vendredi 31 juillet 2015

Orango « Battles »



Depuis sa Norvège natale, Orango recrée une géographie toute personnelle de la carte musicale étasunienne, le modèle avoué du trio. Les yeux rivés sur les années 1970, l'age d'or du rock n'roll puissant et électrique, Orango revisite avec bonheur le rock US tout au long de ce cinquième album mélangeant le rock musclé typiquement sudiste avec des arrangements psychés d'obédience Californienne. Un peu à l'image du titre d'ouverture, « Bearded Love », qui après une intro abstraite, effectue un spectaculaire lâché de guitares et de gros son .Dans le même esprit, citons également « Mountain mist » à l'acoustique chatoyante. Un peu plus loin, un orgue amène une touche autant soul que garage apportant une respiration groove bienvenue (« Rest in the nest ») alors que « Cajun Queen » constitue l'indispensable tribut au blues du groupe. Plutôt méconnu dans nos contrées, en dépit de ses quinze années de carrière, Orango livre ici un disque attachant et sans faute de goût. Aussi bon que Blues Pills ou Rival Sons dans le même registre. Un album et un groupe à découvrir et qui nous confirme l'excellente tenue du rock seventies dans les pays nordiques (cf. Horisont).
http://www.orangotheband.com/

mercredi 29 juillet 2015

Randy Roberts And The Capital Strokes : « CS »



C'est un fait acquis, depuis quelques années, la soul music à l'ancienne, façon blaxploitation 70s, n'en finit plus de renaître de ses cendres. Si les Etats-Unis restent la tête de pont de ce renouveau (cf. le label Daptone), l'Europe n'est pas en reste et pas uniquement en Grande-Bretagne. On compte déjà sur les Allemands des Mighty Mocambos et dorénavant il faudra également prendre en considération les Italiens de Capital Strokes mené par le chanteur d'origine américaine Randy Roberts (le fils de Rocky Roberts, un soulman américain expatrié en Italie). Groupe massif, 12 membres rien de moins, les Capital Strokes oeuvrent avec beaucoup de musicalité dans un genre mixant funk, soul, jazz et rhythm and blues. C'est dire si l'album est varié entre funk finement ciselé (« Do it like the strokes », « District 11 ») et ambiances langoureuses (« The sound of love », « More than anything »). Hélas, le groupe se perd parfois un peu en route plagiant outrageusement Curtis Mayfield sur le titre d'ouverture « They wanna funk me up » qui rappelle beaucoup « Freddie's dead » (de la BO Superfly) et récidivant sur « I can't do without love » dont le gimmick de guitare est calqué sur « Kiss » de Prince. Probablement un simple hommage. En revanche, le groupe nous captive lorsqu'il sort de ses marques et s'attaque au blues le temps du (trop) court interlude « 3 AM », nocturne et noctambule à souhait. Varié et pas uniquement focalisé sur les 70s (« Do woop » à capella ; « Always on the run » reprise réinventée de Lenny Kravitz), l'album est finalement une bonne surprise, probablement explosive sur scène.
Facebook

mardi 28 juillet 2015

The Mighty Mocambos : « Showdown »


Groupe à la remarquable efficacité, les Mighty Mocambos ont déjà oeuvré en compagnie des chanteuses Gizelle Smith ou de notre frenchy Caroline Lacaze. Showdown est leur seconde sortie sous leur nom propre. Au menu donc du funk et de la soul. Du groove et du solide. Comme bien souvent de nos jours, où la nostalgie est à la mode, le combo Allemand lorgne allégrement du côté des productions sixties sur la base de cuivres bien sentis et des rythmes dynamiques. Mais pas uniquement. Afin de compenser l'absence de voix, le groupe recrute des chanteurs/chanteuses venus d'horizons divers. Si l'excellente Nichola Richards ne sort guère des lignes, sa contribution rappelle les travaux antérieurs du groupe en compagnie des chanteuses précitées, les choses deviennent intéressantes lorsque le légendaire Afrika Bambaataa s'empare du micro, apportant une direction hip hop assez inattendue pour le groupe. Ainsi, « It's the music » n'est pas sans rappeler le Tupac de « California love ». Surprenant. Pour le reste, l'album s'articule entre morceaux chantés et respirations instrumentales, le viseur bien calé sur les Dap-Kings et les potentiomètres qui s'affolent, l'aiguille largement dans le rouge. Rien de bien original mais cela suffit à notre bonheur.
https://www.facebook.com/TheMightyMocambos

samedi 25 juillet 2015

Ash : « Kablammo ! »



