mardi 31 janvier 2017

Black Box Revelation, Pan Piper, 30/01/2017


Duo belge rêvant d'Amérique, les Black Box Revelation ont assouvis leur rêve étasunien en se faisant produire par Alain Johannes ou Thomas Brenneck. D'abord brute de décoffrage, plus garage que blues, la musique de ces aspirants Black Keys a, au fil des années, gagnée en épaisseur, inversant le postulat de départ, gagnant en feeling ce que le groupe perdait en puissance brute (« War horse »). Sur scène, le duo, désormais rôdé par une décennie d'activité, se révèle être une machine redoutable alternant avec une réussite égale les morceaux blues plus groovy et les décharges d'électricité effarantes à l'image du guitariste Jan Paternoster aussi à l'aise au médiator ou au doigt. Derrière son kit, Dries Van Dijck dialogue parfaitement avec son binôme et évolue sur une ligne fine, son jeu est à la fois puissant et n'est pourtant pas dénué de groove. Et comme la paire se révèle particulièrement sympa avec le public - qui réagit plutôt bien, le concert se finissant en mini pogo sur les rappels – Jan, notamment, qui parle plutôt bien le français (avec un inimitable accent belge), la soirée ne pouvait qu'être réussie !

https://fr-fr.facebook.com/theblackboxrevelation/

lundi 30 janvier 2017

Martha Fields : « Southern White Lies »



D'extraction texane par son père et appalachienne par sa mère, la chanteuse Martha Fields a le profil idéal pour démocratiser la musique country dans nos contrées. Injustement mésestimé dans notre pays, auquel il reste attaché à des clichés machos et cow-boys, la country est pourtant un genre musical émotionnel, festif à l'occasion (cf. « Lonesome road blues ») attaché au destin des petites gens de peu (cf. « Southern white lies ») et ce n'est certainement pas pour rien que les stars sudistes de la soul music (Ray Charles en tête) ont tenté le crossover aux allures de grand écart. Si vous n'entendez rien au bluegrass (un dérivé de la country joué uniquement sur des instruments à cordes), au folk et à la country, alors il y a fort à parier que ce disque est fait pour vous. Entièrement acoustique, l'album est avant tout un grand moment de musique, fort dépaysant, swinguant, propre à convertir les récalcitrants aux charmes de la mandoline, du banjo et du violon. Et que dire du chant de Martha ? Une profonde honnêteté découle de ses vocalises. Transpirant dans le vécu, sa voix véhicule énormément d'émotions. Chez Martha, les chansons sortent du cœur et pour cette unique raison, cet album devrait vous faire chavirer. A noter, les chouettes reprises de « What good can drinking do » et de « Bang bang », évoquée en intro de « Do as you're told ». La relève de Loretta Lynn et du super groupe Trio (Dolly Parton, Emmylou Harris et Linda Ronstadt) est assurée par des musiciens de chez nous !


dimanche 29 janvier 2017

E-Grand : « Here They Come »



Derrière le projet E-Grand, se cache Didier Frahier, un artiste aux facettes multiples, auteur d'une œuvre inclassable : ce nouvel album. Le disque part sur des bases très élevées avec « Here they come » un titre nerveux, aux guitares échevelées, qui rappelle un peu Neil Young (et Crazy Horse) dans sa volonté de pervertir les codes de l'americana à grands coups de guitares dont la saturation n'a d'égale que le tranchant. Mais bien vite, l'album part dans d'autres directions, inattendues, Didier Frahier valant finalement bien mieux, bien plus qu'un énième revival rock 70s (démarche parfaitement honorable dont on est assez friand par ailleurs). Car, au final, « Here they come » est un grand disque de pop, réalisant l'impensable, à savoir se faire rejoindre l'americana la plus crasse à la brit-pop carillonnante (« Pictures ») dans une sorte de grand mouvement perpétuel de la musique, une manière de boucler la boucle. Ici le gros son des batteries et autres guitares sont au service d'une écriture fine et audacieuse, riche et complexe (« A sign of love », « Memories »), alternant l'énergie et un feeling plus mélancolique (« Safari »). A découvrir.


