quelques titres en français apportent un nouvel éclairage, en particulier sur le très beau premier single « Ecris-moi » au rythme jazzy. Parfois Maya semble comme envoûtée par un sortilège mi-progressif, mi-psychédélique comme sur « Mové Rev » (Mauvais rêve) ou sur le tryptique « Interlude/Veli/Dernié viraz » qui, placé en fin de programme, apporte une note étrange et magnétique à l'album. Un disque escarpé comme l'île natale de Maya, faîte de roche et de forêts luxuriantes. Un album exotique pour nos oreilles métropolitaines, propice à la rêverie en pensant aux sables lointains. Du soleil sur cd.

Anastasia + Lux Montes, CRD Marcel Dadi Créteil, 27/03/2015


Crée en 2011, le dispositif Créteil en Scène repère et accompagne groupes et artistes dans leur découverte du professionnalisme musical. Parmi les lauréats de cette année la chanteuse Anastasia et le groupe Lux Montes que l'on a pu écouter vendredi soir dernier dans le superbe cadre boisé de l'auditorium du Conservatoire à rayonnement départemental Marcel Dadi de Créteil.

On commence donc avec la chanteuse Anastasia qui ce soir se produit seule à la guitare électrique. On tombe rapidement sous le charme rétro et gouailleur de la chanteuse au swing inné quelque part entre soul music et chanson française sous haute influence jazzy. Derrière des textes non dénués d'humour et touchants Anastasia dévoile une voix forte et le coffre digne d'une chanteuse de jazz ; impeccable de maîtrise rythmique. Si Anastasia tient la scène avec beaucoup de charisme, la formule solo est un peu trop restrictive pour une artiste à l'univers aussi riche, gageons qu'un contexte plus arrangé lui irait très bien aussi. Les tentatives soul/swing restant relativement rares dans la chanson française, on ne peut qu'encourager ce projet en tout point prometteur.

Changement d'ambiance ensuite avec le duo Lux Montes. Projet aux contours expérimentaux, Lux Montes brouille les pistes pour mieux rebondir là où on ne l'attends pas. La base semble électronique, faîte de nappes assez sombres où parfois la guitare et la batterie semble d'un coup prises d'une poussée de fièvre rock, basculant dans la violence sonore, le volume dans le rouge. La voix fait aussi l'objet d'une attention toute particulière, Lux chantant autant qu'elle vocalise, samplant sa propre voix pour mieux expérimenter par la suite. Le duo produit une musique intime où tout est affaire de climat et de nuances sombres. A suivre...



dimanche 29 mars 2015

Slug : « Ripe »



Field Music serait-il en pause ? Il y a quelques semaines on découvrait le projet parallèle de PeterBrewis (en duo avec Paul Smith) et c'est maintenant au tour de Ian Black (le bassiste de Field Music) de dévoiler son projet solo sous le nom de Slug. Et la surprise est de taille ! Passée un premier morceau assez abstraite, « Grimacing Mask », Slug tombe le masque et fourbit ses armes au grand jour. Croisant riffs de guitares à l'efficacité redoutable (« Cockeyed Rabbit Wrapped in Plastic ») et rythmes funky (« Eggs and Eyes ») Mr Black met dans le mille. Le Led Zeppelin circa « Houses of the holy » n'est pas très loin, et on dit cela le plus sérieusement du monde. Et c'est d'ailleurs bien de rythmes et de funk, sous différentes formes, dont il est question sur la majorité des 11 plages de ce disque. « Greasy mind » abat une carte plus eighties proche de Prince alors que « Running to get pas your Heart » déboule à toute allure menée par une entêtante ligne de basse. Et que dire de « Kill your darlings » (peut être bien la meilleure du lot, mais le choix est difficile) sinon que le succès est garanti ! « Weight of Violence » voit le bassiste renouer avec son goût de l'expériementation livrant un titre savamment planant évoquant la musique de film. Dans le même ordre d'idée l'instrumental « Peng peng » est une élégante ballade au piano et à la guitare slidée assez cinématographique. Pour ce qui est des arrangements, Slug privilégie les claviers, apportant une note kitsch légèrement eighties pour un résultat hors du temps. Une belle réussite.


samedi 28 mars 2015

Interview with Cage the Elephant.

(c) Victor Picon

Freshly stepped out of the stage, Cage The Elephant singer Matthew Shultz, seems to be a different person. Quiet, focussed, staring at yours truly before delivering the right answer. Interview from the backstage of a big outdoors rock festival, under a sky about to rain.

(c) Victor Picon


How was it on the big stage today ?
Matthew Shultz : It was incredible, perfect. The crowd was bigger than i expected and it was a great one. I had a terrific time !

Last time you were here, three years ago, security had an hard time handling you...
Matthew : I calm down a little more. I'd like to think i'm a little more focussed and intentional.

Is it a little weird that your first two records were not released in France ?
Matthew : It is a little weird, i didn't know. We just moved record labels to sony so our records are going to be released here.

In France, Press drew comparisons with Nirvana because of songs like « Aberdeen » or « Sell yourself », how do you feel about it ?
Matthew : I love Nirvana. I don't think we are musically inspired by them. Maybe subconciously. Maybe it is because at some point i had hair like Kurt Cobain. « Aberdeen » is actually about the Scottish town. We actually did a tour with the Foo Fighters. Our drummer got ill and had to go to the hospital and Dave Grohl played drums for us.