Figure de proue des années 1990, les Irlandais (mais relocalisés aux Etats-Unis) de Ash étaient silencieux (du moins en ce qui concerne le format album) depuis 2007. Une longue pause à l'issue de laquelle le trio nous revient plus mordant que jamais. Car, à l'image de la pochette figurant une explosion, ce nouvel effort marque un retour aux sources power pop pour le groupe. Une explosion sonore. En effet, comme aux plus belles heures des nineties, Ash délivre des petites pépites dépassant rarement les trois minutes toutes guitares dehors. Une illustration point par point de la célèbre formule couplet/refrain/couplet des plus efficaces. Ceci étant posé, le son de Ash s'est enrichi de nouvelles couleurs au fil des années. Ainsi, « Cocoon » le morceau d'ouverture se pare de sonorités surf et garage-rock tout comme le court instrumental « Even Knievel » (un clin d'oeil au cascadeur Evel Knievel). Un peu plus loin, « Machinery » et « Free » ralentissent le tempo et font montre du savoir faire du trio en matière de ballade. Dans le même ordre d'idée, « Moondust » et « For Eternity » donnent au leader Tim Wheeler l'occasion de ressortir le piano. Alors certes, l'album n'est pas foncièrement original, mais qu'importe dans le fond la dévastatrice « Go fight win », l'incendiaire « Hedonism » devraient faire taire les grincheux à grands coups de décibels derrière les oreilles. Jouissif à défaut d'être cérébral.


jeudi 23 juillet 2015

Lifehouse : « Out of the Wasteland »



Plutôt méconnu de ce côté-ci de l'Atlantique, les Californiens de Lifehouse ont déjà quinze ans de carrière et la présente sortie constitue le septième chapitre de leur aventure discographique. Pour résumer, Lifehouse c'est le genre de musique qui est parfaite pour les ondes FM d'un pays qui n'est pas le notre. Lifehouse est intrinséquement étasunien. On y retrouve ce mélange de ballades puissantes et de gros son, de la pop musique jouée à fond les ballons, alors que la voix du chanteur Jason Wade possède cette petite cassure dans le timbre typique des années grunge, les années de formation pour le groupe qui a sorti son premier album en l'an 2000. A ce petit jeu, les guitares mises bien en avant (« Hurricane »), le groupe se révèle presque aussi convaincant que Biffy Clyro. Assez varié, le groupe joue également la carte de la ballade acoustique avec un bonheur incertain. Si « Flight » nous apparaît trop larmoyante pour être honnête, genre grand orchestre et compagnie, le folk tout simple de « Wish » fait mouche et nous ramène aux années 1970. Lâché par la major Geffen il y a trois ans, Lifehouse est de retour avec un album taillé pour les stades mais sorti sur la structure indépendante Ironworks music, co-propriété de l'acteur Kiefer Sutherland (Jack Bauer dans 24 heures chrono). On appréciera l'ironie de la chose...
En concert les 25 (Bataclan) et 26 (Etoiles) septembre.
https://www.facebook.com/lifehouse

lundi 20 juillet 2015

Sylvain Chauveau et Ensemble Nocturne : « Down to the bone an acoustic tribute to Depeche Mode » (Réédition)



Entre toutes, les reprises de Depeche Mode sont souvent les plus intéressantes. En effet, l'instrumentation « classique » donne de nouvelles couleurs au répertoire et mettent en valeur l'écriture raffinée de Martin Gore loin de la production high tech qui fait la marque de fabrique du quartet de Basildon. Ainsi garde-t-on un souvenir ému des Smashing Pumpkins s'attaquant à « Never let me down again » ou du regretté Johnny Cash s'appropriant totalement « Personal Jesus » redonnant sa tonalité blues/country à ce dernier titre. Musicien français, Sylvain Chauveau a pour sa part choisi une autre voie mettant sur pieds pour l'occasion l'Ensemble Nocturne un quartet de musique classique, piano, clarinette, violoncelle et alto, que l'on imagine échappé par la fenêtre du conservatoire. Malgré la présence évidente de quelques tubes (« Never let me down again », « Enjoy the silence ») Chauveau a préféré revisiter les coins plus obscurs de la discographie DM, évitant les choix trop évidents, et mettant en lumière des titres moins connus du grand publics mais chers aux cœurs des fans (« The things you said », « Death's door », « In your room », « Freelove ») quitte à déconstruire un peu les chansons en question (« Death's door », « Enjoy the silence ») pour y apporter sa patte personnelle. La technique marche à merveille sur « Home » (issue du chef d'oeuvre Ultra de 1997) grâce à un magnifique arrangement de cordes proche de l'original (le final original était déjà sublime). La relecture ainsi proposée s'avère passionnante, intime et sobre (à l'image de la magnifique version d' « In your room ») toute indiquée pour une écoute nocturne et solitaire. Notons au passage que, pour le coup, le nom d'Ensemble Nocturne est rudement bien trouvé. Sorti une première fois en 2005, le disque sera réédité à la fin de l'été et disponible pour la première fois en vinyle avec un nouvel artwork en forme de clin d'oeil à la pochette de Music for the masses (1987).
Sortie le 28/08/2015
En concert le 27/11/2015 (Boulogne, festival BBmix).
Pour plus d'infos cliquez ici 


dimanche 19 juillet 2015

Therapy? : « Disquiet »



