mercredi 16 mars 2011

Interview Felipecha


Rencontre avec la charmante Charlotte, chanteuse de Felipecha (voir mon message du 6 mars 2011) excellent groupe orienté chanson pop française. Sympa et souriante, cette dernière (également chanteuse de Wax Tailor) est intarissable lorsqu’il s’agit d’évoquer le nouvel album de son groupe…

Comment a commencé Felipecha ?

Charlotte : J’ai rencontré Philippe à la fac, où j’étais en cours avec un très bon ami à lui. A l’époque j’ai eu l’occasion de découvrir son groupe d’amis qui faisait de la musique pendant des soirées. Au cours d’une soirée il m’a dit : « tiens je te verrais bien chanter ça » et il a sorti une guitare. Ca a commencé comme ça…

Tu chantais déjà avant ?

Charlotte : J’ai vraiment commencé en 2002, à l’époque je bossais avec un autre musicien, on formait Clover un duo électro-pop anglophone. Je ne connaissais pas encore Wax Tailor. Avec Clover on a trouvé un label courant 2002-2003 et on a sorti un album en 2004. On a fait quelques dates et on en est resté là… On était étudiants, on faisait un peu de musique pour le plaisir. On avait d’autres choses à côté. Avec Philippe on avait pas mal de chansons et on a eu envie de faire des maquettes. On a utilisé le studio d’un ami de Philippe. Après j’ai rencontré Manuel Amstrong à un concert en 2005. Je lui ai parlé de notre projet chanson française et il a voulu écouter, il faisait déjà de la production à l’époque. Ensuite on a rencontré notre manageuse. Et en 2007 on a trouvé un label.

L’album d’avant « De fil en aiguille » a bien marché, que s’est-il passé depuis…

Charlotte : Le deuxième album prend toujours plus de temps… Pour le premier disque, on avait passé des années à composer une poignée de titres. Après on te dit : « maintenant t’es une musicienne professionnelle, il faut sortir un deuxième disque »… Ca prend toujours plus de temps que prévu… Entre temps moi j’ai enregistré un album et fait une tournée avec Wax Tailor. Philippe lui réalise des documentaires. Finalement ça a été plutôt vite, « De fil en aiguille » est sorti en 2008. On a tourné jusqu’en août 2009. Il y a eu un an et demi depuis la fin de la tournée, c’est passé super vite…

En écoutant le disque j’ai été marqué par l’aspect french pop, l’esprit très sixties mais avec un touche électro moderne. Ca donne un album un peu en balance entre le passé et le futur…

Charlotte : Années 60 je trouve ça bizarre… Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

Une note « Gainsbourg » dans la voix de Philippe… En fait vous me faîtes penser au duo Gainsbourg / Birkin…

Charlotte : La voix de Philippe est assez grave à la Gainsbourg effectivement et d’un coup tu as une voix féminine qui sort plus aigue, plus aérienne… L’électro vient surtout du travail en studio. Pour le premier album, les chansons étaient écrites depuis très longtemps. Elles étaient intimistes. On a eu beaucoup de mal sur le premier album pour changer quoi que ce soit… Pour nous les chansons étaient essentielles. On a fait un joli écrin mais sans aller très loin dans la production. Du coup s’est resté très acoustique, doux, intimiste. Sur cet album là, on est arrivé avec des morceaux qui étaient plus mouvants, moins finis et qui on été amenés à bouger en termes de compositions, de textes, de structures… On a eu envie de quelque chose de plus « produit », de plus pop. Moi et Manuel on est très folk pop rock alternatif. Ce nouvel album est un beau compromis entre nous trois. Le premier disque était plus « chanson » par ce qu’on n’avait pas trop oser toucher aux compositions… Là quand on a commencé à écrire on a fait beaucoup plus de ping-pong… Les claviers avec des sons analogiques un peu marrant viennent de Manuel. On est parti tête baissée dans la pop par ce que c’est son truc… D’où les quelques claviers qui peuvent sembler électro. On a utilisé des vraies batteries partout, finalement ce n’est pas si électro que ça. Un morceau comme « exil », le deuxième sur le cd, il y a un beat électro mais il a été doublé. Les batteries sont parfois un peu sèches, mais elles ont été enregistrées avec l’idée de donner un certain côté « sample ».

Est-ce que cela vous a apporté une sorte de liberté, d’arriver en studio avec des chansons « moins finies » ?

Charlotte : Je pense. Sur le premier album, les compositions étaient assez figées. Ce n’est pas que l’on a pas pu, c’est surtout que l’on n’avait pas envie de les changer. On voulait que cela reste pur, que la production de l’album serve au maximum les chansons. Sur le deuxième on avait plus envie de produire comme cela arrive à beaucoup de groupes. Le fait que les chansons soient moins finies nous en a donné l’occasion de faire des choses hyper riches et intéressantes.

Comment vous écrivez les paroles ?

Charlotte : Ca dépend des morceaux. Philippe et moi on compose chacun de notre côté dans notre intimité. Et on se rencontre régulièrement pour se proposer des choses. « Rien » c’est moi qui ai écrit les paroles. « L’exil » c’est un texte que Philippe avait depuis très longtemps. Je l’aime beaucoup, je le trouve magnifique. J’ai juste proposé que l’on rajoute un refrain que l’on a écrit tous les deux. « Tipi » est entièrement de lui. Je n’y ai pas touché, c’est sa patte, c’est ce qu’il avait envie de dire. « Lover’s lane » j’avais écrit les paroles en anglais et je lui ai demandé sa vision sur ce que j’avais écrit et il a rajouté un couplet en français. Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de formule, seulement des envies de collaborer.