How cool is that !
Matthew : That was incredible !

Is he powerful on stage ?
Matthew : He's incredible. The funny thing is we had an hard time giving a performance to the crowd because we just wanted to look at Dave Grohl drumming (laughs).

(c) Victor Picon

Being from Kentucky have you been exposed to country music ?
Matthew : How yeah, definitively !

I'm asking that question because of your song « No rest for the wicked »...
Matthew : I think maybe the slide guitar in that song was inspired by country music or late Bob Dylan, Allman Brothers kind of stuff. I was working in construction and a guy worked with me and he also dealt drugs as well. But he was always complaining about dealing drugs. Just about all the troubles it created in his life... And i asked him why he kept doing this if he was always complaining. And his reply was : « Man, there is no rest for the wicked » ! I wrote it down on a paper plate and that's how the song came about.

Back in Bowling Green, Kentucky, how did it felt being in a band ?
Matthew : It was incredible. It was kind of a way to break out from a life that was expected. I mean high school football and that kind of stuff. I quit the football team and start doing the band. And then it's a college town when students where there we played parties. There is a lot of kids, music, great bands. There are a couple of bands from Bowling Green that are doing well. It's a very cool place.

Is goofiness an important part in Cage The Elephant ?
Matthew : I think a certain level of freedom is important for sure. To allow yourself to enjoy it. Like Iggy Pop. If you take yourself too seriously you're in trouble. Do you know what i mean ? There is an old sayin « Don't take yourself too seriously no one is getting out of alive ». A lot of artists that i love allowed themselves to be themselves.

You and your brother had a religious upbringing. You've discovered rock n'roll quite late. Was it liberating ?
Matthew : I was exposed to rock n'roll younger but i didn't really dig in until my parents got divorced. And so i had my first job at a pizza restaurant and my first paycheck was like 300 dollars it was the most money i have ever seen in my entire life ! I went to the record store and i bought a stack of records that big ! Have you seen the movie « Almost famous » ? When he lights the candle and plays the records ? That exactly what happened (laughs) ! I was sitting there and i was like « Oh my God » ! (laughs). Discovering rock n'roll ! I was listenning to the records every single night as i went to sleep. It was incredible ! Really great time in my life !

The new album is called melophobia, which basically means « fear of music ». It's an odd title !
Matthew : Yeah (laughs) ! First it wasn't so much about an actual fear of music. As it was a fear of music in context of modern society. Like to create music, project images rather than communicate. Like to write a song that will be percieved as intellectual or artistic or the worst : genius. Any of these words these are the lead titles that separates the few from the many. Historically music has always been a thing that brings people together.

Tell me about your song « It's just forever » with Alison Mosshart on the new album. The ending with the piano is very different from everything you did so far. Do you think the band has reach a new step with this album ?
Matthew : Yeah (laughs). I think we are way better musicians than we've ever been and we've allowed ourselves to be more transparent and more free. And i think, at the same time, we are more intentional as well. I don't think « Melophobia » is our sound be it's definitively the path we'll take to create records in the future. It is the first step in allowing ourself to be more free.

And so, Alison Mosshart ?
Matthew : Oh my God, incredible ! She is very beautiful and she's also an incredible person. Very sweet, humble, genuine. When she came in, over sickness, her voice was hurting and she was concerned it wasn't going to be good. In two takes it was perfect. Ok i think we're done (laughs) ! And then we spent hours talking. It was very nice.

Is there more people you'd like to play music with ?
Matthew : Oh yeah ! Neil Young, Julian Casablancas, Dan Auerbach, Jack White, Tom Waits would be cool and Iggy Pop !

Iggy Pop ! I'd like to see that on stage (laughs) !
Matthew (laughs) : I would be incredible !

(c) Nicolas Brunet
A little word about « Cigarette Daydreams », in the lyrics you spoke about driving and listenning music...
Matthew : I used to get obsessed with the records and i had this really horrible car that was falling apart. And i would drive around until 3 o'clock in the morning listenning to the music. I drove very far out in the country side, just listenning. That song is actually about my now wife who is from Rennes. I met her at the Transmusicales and we got married couple weeks ago in Paimpol.

Is the band a little less angry ?
Matthew : Angry ? I'm angry than i've ever been before (laughs).

I mean on a music level...
Matthew : It depends on how we are at the time and how we feel like saying. There is a lot of things i can be angry or happy about. We'll see how it goes...

I have found Melophobia more complex...
Matthew : We tried to make sure that everything worked together. Construct and deconstruct until everything felt right.

Was it a longer to make ?
Matthew : Absolutely. I think we spent about 4 or 5 months writing. And then we spent 2 or 3 more months in the studio. It was a lot more longer than everything we've done before. We drove our producer crazy (laughs).

