samedi 31 mars 2018

Drame, FGO Barbara, 29 mars 2018.


Drame incarne une tendance assez présente ces temps-ci, celle du groupe qui, tout en revendiquant un héritage rock, a décidé de se passer de guitares. De fait la musique de Drame (la formation est totalement instrumentale) s'apparente à un grand voyage dans le temps et le style, où l'héritage des années 1970 est totalement intégré et réinventé. On y retrouve des traces de rock, progressif et psychédélique ; le tout est teinté d'un soupçon de cold wave des années 1980. Mené par le bassiste Rubin Steiner, la formation, complétée par un batteur et deux claviers, pratique une musique planante, parfois traversée d'éclairs et de fulgurances rock, jouant sur la répétition hypnotique et une balance parfaite entre électricité et électronique qui donne sa pleine mesure sur des morceaux assez longs, transportant le spectateur dans un entre-deux étrange, un toubillon de sons donnant le tournis. En fin de set, un saxophone livre un couche supplémentaire free jazz. Une telle musique gagnerait certainement à être plus mise en scène. Même si le light show du soir est parfaitement exécuté et prolonge l'expérience sur le plan visuel, des décors de scène et des projections compléteraient utilement le tout pour en faire une expérience sensorielle totale. En attendant, Drame reste un groupe attachant, aussi efficace sur disque que sur scène. 


Moonlight Benjamin + Dyna B, le Petit Bain, 28 mars 2018.



Barge flottante posée sur la scène, le Petit Bain porte fièrement son surnom d' « île dans la ville » en ce mercredi soir en nous proposant une soirée haïtienne. 

On commence avec la chanteuse Dyna B qui se produit en trio acoustique, guitare, piano et cajon. Sur scène la formation se fait forte d'aborder plusieurs genres, du jazz, de la soul, du blues sous un angle parfois assez original, du reggae au piano, c'est bien la première fois que l'on entends cela. Quelque soit le flacon, l'ivresse du swing, du groove est la même et le tout magnifiquement incarné en voix par la chanteuse. Une belle découverte. 

Changement radical d'ambiance ensuite avec la chanteuse haïtienne, mais installée en france depuis le début des années 2000, Moonlight Benjamin, dont l'album « Siltane » est sorti le 23 mars dernier. Présence électrique sur scène, la chanteuse n'a pas son pareil pour faire monter de plusieurs degrés la température tout au long du concert qui, peu à peu, se transforme en une sorte de pétage de plombs collectif du public. Il faut dire qu'elle donne de sa personne Moonlight. Authentique prêtresse vaudou, la chanteuse est totalement possédée par sa musique, laquelle n'est pas avare en groove, des percussions renforçant la batterie. Le reste de la formation est plus classique, guitare et basse, et navigue dans les eaux bouillonnantes du garage rock, et du blues heavy, la chanteuse incarnant la créolité de la démarche par le biais de son chant grave et puissant en créole vernaculaire. Les pieds nus, Moonlight ne semble jamais s'arrêter de danser alimentant la marmite en constante ébullition. Le sommeil va être difficile à trouver après un show pareil… 

Facebook Dyna B
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mardi 27 mars 2018

Otis Stacks, FGO Barbara, 20/03/2018.


Otis Stacks profite du concert du soir pour tester une nouvelle formule. Très pris par ses activités de DJ/producteur, Just Mike, la moitié musicale du duo, ne pourra être présent sur toutes les dates de la tournée. C'est donc seul, esseulé au milieu du public, blanc comme un linge, et peut-être encore plus stressé que s'il était sur scène, que le claviériste a assisté à la performance du soir. Sur scène, on retrouve donc le chanteur Elias Wallace, incroyable de charisme et une voix magnifique, accompagné par un batteur et un guitariste/bassiste. Un élément live obligatoire sans lequel le concert se résumerait à un play-back orchestre. Crooner classieux, mais aussi à l'aise niveau rap, Elias trouve ainsi un accompagnement à sa mesure. La musique gagne en groove, un plus indéniable, qui se propage dans le public au moment où le groupe attaque le magnifique « Take your coat off » dont on ne s'explique toujours pas l'absence sur l'album. Autre grand moment, « Fashion Drunk », chanté un verre de whisky à la main, cela ne s'invente pas ! Belle soirée. 
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lundi 26 mars 2018

Ben Harper et Charlie Musselwhite

On pensait que leur, excellent, premier album "Get Up" (chronique ici) resterait sans suite, et c'était une magnifique erreur ! Le duo Ben Harper et Charlie Musselwhite est de retour ! Intitulé "No Mercy In This Land", ce deuxième effort sortira le 30 mars prochain. En attendant, les deux musiciens décrivent leur lien musical et le sens de leur démarche dans le mini-doc qui suit :

dimanche 18 mars 2018

Don Pauvros de la Manche de Guy Girard.