Vos deux voix fonctionnent bien ensemble. Cela donne un côté dialogue fille/garçon. Vous vous êtes bien trouvés vocalement parlant…

Charlotte : Oui finalement elles sont différentes mais elles se mêlent bien (sourire)…

Il y a un petit truc rigolo dans « London Shopping » où on t’entend dire « c’est maintenant que cela commence ?? »

Charlotte : C’est une chute de studio. Tu sais comme une piste qui n’a pas été bien nettoyée. Normalement tu coupes les endroits où les gens reprennent leur respiration et tous les « hein hein ». Enfin on coupe tous les trucs que les gens ne sont pas censés entendre (rires). Et puis finalement ça on l’a gardé sur la maquette. C’est du vrai moment de studio.

Un des morceaux les plus surprenant musicalement est à mon avis « la tour Eiffel est un tipi » avec des notes un peu western…

Charlotte : Oui il y a une sorte de cavalcade. On l’a voulu, c’était appelé par le texte qui parle de liberté. Un Indien cela veut dire un homme libre. De prendre un Indien puis de le mettre à Paris en se demandant quelles seront ses limites, c’était assez rigolo comme concept. On a imaginé cette cavalcade et finalement c’est le titre le plus rapide de l’album. On voulait éviter le côté trop « Indien », juste donner l’impression d’une machine qui avance. On a eu aussi une très bonne surprise avec Christelle au violon qui a trouvé une très belle mélodie pour le refrain. Ca a fait s’envoler le titre et c’était super. Un beau moment de studio…

J’ai trouvé que « l’étincelle » avait un petit aspect new-wave. Pour prendre un exemple récent, j’ai pensé à Interpol. Qu’est-ce que tu en penses ?

Charlotte (rires) : Oui c’est vrai, c’est le côté froid sans doute. Je vois ce que tu veux dire, je connais bien Interpol. Ce n’était pas conscient. Philippe nous a emmené une composition qui était hyper noire et alambiquée. Ca commence sur des accords, ça change après il y a break et puis ça démarre après tu as rebreak et le refrain… Assez complexe… On est allé à fond dans le sens du texte. Le côté new wave est pas mal sur les refrains que je dis « il suffira d’un rien, juste une étincelle » tu as juste une note de clavier et tout est suspendu. Les voix à la fin doivent jouer, quand les «eh oh » débarquent. J’y tenais beaucoup. Ca se transformait presque en électro. J’ai beaucoup aimé.

Est-ce que tu pourrais nous parler un peu de Londres (cf « London Shopping ») ?

Charlotte : C’est un peu de vécu. Philippe a passé un week end à Londres. Il a écrit avec Eric un ami très proche. Il voulait raconter ce week end où tu pars en couple sans avoir forcément les mêmes envies au même moment. C’est une anecdote rigolote. Faut pas trop se prendre la tête sur le texte… Tu pars en week end, la fille veut aller faire du shopping, le mec boire des bières, toujours la même histoire…Par contre l’histoire de la fin a été rajoutée, ils ne se sont pas vraiment perdus et Philippe n’a pas dragué une fille dans un bar (rires)…

Que fait tu quand tu ne chantes pas, sur les titres chantés par Philippe seul…

Charlotte : En studio, je donne mon avis. Comme pour les violons à la fin de « l’exil ». On échange, on participe. « Rien » je l’ai composé avec Manuel et Philippe était là tout le temps. Il a donné son avis. A un moment je voulais changer un mot dans le texte et il ne voulait pas. Tout le monde participe à tout…Sur scène je vais jouer du clavier. C’est la grosse différence avec l’album précédent. On va avoir des claviers sur scène. L’album en est truffé, cela apporte de chouettes ambiances…

Comment va se passer la tournée ?

Charlotte : On garde à peu près la même formation que précédemment sauf que l’on utilise plus de contrebasse mais un bassiste qui est aussi guitariste et clavier. Manuel aussi est guitariste mais il peut faire des basses et du clavier. Il va y avoir des changements de rôles de temps à autres. Le batteur va aussi lancer des séquences avec un pad. Cela sera un mélange d’acoustique, un peu d’électro, de claviers. Philippe va aussi chanter et jouer du clavier. Cela va être plus mouvant que sur le premier album.

Tu aimes la vie en tournée ?

Charlotte : Oui c’est cool. Enfin c’est comme tout, ça dépends des moments…Y’a des moments tu es fatigué et t’en as marre. Mais globalement c’est génial !! Ca fait quelques années que je fais ça et je suis toujours contente de repartir. Dans une vie d’artiste, janvier, février il ne se passe pas grand-chose en général sauf lancement d’un album. Tu répètes c’est tout. Souvent t’es content une fois que les répètes sont faîtes et que tu prêt pour faire de la scène. Partir, faire vivre les chansons tous les soirs de manière différente, de changer d’endroit, de rencontrer plein de gens, d’avoir des publics différents… C’est génial… Et puis au bout d’un an quand tu en as marre de la tournée, tu as l’occasion de repasser en studio. C’est ça qui est formidable avec la vie d’artiste. Cela change toujours. La tournée je ne m’en lasse jamais. L’année dernière avec Wax Tailor on a fait 110 dates. C’est beaucoup. Mais c’était super. Tout le temps différent…

Propos recueillis le 25 février 2011.

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