dimanche 6 mai 2018

Brisa Roché : « Father »



Ce nouvel album, le sixième, pour l'Américaine installée en France sonne d'emblée comme son disque le plus personnel, sobrement intitulé « Father ». Comme si tout ce qui avait précédé n'était que le prélude, devant mener à ce disque, dont une bonne moitié, est un hommage à son père, un personnage trouble navigant dans les eaux sombres de la drogue, décédé à l'âge de 48 ans (cf. le « 48 » du premier titre). Revisitant son histoire familiale et son enfance, ce nouvel effort voit Brisa endosser différents costumes à la fois la mère bienveillante (la très délicate « Patience »), l'enfant éploré (« Carnation ») ou les dealers qui entouraient son père (l'angoissante « Holy Badness »). Après maintes divagations électroniques, Brisa est revenu à une forme musicale folk, acoustique, à la fois classique, comme dans un hootenanny des années 60 (« Can't Control », la magnifique « Black Mane » peut-être bien notre préférée), mais laissant apparaître quelques traces de modernité (« Cypress », la boîte à ryhme de « Engine off ») alternant les passages doux et délicat (« Patience », « Cypress ») et un aspect plus rêche et violent en dépit du contexte acoustique (« 48 », « Fuck my love »), dans la lignée d'une Karen Dalton des temps modernes. Particulièrement investie dans son projet, la chanteuse semble tout le temps sur le fil, la voix prise par l'émotion, sur le point de se briser (« Can't control »). Et c'est ces moments là, où l'artiste touche du bout des doigts une sorte de vérité universelle, qui donnent toute sa valeur à l'album et lui confèrent ce caractère si précieux à nos oreilles. 

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