dimanche 9 octobre 2016

Rover + Barbagallo, Festival de Marne, Maisons des Arts, Créteil, 8 Octobre 2016.


De Julien Barbagallo, on connaissait le touché de baguette magique au sein de multiples groupes dans lesquels il a officié derrière la batterie et non des moindres : Tahiti 80, Hyperclean, Aquaserge, Tame Impala, excusez du peu… Ce soir on découvre le Julien chanteur, trônant derrière sa batterie au milieu de ses musiciens alignés sur le devant de la scène : clavier, guitare, batterie et basse. Si la posture batteur/chanteur n'est pas inédite, elle n'en reste pas moins extrêmement rare. Et ce n'est probablement pas un hasard si la musique de Barbagallo nous paraît, par sa nature même, extrêmement rythmique, la section formée avec l'excellente bassiste se taillant la part du lion. La basse est ronde, énorme, au son très sixties et forme un contraste saisissant avec les synthés plutôt d'obédience eighties. La guitare, acoustique quant à elle est dévolue à un rôle exclusivement rythmique. Dans la musique de Barbagallo se bousculent un certain nombre d'influences, un soupçon de variété italienne pour la note exotique sans tomber dans la ringardise, une lampée de chanson et une bonne dose de pop. Dans le fond, et l'esprit, le résultat n'est pas si éloigné de ce que propose des groupes tels que Tahiti 80 ou Forever Pavot à l'heure actuelle mais chanté en français. Le nouvel album de Barbagallo sort à la fin du mois et on est curieux de l'écouter. Belle découverte.

Les lumières s'éteignent, plongeant l'audience dans l'obscurité, alors qu'un son menaçant et lancinant se fait entendre… Une lumière rouge brille dans le noir et son ombre, immense fait son apparition sur le mur du fond. Depuis la sortie de son premier EP, on avait un peu perdu Rover de vue et il a fait un sacré bout de chemin depuis avec deux albums couronnés de succès. Derrière ses lunettes noires, Rover est un exalté, qui hurle dans le micro, en nage dès le deuxième morceau. L'engagement physique des quatre musiciens est impressionnant. La musique fait un grand écart constant entre la cold wave (on pense parfois à Interpol, notamment la voix) et des arrangements pop élaborés évoquant Gainsbourg (celui de « Melody Nelson ») ou les Beatles. S'il exhibe une collection de guitares demi-caisse toutes plus belles les unes que les autres (Rickenbacker, Danelectro, Epiphone) et s'il connaît indéniablement en matière de six cordes (certaines envolées à la guitare sont impressionnantes), la musique de Rover laisse aussi une belle place aux nappes synthétiques. Certains titres laissent échapper une immense ambition musicale (pas tellement loin du classique dans l'esprit) alternant longues nappes planantes aux claviers et de brusques attaques de guitare électrique. La section rythmique joue un rôle essentiel dans l'affaire et pratique une sorte de groove glacé à base de lignes de basses énormes et froides. Magnifique concert.


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