Le Festival Les Monteurs s'affichent c'est toujours l'occasion de découvrir des films rares, indépendants, produits hors des circuits habituels. Réalisé en 2015, jamais sorti officiellement en salles, faute de distributeur, et ayant, jusqu'ici, connu une diffusion confidentielle, de fait, « Don Pauvros de la Manche » s'inscrit parfaitement dans la démarche déchiffreuse du festival. C'est donc une occasion unique qui nous est donné de découvrir le métrage sur grand écran, en salle, dans le cadre magnifique du Luminor. 





Don Pauvros de la Manche, c'est donc lui, Jean-François Pauvros, un grand dadais dont la silhouette dégingandée rappelle vaguement celle de Joey Ramone. Un sacré personnage, seul sur une plage désertée de la côte d'Opale, luttant contre les éléments sa guitare en main, lequel instrument, entre ses doigts, produit des sons pour le moins étranges. Et cela fait grosso-modo quarante ans que cela dure, puisque Jean-François est une figure de la scène avant-gardiste (free voire noise, il paraît même qu'il a joué avec Sonic Youth !) Du manque de moyen, le réalisateur Guy Girard a fait une force. Son film n'est pas un documentaire classique, racontant le parcours du musicien, ses débuts et ses grands faits d'armes. Traversé d'un souffle poétique, le film est plutôt une plongée dans le quotidien du musicien. Voire même dans l'univers du guitariste tant le personnage est lunaire, décalé, et, finalement, assez drôle et profondément attachant. Un type qui se réjouit de se prendre une décharge électrique, une expérience magnifique selon la sensibilité, perchée, qui régit son petit univers. Evidemment ce genre de personnage ne peut produire qu'une musique hors-norme ce que traduit parfaitement le métrage. Les séquences de concerts filmés, parfois assez extrêmes (cf. « Le mur du son » avec Arto Lindsay) alternent avec des plans sur paysages éthérés mettant en valeur la nature, la mer ou l'orage, surlignant la prise directe de la musique de Pauvros avec les éléments, entrecoupés d'instants pris sur le vif où le musicien se lance dans de grandes réflexions existentielles. Charmant et poétique, ce film est une bouffée d'oxygène, une respiration d'air frais dans un monde étriqué. Ne ratez pas la prochaine projection !






mercredi 14 mars 2018

DD'S Brothers : « From the day till the dawn »



Après un premier album d'excellente facture (« We got the law » en 2015), la formation remonte la barre avec un deuxième effort encore plus réussi et soulful. Le groupe repose sur une alchimie entre deux voix celle de la chanteuse, d'origine congolaise, Dora Kuvuna qui répond au timbre grave du chanteur californien Dorien Smith. Comme un duo entre la regrettée Sharon Jones et Lee Fields qui durerait le temps d'un disque. Hélas, le disque n'exploite pas au maximum le concept et les voix alternent plus qu'elles se répondent (le chanteur paraissant même un peu effacé en l'espèce). Dommage. Il n'empêche, en vernissant ses compositions d'une irrésistible couche vintage/sixties tout en privilègiant une dynamique et une production comptemporaines (un peu comme Amy Winehouse en son temps) les DD'S Brothers accouchent d'un album d'une qualité égale à celle de ceux sortis par tous les labels branchés d'outre-Atlantique. Une réussite en forme de petit coup de coeur soul du moment. 

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https://www.dd-brothers.com/