samedi 28 janvier 2017

Volo : « Chanson française »



Formé par les deux frères Volovitch, Volo sort ces jours-ci son cinquième album dont le titre sonne comme une profession de foi : chanson française ! Un choix assumé dès le titre d'ouverture : « Attention les Lady Gaga, les Rihanna, les Christina Aguilera, je vais vous mettre à l'aise, c'est de la chanson française ». De fait, avec une guitare acoustique et les deux voix des protagonistes comme ingrédients principaux (plus quelques fioritures) Volo bricole avec amour des chansons simples, honnêtes et terriblement attachantes grâce à l'entregent rythmique mis à l’œuvre (« J'hésite », « Chanson française », « La Crise », "Tout est normal") qui finit de rendre la chose inoubliable. Leurs textes s'inspirent de l'air du temps et s'attachent au quotidien, la quarantaine, la paternité, la crise, la classe politique, tout ça, tout ça... Derrière ses atours artisanaux, ce nouvel effort possède le charme des petits bonheurs modestes. Voilà un album propre à nous réconcilier avec le genre !
En concert à Paris (La Maroquinerie) les 2 et 3 février.

jeudi 26 janvier 2017

Fufanu : « Sports »



Passés de la techno au rock dans des conditions rocambolesques, les Islandais de Fufanu affinent encore un peu plus leur démarche musicale sur ce deuxième album produit par Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs). N'en déplaisent les couleurs vivent de la pochette, ce deuxième effort voit le groupe plonger la tête la première dans un abîme de noirceur. Marqué par un effacement progressif des guitares, toujours présentes mais reléguées au deuxième plan, au profit d'un son synthétique (« Tokyo »), ce nouvel album se veut plus dense, resserré, pratiquant une sorte d'épure où la tension, rentrée, sous-jacente, ne demande qu'à exploser (« Gone for more », "Liability"). Impression encore renforcée par le chant traînant et comme effacé, quoique mélodique, du chanteur Kaktus Einarsson. De quoi transformer cette excellente formation en dignes héritiers de la cold wave des années 80, Joy Division et Bauhaus en tête. Excellent.

mercredi 25 janvier 2017

Awa Ly + Mariana Ramos, Festival Au Fil Des Voix, Alhambra, 24 janvier 2017.


Tournant autour d'une thématique soul/jazz/world, mettant en valeur la diversité culturelle par le biais du chant (féminin comme masculin), le festival Au Fil Des Voix fête ses dix ans ! Et nous a encore réservé une programmation dont il a le secret avec une superbe affiche réunissant les chanteuses Awa Ly (on avait parlé de son EP par ici) et Mariana Ramos.

Chez Awa Ly, le chant et la musique sont les fruits d'une démarche profondément humaine prenant tout son sens une fois sur scène. Très charismatique, la chanteuse exhale la passion de tout son être, se mouvant avec grâce, effectuant de nombreux et précis mouvements de mains tout en chantant. L'accompagnement musical est à la fois classe et élégant, alternant entre soul, jazz et une pointe de reggae. Dans ce contexte, le batteur Ismaël Nobour fait forte impression, son jeu est à la fois fin et épuré et dégage un groove feutré mais puissant. Il trouve toujours la note juste sans en faire des tonnes. Ni trop, ni trop peu mais juste ce qu'il faut, quand il faut. Son association avec la contrebasse (assurée par Clément Landais) est parfaite, cette dernière dégage un swing précis, mélancolique à l'occasion par le biais de l'archet. Le guitariste David Remy est, quant à lui, aussi efficace en version électrique, tirant vers le blues et le rock, qu'en configuration acoustique, tirant vers l'intime et l'émotion. Un accompagnement à la fois éclectique et cohérent mettant parfaitement en valeur la voix, si douce et mélodique d'Awa pouvant tout aussi bien jouer d'une note sexy ou descendre dans les graves lorsque le ton se fait plus dur (« Help you out »). Profondément humaine, chantant l'amour comme personne et toujours prompte à s'émouvoir du sort des populations réfugiées (« Here » en duo avec son « frère » Faada Freddy, venu pour l'occasion), Awa Ly nous a fait vivre un grand moment de musique, débordant d'humanité et de chaleur humaine. Sublime.