You have reached huge success in the UK ?
Matthew : Yeah. Things have been good in the UK in the past. Right now everything is very DJ orientated in the UK. Which is fine. We haven't been able to spent a lot of time in the uk on this tour. We've stayed 2 or 3 months in the past which was incredible. We've always loved it there. I hope to stay more time in the future.
http://www.cagetheelephant.com/



vendredi 27 mars 2015

Lieutenant : « If I kill this thing we're all going to eat for a week »



Bon petit soldat du rock n'roll, Nate Mendel (Foo Fighters, Sunny Day Real Estate) prends du galon au commande de son projet solo intitulé Lieutenant. En effet le jusqu'ici bassiste était plutôt discret et ce premier effort solo nous donne l'occasion de découvrir Mendel dans un rôle différent celui d'auteur-compositeur et de chanteur. Et le résultat étonne. Vu le pedigree du musicien mais aussi celui de ses accompagnateurs, Page Hamilton (guitariste d'Helmet), Chris Shiflett (Foo Fighters) et Jeremy Enigk (Sunny Day Real Estate), l'auditeur peut logiquement s'attendre à un déluge de décibels une fois le cd mis en route. Et à notre grande surprise, il n'en n'est rien. L'album se situerait même à l'opposé, comme un long travelling sur des paysages pop, apaisés, aériens (la magnifique « Believe The Squalor », « Some Remove »). Le grain de voix placide de Nate Mendel se prête plutôt bien à l'exercice et le disque montre par ailleurs de belles qualités d'écriture bien mises en valeur grâce à un solide sens du détail et une production soignée (cf. « Prepared Remarks ») assurée par Toshi Kasai (un autre habitué du boucan utilisé à contre emploi Melvins, Helmet). La musique respire et on apprécie ce sens de l'espace. Plus enlevée « Rattled » évoque plus la power pop, comme du Weezer en sourdine, que les assauts punk/métal dont les protagonistes sont habituellement friands. Une découverte.
Www.lieutenantmusic.com

jeudi 26 mars 2015

Sallie Ford + Courtney Barnett, festival les femmes s'en mêlent, le divan du monde, 25 mars 2015.


Joli plateau rock et féminin pour le festival Les Femmes s'en mêlent qui prend possession du divan du monde en ce mercredi soir.

Courtney Barnett (c) Florie Berger

Courtney Barnett (c) Florie Berger
Courtney Barnett (c) Florie Berger

On commence par la révélation australienne de la soirée, Courtney Barnett. Dans la foulée de la sortie de son premier véritable album qui suit un double EP la chanteuse/guitariste accompagnée d'une excellente section rythmique foule la scène. On est d'emblée pris par l'étrange mélange entre titres punchy d'inspiration grunge et longue divagations psychédéliques à la guitare. La section rythmique excelle grâce à un impeccable sens du swing mais capable aussi de coups de force. Un peu timide et empruntée, il ne fait point de doute que c'est guitare en mains que Courtney Barnett s'exprime le mieux. Le public a répondu en masse et la salle est pleine comme un œuf. Certainement un signe pour cette jeune artiste à suivre. Superbe prestation quoi qu'il en soit.


Sallie Ford (c) Florie Berger

Sallie Ford (c) Florie Berger
On continue avec la tête d'affiche de la soirée Sallie Ford, dont le projet musical est en pleine mutation. Fini le Sound Outside, Sallie est accompagnée ce soir de son nouveau groupe, 100 % féminin. On note en outre le changement d'instrumentation et l'apparition d'un clavier en lieu et place de la deuxième guitare (Sallie est désormais seule guitariste, le détail est d'importance). La contrebasse a été également reléguée au rang des souvenirs, remplacée par une basse électrique. Ces changements se sentent sur la musique moins marquée par le rockabilly et plus proche d'une sensibilité garage/pop. L'Américaine semble également différente, plus féminine les cheveux longs bouclés, décolorés dans sa robe à paillettes. Sallie s'amuse et tente différentes choses, un titre a cappella pour débuter le set, un petit détour par la basse et ose pour finir un titre sans aucune guitare à base de claviers kitsch, pour un résultat assez mitigé. A noter, le concert se termine par une reprise assez inattendue de « About a girl » de Nirvana parfaitement éxecutée. Même si cette nouvelle formule flotte encore un peu par manque d'habitude, Sallie semble parfaitement épanouie dans ce nouvel environnement et ses musiciennes sont toutes excellentes. Après une petite période de rodage ce nouveau projet devrait tenir toutes ses promesses.




mercredi 25 mars 2015

Cool Cool Cool : « Ad Song »



Nouveau venu le quatuor parisien a une approche décomplexée du rock bien en adéquation avec son patronyme triplement cool. La formule est simple, à base de guitares abrasives menées sur un tempo infernal. Une seule recette : le fun et le plaisir avant tout ! Rondement menée l'affaire se révèle addictive à souhait grâce à un solide sens de l'accroche (« Ad song ») dans la droite lignée de la power pop des années 1990. Placée en face B, « Poetics » montre le groupe sous une facette légèrement différente, plus lente et sensible, dans laquelle on décèle une légère trace bluesy au milieu du solo de guitare prouvant que ces quatre là sont loin de tout miser sur l'énergie mais sont aussi à l'aise avec la mélodie.

