lundi 27 août 2012

Rock en Seine 2012 (2ème partie)

Noel Gallagher (c) Nicolas Joubard
Granville (c) Sylvere Hieulle



Samedi 25 Août 2012 : La journée commence avec le concert d’Of Monsters and Men, mené par une charmante chanteuse, groupe typiquement islandais (comprendre atmosphérique et mélodique) mais aux sonorités légèrement plus dures que la production habituelle issue de l’île de l’Atlantique nord. Le temps de traverser le site et on tombe dans une faille temporelle ouverte par les normands de Granville. Pop swing typiquement sixties, textes au charme désuet chantés en français, le tout rappelle les yéyés des années soixante. Délicieusement suranné. Un vent de fraîcheur souffle sur le festival. Quelques mètres seulement nous sépare de la scène de la cascade où se produit Alberta Cross. Une autre faille temporelle s’ouvre sous nos pieds et on se réveille une décennie plus tard en plein délire hard rock 1970s (cela rappelle un peu les Rival Sons pour citer un autre groupe récent). Gros son, cela envoie, et tout cela nous semble bien éloignée de l’influence (pourtant revendiquée) de Depeche Mode. Mais qu’importe après tout. Déglingué et rock n’roll, Alberta Cross, c’est la grande classe… On retrouve un peu plus tard le duo The Bots (guitare + batterie) sur la scène, un peu plus intimiste, de Pression Live. Là encore c’est une histoire de gros son mélangeant une guitare punk et une batterie plus métal. L’adjonction temporaire d’un clavier apporte un soupçon pop mélodique à l’ensemble, pas franchement désagréable à l’oreille. C’est frais et enjoué, rappelons que la fratrie composant le groupe est âgée de 15 et 18 ans seulement ce qui fait d’eux les benjamins de cette édition 2012. Ils jouent avec l’enthousiasme de leur jeunesse. Garçons adorables et bien élevés, ils chantent même happy birthday pour leur manager. On retient son souffle quand le chanteur se met en tête d’escalader l’échafaudage situé sur le côté de la scène… Toujours aussi efficace les Deus… Les années ne semblent pas avoir de prise sur le groupe belge mené par Tom Barman toujours aussi inspiré dans un registre noise rock typiquement 90s (mais absolument pas daté) qu’ils s’amusent à pousser dans ses derniers retranchements. Une journée assez dense donc avant l’exceptionnel enchaînement du soir sur la grande scène, propre à satisfaire tous les amateurs de véritable rock n’roll : Noel Gallagher suivi des Black Keys. On commence avec le mancunien qui délivre un excellent set basé principalement sur les titres de son album solo dans des versions plus directes et efficaces sur scène par rapport au disque. La foule chavire vers la fin avec l’enchaînement « Whatever » (avec un arrangement sensiblement différent par rapport à l’original) / « Don’t look back in anger ». Ah nostalgie quand tu nous tiens, on verse une petite larme… Le temps de se remettre de nos émotions et hop les Black Keys sont là. Le duo d’Akron (Ohio) est désormais (sur scène uniquement) un groupe à géométrie variable parfois quatuor (avec une basse et un clavier) et plus rarement un duo guitare/batterie. A quatre, les Black Keys sont plus soul, plus nuancés. A deux, ils sont plus puissants et font plus de bruit. Quoiqu’il en soit, plus le temps passe, plus les Black Keys s’inscrivent dans une tradition musicale typiquement étasunienne qui va du blues au garage rock avec une touche soulful. Si musicalement le rendu est impeccable, la densité de la foule présente sur le site de la grande scène à ce moment précis empêche un peu de profiter totalement du groupe (bien que raisonnablement près de la scène on ne voit pas grand-chose). C’est triste mais on se surprend à remercier l’inventeur de l’écran géant… On repense avec nostalgie aux concerts de la Cigale et du Bataclan, mais c’était un autre temps avant la gloire, la célébrité et le succès massif (entièrement mérité cependant)…

Dimanche 26 août. Une journée un peu moins dense que la veille qui avait pourtant commencée sur des bases élevées grâce aux français de Versus qui mélange avec habileté groove à l’ancienne (basse, guitare, batterie, clavier, percussions) et approche plus moderne (scratches, flow hip hop). Une flûte apporte en plus une note blaxploitation. Cela secoue ! Ajoutez à cela un chanteur/rappeur élastique comme pas deux qui à quinze jours près à raté une médaille d’or olympique catégorie gymnastique rythmique et sportive… Tout cela pour dire qu’ils ont le sens du show. Versus, pourvoyeur officiel de groove de cette édition 2012 ! On reste un peu plus circonspect par contre devant le show de Kimbra. Originaire de Nouvelle Zélande, cette dernière est une star internationale depuis le succès incroyable de son duo avec Gotye « Somebody that i used to know ». La jeune femme fait cependant carrière de son côté et a sorti son premier album cette année. Assez fraîche sur scène, sa pop rock est assez efficace à défaut d’être franchement originale. Le tout semble encore assez vert. On est cependant soufflé par les capacités vocales de la jeune (seulement 22 ans). Une artiste à surveiller du coin de l’œil tout de même. Il y a un groupe qui nous a fait plaisir en ce dimanche et c’est Stuck in the sound mené par le charismatique JRF qui jubile littéralement de se retrouver sur la grande scène sept ans après avoir débuté aux « Avant Seine », signe de l’évolution des franciliens depuis leurs débuts. Il y a un mec capable de faire bouger en cadence et faire lever les bras aux milliers de personnes devant la grande scène et ce mec c’est JRF… Musicalement le groupe évolue dans une sphère shoegaze/noise qui n’est pas sans rappeler les Deus la veille avec lesquelles ils soutiennent largement la comparaison. Coincé dans le son, le groupe joue avec une intensité jamais prise en défaut poussant le curseur noisy assez loin. Excellent. On reprend son souffle et voilà que débarque The Dandy Warhols la troupe de Portland mené par Courtney Taylor qui déboule sur scène avec sa besace sous le bras qu’il ne quitte visiblement jamais. Loin d’être toujours convaincant sur scène le quatuor se sort pourtant très bien de l’exercice jouant avec maîtrise les succès d’hier (« We used to be friends ») voire même du siècle dernier (« I love you » ; « Not if you were the last junkie on earth » ; « Bohemian like you »). La setlist est assez nostalgique, on est bon pour la petite larme du jour. Si on fait la fine bouche on pourrait leur reprocher quelques baisses de tension chroniques, inhérentes à la nature psychédélique de leur musique, qu’ils ont peu de mal à faire passer sur scène. Mais ils sont superbes quand ils versent dans le rock n’roll pur et dur mettant en avant les guitares et les influences 60s et 70s de leur répertoire. Allez, c’était super chouette quand même…  On termine enfin avec les Beach House groupe pop sous influence 80s un peu trop riche en synthés et avare en guitares pour les oreilles de votre serviteur. Belle voix de la chanteuse cependant et des compositions pop dignes d’intérêt surtout lorsque les nappes synthétiques se calment un peu. C’est dans ces moments que Beach House touche à une sorte d’éternel pop que l’on espère les voir atteindre plus souvent à l’avenir…

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