lundi 31 juillet 2017

Valparaìso : « Broken Homeland »


Collectif plus que groupe, les parisiens de Valparaìso, sont de retour avec un album inaugural, après un excellent premier EP, « Winter Sessions » sorti fin 2015. A l'image du port chilien auquel il emprunte son nom, Valparaìso est un lieu de passage. Chaque invité, et ils sont nombreux, Howe Gelb, Josh Haden, Phoebe Killdeer, Rosemary Standley..., apporte son univers, sa sensibilité et sa voix, souvent venu de l'univers anglo-saxon (Dominique A et Julia Lanoë, seules exceptions notables à la règle). Valparaìso, à lui seul le nom est une invitation, au voyage, à la rêverie. Promesses tenues haut la main par le collectif, qui tricote des ambiances nocturnes et poétiques traversées d'éclairs rocks (« Bury my body », « The Allure of Della Rae »), de feeling blues (« Constellations ») ou de délicatesse country/folk//jazz (« Valparaìso », « Wild Birds ») portée par la finesse des balais du batteur. Chaque chanson s'apparente ainsi à une carte postale poussiéreuse et cornée, envoyée du fin fond du monde, pour donner des nouvelles. Le procédé, cinématographique, fait de chaque titre une sorte de court-métrage, comme un western imaginaire, porté par une ambiance ou un silence particulier. Ce disque est un disque de conteurs, et à ce petit jeu difficile de faire mieux que la voix brisée d'Howe Gelb sur le titre d'ouverture, qui emporte l'auditeur. Le voyage est à portée d'enceintes. Magnifique.

Sortie le 22 septembre.
En concert le 21 novembre à Paris (Café de la danse).


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jeudi 27 juillet 2017

Exposition New Orleans la flamboyante

(c) Cachete Jack


(c) Isabelle Manoukian


(c) Giacomo Nanni
Prenez gare, crawfish, crocodiles, voodoo et, hélas, aussi un peu Katrina envahissent la Slow Galerie ! En effet, le temps d'une exposition, la petite galerie de la rue Jean-Pierre Timbaud se retrouve délocalisée en plein bayou. Cinquante-six œuvres ornent les murs blancs de la galerie et c'est un ravissement pour l’œil. Un spectaculaire déferlement de couleurs qui donnent une note naïve et, étrangement, psychédélique à la pièce. Mais dans le cœur de tous les amoureux de la musique, jazz, blues, soul ou funk, le rythme, si spécifique et hérité de la tradition créole, de la Nouvelle-Orléans résonnera toujours d'un battement particulier. Une thématique que l'on retrouve bien évidemment ici, au même titre que celle complémentaire du carnaval, dans les oeuvres signées Cachete Jack ou Gwladys Moret. A visiter en réécoutant le "Gris-gris" de Dr John...


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Exposition" New Orleans, la flamboyante"
Jusqu'au 5 Août. Entrée Libre.
Slow Galerie
5, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11ème
11h-19h30 (sauf le lundi et le dimanche)
12h-19h30 (le samedi)