La sortie de ce 45 T s'accompagne d'un clip téméraire mettant en scène la star du X Anna Polina, « débauchée » par le quatuor pour l'occasion, utilisant différents sextoys siglés des membres du groupe (basse, batterie etc...). L'histoire ne précise pas, par contre, quel instrument a eu la préférence d'Anna...
https://fr-fr.facebook.com/coolcoolcoolband

mardi 24 mars 2015

Interview avec Cage the Elephant

Cage The Elephant, Rock en Seine, 28 Août 2014 (c) Victor Picon

Rock en seine, 28 Août 2014. Quelques minutes après avoir mis le feu lors d'une prestation particulièrement énergique on retrouve le chanteur Matthew Shultz dans la coulisse, entre un groupe en pleine répétition et un ciel qui vire à l'orage. Dans le privé, le chanteur se révèle aussi calme qu'il est exubérant sur scène et fixe intensément son interlocuteur (habitude un peu perturbante soit dit en passant) prenant son temps pour répondre. Concentré. Matthew Shultz comme vous ne l'avez jamais vu ! L'occasion de discuter de son rapport au grunge car qui n'a pas cru revivre les années 1990 à l'écoute des « Aberdeen », « Back against the wall » et autres « In one ear » nous jette la première pierre...

Cage The Elephant, Rock en Seine, 28 Août 2014 (c) Victor Picon

Alors c'était comment sur la grande scène aujourd'hui ?
Matthew Shultz (chant) : C'était incroyable, parfait ! La foule était plus nombreuse qu'espérée et c'était un super public. Je me suis éclaté.

La dernière fois que le groupe est venu, il y a trois ans, la sécurité a eu du mal à te tenir...
Matthew : Je me suis un peu calmé. J'aime penser que je suis plus concentré et volontaire.

C'est un peu bizarre que les premiers albums du groupe n'ont pas été distribué officiellement en France...
Matthew : C'est un peu bizarre en effet, je ne savais pas. On vient juste de changer de label en faveur de Sony. Nos disques sortent ici maintenant.

En France, la presse a beaucoup comparé le groupe à Nirvana à cause de chansons comme « Aberdeen » ou « Sell Yourself ». Qu'en penses-tu ?
Matthew : J'adore Nirvana mais je ne pense pas que l'on ait été inspirés musicalement par eux. Ou alors inconsciemment. A une époque j'avais la même coupe de cheveux que Kurt Cobain. C'est peut-être à cause de ça. « Aberdeen » c'est une chanson à propos de la ville du même nom en Ecosse. On a fait une tournée avec les Foo Fighters. Notre batteur est tombé malade et a dû être hospitalisé. Dave Grohl a joué avec nous à la batterie.

C'est classe !
Matthew : C'était incroyable !

Il est puissant derrière la batterie ?
Matthew : Il est incroyable. Le truc rigolo, c'est qu'on a du mal à assurer le concert pour le public. On n'avait qu'une envie : regarder Dave Grohl jouer de la batterie (rires) !

Cage The Elephant, Rock en Seine, 28 Août 2014 (c) Victor Picon

Tu viens du Kentucky, tu as écouté beaucoup de country étant plus jeune ?
Matthew : De la country ? Oui bien sur !

Je pose cette question à cause de la chanson « No rest for the wicked »...
Matthew : Oui il y a un petit truc country dans cette chanson à cause de la guitare slide. Mais ça vient aussi de Bob Dylan dernière période ou des Allman Brothers. En fait, je travaillais sur les chantiers et j'avais un collègue qui était également dealer. Il était tout le temps en train de se plaindre. De la drogue, de tous les soucis que cela créait dans sa vie. Je lui ai demandé pourquoi il continuait à faire le dealer puisqu'il était tout le temps en train de se plaindre. Et il m'a dit : « Mec, y'a pas de repos pour les méchants » (No rest for the wicked, ndlr) ! Je l'ai noté sur une assiette en carton et c'est comme ça que la chanson est née.

C'était comment d'être dans un groupe à Bowling Green, Kentucky ?
Matthew : C'était un moyen de se libérer d'un destin tout tracé. Je veux dire l'équipe de foot du lycée, tout ça. J'ai arrêté le football quand on a commencé le groupe. Bowling Green, c'est une ville étudiante, on a beaucoup joué dans des fêtes lorsque les étudiants étaient là. Il y a beaucoup de kids, de musique, quelques excellents groupes. Il y a quelques groupes de Bowling Green qui se débrouillent pas mal d'ailleurs. C'est un endroit cool.

L'humour, le second degré, c'est important dans Cage The Elephant ?
Matthew : Ce qui est important, surtout, c'est d'avoir un certain niveau de liberté. Ca c'est sur. On doit s'autoriser à profiter. Comme Iggy Pop. Les problèmes commencent quand tu te prends trop au sérieux. Tu vois ce que je veux dire ? Il y a un adage qui dit « Ne te prends pas trop au sérieux, personne ne s'en sort vivant ». Beaucoup d'artistes que j'adore s'autorisent à être eux-mêmes.

