mercredi 19 octobre 2016

Interview avec les Psychotic Monks.



Si les mots rock n'roll ont encore un sens aujourd'hui, c'est bien grâce à des groupes comme les Psychotic Monks. Quelques heures avant de littéralement incendier la scène Ile-de-France du festival Rock en Seine, le groupe se confie et se révèle aussi posé et réfléchi qu'il est exalté sur scène. Interview et rencontre à la roots, aussi en rond dans l'herbe par une chaude après-midi d'été...

Bonjour tout le monde, c'est ma première interview avec des psychos, j'ai un peu peur…
The Pyschotic Monks (rires)…

Il y a un côté un peu psychotique dans votre musique, quelque chose de répétitif et d'entraînant. Où voulez-vous emmener l'auditeur avec votre musique ?
The Psychotic Monks : On veut l'emmener vers quelque chose d'humain, s'ouvrir à lui-même et à nous. On aime beaucoup utiliser le terme de transe. On trouve cette incantation à force de répétition. On aimerait à la fois intriguer et leur donner la sensation de trouver quelque chose en eux qui a toujours été là mais à laquelle ils n'ont pas forcément accès dans leur vie de tous les jours. Les gens ont besoin de se rassembler et de bouger tous ensemble, c'est ça qu'on aime bien dans ce côté transe psychédélique. Si le public arrive à ressentir la même chose que nous c'est vraiment super. On essaie de se connecter tous ensemble et de connecter le public au groupe.

Quand je vous écoute, j'ai l'impression d'un groupe qui fait le lien entre le rock heavy des années 1970 et le stoner plus contemporain. Comme un groupe qui croise les influences…
TPM : Au départ on vient chacun de musiques très différentes et on a appris ensemble à découvrir des groupes qui mixaient toutes nos références. Dans le stoner, on retrouve ce côté « autoroute » qu'on aime bien. Ce côté très sec, desert rock. On écoute souvent beaucoup de musiques et du coup la notre évolue en fonction de ce qu'on écoute. On n'écoute pas tous forcément la même chose au même moment et au final cela donne des influences assez variées.

Sans être un groupe de blues à proprement parler, j'ai toujours l'impression qu'il y a du blues caché dans votre musique, toujours prêt à sortir…
TPM : Bien sur. C'est une influence commune. Il y a de la lamentation dans le blues, c'est un chant presque de révolte par rapport à la condition de ceux qui la chante, qui sont en détresse. Cette révolte est importante pour nous…

Ah oui ?
TPM : On essaie de mettre du sens dans notre musique. De l'utiliser comme un moyen d'expression personnel pour parler de ce qu'on ressent dans la vie de tous les jours. Ca peut être très beau mais aussi très violent des fois. Ce blues est toujours là. Et puis le blues c'est aussi très répétitif, la plupart des musiques viennent de là de toute façon.

Rock en Seine, c'est une grosse opportunité pour vous. Comment vous le sentez ?
TPM : On est ultra excités ! Et on a un peu peur aussi. A moins que cela soit l'inverse. Il y a un an on y était comme spectateurs et là on joue, c'est étrange comme sensation. On va essayer de vivre le moment à fond. Et profiter du moment présent, on joue un set d'une demi-heure, ça va passer vite ! On va monter sur scène et hop ça sera déjà fini !

Justement, comment vous abordez l'exercice du festival ? Par rapport à une salle, le set est plus court, le public va et vient, faut le choper au passage, il y a de la musique partout… Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre set ?
TPM : Nous on aime raconter une histoire sur un set du début à la fin alors du coup c'est assez compliqué pour nous… Il faut que le spectateur soit là au début, au milieu et à la fin pour que le concert ait un sens. On s'est posé la question en sens inverse : comment faire pour que quelqu'un qui passe soit en contact instantanément avec notre univers et ce qu'on a envie d'exprimer ? Qu'il puisse entrer dans l'histoire parce que même sur une demi-heure on avait envie de raconter une petite histoire dans le set. On en a besoin pour être dedans du début à la fin. Il faut que cela ait un sens aussi pour nous. A la fin du concert, on doit presque avoir l'impression de ne plus avoir envie de faire de la musique tellement on a tout donné.

Ah bon ? C'est super intense…
TPM : Plusieurs fois on s'est dit, en sortant de scène : « cette fois on est morts ! ». On va au bout du bout du bout, tellement on va chercher des énergies au fin fond de nous-même. C'est chargé (sourire).

Et pour en revenir à votre approche du story-telling, chanter en anglais n'est-il pas une limite ?
TPM : Non. Mais c'est sur qu'en France, le public va avoir peut-être un peu de mal a comprendre les paroles. Après, il y a beaucoup de choses qui passent par les sonorités du texte qu'il soit en français ou en anglais. Sans comprendre le texte, les émotions passent quand-même. Le fait d'être Français change aussi la donne. On a une culture littéraire et poétique, Baudelaire par exemple. Il y a aussi des choses magnifiques en anglais. On essaie de faire un mix des deux. L'anglais c'est en cohérence avec notre musique. Tous les groupes qu'on écoute chantent en anglais, c'est vraiment la langue dans laquelle cela se passe. Le français crée un décalage qui ne fonctionne pas avec nos lignes instrumentales. Ca peut fonctionner cependant mais nous on ne le sent pas. On a essayé pourtant, on a tous été dans des groupes qui chantaient en français avant. On aime beaucoup écrire en français pour avoir du fond mais pour la forme on préfère l'anglais.

Au moment où on se parle, il doit être quelque chose comme 17h et vous passez ce soir à 22h. C'est un peu une métaphore de la vie de musicien, on passe son temps à attendre son tour…
TPM : C'est ce qu'on disait. On est là depuis 14h, on attend pour jouer seulement une demi-heure Ca fait partie du jeu, ça nous laisse du temps pour se balader dans le festival et aussi pour se concentrer. C'est une manière de se mettre dedans aussi. La créativité ça vient en partie de l'ennui. On n'est pas forcément en train de faire quelque chose de concret, c'est de là que viennent les idées.

Donc c'est un moment important ?
TPM : Oui. Et parfois plus agréable ou moins. Ca dépend de l'état d'esprit dans lequel on se trouve. C'est à chaque fois différent mais on est contents de se retrouver sur scène.

Et alors quel est le plan pour ce soir ?
TPM : Généralement on aime bien les concerts qui prennent le temps de s'envoler. Là on va essayer quelque chose de différent. On a inversé la chose. On va démarrer très fort et notre histoire ça va être cette mort qui va arriver petit à petit vers la fin.

Propos recueillis à Saint-Cloud (Rock en Seine) le 27 Août 2016.
En concert à Paris (Point Ephémère) le 8 novembre.

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