(c) Daniel Lambert
(c) Groduk & Boukar

mercredi 26 juillet 2017

The Magpie Salute



Ce premier album part d'une démarche particulière. Avant d'attaquer le premier chapitre d'une nouvelle histoire, Rich Robinson, ancien guitariste des Black Crowes, a décidé de se retourner vers son passé, les chansons qui l'ont marqué ainsi que ses propres compositions au sein de son ancien groupe, les fameux corbeaux d'Atlanta. Il en résulte cet album de reprises, œuvre de la nouvelle formation XXL (dix musiciens) du guitariste qui retrouve ses ex-compagnons de jeu, Marc Ford (guitare) et Sven Pipien (basse) ex-Crowes comme lui. L'ombre des Black Crowes plane donc sur ce nouveau projet d'autant qu'ils reprennent « Wiser Time », « What is home » et « Time will tell » (Bob Marley), déjà reprise par les Crowes en son temps. Projet anachronique, The Magpie Salute demande de la part de l'auditeur un effort d'écoute et d'attention que ce dernier, élevé au streaming, n'est plus guère disposé à consentir. Et c'est regrettable. Car The Magpie Salute remet la jam au centre des débats et ce sur des durées assez longues (entre 7 et 9 minutes en général). Ecouter le disque revient ainsi à assister, ébahi, à un dialogue musical entre instruments où le feeling, l'émotion du moment prends le pas sur la partition au sens strict. C'est ainsi que le groupe réussit à s'approprier le répertoire, la différence est sensible avec les versions originales des Crowes, plus longues et explorant de nouvelles pistes, et distinguant The Magpie Salute du premier cover band venu. L'album peut ainsi sembler anecdotique, un album de reprises de plus, mais c'est aussi, surtout, la première pierre d'un nouvel édifice et la promesse d'un avenir qui s'annonce radieux (un album de matériel original est déjà en chantier). Terminons enfin avec une pensée émue pour l'organiste Eddie Harsch (un autre ex-Black Crowes), décédé en novembre 2016, et qui signe là un formidable adieu musical.

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mardi 25 juillet 2017

The Defibrillators : « Electric Fist »



Sur la pochette de ce premier album de ce groupe venu de Haute-Savoie, une main tient un éclair. Et l'image est on ne peut plus approprié tant la foudre semble sortir des enceintes et frapper l'auditeur à l'écoute du disque. Les racines de la formation sont à rechercher du côté du rock n'roll des années 1960 mais pas n'importe lequel, celui pour lequel le « roll » est indispensable. On pense ainsi tour à tour aux précurseurs du punk (Stooges, MC5) ou au rock garage des mêmes années (Sonics, Seeds) autant d'idiomes parfaitement intégrés et digérés par le groupe (« Spend my money »). L'album ravive les souvenirs de tout ce qu'on aime, à la fois fougueux, sauvage et débridé. Mais, surtout, le quintet n'est pas insensible à ce qui s'est passé après les années 1960. Ainsi, le punky « Chemical gas » est très actuel comme un trait d'union entre les influences du passé et un son plus moderne. La grande force du groupe réside dans ce groove de la batterie qui se marie à merveille aux guitares énormes (« Think I'm dirty ») et qui, en général, fait le sel de tout bon groupe garage qui se respecte. Le cahier des charges parfaitement exécuté, le disque ne peut être que réussi. Encore plus avec un chanteur, Iron Mut, aussi expressif qui module sa voix à l'envie en fonction des émotions. Quelques influences bluesy en plus (« Prostitute », « Dentist blues ») ajoute au charme de la chose et le tour est joué ! Excellent.

lundi 24 juillet 2017

Trombone Shorty : « Parking Lot Symphony »



Superstar de la nouvelle scène New-Orleans, qui l'a vu naître, Troy Andrews a fait de son instrument de prédilection son prénom d'artiste. Digne héritier de ce style si spécifique, évoquant la peine sur un ton festif (et inversement) sur des rythmes funky et endiablés hérités de la Caraïbe, Trombone Shorty est particulièrement incendiaire sur scène. Les spectateurs du Paris Jazz Festival du Parc Floral en s'en souviennent encore, lorsque, en 2013, le musicien avait prolongé son concert dans le allées du jardin pour le plus grand bonheur des badauds. Un instrumentiste surdoué doté d'un showman charismatique, bref, Trombone Shorty a tout pour lui. Et pourtant, après une entame osée et impeccable (le funèbre « Laveau Dirge » que l'on retrouve également en conclusion) ce nouvel effort nous déçoit quelque peu au point de nous laisser un goût un peu amer à l'oreille. Certes, Trombone Shorty est impeccable lorsqu'il est lancé à pleine allure sur une autoroute funk laissant peu de répit à l'auditeur (« Here comes the girls », la reprise impeccable de « It ain't no use » des Meters avec, adoubement suprême, Leo Nocentelli en personne ; le final instumental « Tripped out slim », « Fanfare » et « Like a dog »). Mais le bât blesse lorsque Trombone Shorty se met en tête de jouer à la pop star, pour un résultat fade, lorgnant trop vers la FM, pour être honnête (le morceau titre « Parking lot symphony », « Familiar », « Dirty Water », « No good time ») et ce en dépit des influences Treme (son quartier natal) que l'artiste prend soin d'injecter dans chaque titre. On attendait mieux.