Un quart de siècle après leurs débuts, alors que tant d'autres formations sont depuis tombées aux oubliettes, Therapy? défend toujours vaillamment un métal sombre et tortueux. Comme ils le chantent eux-mêmes, et ce dès le morceau d'ouverture, ça fait toujours mal (« Still Hurts ») ! Alors certes, les radios ont désertées le trio depuis le succès phénoménal du single « Nowhere » il y a vingt ans, mais cela n'a nullement empêché le groupe de suivre son chemin. Ténébreux et toujours pas tranquille (« Insecurity ») les Irlandais nous invitent à festival de guitares bien senties et de batteries explosives sur lesquelles s'invitent le fantôme de Nirvana (« Idiot Cousin ») et qui parfois se pare d'influences new/dark wave (« Good news is no news »). Un effort particulièrement consistant à défaut d'être original.


jeudi 16 juillet 2015

MG



Dans la famille Depeche Mode, il y a ceux qui s'épanouissent en solo, cf. Dave Gahan auteur de deux très bons albums, et puis il y a Martin Gore qui a bien du mal à exister en dehors de son groupe fétiche. Sa discographie solo n'était à ce jour constituée que de disques de reprises. Cela ne risque pas de s'arranger avec ce nouvel effort sorti sous l'alias MG (le même que celui utilisé pour l'album en duo avec Vince Clarke VCMG, 2012). Ce nouvel album marque une approche différente pour le musicien, qui, pour mieux se démarquer de son travail au sein de Depeche Mode, a opté pour un disque entièrement instrumental, d'électro minimale, enregistré uniquement avec des synthés et des boîtes à rythmes. Et c'est bien là où le bât blesse, l'album souffre cruellement de l'absence de chansons. Un comble pour un auteur-compositeur aussi réputé que lui ! Tout au long des seize pistes (c'est beaucoup) qui le compose, Martin semble improviser autour de thèmes plus ou moins bien trouvés, donnant au final cette désagréable impression de faire joujou en solitaire avec ses claviers. Avec tout le respect que l'on doit à son immense carrière, on est bien obligé de constater que l'on s'ennuie poliment à l'écoute du résultat...


mercredi 15 juillet 2015

James Taylor : « Before this world »



Aussi improbable que cela puisse paraître, James Taylor, songwriter cardinal des sixties et premier artiste signé (en 1968) sur Apple, le label des Beatles, n'avait pas sorti d'album original depuis « October road » en 2002. Autant dire que l'événement est d'importance tant le personnage compte. On se souvient avec émotion de sa participation (au banjo) à l'enregistrement d' « Harvest », le chef d'oeuvre signé Neil Young (1972) ou de « Sweet Baby James » son chef d'oeuvre à lui sorti en 1970. Avec un tel vécu, James Taylor n'est pas le genre d'artiste à se laisser influencer par les modes ni le temps qui passe et préfère faire confiance à sa plume. Bien lui en a pris. Son album est certes d'un classicisme absolu mais n'est pas, loin s'en faut, dénué de qualités. Sur la pochette James pose à l'arrière d'un truck vintage sur lequel on devine le reflet d'une fôret. Tout l'album est résumé là. Un album tranquille, laid back, au son naturel, enregistré au coin du feu dont les arpèges folk résonnent avec douceur à nos oreilles et dont les meilleurs moments, « Montana », « Snow time », « Before this world/Jolly Springtime » n'auraient pas dépareillé sur les classiques des années 1970. Parfois, James enrobe le tout d'une petite touche de country, « Today, today, today » , « Watchin'over me » et les fidèles de cette page savent à quel point nous sommes sensible à ce genre d'arguments. Enregistré en compagnie de fidèles (dont le batteur virtuose Steve Gadd) James Taylor accouche d'un classique instantané, fin et élégant. Et même si la chose ne brille pas par son originalité, c'est tout de même une sacrée bonne nouvelle !


mardi 14 juillet 2015

Tortured Soul : « Hot for your love tonight »



