jeudi 22 septembre 2016

Alister : « Mouvement Perpétuel »



Manière de Dandy égaré au 21ème siècle, Alister reprend à son compte l'héritage de la pop française, délaissé par une pléthore de groupes, trop occupés à baragouiner dans un anglais approximatif. Alister, donc, sort son troisième album et il s'intitule « Mouvement perpétuel », comme une sorte de métaphore de l'histoire de la musique populaire, dans un mouvement en perpétuel renouvellement où tout se recycle, il y a toujours un fantôme qui traîne, une mélodie qui en rappelle une autre. En l'espèce, Alister s'en sort bien. Très bien même. La production est soignée aux petits oignons, les arrangements, audacieux, picorent dans le catalogue des musiques populaires, un peu rock (« Fils de »), beaucoup de pop, de la chanson au piano (« Les filles entre elles », "Philoscaline") et même un soupçon de disco (ne fuyez pas!) sur « Avant/après ». Rythmiquement parlant, la chose est très solide, sur des tempi plutôt élevés, portés par une basse énorme (instrument qui est finalement mis plus en avant que la guitare) et entretient un contraste assez intéressant avec le chant, traînant, détaché et légèrement nasillard, quelque part entre Gainsbourg et Bashung. Un décalage que l'on retrouve entre le fond et la forme, dans cette manière détachée de balancer des paroles piquantes et bien senties (« Fils de », « Je travaille pour un con »). C'est à la fois subtil et percutant. Avec « Granny smith » Alister nous offre une ode, un poème d'amour à la pomme, le genre de chanson décalée et rafraîchissante que l'on entend plus guère de nos jours. Mais c'est dans ses moments les plus baroques et psychédéliques que l'album finît par nous séduire pour de bon, la magnifique « Cathédrale » (d'obédience Polnareff) ou « Honni soit qui mal y pense » (qui rappelle plutôt Gainsbourg). Un disque de haute tenue.
En concert les 27/09 et 11/10 à Paris (Les Trois Baudets).

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