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jeudi 20 juillet 2017

The Dustaphonics : « Johnny & Bo »


Il est de ces groupes que l'on retrouve avec grand plaisir après les avoir perdus de vue pendant un temps et, assurément, les Dustaphonics font partie de cette catégorie. La tête pensante de l'affaire se nomme Yvan Serrano, un Français exilé à Londres depuis 20 ans, connu mondialement sous son nom de DJ Healer Selecta. Ce nouvel effort, le troisième, est placé sous l'égide de deux figures tutélaires, représentées sur la pochette, Johnny Ramone et Bo Diddley. Le titre éponyme « Johnny & Bo » les met à l'honneur associant le « hey Bo Diddley » de l'un au « Hey ho let's go » de l'autre dans un mariage harmonieux quoi qu'étonnant. Le reste de l'album s'avère aussi explosif que le mariage des deux musiciens évoqués plus avant. Il faut dire que les Dustaphonics évoluent en terrain miné entre swing énervé hérité du rockabilly et roucoulades acharnées d'une guitare en plein trip surf. Le cocktail est sous haute énergie. Mais depuis notre dernière visite, le groupe s'est étoffé et a élargi son registre instaurant une dose de soul music (« Dreams on screen » ; « Q sounds groove » ; « I'm hurting ») dans une sorte de pause bienvenue ralentissant le tempo. Le groupe est bien aidé dans sa tâche par un remarquable trio de chanteuses se relayant les unes, les autres (Hayley Red, Aina Roxx et Kay Elizabeth) et des arrangements à l'avenant, percussions, hammond et cuivres, rapprochant le groupe de ce qui se fait, par exemple, chez Daptone records. Rétro et efficace, le petit plaisir de cet été.

mercredi 19 juillet 2017

Bror Gunnar Jansson : « And the great unknown Part II »


Après un premier EP sorti il y a quelques mois voici la deuxième partie du diptyque entamé par Bror Gunnar Jansson. Mis bout à bout, l'ensemble constitue le nouvel album du dandy Suédois et son œuvre la plus ambitieuse à ce jour. Car à l'écoute il semble évident que le terme de « bluesman » et s'applique plus à la musique du Suédois, trop à l'étroit dans le costume. Même si le ternaire reste une influence prégnante, la musique de Gunnar brille par ses arrangements et est d'une telle richesse que les styles s'y croisent autant qu'ils se mélangent. On y trouve du blues et du rock n'roll bien sur mais aussi des effluves mexicaines par le biais d'une trompette inspirée (cf. « Edward Young took his gun ») ou des relents de rumba (cf. « I ain't going down that road no more »), de gospel (« O'death ») et de country (« While I fight the tears ») fantomatiques. Au-delà c'est un véritable trait de fracture qui sépare la musique de Gunnar en deux. D'un côté on retrouve du rock n'roll fiévreux, sous influence garage, à base de riffs de guitare concassés d'une efficacité redoutable (« Moan snake moan part III », « The Lonesome shack », « He had a knife in his hand, part II »). Il est ainsi entendu que Gunnar s'y connaît en rock n'roll et son howl en ferait pâlir plus d'un. Rapide au sprint, Jansson aime aussi prendre son temps, parfois au-delà des dix minutes (cf. « The Preacher ») et livre des pièces d'americana hantée, faisant froid dans le dos par leur noirceur cinématographique, et on trouverait probablement de quoi nourrir des dizaines d'histoires de serial killer malade dans ce nouveau disque. Produit avec autorité et maîtrisé de bout en bout, ce nouvel album voit Bror Gunnar Jansson entrer, encore un petit peu plus, dans la cour des grands. 
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samedi 15 juillet 2017

And Yet It Moves, Studio Campus, 14/07/2017.