Toi et ton frère Brad (guitariste du groupe) avez reçu une éducation religieuse. Tu as découvert le rock n'roll assez tard. C'était libérateur ?
Matthew : J'ai été exposé au rock n'roll assez tôt mais je ne me suis vraiment plongé dedans qu'après le divorce de mes parents. Mon premier boulot, c'était dans une pizzeria et mon premier salaire c'était quelque chose comme 300 dollars. Je n'avais jamais vu autant d'argent avant ! Je suis allé chez le disquaire du coin et j'ai acheté un paquet de disques comme ça ! Tu as vu le film « Presque Célèbre » (réalisé par Cameron Crowe en 2000, ndlr) ? Quand il allume la bougie et commence à écouter les disques ? C'est exactement comme ça que ça c'est passé (rires) ! J'étais assis et j'étais là : « Oh mon Dieu » ! Je découvrais le rock n'roll ! J'écoutais mes disques tous les soirs avant de me coucher ! C'était incroyable, une période vraiment heureuse dans ma vie.

Le nouvel album s'intitule « Melophobia » que l'on pourrait traduire par « peur de la musique » ou « mélodie phobique ». C'est un peu bizarre comme titre, non ?
Matthew : Oui (rires) ! Bon en fait il ne s'agit pas d'une véritable peur de la musique. Il s'agit plutôt d'une peur de la musique dans le contexte de nos sociétés modernes. Faire de la musique comme on projette des images au lieu de communiquer. Ecrire une chanson qui va être perçue comme « artistique », « intellectuelle » ou pire que tout « comme tenant du génie ». Tous ces mots sont des titres qui séparent une élite de la masse. Historiquement, la musique a toujours rassemblé les gens.

Un petit mot sur la chanson « It's just forever » avec Alison Mosshart. Le final au piano est très différent de ce que vous avez fait jusqu'ici.Tu penses que le groupe a franchi une nouvelle étape avec ce disque ?
Matthew : Oui. Je pense que nous sommes de bien meilleurs musiciens qu'avant. On s'est permis d'être plus transparents, plus libres. En même temps on est aussi beaucoup plus volontaires. Je ne crois pas que « Melophobia » va définir notre son mais c'est certainement le chemin que l'on va prendre dorénavant pour faire de la musique. C'est une première étape dans notre quête de liberté.

Et alors, Alison Mosshart ?
Matthew : Oh mon Dieu, incroyable ! Elle est très belle mais c'est aussi une personne très intéressante. Très douce, humble, authentique. Quand elle est venue, elle était un peu malade, avait mal à la gorge. Elle avait peur de ne pas être à la hauteur. En deux prises c'était réglé ! Ok c'est bon je crois qu'on a fini (rires) ! Ensuite on a passé des heures à discuter. C'était génial.

Il y a d'autres gens avec qui tu aimerais faire de la musique ?
Matthew : Oh oui, Neil Young, Julian Casablancas, Dan Auerbach, Jack White. Tom Waits ça serait génial. Et Iggy Pop !

Iggy Pop ! J'aimerais bien voir ça sur scène (rires) !
Matthew (rires) : Oh yeah ! Ca serait incroyable !

Un petit mot sur « Cigarette daydream » dans laquelle tu parles de la conduite ?
Matthew : J'étais obsédé par les albums et j'avais cette voiture horrible qui tombait en ruines. Je conduisait jusqu'à trois heures du matin en écoutant de la musique. J'allais assez loin dans la campagne. Et j'écoutais la musique. Mais cette chanson parle de ma femme. Elle est Rennaise, je l'ai rencontré aux Transmusicales. On s'est marié il y a quelques semaines à Paimpol.

Cage The Elephant, Rock en Seine 27 Août 2011 (c) Nicolas Brunet

Est-ce que le groupe est moins en colère ?
Matthew : En colère ? Je n'ai jamais été autant en colère (rires) !

Et d'un point de vue musical ?
Matthew : Ca dépend de notre état d'esprit du moment et de ce que l'on a envie d'exprimer. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je pourrais m'énerver. On verra comment ça se passe.

J'ai trouvé que Melophobia était un album plus complexe...
Matthew : On a essayé de faire en sorte que tout fonctionne ensemble. On a construit et déconstruit, construit et déconstruit encore et encore jusqu'à ce que cela sonne bien. Il fallait qu'on le sente bien aussi.

Ca a été long ?
Matthew : Absolument. On a passé quatre à cinq mois à écrire. Et après encore deux ou trois mois en studio. Ca a été beaucoup plus long que d'habitude. Le groupe n'a jamais passé autant de temps en studio. On a rendu notre producteur dingue (rires) !

Vous avez eu un succès énorme au Royaume-Uni...
Matthew : Oui ça s'est bien passé pour nous là-bas par le passé. Mais maintenant la scène britannique est très orienté sur les Djs ce qui est ok aussi. On n'a pas pu passer autant de temps que l'on aurait voulu au Royaume-Uni sur cette tournée. Par le passé on restait deux ou trois mois, ce qui était incroyable. On a toujours adoré aller en Grande-Bretagne. J'espère que l'on pourra rester plus longtemps dans le futur.