mardi 13 mars 2018

Coby de Christian Sonderegger



Une jeune adolescente, l'air garçonne, s'installe devant une webcam : « J'ai une histoire marrante à vous raconter... » Un homme, infirmier, est dans une ambulance ; un bébé convulse. Montage épileptique, son assourdissant, la scène est d'une grande tension, accentuée par la violence sonore. Le spectateur est perdu et ne saisit pas tout à fait les tenants et aboutissants de l'histoire. Les extraits youtube, dont celui du pré-générique, constituent le fil conducteur du film, entrecoupés d'interviews récentes. L'adolescente du début et l'homme devenu infirmier sont la même personne. Coby. Le documentaire conte l'histoire d'un changement de sexe au cœur du midwest étasunien. On appelle cela une transition. Au fil des interviews on réalise quelle chance Coby a eu de grandir dans une famille aussi aimante et au style de vie alternatif, une fois passée la stupeur initiale. Les parents sont fermiers. Une enfance au grand air, à la campagne et sans école (« un truc fait pour rentrer dans des cases » dixit le Père). En creux, le métrage brouille les cartes. La Mère apparaît étonnamment masculine, le Père affiche des attitudes, des gestes paradoxalement féminins. Cette famille, cette transition, le réalisateur Christian Sonderegger possède un point de vue unique pour les filmer. Il est le demi-frère de Coby. Il fait partie de la famille tout en ayant grandi loin d'elle, en France. Son filmage est unique, la caméra frôle l'intime, les mains du Père et du fils les doigts entremêlés, les pieds sous la douche, tout en restant à distance, avec pudeur. Le résultat est très touchant. Une belle soirée organisée en avant-première du festival "les monteurs s'affichent".

Sortie le 28 mars 2018.

dimanche 11 mars 2018

The Amazing Keystone Big Band, Salle Pleyel, 10/03/2018.


Le big band jazz s'attaque au répertoire de Django Reinhardt et, après un album sorti à l'automne dernier, investit la mythique (et superbement art déco) Salle Pleyel le temps d'une soirée exceptionnelle consacrée au guitariste manouche. Le défi est de taille, prouver que les compositions du guitariste virtuose peuvent s'adapter au contexte d'un big band, à la fois plus ample et plus électrique (cf. « La flèche d'or ») que la configuration originale. Avec toute une pléiade d'invités, tous plus virtuose les uns que les autres (Stochelo Rosenberg, Stéphane Guillaume, Rocky Gresset etc.) l'orchestre remplit ainsi sa gageure avec talent, réinventant le swing du guitariste dans un esprit plus free, aventureux, les compositions gagnant en longueur au fil de soli inspirés (guitare, saxophone soprano, accordéon, violon, piano etc.) Ainsi la guitare (parfois électrifiée) est, de temps en temps, absente des débats, parti-pris étonnant (il s'agît d'un concert hommage à un guitariste après-tout) sur quelques titres, mais garant de cet esprit de renouvellement, au-delà de l'hommage. Grand absent de la soirée, le violoniste Didier Lockwood (disparu le 18 février dernier) et qui avait joué sur le disque, a vu sa mémoire honorée le temps d'une magnifique reprise de son classique jazz/funk/rock « The Kid » en clôture de la soirée. 


Red Money : « Shake, burn and love »



Ce deuxième album voit incontestablement le duo passer à la vitesse supérieure. Voici le genre de disque qui amène à se poser certaines questions. Quelles sont, intrinsèqument, les principales qualités d'un bon disque rock ? L'engagement des musiciens, la tension qui s'accumule avant que la rage n'explose dans un déluge de guitares saturées ? Autant de cases remplies ici par le groupe : Secoue, brûle et aime tout est dit dans le titre. Tout juste si la transpiration ne coule pas à travers les enceintes. Délaissant la boite à rythme des débuts pour une véritable batterie, tenue de main de maître, le groupe gagne au change, partant dans de longues dérives heavy/psyché où alternent tension et détente (« Henry teardrop ») et gagne un surplus de swing au passage (l'excellente « Sickman »). Une souplesse rythmique mise à profit lorsque les watts et le tempo baissent d'un temps, le groupe se révèle alors excellent dans un registre blues fantomatique (« Drunk Love », « Shine & Rise ») et déglingué dans un registre pas si éloigné des productions fat possum (« Shades of sorrow »), maîtrisant à la perfection ce feeling si particulier. Une claque rien de moins ! 

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samedi 10 mars 2018

Vanished Souls



Si le rock doit rentrer dans des petites boîtes, alors les membres de Vanished Souls (VS) vont se constituer une sacrée collection. Car, prenant le contre-pied d'un mode vintage à tout va, le quatuor intègre ses influences psychédéliques et progressives dans une dynamique contemporaine qui va bien au-delà du revival. L'ombre de l'idiome progressif est ainsi prégnante tout au long de l'album. Une question d'ambiance, d'ampleur sonore et de voix éthérée (« You're not alone », « Between us and everything », « No Suffering »). Mais le groupe a réussi à faire sienne cette influence et brasse finalement plus large, musclant son jeu de guitare au point de rappeler la vague néo-métal du début du siècle (la grandiloquente « Am your shadow ») ou intégrant quelques éléments froids qui nous ramène vers une vague électro assez glaçante (« Nauseous »). Un disque assurément ambitieux et produit avec soin mais qui n'évite malheureusement pas quelques fautes de goût à l'image des claviers/trompettes kitsch qui ornent le premier titre (« Ghosts »). Un petit défaut, certes malheureux car placé en début de disque, qui n'obère pas la réussite de l'ensemble à l'instar de « Silencio » la magnifique plage qui clôture l'album sur une note cinématographique. Une manière de dire que l'histoire se termine mieux qu'elle n'avait commencée. 