Dans un style différent mais tout aussi émouvant, Mariana Ramos a pris la suite. Direction le Cap-Vert pour un style plus rythmé, latin, primesautier ou le piano (Toy Vieira) prédomine. Toujours très bavarde sur scène, c'est elle qui l'affirme, Mariana nous a régalé de ses anecdotes clôturant ainsi la soirée sur une note festive.



mardi 24 janvier 2017

The Darts EP



The Love Me Nots, hélas séparés, la chanteuse/organiste Nicole Laurenne effectue son grand retour avec ce nouveau groupe, entièrement féminin, une première dans la carrière de la musicienne. Et autant le dire de suite, ça dépote ! La musique des Darts repose sur une opposition fragile entre guitares abrasives (ceci pour l'élément rock n'roll de la chose) et de grandes lampées d'orgue au groove irrésistible, dans la plus pure tradition garage rock n'roll héritée des années 1960. La section rythmique est bien entendu à l'avenant et matraque l'auditeur. La chanteuse semble comme régénérée par ce nouvel environnement et son chant est plus exalté (et sexy aussi) que jamais. Six titres aux allures de révélation dont on attend la confirmation sur format long.


lundi 23 janvier 2017

Luke Elliot : « Dressed for the occasion »



Deuxième album, après quatre ans de silence, pour cet élégant songwriter de la côte est des Etats-Unis, qui, s'il n'est pas très connu dans nos contrées, jouit d'une importante cote d'amour en Norvège. L'appétence d'Elliot pour les ambiances sombres, acoustiques et feutrées, sa voix grave nous ramène immanquablement au regretté Leonard Cohen (« Let it rain on me », « Reason to believe ») et à la scène folk 60s, Dylan et consorts. Pourtant, sur ce nouveau disque, Luke n'hésite pas à explorer d'autres territoires plus rock (« This gun of mine », « The great roundout train robbery ») où débordent parfois des influences plus terriennes au détour d'une guitare slidée bien sentie. Sa musique couvre un large panorama, à la fois rockeur et crooner, duquel il exhale un parfum d'Amérique éternelle (« Handsome man »), bien que solidement ancrée dans ses racines du New Jersey. Classieux.
En concert le 26 janvier à Paris (Les Etoiles) - Invitations à gagner ici 

dimanche 22 janvier 2017

Slow Joe & The Ginger Accident : "My Sway"

Pratiquement un an après la disparition de Slow Joe et quelques semaines avant la sortie d'un ultime album posthume, le Ginger Accident dévoile un nouveau clip, "My Sway", forcément très émouvant...

Bone Tee And The Slughunters : « Country Boys »



Troisième épisode des aventures musicales de Bone Tee & The Slughunters et une fois de plus le charme opère… Loin de se reposer sur ses lauriers, le groupe affine sa démarche musicale et tant que l'inspiration suit… Comme son prédécesseur, ce nouvel effort trouve ses racines dans les années 1950 et se situe au croisement du blues, du rock n'roll et du jazz avec une constante en ligne de mire, quelque soit le style auquel ils s'attaquent : le swing. C'est peu dire que l'album dépote du début à la fin par le biais d'une attaque sèche de guitare rugueuse, bien soutenu par une contrebasse (les lecteurs réguliers de cette page savent qu'on a un petit faible pour l'instrument) et une batterie à l'avenant. Le piano apportant une note boogie woogie bienvenue propre à guérir n'importe quelle crise d'arthrite. Les intervenants extérieurs, choisis avec soin, de la clarinette au saxophone en passant par la trompette et autres cuivres, parachèvent la chose apportant une touche jazzy ou renforçant l'aspect dansant de la formation. Classe, rétro et festif. Que demander de plus ?