Sorti en 2014, le premier album des Amazing Snakeheads avait séché tout le monde et séduit par son côté froid et nocturne. Las, après quelques dates (notamment une première partie de Jack White à l'Olympia) le groupe annonçait sa séparation, nourrissant d'éternels regrets chez les fans de rock n'roll. Mais pas chez le chanteur Dale Barclay, pressé de passer à autre chose tant ses relations avec les autres membres du groupe étaient devenues compliquées. Justement, Dale était de retour à Paris en ce jour de fête nationale pour présenter son nouveau projet, And Yet It Moves, le temps d'un court showcase dans le cadre intime du Studio Campus…

Vous connaissez probablement cette sensation, au bord de l'Océan lorsque l'on voit une vague se former avec un soupçon d'inquiétude, vague qui ensuite déferle, vous roue de coups sans répit avant de vous laisser sur le rivage, exsangue, le corps saoulé de coups. Bon et bien voilà, And Yet It Moves, c'est ça, une claque dans la gueule, que dis-je, un double uppercut. Un projet dont l'intensité et le côté extrême rendent intrinsèquement clivant, provoquant une adhésion, ou un rejet quasi-immédiat. De fait, l'entame du concert est effrayante de violence, limite métallique. L'engagement du groupe est total (les trois quarts sont torse-nus après quelques minutes seulement) et nous, de l'autre côte, dans la fosse, on ne peut que se féliciter, une fois de plus, d'avoir, un jour, investi dans des bouchons de protection auditive (c'est dire) ! 

Cette nouvelle formation est plus étoffée que l'était les Snakeheads naguère. On y retrouve cinq membres, guitare, basse et batterie, et, nouveauté, un clavier (trop discret cependant) apportant une note atmosphérique et dark. Contrairement au groupe précédent, Dale se concentre sur le chant, explorant encore un peu plus ses limites vocales, le résultat est à la fois plus profond mais toujours aussi braillard. Une fois le choc initial passé, on rentre un peu mieux dans l'univers du groupe loin d'être monotone, certains titres sont plus funky ou psyché mais le rendu reste intense, la basse est énorme, la batterie martèle le tempo, la guitare emporte le reste. Selon ses dires, le groupe a achevé le mixage de son premier album, la veille au soir. On est impatients de pouvoir écouter le résultat…
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The Musical Mojo of Dr John




Personnage cardinal de la Nouvelle-Orléans, forcément un endroit particulier pour tout fan de musique, Dr John s'est vu honoré en mai 2014 par ce concert géant enregistré au Saenger Theater de la ville avec toute une kyrielle de super stars (Bruce Springsteen, John Fogerty, Mavis Staples, Irma Thomas etc.). Mise en boîte par le producteur Don Was, la chose, rutilante, évoque plus Hollywood que la cité du croissant. Si l'ensemble ne manque pas de groove, ce dernier est un peu trop propre et manque de ce « grit », un peu sale typique de New Orleans. S'étalant sur deux disques, le programme est maousse et ne manque pas de bons moments. Ainsi on est touchés par la simplicité d'Irma Thomas, l'entregent guitaristique de Warren Haynes ou le psychédélisme Widespread Panic. Impossible enfin de ne pas saluer toute la communauté néo-orléanaise, présente comme à la parade, John Boutté (l'interprète du générique de la série Treme), le regretté Allen Toussaint ou la fratrie Neville. En espérant voir les images du concert un jour, on peut toujours se consoler à l'écoute de cet attachant double album.

vendredi 14 juillet 2017

Adam And The Madams : « Almost »