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http://www.vs-music.com/home/

vendredi 9 mars 2018

Festival Les Monteurs s'affichent


Du 14 au 18 mars, dans la salle du Luminor Hôtel de Ville, se tient un festival de cinéma mettant en valeur le métier de monteur. Huit films sont au programme, huit projections suivies d'un débat avec le monteur du film qui éclairera d'un jour nouveau ce métier de l'ombre. Début des festivités le lundi 12 mars avec l'avant-première du film "Coby" et à ne pas rater, le 17 à 16h30 "Don Pauvros de la Manche" consacré au guitariste Jean-François Pauvros.

Tarif unique de 7,50 €

La Bonne Aventure festival les 23 et 24 juin à Dunkerque


Sublime affiche pour un festival qui s'annonce bien !

jeudi 8 mars 2018

Antoine Elie



Des mains, baguées, tête de mort, photographiées en noir et blanc s'affichent sur la pochette. Un artefact rock n'roll en diable représenté sur un simple cliché. Et pourtant à l'écoute le résultat s'avère bien différent. Un fond électro omniprésent, la guitare releguée en arrière plan pour les arrangements, une façon de jeter les mots dans la fournaise qui rappelle le hip-hop et des textes soignés trahissant un amour de la chanson française. Et puis il y a voix, de gorge, éraillée et profonde, qui interpelle et révèle bien des fissures. Difficile d'imaginer que le chanteur n'est âgé que de 28 ans. Mystérieux et intriguant. 

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mardi 6 mars 2018

Teorem : « Terminus Montparnasse »



Entre électro, slam, chanson et hip-hop, Teorem se charge de souffler un vent nouveau sur la langue de Molière. Grâce à la présence de quelques guitares et d'une véritable batterie, un inconstestable plus en matière de groove, la musique de Teorem, bien que très marquée par l'électronique, réussit a se maintenir en équilibre, évitant de tomber dans une démarche trop froide, et maintient la balance entre organique (« Le jour et la nuit ») et électro. La formule marche particulièrement bien sur « Je pense donc je fuis » ou « Le roi des croches ». Si on émets quelque réserves sur la musique, en revanche, on adhère à sa plume. Teorem sait jouer avec les mots. Ces derniers claquent et, au fil des titres, dressent un portrait tendre de la Capitale (« Dessine-moi une esquisse de la Tour Montparnasse ») et des « Barbie de Barbès » qui peuplent cette dernière. 

https://fr-fr.facebook.com/TeoremOfficiel/
http://remilibereau.wixsite.com/teorem


lundi 5 mars 2018

Gloria : « Oîdophon Echorama »



Ils nous avaient scotchés avec leur premier album « In Excelsis Stereo », les très mystérieux Gloria, très peu d'informations circulent sur ce groupe totalement absent des réseaux sociaux, sont de retour avec un nouvel effort de six titres, un format bizarre à mi chemin de l'EP et de l'album. Petit rappel des faits à l'attention des nouveaux arrivants, Gloria c'est, d'une certaine manière, une façon de la boucle. Une formation fantasmée où les girls groups (trois chanteuses et autant d'occasions de multiplier les harmonies vocales) du début des années 1960 rencontrent le rock psychédélique de la fin de cette même décennie, essayez d'imaginer Phil Spector se débattant avec sa bouée dans une cuve d'acide. Bon ben voilà Gloria c'est ça. Sauf qu'avec ce nouveau disque, la formation (dans laquelle on compte quelques membres du Ginger Accident, qu'on aime beaucoup aussi par ici) franchit un pas supplémentaire dans la dinguerie sonore, et truffe ses chansons de percussions bizarres et de soli alambiqués à la limite de l'expérimentation (cf. « Mama milker », "Bad cat"). Multipliant les fausses pistes et les chausses trappes au détour de compositions à tiroirs (cf. « The rain is out »), ce nouvel effort sonne comme une orgie baroque. On est totalement accros.