samedi 21 janvier 2017

Kaïla Sisters : « I like you »



Sortis du Conservatoire, les quatre musiciens formant les Kaïla Sisters se sont trouvés un intérêt commun dans la musique hawaïenne des années 1920/1930. Au croisement du jazz et du blues, le quatuor fait revivre non seulement un style mais un lieu et une époque avec un brio qui laisse rêveur. Le swing s'impose comme la constante véritable de cet album par le biais d'une contrebasse débordante de feeling. Guitare hawaïenne (un genre de lap-steel métallique jouée au bottleneck), ukulélé et guitare complètent le tableau pour un résultat qui parlera aussi bien aux amateurs de jazz manouche (« It's a good day ») que de blues (« I can't be satisfied ») ou de la Nouvelle-Orléans (cf. la reprise de « Dream a little dream of me »). Mais au-delà, c'est un véritable vent de fraîcheur que fait souffler ce disque au sortir des enceintes. Estivale, primesautière et sexy (cf. la voix de la chanteuse Marie) la musique est jouée ici avec un enthousiasme communicatif qui ravit l'auditeur. La magie de la musique, le voyage intérieur grâce à l'imaginaire, fonctionnent à plein à l'écoute de ce disque au charme contagieux. Plus accessible qu'un vol vers Hawaii et idéal pour rêvasser à une nuit d'été à la plage, les pieds dans le sable.


jeudi 19 janvier 2017

Laura Cahen : « Nord »



Nouvelle venue sur la scène hexagonale, Laura Cahen débarque avec un premier album, intense et éminemment personnel, en forme de révélation. Inspirée par l'histoire de sa famille qui, de l'Espagne à l'Algérie, en passant par le Maroc, n'a connu qu'une succession d'exils pour finir au Nord (cf. le titre) de la France, Laura livre une œuvre dense qui se partage en quatre saisons. A mi chemin entre une tradition française héritée des années 70, hantée par les fantômes de Gainsbourg et de Barbara, (« Loin », « Réverbère ») et un traitement atmosphérique (« Froid », « Je sombre ») d'obédience anglo-saxonne (Radiohead, Portishead) l'album, porté par la voix grave de son auteure, rayonne d'une étrange lumière sombre où l'espoir ne meurt jamais tout à fait. C'est peu dire que la maturité de la chose impressionne. Insidieux et envoûtant.
En concert à Paris (Café de la danse) le 24/01

mercredi 18 janvier 2017

Cancel The Apocalypse : « Our own democracy »



Mais où s'arrêtera Matthieu Miegeville ? Mû par un désir d'expérimentation, refusant les clichés et les formules toutes faîtes, cette figure de la scène hardcore hexagonale (Psykup) nous avait scotché l'an dernier avec The Black Painters, duo formé en compagnie du pianiste de jazz Rémi Panossian, auteur d'un album remarquable. Moins d'un an plus tard, le chanteur est de retour avec un projet encore plus déroutant, Cancel The Apocalypse, où, désormais, il s'égosille sur un mélange de métal acoustique (guitare acoustique, batterie) et de musique classique, violoncelle et tutti quanti ! Alternant les passages sombres (« Planes and bombs », « Candlelight »), mélancoliques (« A bunch of roses with thorns ») et déchaînements d'une violence inouïe (cf. « Bad Boxer part 2 », « Cancel the apocalypse », la chanson qui donne son nom au groupe), le tout sans la moindre note de guitare électrique ! Pas si surprenant que ça dans le fond, les exégètes savaient depuis longtemps que la puissance sonore dégagée par un orchestre classique était au moins équivalente à celle de n'importe quel groupe de métal. La fusion entre les deux genres restait à inventer, c'est désormais chose faîte. Ainsi, il semblerait que l'apocalypse musicale ait été annulée... Rien n'est moins sûr à l'écoute de cet album ébouriffant…