Le trio Adam And The Madams est de retour avec un nouvel EP placé sous l'égide de deux figures tutélaires David Bowie (cf. « Heroes ») et Lou Reed tout deux repris ici avec brio et beaucoup d'inventivité (cf. l'hallucinante reprise, 16 minutes, de « Sister Ray »), le groupe mettant un point d'honneur à respecter l'esprit plutôt que la lettre. Les quatre autres pistes mettent en valeur l'univers singulier de la formation, fait aussi bien de guitares survoltées que de bidouillages à base de claviers cheap, à équidistance de la pop bricolo que du rock garage. Adepte des détours surprenants, le groupe ajoute une note noise et quelques expérimentations bizarroïdes (« Half Life », « Spiral »). En effet, c'est un monde qui sépare la minute trente-huit de « Meia Vida » et les seize de « Sister Ray ». Comme un résumé, en forme de grand écart, des capacités du groupe, visiblement capable d'à peu près tout. Mais surtout de prendre l'auditeur par surprise. Cet EP constitue un avant-goût du troisième album de la formation qui s'annonce pour le moins étonnant.

jeudi 13 juillet 2017

Lonny Montem : « What kind of music do you play ? »


La question nous est posée dès la pochette, mais quelle genre de musique joues-tu ? Mettant l'accent sur l'acoustique à cordes, la guitare, le violon (son instrument de prédilection) ou la contrebasse, Lonny Montem accouche d'un EP (5 titres) doux et délicat comme une légère brise d'automne. C'est ainsi, il y a des disques dans lesquels on rentre comme dans un chalet de montagne, cosy, accueillant et confortable, une bûche qui brûle dans la cheminée, et, incontestablement, cet effort boisé en fait partie. Il y a tout d'abord cette acoustique délicate et chaleureuse qui procure d'emblée un sentiment d'intimité avec la musique, impression encore renforcée par la technique d'enregistrement « semi-live », un peu comme si l'auditeur était convié aux (discrètes) agapes. Et puis il y a la voix de Lonny, surprenante, descendant assez bas dans les graves et superbement utilisée le long de compositions labyrinthiques où même les excès et autres coups de chauds se passent tout en douceur (cf. « Dalva »). Un très bel EP à écouter en rêvassant…
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mercredi 12 juillet 2017

I love my neighbours : « Hello »


Le groupe francilien au patronyme sarcastique est de retour avec ce nouvel EP de trois titres. Plus pop que jamais, ce nouvel effort voit ILMN agrémenter ses guitares, toujours aussi furieuses (cf. « Horizons ») d'arrangements allant de l'électro (« Hello ») au piano (« Horizons »). La puissance de feu toujours intacte (« Uptight »), le quatuor évolue sur une ligne fine, en équilibre, entre rock puissant et pop mélodique, les compositions faisant l'aller-retour, entre chien et loup, entre les deux extrêmes. Le contexte sied particulièrement bien au chanteur Jérémy et à son timbre nuancé et mélodique. Vivement le passage au format long !

dimanche 9 juillet 2017

Kevin Morby : « City Music »



Toujours très prolifique, l'ancien bassiste de Woods sort son quatrième album depuis 2013. Catalogué, un peu rapidement, nouveau Bob Dylan sur la foi du merveilleux « Harlem River » (sorti en 2013), ce nouvel effort voit le chanteur élargir considérablement son rayon d'action en même temps qu'il renoue avec la ville de New York (cf. l'interlude « Flannery »), après une escapade en Californie, qui l'a vu débuter. Ce nouvel album débute donc avec une curiosité intitulée « Come to me now », un titre étrange, basé sur un motif d'orgue fantomatique et traversé, tel un courant d'air, par un chant évanescent. Bien vite, Kevin retombe sur ses pattes avec un « Crybaby » rudement bien troussé et qui n'aurait pas fait tâche sur le fameux « Harlem river » sus-cité. Le reste de l'album s'apparente à un terrain d'exploration pour le musicien qui revisite quelques figures bien connues de sa nouvelle ville d'adoption. Impossible ainsi de pas penser aux Ramones à l'écoute de la brève (1:47) « 1234 » ou de ne pas retrouver un soupçon du Velvet Underground sur le diptyque nocturne « Aboard my train/Dry your eyes », alors que les superbes « Tin can » et "Caught in my eye" nous rappellent les raisons pour lesquelles l'artiste a tant été comparé à Bob Dylan. Sentimental bien plus que nostalgique, ce nouvel effort fait montre d'une belle force de composition tout en respirant d'honnêteté. Une nouvelle pièce majeure d'une discographie qui commence à compter…
En concert à Paris (Trabendo) le 11 juillet.
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samedi 8 juillet 2017

The Magpie Salute, La Maroquinerie, 7 juillet 2017.