Propos recueillis le 28/08/2014.


lundi 23 mars 2015

Aron Ottignon : « Starfish EP »



Pianiste exceptionnel, le Néo-Zélandais Aron Ottignon est le cosignataire du tube « Papaoutai » de Stromae et a fait le tour du monde en compagnie de Woodkid qu'il a accompagné sur les scènes du monde entier. Ce premier EP de six titres marque ses premiers pas en solo. Situé au croisement de plusieurs cultures cette livraison inaugurale joue avec plaisir sur les contrastes. Entièrement instrumental, le disque met en avant la virtuosité naturelle du musicien entre jazz, sens du swing imparable (« Watefalls in Tanzania »), et classique (« Rivers »). Une base sur laquelle se greffe des beats électro et autres arrangements plutôt orientés world (« Starfish »). Un cocktail détonnant et peu commun, finalement bien à l'image de cet artiste décalé et spécialiste de la bizarrerie. L'album à venir s'annonce comme une curiosité...


dimanche 22 mars 2015

James Bay : « Hold back the river EP »



Jeune songwriter dont on fait des gorges chaudes, James Bay déçoit pourtant avec son titre « Hold back the river » trop propre, policé, la chanson semble avoir été calibrée pour la radio et le succès grand public. Alors, James Bay, artiste formaté ? N'allons pas si vite en besogne, car les titres placés en face B donnent quelques raisons d'y croire. « Sparks » et ses effluves blues sur le fil d'une ligne de guitare particulièrement inspirée nous réconcilie avec l'artiste. « Wait in line » nous démontre que l'acoustique sied particulièrement bien au songwriter et à son grain de voix émotif. Enfin, l'ep se termine avec une version live et acoustique de « Hold back the river », nettement plus convaincante que la version studio où l'on sent réellement battre le cœur de l'artiste qui se sort les tripes seul sur scène. On attend l'album avec curiosité.


samedi 21 mars 2015

Falone : « Joseph »



On retrouve chez Falone ce que l'on avait tant aimé naguère dans le premier album des Noisettes, chez Tamar-Kali ou chez les BellRays, à savoir, une chanteuse au magnifique timbre soul (l'acoustique « Break my chains », magnifique) projeté dans un univers rock (« Long road to heaven »). Ce premier EP, intitulé « Joseph » en hommage à son Père, commence de façon assez drastique avec « Happy end » (étonnant choix de titre pour commencer un disque soit dit en passant), morceau ravageur à base de guitares saignantes menées tambour battant. Rapidement, Falone se distingue de ses consoeurs citées en début de chronique par une appétance particulière pour des sonorités plus anglaises. Ainsi son falsetto fait des ravages le temps d'un « Mind Control » assez pop ou d'un « Help » en apesanteur rappelant The Cure. Ces cinq titres constituent un chouette début, espérons une confirmation sur long format bientôt.


vendredi 20 mars 2015

Sofia Bolt : « Strange Reactions »



Deuxième EP pour cette formation parisienne menée par la chanteuse Franco-Américaine Amélie Rousseaux, la nièce de Jérôme Rousseaux (Les Objets, Ignatus) qui lui a offert sa première guitare. Cette deuxième livrée a été enregistrée dans des conditions peu communes, en live au studio CBE, en compagnie de musiciens rencontrés lors des soirées Open Mic du Pop In (un bar rock de la capitale qui ouvre sa scène aux musiciens de passage). Il en résulte un disque nerveux et tendu, fleurant bon les effluves du rock indé des années 1990. Pratiquant un art consommé de la tension/détente, de l'accélération mais aussi de la dissonnance, l'ep ressemble à un château de carte tenant debout par on ne sait quel miracle... A lui seul, le titre d'ouverture « Fight me off » réserve son lot de surprises multipliant les fausses pistes et autres raccourcis. Ce n'est finalement pas une surprise que cette nouvelle livrée ait été intitulée « Strange Reactions », tellement ces cinq titres nous rappelent, à bon escient, que l'urgence reste une des vertues cardinales du rock n'roll. Que dire de plus si ce n'est qu'on espère un futur radieux pour cette formation sous la forme d'une album en bonne et due forme.
En concert le 26 mars à l'Eglise Saint Eustache (20h précises).

jeudi 19 mars 2015

Joe Bel : « Hit the roads »



« Hit the roads », le deuxième EP de la jeune Grenobloise Joe Bel, est le genre de disque qui s'impose de suite comme une évidence dès la première écoute. Suivant une ligne mélodique claire, entre folk et soul, Joe crée le parfait écrin, délicat et confortable, pour sa voix de velours, terriblement sexy. Nappé d'influences américaines au sens large du folk hippie à la soul Noire (« Stronger »), la musique de Joe évoque des paysages immenses, des déserts et des routes en ligne droite. L'émotion qui transparaît au fil de sa voix est toujours présente, intacte, de la première à la dernière note, aussi bien sur les titres très arrangés (« Hit the roads ») que plus dépouillés à la guitare (« A while (Free) »). Une livraison certes courte, quatre titres seulement, mais extrêmement prometteuse. Vivement la suite, tiens !
Www.joe-bel.com

mercredi 18 mars 2015

Véronique Vincent & Aksak Maboul + Shopping, LFSM, Le divan du monde, 16 mars 2015.

Shopping (c) Florie Berger


Shopping (c) Florie Berger



Shopping (c) Florie Berger


Shopping (c) Florie Berger

Et c'est parti pour une nouvelle édition du festival les femmes s'en mêlent avec une soirée d'ouverture au divan du monde fortement teintée 1980s.