mardi 17 janvier 2017

Sons d'hiver 2017


C'est devenu au fil des ans un rendez-vous incontournable de l'hiver, le festival Sons d'hiver est de retour jusqu'au 5 février dans différents lieux de Paris et du Val-de-Marne. Une fois encore la programmation est remarquable, tournée vers le jazz et les musiques associées (soul, blues) suivant un angle novateur.

Infos et programmation complète : http://www.sonsdhiver.org/fr/


lundi 16 janvier 2017

Awek : « Long Distance »



Un nouvel album d'Awek, c'est un festival en soi. Ne perdant jamais de vue la note bleue, et le feeling y afférant, le quatuor Toulousain réussit la gageure de multiplier les ambiances aussi sûrement qu'il alterne compositions personnelles de haute tenue (« Don't leave me alone », « We met in Texas », « LA Stomp ») et reprises du meilleur goût (Muddy Waters, Jimmy Mc Cracklin, « Hound Dog »). Amis programmateurs qui séchez pour remplir vos plannings, bookez Awek et tous les quotas seront remplis d'un coup : blues, rock n'roll et même jazz/calypso ! Une variété d'ambiances qui pourtant ne rompt jamais la cohérence et la continuité de l'ensemble, signe d'un groupe pour qui « jouer ensemble » a une réelle signification. A (re)découvrir !
En concert à Paris (New Morning) le 6 avril.

samedi 14 janvier 2017

Jesus Volt



Déjà 17 ans d'existence pour Jesus Volt, qui s'impose, un disque après l'autre, comme un des fleurons du rock d'ici, sans jamais vraiment sortir de cet anonymat qui colle à la peau des formations hexagonales. C'est le lot du binaire français, sans doute… Produit comme son prédécesseur « Vaya con dildo » par l'Australien Mark Opitz, un habitué des collaborations prestigieuses (AC/DC, INXS, Kiss, Bob Dylan, Alice Cooper) ce nouvel album marque un nouveau départ pour le groupe. Il ne nous a d'ailleurs pas échappé que cet effort est éponyme, comme si le quatuor cherchait à se redéfinir. Mettant la pédale douce sur les watts et le gros son, le groupe se recentre sur le blues et le groove ("666 devil woman") grâce à la puissance bienvenue de la redoutable section rythmique (« Bullseye », « I'm a jerk »). Le résultat est particulièrement fin et sonne comme si le groupe était consumé de l'intérieur, mû par le feu. La tension sous-jacente est étouffante (« Baby we're on »), les musiciens ne rêvent que d'en découdre, dévaler le manche de la guitare dans tous les sens, dans un déluge de décibels, sans toutefois sortir de cette réserve imposée (« Party », « Money Man », « Sons of Rome »). Un album débordant de feeling et une réussite de plus à mettre au crédit de Jesus Volt.

vendredi 13 janvier 2017

The Handsome Family : « Unseen »



Formé en 1993, The Handsome Family, composé des époux Brett et Rennie Sparks, a longtemps vécu dans un relatif anonymat (surtout de ce côté de l'Atlantique) avant de décrocher la timbale avec le générique de la série True Detective (saison 1). « Unseen » est le onzième album du couple. Alors que les premières notes s'échappent des enceintes, l'auditeur est plongé dans un entre-deux étonnant, une country alternative roots et dark à la fois. L'acoustique est chatoyante, guitares et banjos caressent l'oreille, alors que le timbre grave et traînant du chanteur Brett déborde d'une mélancolie contemplative contagieuse. Ecouter l'album, c'est comme parcourir une highway plongée dans l'obscurité (« King of dust »). Sur le côté de la route, brillent les dernier feux des espoirs déçus (le bruitage de machines à sous en intro de « The Silver light ») alors que la musique prend parfois un tour baroque (« Tiny Tina », le clavecin de « Gentlemen »). Evoluant dans des tonalités plutôt sombres, l'album réserve quelques surprises magnifiques, la vénéneuse « The red door » se révélant être la grande réussite du disque. A découvrir.
En concert le 16 février à Paris (le divan du monde).

