dimanche 4 décembre 2016

Nada Surf, Le Bataclan, 02/12/2016.



Faire comme si de rien était. Oublier la petite boule qui nous tourne discrètement dans l'estomac depuis une semaine. Faire fi de l'émotion qui nous saisit quand on passe devant la plaque hommage aux victimes, le petit pincement au cœur au moment de passer la sécurité. Ce soir on va au Bataclan. Ce soir on va voir Nada Surf. Et, chose impensable, on a même songer à se décommander. Et puis on y est allé quand-même. Parce que la Vie doit continuer, parce que les guitares résonnent plus fort que les kalachnikovs, parce que le rock n'roll fait plus de bruit que les bombes. A l'intérieur, l'endroit a finalement peu changé exception des toilettes et du hall d'entrée, refaits à neuf et du bar qui est semble aussi différent. Et puis dès que les lumières se sont éteintes, on a retrouvé nos marques. Un concert de rock, notre élément naturel. Sur scène, les quatre membres de Nada Surf, se sont bien gardés d'évoquer les événements tragiques survenus il y a un an. Mais on sent bien qu'il y a quelque chose de différent. Que quelque chose à changé. Les applaudissements sont plus appuyés, le groupe (surtout Daniel le bassiste parfaitement francophone) semble ému. Entre les chansons, Matthew (le chanteur au français parfait) évoque des anecdotes personnelles (chose assez rare) et tient un discours profondément humaniste qui fait chaud au cœur… Et ce sont des tonnes d'amour qui se sont déversés sur le groupe via des applaudissements nourris…

Sur scène Nada Surf a toujours été un groupe ultra-efficace, charismatique, emportant littéralement le public et évoluant sur une ligne fine entre mélancolie (« 80 windows », « Weightless » et les chœurs assurés par le public, très émouvant) et puissance brute (« Happy Kid », « Hi-speed soul », rare incursion du groupe en territoire cold wave). Avec l'ajout d'une deuxième guitare, assurée par l'excellent Doug Gillard, c'est un véritable mur du son qui se dresse devant nos oreilles. Derrière sa batterie, le puissant Ira Elliot est le ciment qui tient tout l'édifice debout. Vêtu de son perfecto à paillettes, ce dernier fait la fête dans son coin, danse avec ses baguettes. Cela maintenant près de vingt-cinq ans que ce groupe joue ensemble. Et ce que l'on entend est la résultante de toutes ces années passées ensemble sur la route : une cohésion musicale irremplaçable, une alchimie unique. Ces quatre là savent tout simplement se trouver. Les lumières se rallument, la musique résonne et on pense le concert terminé. Et puis surprise, les quatre sont revenus avec des guitares acoustiques et ont entamé « Blizzard of '77 ». Comme ça, sans amplis, sans micros, au plus près du public. Les quatre voix se mélangent harmonieusement, les harmonies vocales sont magnifiques. Comme un ultime cadeau avant de quitter la scène. Le Bataclan, finalement, on est content d'y être retournés.


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