On commence tout d'abord avec le trio Shopping qui nous arrive de Londres. Le trio (basse, batterie, guitare) pratique un rock minimal qui n'est pas sans rappeler la no wave du début des années 1980, on pense notamment à The Cure à l'époque du premier album. D'autant que la chanteuse, black, Rachel Aggs entretient une troublante proximité vocale avec Robert Smith. Ascétique, rudimentaire, sans artifice de gros son ni autre, Shopping emporte pourtant l'adhésion générale grâce à des mini pop songs bien foutues et accrocheuses. La formule fonctionne à merveille, en particulier sur le single « In other words » : riff de guitare entêtant, batterie carrée en mode automatique qui sonne comme une boîte à rythme et basse à l'avenant sur un tempo d'enfer. Franchement pas mal. D'autant plus que le trio se donne sur scène et joue avec un enthousiasme communicatif. Les spectateurs, vétérans, du premier rang semble revivre leur jeunesse dansant comme des possédés. Belle découverte pour débuter la soirée.

Aksak Maboul (c) Florie Berger

Véronique Vincent (c) Florie Berger

Véronique Vincent & Aksak Maboul (c) Florie Berger

Véronique Vincent & Aksak Maboul (c) Florie Berger


On retrouve ensuite Véronique Vincent et Aksak Maboul un « tout jeune groupe qui ne joue que son sixième concert » en trente ans ! On vous avait conté (par ici) l'invraisemblable aventure de l' « Ex futur album » qui a dormi sur une étagère, inachevé, pendant plus de trente ans avant de connaître une sortie officielle dans le commerce en fin d'année dernière. Après quelques dates dans leur Belgique natale, le duo Véronique Vincent (chant) / Marc Hollander (claviers) remonte sur scène pour la première fois depuis les années 1980 ! Pour l'occasion ils sont accompagnés par leur propre fille Faustine Hollander (basse, guitare, xylophone) et par la cheville ouvrière du groupe Amartoski : Sebastiaan Van den Branden (batterie) et Christophe Claeys (guitare, basse, claviers). Trois musiciens qui n'étaient même pas nés lorsque l' « ex futur album » a été enregistré au début des années 80 ! Un concert exceptionnel ! Disposant d'un nombre limité de chansons à leur répertoire, le groupe se trouve contraint de jouer les prolongations, étirant les compositions dans une sorte de transe psyché/tropicale instrumentale (« Chez les aborigènes », « Réveillons nous », magnifique) pleine de groove grâce à un jeu de batterie teinté de jazz (« Je pleure tout le temps » qui ressucite la classe Gainsbourienne) faisant la part belle aux synthés vintage de Marc Hollander. Excellent concert, hélas trop court.

http://www.lfsm.net/fr/


lundi 16 mars 2015

Ali Campbell : « Silhouette »



Dans les années 1980, il fut une star en qualité de chanteur de UB40, groupe de reggae britannique qui a tiré son patronyme du nom d'un formulaire d'inscription au chômage. Ali Campbell, a comme bien d'autres vétérans (Marilyn Manson, Gary Numan, Ocean Colour Scene) rejoint le label Cooking Vinyl. Ali Campbell évolue en solo depuis 20 ans et « Silhouette » est son sixième effort en solitaire. Enfin presque puisque ce nouveau disque voit le chanteur se rabobicher avec Astro et Mickey, deux autres membres de UB40. Du coup l'écoute procure une étrange sensation comme si l'horloge s'était arrêtée dans les années 1980, pour un résultat très proche du son UB40. Même approche pop du reggae, comme à l'époque de « Red red wine » avec basse chewing gum. Les cuivres, probablement joués au synthé, sonnent par contre un peu cheap. Quelques reprises sont au programme dont « I want you » (Bob Dylan), « Anytime at all » (Beatles) ou « Sha la la », la plus réussie de cette nouvelle livrée. Roots mais léger en dépit de quelques commentaires sociaux glissés subrepticement dans les paroles.



dimanche 15 mars 2015

Motobunny



Et de trois ! Après les excellents The Love Me Nots et Zero Zero, le couple terrible du rock US Nicole Laurenne/Michael Johnny Walker est de retour avec un nouveau projet, dont le nom évoque l'univers motocycliste. Et dans les faits il y a un peu de cela puisque ce nouveau groupe, nommé Motobunny et composé avec la moitié de The Woolly Bandits (Christa et Rik Collins), entend rendre hommage à une frange dure du rock à cuir noir. Quelle différence avec The Love Me Nots me diriez-vous ? Un peu moins d'orgue, des guitares encore plus énormes et grasses (« Apocalypse Twist ») et surtout la présence de deux chanteuses qui harmonisent, fort bien au demeurant (« Thinking about me »), dans ce déferlement de testostérone apportant ainsi recul et distanciation au milieu du déluge de décibels. On pense, encore plus qu'avec The Love Me Nots, au Detroit des années 1970, The Stooges, MC5 (« Red Rover » avec un chouette arrangement de cuivres) avec toujours un angle d'attaque pop (le très sixties morceau titre « Motobunny »). Mais comme il est difficile de se renier totalement, certains titres rappellent les groupes précédents « Let's go out » n'aurait pas dépareillé dans le répertoire de Zero Zero et « The Other Side » aurait pu être une chanson des Love Me Nots ou des Woolly Bandits. Avec la très réussie « Drown », le groupe s'attaque à un nouveau style, inventant la bande son d'un western moderne, à fond le bitume, le gros cube et les cheveux aux vents dans la poussière. Fans des Love Me Nots, nostalgiques du rock n'roll 70s, vous ne pouvez que tomber sous le charme de cet album très fun.
https://www.facebook.com/motobunnymusic