jeudi 12 janvier 2017

Un nouveau clip pour Johnny Mafia

Le quatuor Johnny Mafia (chronique de l'album ici) est de retour avec un nouveau clip délirant, hilarant et cartoonesque en diable. Ah oui et la chanson est super efficace aussi !

mardi 10 janvier 2017

Kaviar Special #2



C'est l'été dernier, durant Rock en Seine, que l'on avait découvert ce tout jeune quatuor Rennais et c'est une petite bombe ! Chez Kaviar Special, l'efficacité prime avant toute chose. Le quatuor joue le pied au plancher, les chansons, déjantées, dépassent rarement les trois minutes, à fond dans le fuzz ! Vous l'avez sûrement deviné, Kaviar Special, c'est typiquement le genre de chose que l'on adore par ici, à savoir un détonnant cocktail, agité du bocal, de rock garage et psychédélique et de surf music, dont les racines sont ancrées dans les sixties mais qui, par un étonnant tour de passe-passe, ne sonne absolument pas rétro. Bien au contraire, grâce à leur enthousiasme juvénile et une production dynamique, le quatuor réussit à redonner une nouvelle jeunesse à ces idiomes, dépoussiérant au passage les années 1960. Tout au long de ces dix titres, le groupe fait ainsi le grand écart entre titres nerveux, voire brutaux, et morceaux faussement planants. Kaviar Special, c'est un surf trip halluciné, un psychotrope musical et les guitares qui tabassent la boîte crânienne. Vous savez quoi ? On en redemande !

lundi 9 janvier 2017

Theo Lawrence & The Hearts



Quelques semaines après avoir sorti leur premier 45 tours, Theo Lawrence (ex-Velvet Veins) et son groupe The Hearts sont de retour avec un tout nouvel EP de cinq titres. Sortie après sortie, l'identité musicale de ce nouveau projet s'affine peu à peu et assister à cette évolution s'avère passionnant. Ainsi après des débuts très marqués par la recherche d'un son authentique et vintage, Theo et sa bande s'éloignent un peu de cette démarche revivaliste. Certes les bases sont là, et respectées avec classe et élégance, par le biais d'arrangements sophistiqués et d'un chant séducteur. Mais une petite prise de risque, un soupçon d'audace et la chose bascule (« Good for nothing ») sans perturber l'équilibre général. The Hearts tracent ainsi une voix inédite entre rock n'roll, soul, country, blues à l'ancienne et une dynamique contemporaine (« Made to last »). Vivement l'album !
En concert le 10/02 à Paris (La Maroquinerie – Les nuits de l'Alligator)


samedi 7 janvier 2017

Bror Gunnar Jansson : « And the great unknown (Part I) »



2017 verra le retour de Frère (Bror en suédois) Gunnar Jansson avec une œuvre au long cours qui sera dévoilée au public en deux temps. La première étape interviendra le trois février avec la sortie de cet EP de sept titres. Sur la lancée de son remarquable album précédent, « Moan snake moan », Gunnar continue son exploration des bas-fonds, délaissant quelque peu le blues au sens strict, au profit d'une americana dark piochant également dans le folk. Une fois de plus, on est ébahis par le résultat. Il ne faut pas se laisser avoir par l'ambiance apparemment calme et acoustique de la chose, le disque est mû par une tension, qui prend l'auditeur à la gorge dès les premières secondes pour ne plus le lâcher par la suite. Remarquablement produit, il s'agît sans conteste d'un disque d'ambiance, sombre et cinématographique qui s'écoute comme la bande son d'un mauvais rêve (cf. « Ritual », « War Tubas »). Toujours hanté par des sons rugueux et primitifs, l'EP regorge de moments étonnants : « The ukulele blues » (un instrument dont il a généralement assez peu l'usage) , « Day/Night » en duo avec une voix féminine et l'excellente « At the diner » qui rappelle les sonorités garage des albums précédents.

