mercredi 9 juillet 2014

Eurockéennes de Belfort 2014


Vendredi 4 Juillet 2014 : On commence avec The Fat White Family, un groupe britannique de garage rock psychédélique bien foutu mais exécuté avec un incroyable je m'en foutisme. Les anglais finissent leur prestation pratiquement à poil. Anecdotique. Ça s'améliore un peu avec Reignwolf, un Canadien œuvrant dans un mélange blues punk. Si les comparaisons avec Jimi Hendrix sont quelque peu surfaites, il y a tout de même un peu de cela dans le son auquel est infligé une agressivité punk. Qu'il soit seul à la guitare/grosse caisse de batterie ou bien en trio, le rendu live déçoit, un peu trop brouillon et téléphoné. Cependant écouter l'album ne serait pas une mauvaise idée. On file ensuite sur le magnifique site de la plage (où rappelons-le la scène est posée sur le lac avec la chaîne de montagne des Vosges en arrière plan alors que le public est sur le sable) histoire de profiter des deux derniers titres du set des Temples, les nouveaux chouchous de Noël Gallagher, un groupe rock psyché sous haute influence Pink Floyd. Pas désagréable du tout. On continue avec la première bonne surprise du week-end, les anglais de Findlay, menés par une chanteuse de caractère. Pop rock d'excellente facture, deux guitares, batterie mais pas de basse, Findlay n'est pas foncièrement original, certes, mais le tout est parfaitement exécuté avec une énergie communicative. On a passé un bon moment en leur compagnie. La grosse affaire de la journée fût le retour des Pixies alors que le ciel se fait de plus menaçant et que gronde l'orage. Et bien les Pixies font plaisir à voir. Le set est bourré de petites imperfections techniques mais les mines ébahies du quatuor compensent tout. A commencer par la toute mimi bassiste Paz Lenchantin (ex-A Perfect Circle, ex-Zwan) qui affiche le sourire franc de celle qui n'en reviens pas d'être là. Le set, où plutôt l'alignement de tubes, se termine par un pétage de plomb, à base de serviette éponge, du guitariste Joey Santiago. Absolument pas blasé par les années, le quatuor prends le temps nécessaire pour arpenter l'immense grande scène afin de saluer chaleureusement la foule. On repart le sourire aux lèvres, malgré la pluie diluvienne, alors que le public applaudit la foudre, vers la scène de la plage pour la Daptone super soul revue, se prendre le shoot de groove du week-end. Le casting all star de l'affaire est assez alléchant : Charles Bradley, Sharon Jones, Sugarman Three, Antibalas et le duo de chanteuses Saun and Starr à qui revient l'honneur d'ouvrir la revue. Les marathoniens de la soul music auront tenu la scène pendant 2h30 sans baisser d'un iota l'intensité. Certes les musiciens tournent à tour de rôle mais le groove reste le même : quelle claque ! Malgré la pluie, l'orage, on a le sentiment, rare, précieux, d'être là où il faut quand il faut. La soirée du week-end, voire de l'année ! De l'élégance des musiciens, costume de rigueur, à la maîtrise technique, les New-Yorkais nous ont donné une leçon de soul music dans la grande mode des années 1960 revisitée suivant plusieurs écoles : jazzy pour Sugarman Three, afrobeat en ce qui concerne Antibalas, émotionnelle et à fleur de peau lorsque Charles Bradley déboule sur scène, explosif et dynamique pour Sharon Jones qui relève pourtant d'une grave maladie. C'est au final un éclatant catalogue du savoir-faire du réputé label de Brooklyn. Conséquence logique, la revue se termine avec la reprise du « Family Affair » (Sly and the family Stone) et une vingtaine de musiciens sur scène : deux batteurs, deux basses, trois guitares, une profusion de cuivres, de percussions et un orgue. Bref, toutes les conditions étaient réunies pour faire de ce final une épouvantable cacophonie, mais au contraire, signe des très très bons, la machine à groove est inaltérable, tout absolument tout les éléments sont en parfaitement en place. A ce niveau on peut parler de performance qui se termine dans une joyeuse euphorie. Un petit mot pour finir cette copieuse journée avec l'électro pop de la Danoise MØ laquelle se distingue par un intéressant collage rythmique entre pads électro et batterie traditionnelle. La guitare typée 80s nous ramène sur un terrain pop/new wave. La chanteuse, charismatique, assure le show avec enthousiasme et dégage réellement quelque chose de particulier. Elle possède en sus, ce qui ne gâche absolument rien, un joli brin de voix. Un projet à suivre... Et sur ce, nous on va se coucher !
Samedi 5 juillet : Journée un peu terne au niveau musical malgré le soleil de retour sur le site du Malsaucy. Dans la lignée de The XX ou MGMT, Jagwar Ma propose un intéressant mélange entre électro et pop rock psychédélique avec un pied dans le passé (basse et guitare vintage) et un autre dans le présent (un dj plutôt qu'un batteur). Le bassiste est excellent. Ses lignes complexes, de véritables riffs, transforment la quatre cordes en instrument soliste. Les guitares sont cependant un peu trop parcimonieuses pour notre goût personnel mais le groupe emporte haut la main l'adhésion du public. Direction ensuite la petite scène de la Loggia où se produit Circa Waves. Ni bons, ni mauvais, les Anglais recyclent, avec efficacité cependant, les clichés brit pop déjà entendus mille fois par ailleurs. Un peu plus tard Franz Ferdinand que, soyons honnêtes, l'on a vu que sur écran géant attaque le site de la grande scène, totalement surchargé, avec l'efficacité rythmique habituelle qu'on lui connaît. Une prestation classique de la part de ce groupe solide et carré dont le chanteur Alex fait l'effort de parler français. Contrairement à Rock en Seine l'an dernier, le quartet ne termine pas son set en transe rythmique, dommage... Un petit mot pour finir sur l'électro swing de l'Autrichien Parov Stellar Band et son détonnant mélange entre les cuivres et le dj. Hélas, une batterie binaire, qui appuie le temps au lieu de creuser le swing, vide de sa substantifique moelle ce cocktail potentiellement explosif. Malgré tous les efforts de l'excellente chanteuse, la sauce prends un temps avant de s'avérer trop répétitive. Belle ambiance dans le public cependant.

