dimanche 18 mars 2018

Don Pauvros de la Manche de Guy Girard.






Le Festival Les Monteurs s'affichent c'est toujours l'occasion de découvrir des films rares, indépendants, produits hors des circuits habituels. Réalisé en 2015, jamais sorti officiellement en salles, faute de distributeur, et ayant, jusqu'ici, connu une diffusion confidentielle, de fait, « Don Pauvros de la Manche » s'inscrit parfaitement dans la démarche déchiffreuse du festival. C'est donc une occasion unique qui nous est donné de découvrir le métrage sur grand écran, en salle, dans le cadre magnifique du Luminor. 





Don Pauvros de la Manche, c'est donc lui, Jean-François Pauvros, un grand dadais dont la silhouette dégingandée rappelle vaguement celle de Joey Ramone. Un sacré personnage, seul sur une plage désertée de la côte d'Opale, luttant contre les éléments sa guitare en main, lequel instrument, entre ses doigts, produit des sons pour le moins étranges. Et cela fait grosso-modo quarante ans que cela dure, puisque Jean-François est une figure de la scène avant-gardiste (free voire noise, il paraît même qu'il a joué avec Sonic Youth !) Du manque de moyen, le réalisateur Guy Girard a fait une force. Son film n'est pas un documentaire classique, racontant le parcours du musicien, ses débuts et ses grands faits d'armes. Traversé d'un souffle poétique, le film est plutôt une plongée dans le quotidien du musicien. Voire même dans l'univers du guitariste tant le personnage est lunaire, décalé, et, finalement, assez drôle et profondément attachant. Un type qui se réjouit de se prendre une décharge électrique, une expérience magnifique selon la sensibilité, perchée, qui régit son petit univers. Evidemment ce genre de personnage ne peut produire qu'une musique hors-norme ce que traduit parfaitement le métrage. Les séquences de concerts filmés, parfois assez extrêmes (cf. « Le mur du son » avec Arto Lindsay) alternent avec des plans sur paysages éthérés mettant en valeur la nature, la mer ou l'orage, surlignant la prise directe de la musique de Pauvros avec les éléments, entrecoupés d'instants pris sur le vif où le musicien se lance dans de grandes réflexions existentielles. Charmant et poétique, ce film est une bouffée d'oxygène, une respiration d'air frais dans un monde étriqué. Ne ratez pas la prochaine projection !






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