Formation XXL, dix musiciens, dont la particularité est de compter dans ses rangs trois anciens membres des regrettés Black Crowes, The Magpie Salute était de passage hier soir à La Maroquinerie. La nouvelle a en tout cas fait grand bruit, la salle affiche complet, la formidable doublette de guitaristes Marc Ford / Rich Robinson (grande gagnante à l'applaudimètre) est reconstituée ! Les trois ex-Crowes, le bassiste Sven Pipien retrouvant sa place auprès du duo, se sont trouvés de nombreux compagnons, un formidable batteur, Joe Magistro, du swing plein les baguettes, un trio de chanteuses renforçant l'aspect soul du groupe (qui était déjà une composante essentielle des Crowes, remember « Hard to handle »?), un clavier (un peu effacé par moment), et le chanteur John Hogg dont le timbre rappelle légèrement celui de Chris Robinson. Alors évidemment, l'ombre des Black Crowes plane au-dessus de ce nouveau groupe, d'autant que, pour l'heure, le répertoire live présenté ce soir comporte de nombreuses reprises des corbeaux noirs. Mais pour autant, cette image est écornée, car s'il est un cousinage a rechercher pour The Magpie Salute, celui-ci serait plutôt du côté des Allman Brothers ou du, plus récent, Tedeschi Trucks Band. Soit une vision communautaire de la musique (cf. la formation XXL) favorisant les longues jams instrumentales, au mitan de la soul, du blues et du rock n'roll, et les soli de guitares, quitte à laisser les membres « vocaux » au chômage technique (et oui les maracas ça n'occupe qu'un temps !). Le tout sous l'influence des années 60 et 70, la marque de fabrique de ces musiciens depuis toujours. A ce petit jeu, ces musiciens sont des as, chacun trouvant des interstices où se glisser en douceur (mention spéciale au bassiste Sven), la musique devenant un dialogue entre instruments, quitte à laisser parfois le spectateur au bord de la route, pas toujours évident de suivre sans décrocher. Dans ce contexte le batteur Joe impressionne par sa capacité à tenir le swing intact pendant de longues minutes. Ainsi, les nouvelles versions des anciens titres des Crowes ne sont pas identiques mais complémentaires enrichies de nombreux nouveaux passages instrumentaux. Une bien belle soirée, chaude (dans tous les sens du terme) de la part d'un groupe dont on attend avec impatience des compositions originales.

mercredi 5 juillet 2017

Volin : « Volcan »



A l'image du volcan dont il empreinte le titre, cet album de Volin voit le groupe passer par différents états, de l'éruption au calme. Situé au confluent de plusieurs influences, du jazz au rock, la musique de Volin ne se départit jamais d'une certaine élégance que le rythme se fasse ternaire (« Il ne me reste ») ou que les guitares soient de sortie (« Canon »). Adepte des structures alambiquées (« Secousses ») Volin ne verse jamais dans l'excès, dans un sens comme dans l'autre, mais au contraire fond l'ensemble de ses influences dans un univers progressif, empruntant parfois à l'électro ("Citadelle"), aussi complexe que gracieux. L'album est habité d'une impressionnante tension sous-jacente, qui n'explose jamais tout à fait, même dans ses moments les plus mélodiques (« Volcan »). Et le tout dans la langue de Molière, s'il vous plaît ! Ce qui achève de faire de ce disque l'objet le plus curieux, mais le plus charmant aussi, qu'il nous ait été donné d'écouter depuis un moment. A découvrir.

mardi 4 juillet 2017

Miles Mosley : « Uprising »