Originaire des Etats-Unis, le trio Tortured Soul a vécu un drame personnel, le décès de son clavier Ethan White, en mars dernier juste avant la sortie de ce troisième album. Pas encore marqué par la tragédie, le trio a livré un album particulièrement festif, dansant, à équidistance du funk 80s et des sonorités électro voire house plus modernes. Intitulée « Hot for your love tonight », la chose ne laisse que peu de place à l'ambiguité. Le track listing est ainsi particulièrement éloquent : « Dirty », « I don't need your love tonight », « Girl (take a break backstage) », « Take me to your house » et on en passe... On retiendra le chant plutôt soulful du chanteur (également batteur) John-Christian Urich Pour le reste, la musique est plutôt orientée club constituant la bande originale des petits cochons, prêts à chauffer, du samedi soir...


lundi 13 juillet 2015

Jay W. McGee : « Good Feeling »


Le revivalisme soul, dans la lignée des productions Daptone, à base de groove 60s, de percussions et de cuivres déchaînés n'a de cesse de faire des émules ces derniers temps. Jay W. McGee préfère lui se consacrer à une période plus tardive et méprisée, les années 1980, où la Great American Black Music se drapait d'atours dansants puisés dans le funk et la disco. Il faut dire que notre homme a de quoi tenir. Vétéran des années 1980, McGee a sorti deux albums en 1981 et 1988 avant de tomber dans l'oubli. Pour sa première sortie depuis 25 ans, Jay a donc repris les choses là où ils les avait laissées. Un funk dansant, entrainant, groovant en sourdine et justement dosé (c'est à dire pas trop) en synthés qui ne sonnent ni dâté ni kitsch (exploit!). Le tout se situant dans la lignée du Gap Band. S'adressant aussi bien à la tête qu'aux jambes de ses auditeurs, McGee n'oublie pas de faire passer quelques messages (« Danger ! »). Parmi les compositions les plus intéressantes citons le groove langoureux et sexy de « Make time for love » alors que « Do it right now » et « Look here in my heart » trahissent, basses slappées ou non, les racines soul, gospel et jazz de sa musique. Ce qui sied particulièrement bien à son grain de voix fragile et éraillé, toujours sur le fil de l'émotion.


dimanche 12 juillet 2015

The London Souls : « Here come the girls »



2012, un an après la sortie de leur premier album, The London Souls s'apprête à rentrer en studio lorsque le chanteur Tash Neal, victime d'un accident de la route, est laissé entre la vie et la mort. Après une longue convalescence, le leader remis sur pattes, sort enfin ce deuxième disque trois ans après les premiers enregistrements. Presque trois ans trop tard est-on tenté de penser, dans un premier temps, tant la formule du duo rock a fait des émules dans la foulée du succès délirant rencontré par The White Stripes puis The Black Keys. Mais cela serait aller trop vite en besogne que de résumer The London Souls à un succédané des groupes précités. Tout d'abord parce que même les titres les plus énervés du disque (« All tied down ») sont loin de dépasser les sommets de sauvagerie des premiers Black Keys. Suivant sa propre route, le duo préfère une approche plus distancié, plus pop. Ensuite, l'univers des London Souls est riche, très riche, on y entends du folk (« Hercules », « Isabel ») ou un rapprochement avec les musiques Noires, blues ("Honey"), soul et même jazz ("How can i get through") ! The London Souls, bien mal nommé puisque originaire de New York et autant Londonien que l'auteur de ces lignes, parsème le tout d'influences psychédéliques (« Alone ») avec une large palette d'arrangements dépassant de très loin le simple duo guitare/batterie. Mais qu'importe le style abordé, le cœur du groupe bat toujours suivant le rythme binaire du rock n'roll. Seulement ce dernier est suffisamment bien emballé pour empêcher The London Souls de tomber dans l'écueil de la sensation éphémère, livrant un album intemporel qui veillira certainement bien.


samedi 11 juillet 2015

Delaurentis



Un peu plus tôt dans l'année nous avait fait connaissance avec Cécile Delaurentis, jeune chanteuse recrutée par Marc Collin dans le cadre de son projet neo trip hop Bristol. Quelques semaines plus tard et la jeune musicienne est de retour avec un premier EP sous son nom propre. Six titres et Cécile s'impose comme un jeune talent à suivre. L'EP s'ouvre avec « Sparrow », plutôt orientée trip hop, rappelant que la jeune femme a probablement du retenir quelques leçons de sa collaboration avec Marc Collin. Bien loin de se cantonner à un seul style, Delaurentis ne tarde pas à naviguer ensuite vers d'autres rivages, l'acoustique « The Angel », dans un grand voyage musical maintenant le cap vers une mélancolie contagieuse. Un ep à l'atmosphère sombre mais douce, entre chien et loup, où le chant plaintif de Cécile nous prend par la main et nous guide.


