vendredi 21 avril 2017

Mathis Haug + Cory Seznec, Le New Morning, 20/04/2017.



C'est avec Cory Seznec, une belle découverte, que nous avons débuté la soirée. Ce dernier, guitariste et banjoïste est accompagné d'un excellent percussionniste, avec qui il déconstruit le blues de façon très personnelle à l'aide de guitares désaccordées et « trafiquées » selon ses propres termes, afin d'obtenir un son pour le moins étonnant. Les classiques du blues en ressortent transfigurés, entre expérimentations et incursions africaines. Charismatique et sympa, la paire nous livre un résultat intriguant mais séduisant.

Place ensuite à la tête d'affiche de la soirée, Mathis Haug, venu fêter en trio la sortie de son excellent album « Wild Country ». Particulièrement survolté, extatique, Mathis nous a livré un concert fort en émotions où à de nombreuses occasions la musique est sortie grande gagnante des débats, mené par un trio de musiciens en transe. Stéphane le batteur fait forte impression. Son kit mélange des tomes et cymbales classiques agrémenté d'éléments de récupération assez étonnants. Une vieille valise abîmée fait office de grosse caisse (contre toute attente ça sonne super bien), une boîte de café en fer et une bonbonne d'eau vide complètent le dispositif. Ceci dit seul un musicien aussi virtuose et puissant que Stéphane peut faire sonner aussi bien un tel assemblage de bric et de broc. Sa frappe est puissante (il faut voir les cymbales onduler telles des vagues sous ses coups de baguettes) et pleine de feeling sur des rythmiques ternaires jazzy. Egalement très impressionnant au frottoir, son énergie contagieuse se transmet aux autres musiciens et au public aussi qu'il emporte dans sa transe. Derrière sa guitare, Mathis n'est pas en reste et saute comme un cabri avec un enthousiasme communicatif comme il le dit lui-même : « C'est presque un concert de rock n'roll ». Profitant d'un line-up sortant de l'ordinaire, un clavier remplace la basse, un violon et une deuxième guitare font une apparition sporadique, Mathis exploite toutes les variations qu'offrent cette formation, passant d'ambiances mélancoliques (le violon) servant son propos humaniste (cf. « Luigi ») à un groove soul puissant (le clavier funky) sans oublier un duo de guitares entre blues et rock et un soupçon de country. Après deux heures de road trip immobile au cœur de musiques telluriques, le show s'achève sur une magnifique reprise de « Cortez the killer » (Neil Young) en forme de bœuf improvisé. Magnifique soirée.

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