Cet excellent EP est un avant-goût prometteur du prochain LP « And the great unknown (Part II) » dont la sortie est prévue au printemps 2017. Vivement la suite !

En concert le 12 février prochain à Paris (La Maroquinerie, festival les nuits de l'Alligator)


vendredi 6 janvier 2017

Festival How To Love, du 14 au 18/02 au Petit Bain


Bonne nouvelle, le festival How To Love est de retour sur la scène du Petit Bain, suivant une nouvelle ligne éditoriale mettant en avant la scène française. A noter la venue, le 15 février, des toujours excellents Flying Padovani's mené par le cultissime Henry Padovani (premier guitariste de Police dont on a pu suivre le parcours dans le documentaire Rock n'roll of Corse) et de Robi le lendemain, 16 février. Le 17 février s'annonce également très prometteur avec Alister et une soirée hommage à Daniel Darc au casting cinq étoiles (Bill Pritchard, France de Griessen, Frédéric Lo etc...).

jeudi 5 janvier 2017

Mountain Men : « Black market flowers »



Le changement dans la continuité, tel semble être le cap que s'est fixé Mountain Men sur son quatrième album studio. Souvent synonyme de déception finale, la fameuse maxime est ici prometteuse de lendemain qui chantent. Globalement, on retrouve ici tout ce qui a fait le sel du groupe jusqu'ici, un son chatoyant mis au service d'un blues touchant (« Someone to talk to ») ou de compositions plus proche de la chanson française de qualité (« Passe dans cette vallée », « Et puis le son »), le péché mignon du chanteur Mr Mat. La nouveauté passe elle par une approche plus rock et un ton qui s'est globalement durci sous l'impulsion du batteur Denis Barthe (ex-Noir Désir, The Hyènes) enrôlé par le duo pour cette nouvelle aventure (« Still in the race », « Dog eye », « Work Song »). Car c'est désormais un groupe complet (basse, batterie, clavier et même violon et guitare additionnelle) qui accompagne le duo formé par Mr Mat (chant/guitare) et Barefoot Iano (harmonica). Et ça change tout ! C'est un horizon dégagé qui s'ouvre devant le groupe, plus varié que par le passé, mais toujours délivré avec une intensité et une puissance d'exécution, même dans les moments les plus apaisés (« One way left »), qui laisse rêveur. Encore une belle réussite à mettre au crédit du groupe.
En concert le 19/01 à Paris (Café de la danse)

mercredi 4 janvier 2017

Bad Pilöt : « Swimming with sharks »



Bad Pilöt nage-t-il avec les requins ? La question reste en suspens, en revanche, il est certain que le groupe navigue en eaux troubles. Une zone grise, potentiellement dangereuse, où le rock rencontre l'électro, où les guitares croisent le fer avec les nappes synthétiques, la douceur de l'une compensant l’agressivité de l'autre et inversement. L'électricité et l'électronique, deux genres à priori antinomiques dont l'union est scellée sur ces cinq titres (et une version radio). C'est assez réussi.
En concert le 6 janvier à Paris (Supersonic)

mardi 3 janvier 2017

Jacques Duvall : « Hantises »