vendredi 10 juillet 2015

Leo Bud Welch, La Maroquinerie, 8 juillet 2015

(c) Aubrey Edwards

Agé de 83 ans, Leo Bud Welch est l'un des derniers maîtres du Mississippi Blues encore parmi nous. Autant dire que sa venu dans la petite salle de la Maroquinerie a tout de l'événement immanquable. Il est environ 21h30 lorsque la silhouette voûtée par les années de Leo fait son apparition sur la gauche de la scène avant de rejoindre sa chaise posée au milieu de la scène, sa guitare Les Paul rose à paillette, décorée de stickers à son nom, sous le bras. D'emblée il apparaît que si Leo accuse le poids des ans, ces derniers n'ont aucune prise sur sa dextérité musicale. Son clair, Leo balance les notes et de suite, la maroquinerie prends des airs de juke joint, le public, composé en majorité de vieux hippies, réagit immédiatemment sifflant, criant, exhortant Leo à qui mieux-mieux. Ce dernier prie d'euphorie se lève alors de sa chaise pour une rare tentative de duck walk à la Chuck Berry. Leo balance ses accords avec une grande précision rythmique, c'est net, carré et surtout très puissant : quel swing dans la main droite ! Des vieilles scies mille fois entendues comme « sweet home Chicago » ou « Got my mojo working » en ressortent transfigurées, rajeunies, même si Welch semble parfois un peu esseulé. Une section rythmique pour dynamiter encore plus l'ensemble aurait été la bienvenue... Quant à la voix de Leo, profonde et érraillée, elle respire le vécu. Il ne fait aucun doute que son chant vient réellement de l'intérieur. Sur la fin de son deuxième set, Leo a été rejoint par ses invités à la deuxième guitare. On passera rapidement sur Faris, très décevant, pour s'attarder sur le jeune Marceau qui a fait des miracles à la six cordes. Ce dernier envoie ses notes avec beaucoup d'assurance et prends visiblement beaucoup de plaisir un énorme sourire barrant son visage. La connexion avec Welch prends sans peine, les deux musiciens se complétant parfaitement et esquiveront quelques pas de danse pris dans la chaleur du moment. C'est alors que notre voisine de la fosse sautera les fusibles, hurlant et sautant, avant de nous présenter ses plus plates excuses, désignant du doigt le jeune guitariste : « C'est mon fils ! ». Voilà une note guillerette et mignonne parfaite pour clotûrer cette chouette soirée.


jeudi 9 juillet 2015

Eurockéennes de Belfort 2015.


C'est devenu au fil du temps l'un de nos petits rituels de l'année, nous voilà de retour aux Eurockéennes de Belfort, pour la quatrième année consécutive. Un véritable plaisir de retrouver le superbe site du Malsaucy, sa plage, ses étangs, le bar du boulot dans le sous bois avec vue sur l'étang de la Veronne, le tout situé au pied des Vosges. Une édition caniculaire, aride, sèche et poussièreuse où la bouteille d'eau bien fraîche et la crème solaire ont été nos meilleurs alliées du week-end. Affolé par le thermomètre, qui régulièrement dépasse les 40°, on s'est d'abord demandé ce que l'on était venu faire dans cette galère. Les doutes se sont envolés dès notre entrée sur le site, le demon de la musique avait repris le dessus...