vendredi 13 mars 2015

Matthew E. White, Le New Morning, 09/03/2015

(c) Shawn Brackbill


C'est dans la petite salle du New Morning que l'on a retrouvé Matthew E. White dans un cadre particulier pour lui puisqu'il s'agit de présenter les chansons de son nouvel album (le superbe Fresh Blood) le jour même de sa sortie et en solo intégral. La prestation revêt ainsi un caractère exclusif, puisque ainsi que l'affirme Matthew c'est la première fois qu'il joue du piano sur scène. Et c'est une autre surprise puisqu'on a plutôt l'habitude de voir le songwriter de Richmond (Virginie) se produire à la guitare folk. C'est aussi l'occasion de découvrir ces nouvelles compositions dans leurs versions originelles puisque de son propre aveu, Matthew écrit principalement au piano. On a l'impression par là-même de partager un moment privilégié et d'assister à la naissance d'une œuvre. Après une grosse demi-heure derrière le clavier, le musicien opte pour la guitare électrique (son clair) et, toujours en solo, présente une version électrifiée de quelques anciennes chansons (« Big Love », « Will you love me »). On pense alors à Jeff Buckley ou Elliott Smith qui avaient l'habitude de cette configuration folk électrique. Le résultat est étonnant et les notes de guitares résonnent avec force et insistance. A noter également une reprise de « Sail Away » (Randy Newman) qui va comme un gant à cet artiste qui se situe plutôt dans la lignée de songwriters (Neil Young version folk, James Taylor, J.J Cale) que des jeunes groupes de rock tenant d'un revival rock 70s. Malgré la méconnaissance de ces nouveaux titres par le public, ce dernier lui réserve une chaude ovation. Difficile il est vrai de résister au charme de sa voix douce et à son répertoire très solide malgré l'absence des arragements de vents et de cordes, prépondérants sur disque. Après deux albums seulement, Matthew E. White s'impose comme un artiste à suivre de près, impressionnant de maturité.


jeudi 12 mars 2015

Robi : « La Cavale »



Ce nouvel album, le deuxième, Robi l'a conçu différement. Pour la première fois, la jeune artiste a entièrement pris en charge l'écriture du disque, tant pour les paroles que pour la musique. Entre chanson française aux textes acérés et abstraits et musique aux accents new/cold wave (on pense parfois à Joy Division, The Cure) Robi se trace un chemin personnel sur la scène musicale hexagonale. Minimaliste et dense l'album se joue des contrastes et cultive les paradoxes. Ainsi, « Danser » n'est pas particulièrement dansante et « Nuit de fête » ressemble plus à la bande son d'un petit matin blafard qu'à celle d'une « nuit de folie » passée sur le dancefloor. Sur des mélodies compactes, hypnotiques et resserées autour de quelques instruments (lignes de basse prédominantes, synthés analogiques et quelques guitares), très rythmées (une réminiscence de son enfance passée entre La Réunion et l'Afrique ?) Robi dépeint un univers personnel, assez sombre, usant parfois d'un vocabulaire relativement violent (colère, rage, cage in « La Cavale »). Etonnant de la part de ce petit bout de femme aussi frêle et timide dans la vie que survoltée une fois le pied posé sur scène. Avec ce nouvel effort Robi lance un pavé dans la morne plaine de la chanson d'ici. Un disque qui sonne comme une cavale éperdue, le résumé d'une vie.
En concert le 26/03 à Paris (le divan du monde)


Les Tit'Nassels en concert le 2 avril au café de la danse


mercredi 11 mars 2015

Pierpoljak : « Général Indigo »



Après vingt ans de carrière, « Pierre Paul Jacques » pose un constat lucide, et donc pas forcément réjouissant, sur le monde qui nous entoure. Ses textes sont empreints de réalité sociale : « Puta vida loca » contant la vie d'un sdf, « Papas du week end » évoquant le divorce et la garde partagée, « Un homme malheureux » sur la violence découlant de la précarisation sociale. Quant à « Pour moi c'est déjà légalisé » elle reprend un thème récurrent du reggae dans la lignée du « Legalize it » de Peter Tosh (1976). Dans cet océan de noirceur, (Sérieux merdier comme il le chante) « Keep on dada » apporte un peu de lumière : « Changer le monde c'est possible » ! Agé de cinquante ans, Pierpoljak est dorénavant un artiste mature, son nouvel album est particulièrement roots, reggae (« Amusons-nous ») parfois teinté de sonorités latines. Fini pour lui la quête du tube, Pierpoljak fait désormais ce qu'il lui plait, « Pas de télé pour me dicter ma pensée » (in « Une épée suspendue ») et cela lui sied plutôt bien. C'est surtout un artiste particulièrement humain que l'on découvre au fil des titres prêt à prendre fait et cause pour les petites gens. Toujours pas prêt au combat Pierpoljak et c'est tant mieux !

http://pierpoljak.fr/
En concert le 13 mars à Paris (Divan du monde)