dimanche 9 avril 2017

Watermelon Slim : « Golden Boy »



Partons aujourd'hui à la rencontre d'un personnage absolument fascinant. Gueule cassée du blues (cf. la pochette) dont le visage ravagé trahit les vicissitudes passées, Watermelon Slim est un cas à part. Né à Boston et installé à Clarksdale (le lieu de naissance du blues sis dans le Mississippi), Bill Homans, de son vrai nom, a vécu mille vies, ancien combattant au Vietnam reconverti depuis en militant anti-guerre et engagé politiquement à gauche (militant socialiste plutôt rare pour un Américain). Watermelon Slim n'est pas à un paradoxe près, récipiendaire du WC Handy Award du « meilleur débutant » à l'age de 56 ans (en 2005) ; bardé de diplômes universitaires, il a pourtant vécu la majorité de sa vie comme ouvrier camionneur, expérience dont il tire aujourd'hui son blues, perceptible dans le chant de sa voix qui se brise un peu plus à chaque chanson. Non Watermelon Slim n'est ni le plus doué, ni le plus virtuose, ni le plus beau (on apprécie à sa juste mesure toute l'ironie du titre « Golden Boy ») mais il est difficile de faire plus authentique. Chez Watermelon Slim chaque mot, chaque note est lourde de sens et vient des tripes à défaut d'être techniquement parfaite. Loin de se complaire après un parcours de vie pour le moins chaotique (il a été battu à mort pour d'obscures raisons) Watermelon Slim tire au contraire de ses expériences passées un disque euphorisant (« Mean Streets », « Northern blues »), s'éloignant parfois du blues au sens strict pour des horizons plus rock (le « Pickup my guidon » d'ouverture), des sonorités celtiques (« WCBN », « Cabbagetown ») ou amérindiennes (« Wolf cry »). Le tout formant une sorte de portrait caché de l'Amérique, celle des SDF et autres laissés pour compte du rêve américain. Excellent dans sa face électrique comme acoustique, up ou down tempo (« Winner of us all »), c'est une révélation !
En concert le 1er juillet (Sunset-Paris) et les 7 & 8 juillet (Cognac Blues Passions)


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