Vendredi 3 juillet 2015 : On se prend un petit coup de chaud d'entrée avec la soul vintage à souhait de St. Paul & The Broken Bones qui se place dans la droite lignée du meilleur des productions Daptone. Dynamique et plein de groove, cuivres rutilants, le groupe met bien en valeur la voix extraordinaire du chanteur Paul Janeway. Ce dernier, blanc comme un linge, growle comme James Brown : incroyable ! Sur les derniers titres la guitare prend plus de place délivrant quelques riffs biens sentis apportant une orientation garage rock pas désagréable du tout à la revue soul. Une belle découverte pour commencer le week end ! Direction ensuite la petite scène intime du club loggia où l'on retrouve la Française Laetitia Sheriff. Trio atypique (batterie et deux guitares) Laetitia et son groupe ravive la flamme d'un rock anglophile dans notre hexagone. Suivant les configuration on pense à Placebo (deux guitares bien énervées) ou à Pink Floyd grâce aux synthés vintage. Charismatique et pleine d'énergie, Laetitia possède de plus un joli grain de voix. Un jeune talent à suivre. On change drastiquement d'ambiance ensuite avec le Ghanéen King Asiyoba : la diversité c'est le grand plaisir de ces gros festivals d'été ! Armé de son kologo (une guitare traditionnelle à deux cordes) King Asiyoba délivre une musique essentiellement rythmique accompagné par une armée de percussionnistes, la transe n'est pas bien loin. C'est alors que déboule sur la grande scène la première tête d'affiche de cette année, Royal Blood, tout auréolé du succès remporté par son excellent premier album. On compare souvent les Anglais aux White Stripes et autres Black Keys sous prétexte qu'il s'agît d'un duo. Le raccourci est un peu facile car dans les faits Royal Blood délivre un rock, certes bluesy, mais beaucoup plus lourd que ses congénères Américains. Cela marche à la perfection sur le tube imparable « Figure it out » malheureusement le reste du répertoire manque parfois un peu d'impact dans sa transposition scènique. En outre le line up est étonnant puisque simplement constitué d'une basse et d'une batterie (heavy mais pleine de groove). L'utilisation de boucles dans le fond et d'une multitude d'effets sur la basse donne cependant l'illusion parfaite d'une guitare. Excellent groupe néanmoins auquel il faut juste laisser le temps de se construire un répertoire solide. On reste ensuite sur la grande scène pour retrouver Ben Harper. Après une petite escapade en compagnie du bluesman Charlie Musselwhite, Harper retrouve son groupe fétiche, les innoncent criminals. Situé au croisement de différentes musiques qui nous sont chères, blues, rock, folk et reggae, Harper nous plonge dans une ambiance langoureuse et séduisante au groove soyeux grâce aux percussions chaudes et à l'excellent bassiste aux interventions toujours judicieuses. Certains de ses plus vieux fans seront cependant déçus par l'aspect mécanique de sa prestation. Après vingt ans de carrière, Harper a perdu en intensité et en fraîcheur ce qu'il a gagné en professionnalisme (à l'américaine). Alors que la nuit tombe (mais pas la température) la scène du club loggia prends des allures de dancefloor déchaîné avec le quatuor bisontin Cotton Claw. Aligné derrière leur pupitre (une disposition qui rappelle C2C), chacun derrière son pad, les quatres membres de Cotton Claw balancent le son, entre électro et hip hop, tout en s'agitant en rythme, histoire d'assurer le show : dansant ! On termine cette première soirée en compagnie des français de The Do. Après des débuts plutôt marqués par le folk, le duo a effectué un spectaculaire virage électro pop sur son deuxième effort salué par la critique. Comme pour se débarrasser d'une formalité, le groupe entame directement avec son tube « on my shoulders » dans une version piano électrique/voix bien différente du reste de son set. Les trois musiciens de complément font ensuite leur apparition en arc de cercle derrière la chanteuse Olivia. L'utilisation d'une batterie électronique mêlée à la basse donne un son très mat, comme en sourdine, particulièrement attrayant, c'est la meilleure configuration pour ce groupe (du moins celle que l'on préfère). D'une manière générale, la pulsation rythmique tient un rôle capital dans cette nouvelle formule du do, chacun étant équipé de petits pads, en sus des claviers, complétant le beat binaire et bestial de la batterie électronique. La chanteuse Olivia rayonne de beauté et de charisme, la connexion avec le public est intense. Son grain de voix fragile et cristallin caresse les compositions. Un très beau set pour finir la soirée...

Samedi 4 juillet : Un petit tour par la scène de la plage s'impose pour bien commencer l'après-midi en compagnie de Forever Pavot, formation à cheval entre le rock psyché et la musique de film, le tout exhalant un fort parfum des 60s. Emile groove derrière ses claviers vintage bien soutenu par une batterie et des percussions funky, excellent ! Le set à peine fini, alors que l'on déménage le matériel, le dj Jonathan Toubin débarque sur l'avant scène avec sa caisse de 45 tours sous le bras, histoire de ravir le public de quelques perles 60s bien senties. Un bon moment. Vint ensuite Grunge, trio au nom follement original, l'ancien projet de Guillaume Brière (The Shoes) et de Anthonin Ternant (The Bewitched Hands). Lookés 90s, affublés de casquettes portées à l'envers, le trio plagie allègrement Nirvana, mêmes plans, mêmes accords... Bien exécuté dans une veine nostalgique mais difficile de prendre tout ça au sérieux... Quelque temps après sur la grande scène déboule Seasick Steve, accompagné de son fidèle batteur et de sa collection de guitares bricolées. Toujours aussi efficace dans un style rock blues minimal mais bien envoyé. Dommage cependant que son set se renouvelle aussi peu. Profitant d'une collaboration avec le festival nippon summer sonic, c'est alors une tripotée de formations japonaises que l'on voit prendre d'assaut le site du Malsaucy. On commence par la révélation The Bawdies, quatuor vintage à mi-chemin du mersey beat et de la scène mod matiné de soul music (leur reprise de Ray Charles est pour le moins renversante). Bouillants d'énergies les quatre musiciens bondissent dans tous les sens, exhortant le public, c'est le plus gros pogo du week end ! Le chanteur hurle a qui mieux mieux, les influences anglaises et américaines sont parfaitement digérées pour un rendu original. The Bawdies, notre premier coup de cœur du week end ! Toujours sur la scène du club loggia vient ensuite les très intriguants Bo Ningen. La musique est difficile a décrire on y entends un peu de métal, des réminiscences post rock psychédéliques et autres joyeusetés punk. Les morceaux sont plutôt longs avec énormément d'échos sur les guitares, le chant est assuré en japonais. On n'est pas trop sur non plus de l'identité sexuelle des musiciens (à part le batteur qui arbore une barbe). Les cheveux longs, drapés dans des combinaisons de couleurs (rouge, bleue etc...) façon Bioman masquant les formes on ne sait pas trop si l'on a affaire à des hommes ou des femmes. Pas dénué de qualités cependant mais vraiment très bizarre. Une formation probablement plus appréciable dans un autre contexte. Un petit mot pour finir sur le concert d'Etienne Daho qui pour l'occasion a mis une dose de guitare rock et de synthés new wave dans sa musique. Les vieux tubes résonnent ainsi de manière fraîche et originale et c'est tout un pan de notre jeunesse qui défile devant nos oreilles. Tout de noir vêtu, Daho possède une façon bien à lui d'incarner différents styles allant jusqu'à la « Disco queen ». Et pourtant c'est toujours bien son style inimitable que l'on reconnaît d'emblée. Classique mais surtout classe et élégant.