Dimanche 6 juillet : Journée pleine et riche musicalement sous un ciel gris qui menace d'éclater à tout moment. On attaque cette dernière journée dans le bon sens, celui de la note bleue, avec le duo jurassien Catfish qui a fait trembler la scène de la plage. Si la formule du duo devient un poncif du rock du 21ème siècle, Catfish lui apporte de nouvelles couleurs en variant les plaisirs alternant les formules : guitare/grosse caisse (Damien)/basse (Amandine) ou guitare/batterie (ce dernier instrument se partage entre les deux membres du groupe) cette dernière version s'avérant être particulièrement intense. Se jouant aussi bien de l'acoustique que de l'électrique, le duo, servi par la voix profonde d'Amandine, téléporte la scène de la plage dans le Delta. Un petit synthé est utilisé sur quelques titres pour une note électro plus contemporaine. Cet excellent duo terminera sa prestation particulièrement ému par l'accueil chaleureux du public. On est tout chose... Un petit pas de côté ensuite en direction du métal brûlant d'Uncle Acid and The Deadbeats sur la scène de la loggia. Est-ce du doom, du stoner ? Dans le fond peu importe. Les riffs entraînant et répétitifs vrillent les oreilles, la rythmique tabasse littéralement les spectateurs alors que les chevelures des musiciens ondulent en cadence. La relève de Black Sabbath (dont ils ont assuré les première parties l'hiver dernier) est assurée ! Un peu plus tard, toujours sur cette même scène, on découvre le Maloya, sorte de pendant Réunionnais du blues et de la soul music auquel la chanteuse Nathalie Natiembé ajoute des couleurs occidentales par la grâce de claviers électro post rock et une section rythmique un peu moins ternaire. Un bien beau voyage musical. Il a beau ne plus vouloir entendre parler de Led Zeppelin (je cite : « Forget the rest, i mean the past »), Robert Plant ne s'interdit pas d'en reprendre les titres emblématiques : « Babe i'm gonna leave you » en ouverture, un démentiel « Whole lotta love », « Black Dog », la foule nage en plein délire. Problème : le public vient plus volontiers admirer l'ex-leader de Led Zeppelin que l'actuel chanteur des Sensational Space Shifters. Lequel projet s'avère être un délire folk/world/blues, tout droit sorti de l'imaginaire fertile d'un vieil hippie. Beaucoup d'instruments acoustiques donc, guitare, banjo, mandoline, percussions et la présence d'un griot africain sur plusieurs titres. Les à priori mis à part, lorsque l'on fait l'effort d'y prêter une oreille attentive, le groupe mérite d'être écouté. On termine enfin avec The Black Keys à qui revient l'honneur, tête d'affiche oblige, de clôturer le festival. Une prestation, à quatre membres, carrée et solide où défile les hits : « Lonely Boy », « Next Girl », « Gold on the ceiling » mais aussi l'horripilant single « Fever ». Parmi les nouvelles compositions on note « Turn blue » et le blues rolling stonien « Gotta get away », une des rares réussites du nouvel album soit dit en passant. Difficile cependant de s'enthousiasmer pour ce genre de prestation, ultra calibrée, quand on a eu la chance de pouvoir admirer le groupe à ses début sur des petites scènes comme celles de la Cigale ou du Bataclan...
Alors que le feu d'artifice final est tiré, les intermittents montent sur la grande scène (comme ce fût le cas durant tout le week-end sur toutes les scènes du festival) afin d'alerter le public sur la précarisation de leur situation et ses alarmantes conséquences...

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