En concert le 8 mars à Paris (Olympic Café)


dimanche 4 mars 2018

Barton Hartshorn : « I died of boredom and came back as me »



Je suis mort d'ennui et je suis revenu en étant moi-même. C'est le titre, à rallonge de l'album, mais c'est aussi toute l'histoire que nous raconte le nouveau disque de Barton Hartshorn. A savoir celui d'un cuisinier exilé en Australie à la vocation, contrariée, de musicien. Ce disque respire l'optimisme, grâce, à des mélodies, labellisées seventies, aussi lumineuses qu'un lever de soleil sur une plage californienne. Les chansons s'enchaînent donc, sans remplissage, limpides dès la première écoute : groove délicat, chaleur acoustique, dextérité du piano (électrique ou acoustique) et de la guitare électrique, superbes arrangements à base de cuivres ou d'harmonica, l'écrin est idéal pour la chant ouaté et émotif de Barton. L'ensemble sonne comme la playlist 70s d'une radio FM californienne sur laquelle on serait tombés par hasard, enchaînant perles sur perles. D'autant plus étonnant que Barton est anglais et que son dernier effort a été enregistré en France en compagnie de nombreux musiciens français. De quoi phosphorer des heures sur le pouvoir d'évocation d'une mélodie... D'une grande cohérence, le disque s'impose, titre après titre, comme un classique immédiat aux lignes mélodiques pures que l'on ne saurait réduire à son aspect rétro, rock fm 70 ; car, comme le chante Barton, en ouverture : « Everything is better than before » soit tout est mieux maintenant. Intemporel et à découvrir séance tenante. 
En concert à Paris le 5 avril (le Zèbre de Belleville)
https://fr-fr.facebook.com/BartonHartshornMusic/
http://bartonhartshorn.com/


samedi 3 mars 2018

Drame : « 2 »



Le Drame est de retour. Deuxième album donc pour cette intriguante formation instrumentale située à la croisée de chemins contraires et au line-up peu commun à la fois classique (basse, classique) et expérimentale (trois synthés). On évitera donc avec soin d'évoquer certains styles musicaux, récusés par le groupe, pour se concentrer sur l'essentiel. A savoir une musique hybride, certes synthétique, mais aussi au son très chaud, grâce à la section rythmique et à cette basse énorme (cf. « Poésie parfaite », « Défonce humanitaire »), et surtout très entêtante, hypnotique, répétitive, jouée en live. Alors que les titres défilent, l'effet secondaire du Drame, se fait sentir, avec, comme symptôme principale, une perte des repères. On ne sait plus très bien où l'on se trouve. Dans le passé ? Le groupe recyclant avec habilité toute une foule d'influences et deux trois trucs assez cools que nous ont laissés les 70s et les 80s ? Ou bien alors les deux pieds fermement ancrés dans le présent tant la musique « mutante » jouée par le quatuor ne semble ne pouvoir être le fruit de mutations successives de genres distincts ? Quoiqu'il en soit, le groupe a plutôt réussi son coup tant l'euphorie et la transe du groupe (cf. « Dérapage américain ») est contagieuse. Dansez, maintenant… 

En concert le 29/03 à Paris (FGO)
https://www.facebook.com/drameteam/
https://platinumrecords.bandcamp.com/album/drame


jeudi 1 mars 2018

Otis Stacks : « Fashion Drunk »



Après un premier EP très prometteur mais terriblement frustrant (deux titres seulement et beaucoup de remixes) le duo Otis Stacks est de retour avec son premier album qui signe les véritables débuts du groupe. Et le résultat est à la hauteur de toutes nos espérances ! Otis Stacks donc. Otis comme Otis Redding, Stacks comme le fameux label de Memphis (Stax) quoique orthographié différemment. De soul il est donc beaucoup question sur cet album, mais contrairement à ce que laisse supposer le (génial) patronyme du duo, il n'est point question de revival sixties ou seventies, ni même de funk. Le duo préfère déplacer le curseur un peu plus loin dans le temps évoquant plutôt la fin du vingtième siècle et tendant de nombreuses passerelles vers le hip hop. Il en résulte une soul langoureuse et diablement sexy servie à point avec de chauds sons de claviers vintage, signée Mike, et la voix de crooner d'Elias, le chanteur. Un seul regret, le fantastique « Take off you coat », qu'ils jouaient sur scène en 2016 (au Silencio notamment) est absent des débats et c'est bien dommage. Pour le reste, voici un fantastique disque pour accompagner vos soirées, car c'est évidemment le soir que cette ambiance feutrée est la plus appréciable. A découvrir.