Dimanche 5 juillet : Les gros festivals ont cet avantage, il y en a un peu pour tout les goûts les amateurs de gros son iront s'abreuver chez les Australiens hardcore de Parkway Drive puis des punks de Slaves. Pour notre part, d'humeur plutôt paresseuse on penchera plutôt pour le blues africain de Songhoy Blues et la soul de Sinkane. On commence donc avec les Maliens du quatuor Songhoy Blues passé sous les fourches caudines de Damon Albarn. Le cocktail est assez efficace : ce qu'il faut de musique ternaire mâtiné d'influences Africaines avec ce que cela suppose d'hypnotisme. Le public réagit plutôt bien et on a tôt fait d'être noyé dans un nuage de poussière soulevé par les pas de danse des spectateurs. On est comme dans un écran de fumée. Il se passe quelque chose d'intense avec le public qui reprend en cœur le refrain de « Petit Métier » alors que les musiciens quittent la scène. Emouvant. Direction ensuite le magnifique site de la plage pour la soul de Sinkane. Grâce à une formule à deux guitares, Sinkane traîne sa soul sur un terrain psychédélique ce n'est pas pour rien que les chanteur et batteur arborent des tee-shirts du Grateful Dead. Puis la musique prend un tour jazzy et funky voire même rock grâce aux interventions sauvages du guitariste au look de surfeur (plutôt approprié pour un musicien évoluant sur la plage). Pas mal du tout, on apprécie ce moment ! Il était temps ensuite de s'adonner aux joies du rock n'roll et en l'espèce on est plutôt bien servi par le garage/stoner des Eagles of Death Metal. Groupe venu du désert californien mené par l'extravagant Jessie Hughes, EODM joue un rock sauvage et violant évoquant ce qu'il faut de blues. Si les influences 70s font pleinement partie du patrimoine (cf. la reprise de « Stuck in the middle with you ») celles ci sont rendues avec une rage typique du 21ème siècle. Le set se termine par un duel de guitares, Flying V d'un côte, Gibson ES 335 blanche demi-caisse de l'autre, assez jouissif quoiqu'un peu longuet. On applaudie quoi qu'il en soit. Un petit quart d'heure de battement, soit le temps nécessaire pour traverser le site et retrouver notre plage chérie pour profiter des Alabama Shakes. Magnifique formation, que l'on avait découvert ici même il y a trois ans, menée par l'impressionnante chanteuse Brittany Howard, les Alabama Shakes trempent dans la tradition Blues, soul et rock typiquement sudiste. La section rythmique attaque le groove dans un genre particulier, tout en sourdine et au ralenti, où chaque note revêt une importance capitale, impressionnant ! Le terrain ainsi balisé laisse ainsi toute latitude au guitariste pour explorer différents idiomes du blues au punk en passant par la soul. Un orgue aussi discret que cardinal rajoute une petite couche de groove par dessus, l'affaire est emballée avec beaucoup de soin et on est conquis. A n'en point douter, avec son deuxième effort « Sound & Color » la troupe quitte le cercle des simples revivalistes 70s pour entrer dans celui, beaucoup plus fermé, des nouveaux classiques. Excellent. On termine enfin notre week end de marathoniens du son avec Electric Wizard. Ames sensibles s'abstenir. En vingt ans de carrière Electric Wizard est devenu une référence du doom métal. Soit un genre de métal, lourd, hypnothique, progressif et fondamentalement malsain, Black Sabbath constituant la référence ultime du genre. Pour mieux illustrer le propos, le quatuor anglais joue sous un écran géant sur lequel est diffusé des vidéos SM et de bondage vintage issus d'on ne sait quel film clandestin des 70s. Le groupe est célèbre pour n'utiliser que du matériel des années 1960 et 1970 et refuse tout apport technologique moderne : voilà une formation qui sait jouer ! Le martèlement sourd de la batterie et les riffs lourds nous vrillent le cerveau alors que dans la chaleur moîte de la nuit les premiers éclairs font leur apparition dans le ciel, ce qui ma foi semble tout indiqué pour illustrer le concert de ces chantres de l'apocalypse. C'est alors que le chanteur Justin Osborne salue la foule d'un définitif : « See you in hell » ! In hell, peut-être pas, mais l'année prochaine ça on l'espère !