Enregistré en 2006, cet album voit enfin le jour avec cette édition vinyle. Et c'est un petit événement tant les disques en solo de ce parolier, connu pour ses collaborations avec Alain Chamfort et Lio (l'auteur de « Banana Split », c'est lui!), sont rares. Cet effort est le fruit d'une collaboration avec l'excellent combo garage Belge Phantom (déjà auteur d'albums du même acabit avec Lio ou Marie France). Le résultat est une petite merveille de rock garage, dominé par des guitares arides mettant en valeur le timbre rocailleux, comme venu d'outre-tombe, et la plume acerbe du chanteur (« J'ai fait sauter le monde »). La face B évolue sur une note plus acoustique et constitue une tentative, aussi méritoire que rare, d'adaptation de la country à la langue de Molière (« C'est toi », « John-Cloude », inénarrable biographie chantée du moins inénarrable Jean-Claude Van Damme), totalement raccord avec le look de cow-boy fréquemment adopté par le chanteur. En rupture stylistique complète avec des années sous l'influence de la « poésie noire », l'album rappelle les grandes heures du rock français soit Jacques Dutronc, Gainsbourg fricotant avec Bijou ou bien encore l'album « Rock under the bunker » du même Gainsbourg (1975). Comme le chante Jacques en intro et en conclusion de cet excellent album : « Il doit y avoir un truc, c'est pas possible ! »

Ce post est une version modifiée de la chronique parue à l'origine dans le magazine Longueur d'Ondes http://www.longueurdondes.com/2016/12/16/jacques-duvall/


lundi 2 janvier 2017

Gang of Four : « Live… in the moment »



Formé en 1977 autour du guitariste Andy Gill (toujours à la manœuvre 40 ans plus tard) Gang of Four, un des fleurons du post punk, a toujours de beaux restes et le prouve avec ce nouvel album live. Au cœur d'une tension permanente, qui va crescendo du début à la fin du disque, sans jamais vraiment disparaître, Gang of Four réussit néanmoins à trouver un espace pour le groove à la faveur d'une section rythmique remarquable. A lui seul, « What we all want » résume tout l'art de Gang of Four. Un tonnerre de guitares, autant puissantes qu'expérimentales, entraînant l'auditeur dans une spirale hallucinogène, hypnotisé par le timbre d'Andy et ses imprécations, bercé par le rythme impeccable de la section rythmique (cf. « Love like Anthrax »). A n'en point douter, les 14 titres de cet album live sont autant de petits sommets rock n'roll. Thrash et déglingué. Excellent.


dimanche 1 janvier 2017

Sonic Winter : « Party war on the killing floor »



Deuxième effort pour ce groupe au destin étonnant formé par deux français (Jean-Marc Millière et Francis Girola) exilés en Ecosse. Alors que les premiers accords de « Year Zero » transpercent les enceintes, on pense avoir trouvé une autre marotte, un de ces groupes que l'on affectionne, entre rock n'roll puissant, passages psyché/prog et métal stoner baignant dans une délicieuse atmosphère 70s (« Rocking machine », « Sahara »). Ultra-efficace à défaut d'être fondamentalement original. Et puis, rapidement le groupe nous désarçonne virant brusquement électro façon Depeche Mode (« I lose control », "Defender") ou jouant une note classique, piano et violons à l'appui (« Establishment of time »). Non que cela soit mauvais, loin de là, mais totalement inattendu. A tel point que l'on a du mal à croire que l'album dans son ensemble soit l’œuvre d'un unique groupe. Ce qui, d'une certaine manière, n'est pas tout à fait le cas puisque la bagatelle de 27 musiciens invités ont épaulé le duo dans la réalisation de cette œuvre au long cours (14 titres, 60 minutes) en forme de réflexion sur le chaos du monde moderne. L'album n'étant pas avare en bons moments (« Le fils de Lucifer », seul titre en français d'inspiration punk) l'auditeur est donc invité à sauter certaines plages (chacun fera son choix) pour écouter ses morceaux préférés afin de réaliser son petit best-of personnel. De haute tenue, d'une manière générale, mais un peu trop dilué.