La rumeur, insistante, l'annonce déjà comme « un Hendrix de la contrebasse jouant avec le groupe de Prince »… Après une liste de collaboration longue comme le bras, aussi bien en compagnie de jazzmen (Terrence Howard), que dans un univers plus rock (Jeff Beck, Chris Cornell, Joni Mitchell), le virtuose Miles Mosley sort son premier album. Et il ne faut guère plus que le premier titre (« Young Lion ») pour persuader le chroniqueur qu'on a mis l'oreille sur une pépite. Ainsi va la vie, alors que les albums insipides encombrent le bureau, on tombe un jour sur Miles Mosley, un véritable feel good record. On y retrouve bien entendu toutes les influences précitées. Un concentré de groove piochant dans la source du jazz classieux (« More than this », « Heartbreaking efforts of others »), de la soul et du funk (« L.A. won't bring you down », « Shadow of a doubt ») suivant parfois un angle très rock, guitares surpuissantes à l'appui (« Abraham », "Your only cover") le long de compositions labyrinthiques donnant le vertige aux allures de tubes en puissance. Et le tout sans jamais adopter un angle revival passéiste, mais, au contraire en adoptant une dynamique contemporaine. L'influence du hip hop, jamais citée expressément, plane au-dessus de cet album. Un must !

dimanche 2 juillet 2017

Watermelon Slim, Sunset, 01/07/2017.

(c) Xav' Alberghini

(c) Xav' Alberghini

Personnage étonnant, ayant vécu mille vies avant la musique, dont le profil nous rappelle un peu le regretté Calvin Russell, Watermelon Slim était de passage samedi soir sur la scène du Sunset. Un arrêt dans le long road trip de l'artiste (c'est un ancien camionneur) et de son groupe The Truckers (ça ne s'invente pas). La performance du soir est à l'image de l'artiste, à la fois grave (c'est un vétéran du conflit du Vietnam) et solennel lorsqu'il demande au public de se découvrir la tête, mais également plein de vie et de fantaisie. Son français particulier à base de « cordon (cordes) de guitare » y est pour beaucoup, ses anecdotes hilarantes également (« La compagnie aérienne a voulu nous vendre un siège supplémentaire pour les guitares ! »). Excellemment bien entouré (guitare, basse et batterie) Slim, tiré à quatre épingles, cravate et chapeau, alterne entre harmonica et guitare jouée à plat. La musique déborde de feeling bleu et de bonnes vibrations : dynamique quand il le faut, plus lent à d'autres moment, et plein de groove, toujours (quel batteur!). Charismatique, Slim se met le public dans la poche sans difficulté aucune qui l'applaudit à tout rompre, la cadre intimiste de la salle, ressemblant un peu à un couloir du métro en faïence, a été transformé un moment en juke joint. Fort !


samedi 1 juillet 2017

Mo Al Jaz and Friends : « The blues of Little Walter »



Tout dans la présentation de ce disque, du look rétro faisant penser à un vieux vinyle, au nom de Little Walter bien mis en évidence, peut laisser penser que l'on a affaire à une compilation consacrée au bluesman Louisianais (de fait la pochette copie celle d'un best of de 1957). Erreur. Dans le coin en haut, à droite, la petite mention « Mo Al Jaz » nous éclaire : l'album est un disque hommage concocté par le Français Mo Al Jaz et ses amis. L'effet de surprise passé, apprécions ce disque pour ce qu'il est : un album de blues de haute tenue ! Déjà, se consacrer à des reprises de Little Walter c'est s'assurer d'avoir sous la main un répertoire de qualité (« My Babe »). Pas de mauvaises surprises de ce côté là. Ni du côté de l'interprétation, le groupe ayant réussi la prouesse de retrouver le grain un peu sale de l'époque (la fin des années 1940 et le début de la décennie suivante), la patine « nocturne » et le swing « Chicago » original (« Last night »). Ainsi, l'écoute nous plonge instantanément dans un club enfumé au murs de briques rouges. L'étrangeté vient du léger accent frenchie, traînant ici et là, apportant une petite note bizarre à l'ensemble. Un excellent album mais tout de même un peu anecdotique compte-tenu du concept hommage ayant précédé sa création. Cependant, les amateurs de Little Walter ne seront pas déçus. Le disque a visiblement été enregistré avec plaisir, le même que celui ressenti par l'auditeur tout au long de ces 12 plages.