mardi 7 juillet 2015

Leo Bud Welch le 8 juillet à la Maroquinerie


Le bluesman du Mississippi Leo Bud Welch, qui à 83 ans vient de sortir son deuxième album, sera à la Maroquinerie demain soir pour présenter ce nouvel effort. Faris, musicien touareg, assurera la première partie, bâtissant un pont imaginaire et musical entre le désert Africain et le delta du Mississippi. Le temps d'une soirée la Maroquinerie sera transformée en juke joint, la soirée s'annonce torride !


83-Year-Old Mississippi Bluesman Leo "Bud" Welch from Foster Visuals on Vimeo.

jeudi 2 juillet 2015

Six Organs Of Admittance : « Hexadic »



Décidément, il était écrit que jamais Ben Chasny ne fera les choses comme tout le monde. Déjà, avec son autre groupe, une machine redoutable nommée les Comets on Fire, Chasny et co avaient réussi une fusion improbable, le trait d'union manquant entre Pink Floyd, Nirvana et Sonic Youth. Vous imaginez le truc ? Il n'est d'ailleurs pas interdit de penser que Avatar (2006), le dernier album en date des Comets on Fire fait partie des disques les plus importants de la décennie 2000. Ayant bien du mal à imaginer la suite, les Comets on Fire sont (pour l'instant) réduit au silence. Ce qui laisse toute latitude à Chasny pour s'occuper de son projet personnel : Six Organs of Admittance. Bien loin des canons habituels du rock, ce nouvel album Hexadic est complètement fou. D'inspiration free, la batterie bat la mesure dans son coin alors que la guitare explore des sons et des textures inusitées, le plus souvent suivant un mode instrumental et saturé. Au mieux expérimental, mais le plus souvent erratique, Hexadic est un objet bizarre, conceptuel, redéfinissant les frontières du rock noisy. Arrivé à ce niveau il n'est même plus question de chansons, couplets et refrains devenant des notions désuètes dans l'esprit torturé de Chasny. Album culte en devenir chez les amateurs de bizarreries avant-gardistes et de sensations fortes.




mercredi 1 juillet 2015

Kissinmas : « Definitely »



Après le remarqué « Regrets EP » (chronique ici) sorti il y a déjà quatre ans, Kissinmas est de retour avec un premier album en bonne et due forme. Biberonné au rock anglais depuis le début, Kissinmas trouve peu à peu sa signature sonore sur ce premier long entre guitares insicives et arrangements cold (« Your only love ») et new wave/pop aux claviers (« Old wave »). Remarquablement produit, le disque fourmille d'une impressionnante richesse sonore et d'arrangements nets et précis (« Love song », « Obsession »). Indéniablement, l'album possède une saveur, un goût fort en bouche et le groupe brille en délivrant de petites pépites pop dansantes que l'on retient facilement (« This shower ») riche en hooks mélodiques. Ainsi, le groupe évite l'écueil de la production datée ou kitsch propre aux groupes émulant les années 1980 réservant une place de choix aux guitares dans le mix. Cette classification années 80 serait trop réductrice pour le groupe par ailleurs amateur de rock n'roll et de guitares saturées. Si cette décennie constitue une influence certaine pour le groupe (« Say it »), ce dernier paie également son tribut aux Beatles (« Cliché ») et brille également dans un registre garage/Mersey beat (« Ocean beach break », « Can't you see ») qui ravira tous les amateurs de rock n'roll nerveux. C'est cette grande diversité d'ambiances qui fait le charme de l'album. Hélàs, un regret, le disque est trop long, 17 titres, c'est beaucoup. Pas évident en effet de garder l'attention de l'auditeur sur la longueur. Une mission dont s'acquitte imparfaitement l'album qui n'aurait pas souffert d'être plus court.