vendredi 30 octobre 2015

Nadéah + John Ulysses Mitchell, La Boule Noire, 29/10/2015.

Nadéah

Commençons par saluer une vieille connaissance, John Ulysses Mitchell, ex-leader des Bad Mama Dog, auteur d'un excellent album, « Love gone bad » en 2009 et que l'on retrouve en solo ce soir. On avait un peu perdu de vue le Franco-Américain ces derniers temps et l'on est particulièrement heureux de le retrouver. Personnage lunaire, Mitchell est franchement désarmant au point d'oublier le titre des ses propres chansons : « Cette chanson s'appelle (blanc, silence)... Euh, toutes les chansons sont nouvelles, elles ont un titre (re-silence).... » Des années qu'on écume les salles de concert, on n'avait encore jamais vu ça ! Un peu plus tard, alors que le set touche à sa fin, Mitchell refait encore des siennes : « Je n'ai pas bosser d'autres titres alors on va faire une reprise. Bob Dylan ça vous dit ? »... En dépit de ses errements (ou grâce à) le grand gaillard attire la sympathie. Son jeu de guitare sèche est précis et ses arpèges assez fins, mais la chose prend une toute ampleur lorsque Mitchell attaque les cordes, tout de suite le son remplit l'espace. Lorsqu'il chante à propos « d'une ex » il empoigne sa guitare électrique (bah quoi, t'es en colère John?) convoquant de suite l'ombre de Jeff Buckley. Il résulte de l'ensemble un fort parfum folk 60s et de blues, cette petite demi-heure en sa compagnie fût fort agréable.

Alors que la basse ronfle d'un groove énorme, signe que les hostilités vont bientôt commencer, une autre Anglo-Saxonne exilée dans notre Hexagone, Nadéah, fait son entrée en scène. « Met a man », est décidément un tube en puissance ! Ce soir l'Australienne dévoile en avant première les titres de son futur album dont la sortie est prévue pour début 2016. Et ça déménage ! Mettant de côté le swing jazzy acoustique qui était sa signature (exit la contrebasse), Nadéah fait dorénavant le grand écart entre rock noisy, le guitariste est déchaîné, et groove disco. La section rythmique est remarquable, la frappe de la batterie dégage un swing lourd et puissant alors que les lignes de basses sont énormes, au point de chiper toutes les fréquences. Une prestation plutôt électrique donc même si Nadéah nous a réservé quelques beaux moments intimes et remplis d'émotions seule à la guitare folk ou au piano. Même les anciens titres retrouvent des nouvelles couleurs « Ain't got time » est ralentie à l'extrême alors qu' « Odile » est tranfigurée. Ce n'est que lorsqu'une section de vents (clarinette et trombone) débarque que Nadéah renoue avec le style cabaret jazzy caractéristique du premier disque. Il n'y a finalement que la boîte à rythme, surnommée « Roland », qui n'était pas contente. Ses siennes ont contrarié l'artiste toute la soirée « comme un bébé chat qui pisse sur tes vêtements ». Le set se termine avec une version absolument démentielle de « Nobody but you » aussi fulgurante que l'éclair. Si le nouvel album est de ce niveau, ça s'annonce plutôt bien !


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